Dossier Bleu Ardoise - Site de l`association L`ardoise

Transcription

Dossier Bleu Ardoise - Site de l`association L`ardoise
Association pour
la Promotion et la Conservation
du Patrimoine ardoisier.
Propositions pour un Schéma Directeur
de Valorisation
culturelle et industrielle
de l'Ardoise d'Anjou
Contribution à une sauvegarde de l'industrie ardoisière
par sa mise en relation avec un patrimoine culturel valorisé.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
3
PROPOS GÉNÉRAL
4
AVANT-PROJET DE SCHÉMA DIRECTEUR
9
"Bleu Ardoise" : état des lieux
----------------------
---------------------
9
1 – L'ardoise dans tous ses emplois
-----------------2 – Les visages de l'industrie de l'ardoise
en France et en Europe
------------------------------------------------
11
"Bleu Ardoise" : ombres et lumières du patrimoine
ardoisier en Anjou et au-delà
----------------------------------------------------------------
12
"Bleu Ardoise" : la synergie ardoisière et ses moyens
-----------------
14
A – L'association "L'Ardoise"
-------------------------B – Le Conseil Scientifique et Culturel
---------------C – Le groupe de pilotage
------------------------------
"Bleu Ardoise" : prospective, études et réalisations
-----------------A – Etude de la demande ardoisière
-----------------B – L'offre ardoisière
----------------------------------C – Patrimoine ardoisier
------------------------------D – La médiation touristique ardoisière
-------------E – Le Centre de Ressources de la Culture
Ardoisière
2
9
14
15
15
16
16
17
17
18
18
INTRODUCTION
C
e document a été élaboré par un groupe de travail réuni dans le cadre de l'Association
"L'Ardoise" et de la préfiguration d'un Conseil Scientifique et Culturel associant :
±
des professionnels (actifs ou honoraires) de l'ardoise :
±
des représentants des musées et sites de patrimoine
±
des collectivités territoriales, élus des communes de sites
±
des chercheurs et universitaires
U
-
ouvriers
syndicalistes
agents de maîtrise
cadres commerciaux
ingénieurs et directeur
d'exploitation
ne analyse de la situation ardoisière générale et des visites du bassin ardoisier ont été
faites. Il en est résulté l'idée clé d'associer dans une démarche commune :
τ
τ
τ
secteurs de production
secteurs de commercialisation et d'emploi de l'ardoise
secteurs du patrimoine culturel ardoisier
comme étant la condition nécessaire à la sauvegarde de l'activité ardoisière en Anjou. La proposition de schéma directeur ci-après synthétise des idées et propositions pour l'organisation
et la synergie de ces trois volets de l'ardoise soumis à la réflexion des Pouvoirs Publics, des
collectivités territoriales et des différents acteurs de la branche ardoisière.
En accompagnement, il préconise en particulier le recours à des moyens d'études régionaux
(ressources du Conseil Scientifique et Culturel) à compléter suivant les programmes par des
travaux de bureaux d'études et d'entreprises d'ingénierie culturelle. Il débouche sur la création
d'un centre ou pôle de ressources et de la culture ardoisière, outil et pierre angulaire du
dispositif de synergie.
Cet ensemble de propositions ne veut être qu'un avant-projet, support de travail d'une
réflexion générale.
A
dressé aux Pourvois Publics, collectivités territoriales, acteurs économiques et culturels
de l'ardoise, ce dossier pourrait faire l'objet d'une table ronde d'évaluation des propositions contenues et, en tout cas, d'une définition des grandes lignes d'une politique
concertée de sauvegarde de l'ardoise d'Anjou.
3
PROPOS GÉNÉRAL
Après un millénaire d'une production
régionale, de portée nationale, l'ardoise
d'Anjou est peut-être au seuil d'une
disparition définitive.
U
tilisée de manière certaine depuis l'époque carolingienne, l'ardoise du Bassin de l'Anjou
voit ses centres de production se multiplier du Moyen Age au XVIIIème siècle.
♦
♦
♦
♦
♦
♦
♦
centre de production Angers-Trélazé
La Pouëze
Noyant-Combrée
Vritz, Le Grand Auverné (prolongement du bassin en Loire Atlantique)
Renazé (en Mayenne du Sud)
Chattemoue (prolongement du bassin en Mayenne du Nord)
et, dans le prolongement du bassin en Bretagne, Le Plessis en Coesmes et
Rochefort en Terre
ur le Bassin de l'Anjou, de plus de 2 000 ardoisiers à la fin du XVIIIème les effectifs passent à 7 000 salariés en 1911, au moment de l'apogée d'une ardoise angevine s'étendant à
l'ensemble de la France des toits d'ardoise. Rappelons que, durant cette année 1911, quelques
182 000 tonnes d'ardoise furent extraites en Anjou.
