Les Trois Soeurs

Pariscope
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Les Trois Soeurs
Théâtre critiques
La critique de la rédaction
Comédien confirmé et frais metteur en scène, Volodia Serre a trois sœurs, Alexandrine, Joséphine et
Léopoldine, toutes trois comédiennes. Comment donc résister à la pièce de Tchekhov quand on est
l’aîné d’une telle fratrie ? Volodia Serre a donc eu l’idée de cette expérience théâtrale familiale dans
laquelle lui-même incarne le frère de ses trois propres sœurs. Le danger de cet entre-soi était de
faire un spectacle complaisant et fermé sur lui-même. Ce n’est pas le cas. C’est même une réussite.
Dans une scénographie chaleureuse et ingénieuse signée Marion Rivolier, la pièce de Tchekhov
(traduite avec subtilité par Lorène Ehrmann) déroule son lot de joies éphémères et de désillusions,
entre appétit de vivre et rêves brisés. Mur de cadres de photos, projection de films super huit en
ponctuation entre les actes, bibliothèque rose dans la chambre, literie pastel, plaid qui passe
d’épaules en épaules, piano autour duquel on chante, tout concourt à créer l’intimité d’un chez soi,
un cocon entre réalisme et symbolisme. Et puis il y a cette forêt d’arbres sans feuilles, stylisés et
glacés, trace de la campagne alentours, froide et indifférente aux hommes, d’une présence immobile
et immuable, en opposition à Moscou, la ville mère, inaccessible et lointaine, incarnation des
possibles et fantasme d’une vie sans ennui. Dans ce décor écrin, Léopoldine (Irina), Joséphine
(Macha) et Alexandrine (Olga), nous régalent de leur interprétation rayonnante. Ce sont trois
comédiennes très différentes et pourtant quelque chose de plus que la complicité les traverse,
quelque chose d’indéfinissable … comme si leur sororité dans la vie nourrissait le théâtre du frère
d’un invisible mystère. C’est un très beau spectacle, classique certes, mais qui assume jusqu’au bout
ses choix de mise en scène, porté avec énergie, talent et générosité.
Marie Plantin