Le vase brisé - Quelques commentaires Bibliques par Daniel HEBERT

Transcription

Le vase brisé - Quelques commentaires Bibliques par Daniel HEBERT
LE VASE BRISE. M ARC 14/3-9.
1.
LA CIRCONSTANCE.
1.1. Il est possible de rattacher cette scène aux
événements qui ont suivi la résurrection de Lazare.
Jean 12/1 : Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie,
où était Lazare, qu’il avait ressuscité des morts. Là, on lui fit un
souper ; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se
trouvaient à table avec lui. Marie, ayant pris une livre d’un
parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et
elle lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut
remplie de l’odeur du parfum.
1.5. L’importance de cet événement.
Marc 14/9 : Je vous le dis en vérité, partout où la bonne
nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera
aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait.
En donnant cet ordre, le Seigneur démontre que l’action de
cette femme n’a pas été anodine, mais fondamentale.
Nous devons donc nous appliquer à en comprendre les
raisons.
2.
L’EXPRESSION D’UN SENTIMENT INTERIEUR.
1.2. Jésus est à Béthanie.
Ce nom est porteur d’un message, car il veut dire « la
maison de l’affligé ».
Cette expression concerne l’état d’un monde qui se trouve
dans toutes sortes d’afflictions.
1.3. Simon le lépreux est l’hôte de la circonstance.
Il est permis de supposer qu’il a dû être lépreux, mais qu’il
ne l’était plus.
Habitant de Béthanie ; propriétaire d’une maison dans cette
localité. Il avait été lépreux, et fut probablement guéri par
Jésus. Marie, sœur de Lazare, oignit les pieds de Jésus avec
un parfum de grand prix pendant que le Maître était à table
chez Simon.
La présence de Lazare et de ses 2 sœurs, la part qu’elles
prirent à l’organisation du repas, le fait que la maison de
Simon se trouvait à Béthanie, tout cela donne à penser que
l’ex-lépreux était apparenté à Lazare et à ses sœurs, ou du
moins leur ami. Mais il n’y a aucune raison de supposer que
Simon fût leur père ou l’époux de Marie ; peut-être était-il le
mari de Marthe ? (Selon le dictionnaire biblique).
Il est difficile de dire si la femme a entièrement brisé son
vase ou si elle n’en a rompu que l’orifice.
Toujours est-il que le verbe « rompre » qui est ici utilisé dans
le texte de l’Évangile signifie bien « briser, écraser, mettre en
morceaux ».
Psaume 31/12 : Je suis oublié des cœurs comme un mort, je
suis comme un vase brisé.
Ce sentiment intérieur de brisement, David l’avait connu et
il avait su l’exprimer par des paroles.
Tout le monde ne peut pas y parvenir.
Verbaliser son problème et sa souffrance est conseillé,
mais pas toujours aisé à faire.
S’il s’agit bien de Marie, son cœur avait été brisé par le deuil.
Même si Lazare avait été l’objet de la résurrection que l’on
sait, le cœur de Marie avait été cependant éprouvé au plus
haut point.
Le désarroi l’avait envahie (relire Jean 11).
1.4. La foi en action.
Marc 14/3 : Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de
Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu’il se trouvait à
table. Elle tenait un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de
nard pur de grand prix ; et, ayant rompu le vase, elle répandit
le parfum sur la tête de Jésus.
La femme est entrée « pendant que Jésus se trouvait… »
Il y a dans la vie des moments dans lesquels « Jésus se
trouve ».
Pour en être totalement guérie, elle a ressenti le besoin
d’exprimer sa reconnaissance, mais aussi les séquelles d’une
douleur et de ses séquelles éventuellement encore là.
Le parfum qui sort du cœur brisé est celui qui est décrit par la
suite du psaume.
Psaume 31/14 : Mais en toi je me confie, ô Éternel ! Je dis :
Tu es mon Dieu ! Mes destinées sont dans ta main ; Délivremoi de mes ennemis et de mes persécuteurs !
C’est l’instant où la grâce est offerte.
Psaume 31/5 : Je remets mon esprit entre tes mains ; Tu me
délivreras, Éternel, Dieu de vérité !
Ésaïe 55/6 : Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve ;
Invoquez-le, tandis qu’il est près.
Il s’agit de la foi et de la certitude que Dieu peut être
souverain sur toutes choses.
2 Corinthiens 6/2 : Car il dit : Au temps favorable je t’ai
exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Voici maintenant le
temps favorable, voici maintenant le jour du salut.
3.
Hébreux 3/15 : pendant qu’il est dit : Aujourd’hui, si vous
entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme lors
de la révolte.
Il est important de saisir la grâce quand elle nous est
proposée.
Marc 14/7 : car vous avez toujours les pauvres avec vous, et
vous pouvez leur faire du bien quand vous voulez, mais vous
ne m’avez pas toujours.
L’EXPRESSION D’UN CONSTAT.
Il faut briser un vase quand il ne réussit pas en cours de
fabrication.
Jérémie 18/4 : Le vase qu’il faisait ne réussit pas, comme il
arrive à l’argile dans la main du potier ; il en refit un autre vase,