S
En 1954, l'ardoise d'Anjou, avec 3 700 salariés et une production de 107 900 tonnes, connaît
la concurrence des autres petits matériaux de couverture puis, en 1988, avec 800 salariés et
38 700 tonnes produites, elle accuse plus que jamais la concurrence de l'ardoise naturelle
d'Espagne, bien que le marché français et européen de ce matériau de couverture reste
important et stable.
De 1997 à 1999, la fermeture des sites de La Pouëze et Noyant la Gravoyère réduit la production ardoisière et ses effectifs à environ 20 000 tonnes par an et 250 salariés. Cela représente le seuil critique du maintien de cette industrie.
4
La voie du salut :
la synergie entre l'ardoise industrie, les
emplois de l'ardoise, l'ardoise patrimoine.
L
e propos est d'établir, enfin, une synergie entre :
-
les secteurs de la production industrielle
celui des marchés de l'ardoise
celui de la valorisation muséographique et patrimoniale
Il existe pourtant une culture et une tradition ardoisière, produit de l'histoire commune des ces
trois secteurs de l'existence de l'ardoise.
Cette culture, cette tradition, existent :
♦
dans les savoir-faire de professionnels de l'ardoise, imprégnés encore d'une
culture ardoisière et qui contribuent à maintenir l'emploi de l'ardoise naturelle comme principal matériau de couverture dans son aire de diffusion
ancienne
♦ dans un héritage patrimonial caractéristique des provinces ardoisières françaises, porteur d'images et traditions
♦ dans les technologies de pointe développées par l'industrie ardoisière ces
dernières années (extraction par havage-rouillage, machines à fendre programmables, découpe mécanisée, ... ). Elles ont permis des gains de productivité
considérables pour épauler le faible coût de la production espagnole, fondée
sur l'avantage de l'extraction à ciel ouvert et, pendant longtemps, sur des
coûts salariaux sensiblement plus faibles qu'en France
Force est de constater l'absence ou la faiblesse de cette synergie faute de relations et de communication entre ces secteurs.
L
e salut, tout au moins une voie, passe par le confortement de la culture et de la tradition
ardoisière, non seulement angevine mais française en ses régions, s'exprimant dans une
culture ardoisière quasi nationale.
Ainsi pourra-t-on maintenir des secteurs de production en Anjou relevant de la technique
minière dans le cadre de l'entreprise industrielle et, ailleurs en France, sur la base de techniques plus artisanales comme on peut les voir dans de petites carrières bretonnes.
ON VERRA QUE LE PROBLEME DU MAINTIEN D ' UNE ARDOISE
REGIONALE EST DE DIMENSION EUROPEENNE.
5
E
n effet, la question de la sauvegarde de l'ardoise angevine s'intègre dans le problème général de la sauvegarde des matériaux et architectures de pays, en France et en Europe.
Partout se pose la question du maintien de la production de matériaux de couverture régionaux et traditionnels mais aussi de matériaux de construction provenant de carrières abandonnées en trop grand nombre dans le cadre de la modernisation et banalisation de procédés de
construction au XXème siècle.
C'est le problème de la maintenance d'un parc architectural (habitat ancien, urbain,
rural, monuments historiques) fait de matériaux d'extraction locale (pierre de pays,
tuile, brique ) agencés dans les architectures successives des provinces d'Europe.
C'est aussi l'enjeu du maintien d'une identité régionale voire nationale en matière
d'architecture, de paysage, face à une forme d'acculturation que représente les
matériaux modernes.
L
'avenir de l'ardoise d'Anjou participe de la sauvegarde de ce qu'on peut appeler les
"matériaux sources" de l'architecture européenne . Ce domaine pourrait être inclus au
traitement des activités économiques relevant de l'exception culturelle. L'ardoise naturelle
aurait sa place dans le marché spécifique de l'architecture européenne en tant que "matériau
source" de portée culturelle et identitaire.
A l'intérieur du marché de l'ardoise naturelle, cela permettrait le rééquilibrage des parts, en
particulier celles correspondant aux emplois de type M.H. et d'architecture traditionnelle, à
l'échelle européenne, revenant aux productions régionales.
Ce serait ainsi conforter en Europe l'ensemble du marché de l'ardoise naturelle sur un double
fondement :
Ø celui de la diversité de la culture ardoisière et architecturale porteuse d'images et des
savoir-faire, condition de la pérennité de l'ensemble des usages de l'ardoise
Ø celui, quantitatif, du marché conséquent et de dimension industrielle tenu de manière
compétitive par l'ardoise d'Espagne, face aux autres matériaux et modes de couverture
Dans cette perspective, cette voie du salut relève de l'organisation d'une synergie entre provinces ardoisières de l'Europe sur la base d'échanges et de la mise en œuvre d'un réseau permettant des échanges culturels, techniques, économiques démontrant et organisant les complémentarités dans ces domaines. Cela implique le développement d'une procédure européenne de l'emploi de l'ardoise et, sur le plan général, des matériaux de pays et régionaux.
