LES FOUS DU ROI - Joseph Messinger
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LES FOUS DU ROI - Joseph Messinger
Présentent Le feuilleton du lundi 28 septembre 2010 SAISON 1/2 LES FOUS DU ROI PLUMEPIPO TEMPS DE LECTURE : 3 minutes Dans l'immédiat, délaissant sa réserve aristocratique, l'homme maniait une grande canne avec pour ferme intention d'en faire tâter le garçon. Celui-ci, petit et agile, aurait dû pouvoir s'échapper sans trop de mal, si seulement la foule alentour n'avait pas resserré les rangs et formé un cercle infranchissable. - Je lui avais pourtant recommandé d'éviter les fruits trop mûrs. Woli est le pickpocket le plus inconsidéré de la ville. - Il est trop fou pour ne pas tenter sa chance, affirma Fanfelin, pas assez fou pour en avoir son content. Enfile une seconde peau, et portons-nous à son secours ! Le voleur hocha la tête et défit son manteau. En dessous, il était vêtu élégamment d'une chemise blanche, relâchée aux bras, et d'un pantalon court qui s'arrêtait aux bottes en cuir de daim. Affublé de cette manière, il pouvait passer pour un gentilhomme de bonne famille, mais un coup d'œil attentif n'aurait pas manqué de relever que la chemise était fripée et le pantalon ravaudé en plusieurs endroits. La botte gauche, en outre, avait un trou au talon. Ce n'était pas bien grave : avec l'obscurité, il ne manquait que quelques éléments pour compléter l'illusion. Mucet sortit une perruque et une moustache blondes de son sac. Fanfelin l'aida à les ajuster en un rien de temps. Pour finir, il lui tendit un solide bâton de chêne, qui reposait jusque là contre un créneau. Ils dévalèrent l'escalier de pierre accolé au rempart. Le voleur, plus leste, enjambait les marches quatre par quatre, tandis que le bouffon desservi par ses jambes courtes bondissait à sa suite. Descendre l'escalier de façon aussi désinvolte n'était pas sans péril. Le mur à leur droite n'offrait que le lisse des pierres parfaitement polies, auxquelles ils auraient bien été en peine de s'agripper en cas de glissade. Leur gauche s'ouvrait sur le vide et une chute qui garantissait de se rompre le cou. Les marches, surtout, étaient mauvaises. Usées par le temps et les intempéries, elles n'avaient pas été rénovées depuis que les carrières de pierre de la région étaient épuisées, et qu'il fallait en faire venir d'autres villes-souveraines à un prix prohibitif. Par conséquent, elles s'arrondissaient sous les bottes du voleur et les socques du fou, se fondant presque en une rampe unie et évasée. Ceux qui osaient encore monter de ce côté de la muraille s'attendaient un jour à redescendre sur les fesses, et d'un seul élan. Ceci expliquait pourquoi personne, en dehors du voleur et du fou, n'avaient pensé à prendre place aux créneaux pour l'arrivée des saltimbanques. Cependant, le jeune Woli était en difficulté. La foule, qui flairait la bastonnade, avait choisi le camp de la cruauté. Certains, probablement des bourgeois qui le comptaient parmi leurs clients, avaient reconnu en l'homme à la canne le comte de Peracer, et bientôt ce nom était scandé par toutes les bouches. À plusieurs reprises, Woli avait cru déceler une faille dans la lignée de jambes qui lui barraient la route. Hélas, à peine cherchait-il à profiter de l'ouverture que des paires de mains le saisissaient de toute part et l'envoyaient rouler au centre du cercle, sous les vivats. Le garçon sentait la terreur le gagner. Les coups tombaient autour de lui, de plus en plus difficiles à éviter. Le comte, dans le feu de la poursuite, avait commencé par frapper au hasard. Maintenant que sa proie ne pouvait plus lui échapper, il mettait une efficacité froide au service de sa volonté punitive. Déjà, la vitalité du garçon s'épuisait : essoufflé, malmené, acculé au désespoir, il ne comptait plus que sur un instinct quasi-animal pour s'épargner la pluie de coups. Lorsque pour la première fois la canne du comte lui frôla les cheveux, il sut qu'il était perdu. Un mauvais pas le fit trébucher en arrière. Il s'écroula sans trouver la force de se relever aussitôt. Les cris scandés de la foule se confondirent en un seul martèlement dans sa tête. Il avait l'impression de recevoir une correction mentale plus éprouvante que pouvait l'être une raclée bien réelle. Totalement dominé par le comte, il eut l'image d'un gigantesque bourreau, levant sa hache pour le mettre à mort. Il ferma les yeux, bouche bée. Choc du bois contre le bois. Un silence écrasant. Woli ouvrit un œil. Il ne reconnut pas immédiatement l'homme en perruque qui s'était interposé. Pourquoi est-ce qu'un « postiche », comme il les appelait, viendrait à son secours? Puis son défenseur tourna vers lui un œil interrogateur. Le visage, grimé comme souvent, était celui de Mucet, le maître-voleur qui l'avait pris sous son aile. Soulagé, Woli hocha la tête : il allait bien. Le public était ravi du rebondissement. Nul ne connaissait l'impertinent qui osait défier le comte, mais sa perruque, son air supérieur et sa mise modeste le firent aussitôt ranger parmi la flopée des nobliaux désargentés. Issus des campagnes, ils apparaissaient sporadiquement à Scenlo. Sans ressources, ils venaient trouver refuge en ville, où ils croupissaient dans l'espoir utopique d'être admis à la cour. Le comte était puissant, son rival était une surprise : la foule ne savait plus qui soutenir. ------------------------------------------------------------------------------------------- Et votez en couleurs ! Les zones d’interprétation se situent après le texte, ci-dessous. Pour voter, suivez les instructions ! COMMENT PROCEDER ? 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