tel qu’il trouva bon de le faire.
Le destin d’un vase qui ne réussit pas est celui d’être
détruit et de mourir à sa forme actuelle qui est un échec
pour en refaire un autre à partir de la même matière.
Bordeaux, le mardi 4 décembre 2001. Daniel Hébert.
L’échec est une souffrance à laquelle beaucoup de personnes
se trouvent souvent confrontées, et il peut concerner bien des
domaines de la vie.
Notons aussi que l’albâtre dont le vase était fait est une
pierre très dure, à l’image de ce qu’est aussi le cœur
humain.
Sans aller trop loin dans des suppositions que l’on ne peut pas
prouver, un parallèle peut être fait entre le geste de la femme
et une éventuelle déception sentimentale.
5.
Les jeunes filles de l’époque investissaient dans le nard en vue
de se constituer une dote pour un futur mariage.
Le flacon revendu avait une très grande valeur, chose que les
disciples savaient bien.
Les 300 deniers évoqués sont le salaire de 300 jours de travail
pour un ouvrier de l’époque.
Briser une telle valeur peut signifier que l’objectif qu’elle
représentait a été rompu…
Échec sentimental, brisement et fin d’un rêve…
Pour en revenir à des considérations plus directement en
rapport avec la vie spirituelle, le geste de cette femme
signifie que le vase que tout est par nature doit être brisé.
Un parfum de repentance et de foi doit en sortir.
C’est ainsi que Dieu recrée celui qui se convertit et qui devient
une nouvelle créature.
« Il en refit un autre vase, tel qu’il trouva bon de le faire. »
Éphésiens 2/10 : Car nous sommes son ouvrage, ayant été
créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a
préparées d’avance, afin que nous les pratiquions.
4.
L’EXPRESSION D’UN DESIR.
Romains 9/21 : Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour
faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un
usage vil ? Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et
faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande
patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’il a
voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases
de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ?
Ce texte ne veut pas dire que Dieu sauve et condamne les
hommes selon son gré et d’une manière arbitraire.
Les vases de colères qui sont formés pour la perdition se sont
formés eux-mêmes ainsi.
C’est l’homme qui est responsable de sa vie.
Bien des gens sont de véritables vases de colère, mais il
faut aussi avoir une sorte de compassion à leur égard et
parfois, sans les approuver, les comprendre, eu égard à
certaines situations de vie et de souffrances.
L’EXPRESSION D’UNE PREDICTION.
Ce qui suit explique pourquoi le geste de la femme a été
plus qu’un pressentiment ou qu’une sorte de prémonition.
D’ailleurs, il faut se garder de vivre et d’agir selon ces choses,
car elles peuvent être fausses et induire totalement en erreur.
Il faut rattacher le sens de son geste au commentaire que
le Seigneur lui-même en fera.
Marc 14/8 : Elle a fait ce qu’elle a pu ; elle a d’avance
embaumé mon corps pour la sépulture.
Il a mis le vase brisé en relation avec sa mort, donc avec
la croix.
Le nard pur est un parfum de couleur rouge.
Le vase est l’image de la nature humaine.
À la croix, Jésus, qui était comme le vase d’albâtre qui est
une pierre blanche, a été brisé et son sang, rouge comme
du nard, en est sorti
Ce sang est un parfum de pardon, de salut, de
réconciliation et de guérison.
Il a coulé pour que le vase brisé soit réparé et consolé,
que le vase d’échec ait une autre possibilité et que le vase
de colère connaisse la miséricorde de Dieu.
Au fond, sans le savoir, ceux qui avaient préconisé de vendre
ce parfum pour en donner le produit aux pauvres n’avaient pas
tout à fait tort, car c’est ce qui s’est produit, mais d’une autre
façon que celle à laquelle ils pensaient.
Il n’a pas été vendu pour 300 deniers, mais pour 30 pièces
d’argent, et tous les « pauvres » en ont été enrichis.
6.
QU’EN PENSONS-NOUS ?
Pour le Seigneur, elle a fait ce qu’elle a pu.
Pour les témoins, elle a fait du gaspillage.
En donnant notre vie au Seigneur, nous passons par un
brisement et par une perte apparente, puisque nous
acceptons de « tout quitter » pour le suivre.
Mais cette perte est un gain, dans la mesure où Jésus a dit :
Marc 8/35 : Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais
celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle
la sauvera.
C’est pourquoi Dieu lui-même use de patience envers eux
et qu’il les appelle à la repentance.
Il faut que le vase de colère soit brisé et qu’il devienne un
vase de miséricorde.
L’apôtre Paul lui-même savait ce que cela signifiait.
2 Corinthiens 5/17 : Si quelqu’un est en Christ, il est une
nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici,
toutes choses sont devenues nouvelles.
Bordeaux, le mardi 4 décembre 2001. Daniel Hébert.

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