Cet enjeu concerne L'UNION EUROPEENNE et le CONSEIL DE L'EUROPE
6
P
our initier et réaliser cette ample démarche de sauvegarde, nous proposons les étapes suivantes d'un avant-projet d'études et d'actions coordonnées fondé sur la synergie et le partenariat des trois secteurs de l'ardoise précités et de leurs acteurs.
I -
PREMIERE ANNEE
Elle est consacrée à la mise en communication des secteurs et acteurs de l'ardoise
complétés par l'apport de compétences relevant du monde scientifique et universitaire
dans le cadre du Conseil Scientifique et Culturel.
Ainsi, avec le concours de l'Association "L'Ardoise" en relation avec le groupe de
pilotage, seraient réunies des compétences scientifiques, technologiques, professionnelles (individuelles et d'entreprise), partenaires au projet.
OBJECTIF :
v Réflexion et mise au point du projet, sur la base de l'avant-projet développé
ci-après
v Expérimentation
v Propositions d'un schéma directeur à mettre en œuvre pendant les trois
années suivantes
CONDITIONS :
A l'issue de cette première année, les conditions de faisabilité du projet doivent aussi
être réunies du triple point de vue :
a) - du nécessaire partenariat entre :
-
les prescripteurs de la demande ardoisière
l'offre industrielle et commerciale
les entreprises
le monde du travail, les syndicats
les acteurs du patrimoine culturel ardoisier
la recherche, Universités et Etablissements d'enseignement supérieur, laboratoires, ... , dont une participation significative est
espérée
b) - de la participation et de la caution des Pouvoirs Publics et des collectivités
territoriales officialisant la démarche et achevant de lui donner son
caractère d'intérêt général
c) - du projet budgétaire qui en fournirait les moyens
7
II - LES TROIS ANNEES SUIVANTES
Etudes et actions induisant des réalisations à long terme et d'autres, faisables à plus
court terme, avec le concours de moyens régionaux et nationaux :
→
études des contextes économiques, demande et offre du marché de l'ardoise
→
inventaire large, de conception originale et opératoire des ressources patrimoniales ardoisières associant des inventaires jusqu'à maintenant disjoints
et qui seront à compléter :
•
inventaires déjà élaborés des collections des musées et sites d'interprétation du patrimoine et aussi des entreprises (Ardoisières
d'Angers, "Crochet Anjou – E.C. Chalvet"), entreprises commerciales
(Larivière et autres)
•
inventaires des sites du paysage ardoisier :
Ø
paysage et environnement
Ø
patrimoine industriel, architectural et technique relevant du territoire industriel des buttes et anciennes
carrières, des carreaux miniers et ateliers de fabrication à l'état de friches industrielles ruinées et de sites
de production encore actifs ou fraîchement fermés
Ø
sites de l'habitat, hameaux anciens de caractère rural,
cités ouvrières et quartiers de l'ardoise, dans leur
contexte spatial urbain et industriel
C'est un ensemble en partie inventorié principalement par l'Inventaire du Patrimoine
Industriel et aussi par des associations (Association de Préfiguration pour un Ecomusée
d'Anjou, dans le cadre des "Chemins de l'Ardoise") et par différents chercheurs,
dont Philippe CAYLA, Dominique BURBAND, ...
8
AVANT-PROJET DE SCHÉMA DIRECTEUR
PROPOSÉ SUR L'ARTICULATION 1 AN * 3 ANS
la 1ère année est consacrée au rassemblement des partenaires
du projet, à la mise au point, à l'expérimentation.
RAPPEL :
Bleu Ardoise :
état des lieux
ASPECTS DE LA
1- L'ARDOISE DANS TOUS SES EMPLOIS :
DEMANDE ARDOISIERE
1.1 – Analyse des marchés de l'ardoise
→
place de l'ardoise parmi les matériaux de couverture, à la fois au niveau des petits éléments de couverture (tuile, tuile-béton, shingle, ... ) et
autres matériaux et modes de couverture (zinc, verre, terrasse, ... )
→
part du marché de type monuments historiques et maisons de
caractère
→
réalité et évolution du marché de la toiture moderne et contemporaine
avec des approches à l'échelle régionale, nationale et européenne, en
France et à l'étranger, pour :
•
•
•
cerner les différents profils d'emploi des matériaux de couverture
détecter le rôle éventuel des directives administratives et politiques,
des comportements individuels dans l'utilisation de matériaux
régionaux
détecter corrélativement les "niches" d'emploi d'une ardoise locale
(ardennaise – galloise – bretonne - ... )
9
→
marché de l'ardoiserie (dallages, pavages, opus, marches d'escalier, rebords de fenêtres, billards, ... , gadgets)
→
place de l'art de l'ardoise et rôle de la création artistique dans l'emploi
du matériau ardoise (sculptures "brutes", marqueterie, décoration,
design, ... , et dans le domaine de la création architecturale)
1.2 – Analyse de la demande ardoisière des utilisateurs, prescripteurs
→
approche statistique quantitative
→
approche qualitative des choix, comportements et motivations du :
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
client habitant
architecte
couvreur
urbaniste
élu
...
1.3 – Inventaire des métiers et techniques liés à la demande ardoisière
Cette analyse ferait apparaître les emplois de l'ardoise, leur évolution contemporaine, leur dynamique prospective (création / innovation).
Elle mettrait l'accent, au-delà de la typologie, sur :
•
•
les motivations professionnelles
les argumentations esthétiques, architecturales, urbanistiques
l'ensemble redéployant et refondant les usages de l'ardoise.
10
2 – LES VISAGES DE L'INDUSTRIE DE
L'ARDOISE EN FRANCE ET EN EUROPE :
ASPECTS DE
L'OFFRE ARDOISIERE
2.1 - Etude comparée de cas :
a) - régions et départements français :
−
−
−
−
−
−
−
Anjou
Bretagne (plusieurs cas et pays)
Corrèze
Tarn
Pyrénées
Alpes
Ardenne (poudre d'ardoise)
b) - ailleurs :
−
−
−
−
−
−
−
Ardennes belge et luxembourgeoise
Pays de Galles
Italie, Ligurie
Portugal
Norvège
Allemagne
Espagne, Galice
c) - étude comparée des coûts de production et de commercialisation mettant
en évidence les paramètres suivants :
conditions géologiques
techniques d'extraction et de fabrication utilisées
coûts salariaux
coûts techniques de production
distances, transport, et leur coûts
techniques et coûts de commercialisation
prix sur les marchés
L'ensemble de cette étude permettrait de mieux connaître l'éventail de l'offre
des sites de production en termes de structures et aussi de concurrence, en référence au marché européen.
2.2 - Etude comparée des coûts de production définis ci-dessus entre l'ardoise naturelle et les autres petits matériaux de couverture (tuile-béton, ... ) et autres procédés de
couverture et de toiture (zinc, verre, terrasse, ... ).
2.3 - Bilan et commentaires faisant apparaître à la fois la riche diversité de l'ardoise
européenne et les écarts manifestes de coûts de production et de prix à la consommation au profit de l'ardoise d'Espagne.
11
2.4 - Bilan général faisant apparaître les menaces pesant sur l'ardoise naturelle comme
mode de couverture. Face à l'évolution générale du marché de la couverture et de ses
modes techniques, il s'agirait de mettre en évidence, pour l'avenir, l'effet de solidarité
virtuellement existant entre l'ardoise d'Espagne assurant l'essentiel du marché de l'ardoise naturelle et toutes les autres ardoises européennes qui concourent au maintien de
son emploi par des identités culturelles régionales.
Que ce soit sur les toits de Chambord (ardoise d'Anjou), sur ceux de la Place Ducale à
Charleville (ardoise d'Ardenne et de Galles) ou sur ceux des fermes galiciennes, le matériau de couverture y contribue par :
q
la pérennité des formes
q
les couleurs
q
les qualités techniques
q
la longévité des matériaux
q
l'harmonie architecturale
Les choix et motivations des populations, le maintien des savoir-faire des prescripteurs
et couvreurs jouent, là, un rôle décisif.
L'emploi de l'ardoise naturelle est, en effet, assis sur des savoir-faire techniques et sur
une culture architecturale encore existants. Ceux de l'architecte et du couvreur, exprimant encore cette tradition toujours vivante mais menacée, participent pleinement aux
identités culturelles régionales.
Question de leur maintien ?
DANS UN CONTEXTE D' ACCULTURATION DE L'ARCHITECTURE CONTEMPORAINE, LE
MAINTIEN DU MARCHE DE L' ARDOISE NATURELLE, TOUTES ORIGINES CONFONDUES , PASSE
PAR CELUI DE TOUS LES ASPECTS DE LA TECHNIQUE, DE LA CULTURE ARDOISIERE ET DE
LEURS SAVOIR - FAIRE. A INSI SERAIENT MAINTENUES LES PRODUCTIONS REGIONALES QUI
LES SOUS -TENDENT.
Bleu Ardoise :
ombres et lumières du patrimoine
ardoisier en Anjou et au-delà
∗
LE PATRIMOINE CULTUREL ARDOISIER PEUT S'ANALYSER EN 3 VOLETS :
3.1 - L'héritage architectural des emplois de l'ardoise
S'il est consultable sur les toits des grands monuments historiques comme sur ceux des
fermes de pays et cités de caractère, sa médiation reste à organiser auprès du public.
Sa connaissance systématique (inventaire), son organisation et sa mise en forme (parcours) en sont les préalables nécessaires.
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3.2 - Le patrimoine industriel ardoisier généré par la production ardoisière
C'est l'héritage d'un millier d'années et plus de travail d'extraction et de fabrication
(vestiges archéologiques d'ardoises de toits de villas gallo-romaines en Ardenne) :
-
perrières, carrières et vieux fonds
landes et friches industrielles
chambres d'extraction souterraines
carreaux miniers d'extraction (chevalements et machines d'extraction)
buttes de fabrication et déchets
anciens ateliers
cités minières
infrastructures diverses
dont très peu d'éléments sont protégés (protection de type M.H. ou de fait, liée à un
réemploi de bon aloi).
3.3 - Le patrimoine de type muséographique
Il s'agit pour l'essentiel des collections des deux musées d'identité ardoisière de
Trélazé et Renazé, du site d'interprétation de la Mine Bleue et aussi d'une partie des
collections des Muséum d'Histoire Naturelle d'Angers, de Nantes et du Musée des
Beaux Arts d'Angers (partie collection A.T.P. dite "du Musée de l'Anjou").
Les anciens ardoisiers des deux musées précités ont réuni des collections "croisées" et
complémentaires en sauvegardant la mémoire ouvrière et technique, principalement de
leur époque (celle du fendeur complet sur butte et celle de l'O.S.T. de la taylorisation) dont
le site des Ardoisières angevines de Saint Blaise (1916 – 1936) montre la technologie
extractive principale minière : celle de la méthode à remonter sous voûte (dominante en
Anjou courant XXème siècle).
Ces trois lieux de mémoire, tout en offrant un profil exceptionnel de l'héritage ardoisier angevin, montrent plus ou moins des limites muséographiques d'organisation, de
médiation, de conservation inhérentes à leur genèse, principalement locale et associative. Ils présentent aussi, quant à l'objet, des lacunes spatio-temporelles (l'ardoise médiévale et de l'ancien régime et la période très contemporaine de technologie de pointe ouvrant à la culture scientifique et technique) liées à l'époque et au vécu de leurs auteurs et
aussi aux sites utilisés et collections rassemblées.
Par ailleurs, l'absence de relations de travail, de mise en commun des inventaires de
médiations coordonnées en complémentarité (couplage Mine Bleue – musées de Renazé et
Trélazé), de réseau inter sites (promotion, visites, parcours de liaison sur la base des "Chemins
de l'Ardoise" et des nombreux sites de plein air) pénalise dans son impact l'œuvre déjà
réalisée auprès du public ainsi que le potentiel ardoisier considérable restant à exprimer.
Dans l'intérêt de ce patrimoine et de l'aide qu'il peut apporter au secteur de production
par son image et une tradition mieux valorisée, il conviendrait d'en améliorer les résultats
et surtout les moyens. La prestation patrimoniale angevine et française (réalisations en
Ardenne et en Bretagne) n'en serait que mieux harmonisée avec ses homologues
européens, en particulier dans l'hypothèse du projet de réseau dont l'idée a été initiée par
l'Union Européenne.
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Bleu Ardoise :
la synergie ardoisière
et ses moyens
UN CONSTAT :
L'absence de synergie caractérise l'état des relations entre les trois volets précédemment cités, en regard des difficultés éprouvées par la branche de production ardoisière
en Anjou et de l'intérêt qu'elle aurait à mieux s'appuyer sur toutes les incarnations passées et actuelles de la demande ainsi que sur l'image de l'ardoise patrimoine.
La montée de la valeur patrimoine et de l'identité régionale est un argument de promotion et donc de vente de l'ardoise industrie, à prendre en considération, une carte à
jouer pour les producteurs régionaux.
L ES MOYENS DE CETTE SYNERGIE :
A – L'ASSOCIATION "L'Ardoise"
Pour atteindre ses objectifs et répondre à sa mission figurant dans les statuts :
Article 2 :
L'Association a pour objet toute action de recherche, de défense, de promotion et de valorisation du
patrimoine ardoisier, tant en ce qui concerne l'extraction, la fabrication et l'utilisation de l'ardoise. Ce
patrimoine s'entend aux plans social, culturel, économique et technique, pour le passé, le présent et
l'avenir, en France et dans tous pays concernés par l'ardoise.
l
'Association "L'Ardoise" se compose de membres représentatifs des professionnels
définis en page 3.
Après avoir mis en place un poste de Secrétaire Général chargé de la coordination,
l'Association "L'Ardoise" propose à terme, pour le présent projet, le recrutement
d'un agent de valorisation-développement du patrimoine, de qualité professionnelle, de
formation et niveau assistant de conservation, en application et dans l'esprit de la
convention signée entre le Ministère de la Culture et la Fédération des Ecomusées et
Musées de Société. Sa collaboration, indispensable à la bonne conduite et aux réalisations des tâches culturelles proposées, pourrait déboucher sur une fonction et un poste
communs au réseau des sites. Cet emploi s'articulerait à ceux créés localement dans le
bassin, tel celui d'animateur-correspondant du patrimoine initié par la commune de
Noyant la Gravoyère.
Pour les actions inscrites dans les propositions incluses, elle définit sa participation
selon les fonctions et thèmes suivants :
♦
♦
rôle d'interface entre les partenaires
mise au point des projets et réalisations
♦ coordination des suivis des actions lancées
14
♦
rôle de représentation auprès de partenaires extérieurs (D.R.A.C., départements
et leurs services culturels, ... )
Une relève, ou évolution, de l'Association se ferait progressivement avec la mise en
place du Centre de Ressources et Culture Ardoisières (C.R.C.A. ) et avec un rôle participatif à définir. Sur l'ensemble de ces objectifs et projets d'actions, l'Association
"L'Ardoise" contribuerait à l'application d'une éthique de conservation et de
valorisation des différents secteurs de l'ardoise.
B – LE CONSEIL SCIENTIFIQUE ET CULTUREL
Il est :
q
interdisciplinaire ( participation aux études et réalisations diversifiées dans le présent
document)
q
q
inter universitaire (Université d'Angers, Université Catholique de l'Ouest)
interprofessionnel dont :
- professionnels et praticiens des métiers de l'ardoise
- représentants du monde du travail
- représentants de la culture (musées, sites d'interprétation, ... )
De l'automne 98 au printemps 99, des représentants de ces différentes catégories ont
déjà travaillé ensemble.
C'est un groupe qui s'élargira sur la base des participations aux études et réalisations
(élargissement perceptible selon le profil des contributeurs aux études) et en recourant aux
Institutions culturelles. La collaboration des participants est attendue pour des actions
et réalisations ultérieures.
C – LE GROUPE DE PILOTAGE
Il associe les Pouvoirs Publics et collectivités territoriales, par leurs représentants, à
tous les domaines de la démarche : conceptuel, moral, budgétaire.
Membres :
q
q
q
q
q
q
q
q
q
Association "L'Ardoise", en tant que maître d'œuvre associé du projet,
représentée dans ses diverses composantes professionnelles (cf. page 3),
collectivités territoriales des sites, patrimoine et musées
Conseil Scientifique et Culturel
C.A.U.E.
D.R.A.C.
D.I.R.E.N.
D.R.I.R.E.
D.R.E.
Départements de Maine et Loire, Mayenne, Loire Atlantique, avec représentations de leurs services culturels, Inventaire, Archives, Conservation
des musées et objets mobiliers
Région des Pays de Loire
L'Union Européenne pourrait y être associée, participant déjà à ce programme au travers du projet fédératif S.I.M.I.N.E. (réseau européen de sites de patrimoine minier et de
15
carrières en Asturies – Espagne, Ligurie – Italie, Portugal, Pays de Galles) de 1996 et pour
l'avenir, au titre de la mesure 7 appliquée au développement local.
Un rôle particulier pourrait être joué par le C.A.U.E. en tant qu'élément permanent du
groupe de pilotage, le représentant au niveau de la maîtrise d'ouvrage.
Conjointement à l'Association "L'Ardoise", il exercerait un rôle conceptuel dans la
mise au point du projet et un rôle de suivi dans l'élaboration et le déroulement de l'ensemble du schéma directeur.
Bleu Ardoise :
Prospective, études et
réalisations
L'ambition des études et réalisations est à la hauteur de l'héritage et du potentiel de l'industrie
du patrimoine ardoisier.
L'accent est mis sur le recours à des contributeurs relevant des domaines de la formation des
universités et écoles supérieures aux métiers du patrimoine, de l'industrie, des arts et du commerce, d'assise principalement régionale. Formatives et motivantes, ces interventions, souvent
de qualité professionnelle, permettent de traiter de manière adaptée et avec suivi de nombreux
domaines. L'hypothèse de participation est le défraiement.
Ce choix n'exclut pas le recours aux entreprises d'ingénierie culturelle et autre, en partenariat
et complémentarité.
L'accent est mis sur la mise en cohérence des fonctions industrielles, culturelles, touristiques
du fait ardoisier perçu dans sa dimension européenne.
ESQUISSE DU CAHIER DES CHARGES,
DES ETUDES ET REALISATIONS AVEC MENTION DES
PRESTATAIRES ET PARTENAIRES POSSIBLES
+
Dans ce chapitre, la contribution aux études est, bien entendu, ouverte à tous organismes et
chercheurs.
A - ETUDE DE LA DEMANDE ARDOISIERE
•
La maintenance de l'héritage ardoisier (toitures des M.H. et de l'architecture traditionnelle – cf. § 3.1 page 12)
•
Les emplois contemporains de l'ardoise (cf. § 1.1 – page 9)
• Marchés régionaux et nationaux, place des productions
16
•
Utilisateurs et prescripteurs (cf. § 1.2 – page 10)
• Inventaire des métiers de l'utilisation de l'ardoise (cf. § 1.3 – page 10)
Contributeurs aux études :
- Ecole d'Architecture de Nantes
- Ecole Supérieure de Couverture d'Angers
- Ecole Régionale des Beaux Arts d'Angers et de Nantes
- Ecoles de Commerce (E.S.C.N.A. de Nantes, E.S.S.C.A. d'Angers, ... )
- Institut d'Urbanisme de Paris
B - L'OFFRE ARDOISIERE
C'est une étude comparée des sites de production à l'échelle européenne.
Contributeurs aux études :
- Ecoles d'Ingénieurs des Mines (Alès, Nantes)
- Instituts de Géographie (Angers, Nantes)
- Départements de Géologie (Angers, Nantes, Rennes)
C - PATRIMOINE ARDOISIER : ETUDES ET REALISATIONS
C1 - Inventaire architectural et mobilier des emplois de l'ardoise (cf. § 3.1 – page 12)
C2 - Patrimoine industriel et ethnologique des sites et des musées (cf. § 3.2 – page 13)
C2.1 - analyse des prestations muséographiques et patrimoniales, audit culturel
C2.2 - mise en commun des inventaires réalisés dans le cadre d'une banque de
données cartographiées (de type S.I.G.) à partir des inventaires de :
♦
♦
musées de Renazé et Trélazé
site d'interprétation de la Mine Bleue
♦ Muséum d'Histoire Naturelle d'Angers et de Nantes
♦ Musée des Beaux Arts d'Angers
♦ Inventaire ardoisier réalisé par la Mission du Patrimoine Industriel (Jean-Louis KEROUANTON – D.R.A.C. de Nantes)
Contributeurs aux études :
- Université d'Angers : département de Mathématiques et Sta-
tistiques Appliquées, département et laboratoire de Géographie,
département d'Histoire, ...
Université Catholique de l'Ouest : I.P.S.A., I.F.R.A.D.E.,
Médiation culturelle, ...
chercheurs
divers
L'objectif est une consultation rendue possible rapidement ; en l'état de
l'inventaire, 1 an après son lancement.
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C2.3 - amélioration de la médiation muséographique dans les deux directions
scénographie tous publics et lecture de qualité scientifique doublée de
l'outil pédagogique interactif
C2.4 - travailler la complémentarité muséographique des musées et sites dans
le cadre du réseau et du parcours culturel des "Chemins de
l'Ardoise"
C2.5 - mise en place d'un cercle de mémoire dans un cadre patrimonial fédératif à l'échelle du bassin, avec des expressions localisées
Contributeurs aux études :
- Formations et étudiants en médiation culturelle (Université de Rennes,
U.C.O., I.U.T. de Tours, Paris VI, ... )
-
étudiants archives et documentation (Universités d'Angers, Mulhouse)
stagiaires de l'Ecole Nationale du Patrimoine
D – LA MEDIATION TOURISTIQUE ARDOISIERE : ANALYSE ET DEVELOPPEMENT
D1 - Analyse de la fréquentation des sites d'accueil ardoisier et des moyens de promotion dont le public professionnel accueilli par les entreprises
D2 - Etude :
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
d'une mise en réseau
de la complémentarité des offres et produits
de l'élargissement de la promotion
du couplage avec les hébergements
du développement du tourisme industriel d'entreprise
de la mise en place des "Chemins de l'Ardoise",
parcours de tourisme culturel
D3 - Etude du contexte des hébergements de caractère (dont les gîtes ruraux) et, pour
permettre l'accroissement du bassin de clientèle du patrimoine ardoisier, l'étude
d'un site adapté d'une capacité d'accueil de l'ordre de 80 lits
Contributeurs aux études :
- Université d'Angers (E.S.T.H.U.A.)
- Formations B.T.S.
E - LE CENTRE DE RESSOURCES ET DE CULTURE ARDOISIERE
Outil et interface des partenaires au schéma directeur, ce centre doit se concrétiser
dans un local de travail et de rencontres implanté sur un site ardoisier.
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L'intérêt du patrimoine ardoisier en place, le voisinage d'une activité extractive et de
fabrication, le volontarisme et le partenariat des collectivités territoriales de sites sont
autant de critères d'établissement du C.R.C.A.
* (voir le développement ci-après)
CENTRE DE RESSOURCES
ET DE
CULTURE ARDOISIERES
MISSIONS
q
Outil de communication et de diffusion de l'information ardoisière
→ auprès du grand public, utilisateur et visiteur
→ entre les secteurs de production, d'utilisation, de valorisation du
patrimoine
q
Fonction de conseil technique aux emplois de l'ardoise, avec mise en contact auprès des professionnels et structures ressources
q
Lieu de travail d'une conceptualisation évolutive permettant la mise à jour de la
valorisation ardoisière et du C.R.C.A. lui-même comprenant :
→ un centre de documentation et de diffusion de l'information ardoisière
possédant :
• bibliothèque
• dossiers documentaires
• iconothèque
• une base de données informatisée comportant une mise en forme
cartographiée de type S.I.G.
• un site internet, tête de réseau, permettant de consulter le tout, en
particulier à partir de "portes" constituées par les musées, entreprises, institutions, ... , partenaires au projet
→
q
un lieu d'expositions :
• permanente, initiatrice au thème ardoisier, à tous ses volets et
sites
• temporaires, développant et illustrant les nombreuses facettes du
sujet et l'ouvrant largement
Lieu de travail privilégié du Conseil Scientifique et Culturel participant à l'ensemble de ces missions, initiant et suivant des programmes de recherche dont des
mémoires et thèses d'étudiants
19
q
Lieu de création artistique, atelier permanent avec moments forts de type symposium, au rôle de tête de réseau renvoyant ces manifestations vers les sites
q
Lieu de pilotage de stages de culture ardoisière en relation avec les différentes
formations, toujours en appui sur les sites. Le but est de maintenir la mémoire et
la pratique des savoir-faire des métiers de l'ardoise, en relation avec les écoles
dont c'est la mission et en complément de l'industrie pour les tâches spécifiques
apprises dans la pratique industrielle (techniques minières et de fabrication abandonnées) devenue obsolescente.
Rôle de "Maison du Tourisme de l'Ardoise" :
→ lieu technique de la mise au point de la médiation et de la promotion
touristique, avec organisations de visites sur la base du partenariat avec
les sites, montages des produits
→ rôle informatif et de vitrine de l'ardoise auprès du public visiteur et des
professionnels du tourisme avec les capacités de répondre aux demandes d'hébergement et d'organisations de séjours
q
q
Exploitation pédagogique du patrimoine : organiser une équipe de travail sur la
médiation pédagogique avec le concours des instances de l'Education Nationale et
du Conseil Scientifique et Culturel
Ces objectifs légitiment la conservation d'un site industriel complet, surface et fond, préservé
et utilisé à ces fins. Sa maintenance en tant que site d'un patrimoine technique contemporain
et de formation aux métiers témoins de l'industrie ardoisière permettant de préserver à l'état de
veille un outil complet de production ardoisière en Anjou. Il permettrait, dans l'avenir, d'y
développer la solution galloise du tandem industrie-patrimoine.
Sur l'ensemble de ces missions et réalisations, le C.R.C.A. fonctionnerait en relation avec les
autres sites et à leur service, coordonnant et développant par ailleurs les secteurs et acteurs de
l'ardoise.
SITE ET ARCHITECTURE DU C.R.C.A.
Ø Caractéristiques du patrimoine ardoisier, en présentant une image forte par le ré-
emploi de bâtiments professionnels (bureaux, ateliers, ... ) avec, si possible, la présence d'un monument symbole tel qu'un chevalement, en relation de voisinage
avec l'industrie ardoisière, ils doivent offrir :
-
une surface suffisante de locaux :
bureaux
local technique informatique
centre de documentation
espace d'accueil et exposition permanente
salle d'expositions temporaires
ateliers de travail ardoisier
salle de réunion et conférences
Ø L'accès et le parking sont indispensables
Ø Le tout s'appuiera sur un contexte valorisé de restauration et d'hébergement
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STATUTS
Le C.R.C.A. serait une institution culturelle mais aussi interprofessionnelle, de dimension
régionale et d'audience internationale. Le statut à définir pourrait se rapprocher de celui d'un
groupement d'intérêt public, économique et culturel, de portée institutionnelle.
Une association de préfiguration, évolution de l'Association "L'Ardoise" initierait ce type
de structure et commencerait à gérer et développer les infrastructures mises à sa disposition.
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