La mort de Dieu selon Nietzsche

Transcription

La mort de Dieu selon Nietzsche
AQφE
La pratique de la philosophie en communauté de recherche au secondaire
____________________________________________________________________________________
«La mort de Dieu» (Nietzsche)
L’insensé – N’avez-vous pas entendu parler de ce fou qui allumait une lanterne en plein jour et
se mettait à courir sur la place publique n criant sans cesse : «Je cherche Dieu. Je cherche
Dieu!». Mais comme il y avait là beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, son cri provoqua
un grand rire. «Ton Dieu, dit l’un, s’est-il perdu comme un enfant? Se cache-t-il? A-t-il peur de
nous? A-t-il émigré?» Ainsi criaient et riaient-ils. Le fou bondit au milieu d’eux et les transperça
du regard. «Où est allé Dieu? s’écria-t-il. Je vais vous le dire. Nous l’avons tué…vous et moi!
C’est nous, nous tous, qui sommes ses assassins! Mais comment avons-nous pu faire cela?
Comment avons-nous pu vider la mer? Qui nous a donné une éponge pour effacer l’horizon? Où
la terre va-t-elle maintenant? Où allons-nous nous-mêmes? Ne tombons-nous pas sans cesse?
En avant, en arrière, de côté, de tous les côtés? N’allons-nous pas dans un vide infini, un néant
infini? Ne fait-il pas plus froid? N’y a-t-il pas que des nuits, de plus en plus de nuits? Ne faut-il
pas dès le maton allumer des lanternes? Dieu est mort! Dieu reste mort! Et c’est nous qui
l’avons tué. Comment nous consolerons-nous, nous , meurtriers de tous les meurtriers! Ce que
le monde a possédé de plus sacré et de plus puissant jusqu’à ce jour a saigné sous notre
couteau… Qui nettoiera tout ce sang? Quelle eau pourra nous laver? Cet acte est trop grand
pour nous. Ne faut-il pas maintenant devenir des dieux nous-mêmes pour, simplement, avoir
l’air dignes?».L’insensé se tu à ces mots et regarda de nouveau ses auditeurs : ils se taisaient
eux aussi, comme lui, et le regardaient avec étonnement. Finalement il jeta sa lanterne sur le
sol, de sorte qu’elle se brisa et s’éteignit. «J’arrive trop tôt», dit-il alors, «mon temps n’est pas
encore venu. Cet événement énorme n’est pas encore parvenu aux oreilles des hommes. Il faut
du temps aux lumières des astres, aux actions, même quand elles sont accomplies, pour être
vues et entendues. Cette action leur paraît lointaine, alors que ce sont eux qui l’ont accomplie!».
Certains racontent qu’il passa le reste de la journée de demander si les Églises ne sont pas
autre chose que les tombeaux de Dieu.
Document préparé par Mathieu Gagnon, en collaboration avec Élisabeth Couture
AQφE
La pratique de la philosophie en communauté de recherche au secondaire
____________________________________________________________________________________
Questions :
1. Selon vous, quelles sont les idées que l’auteur cherche à défendre et quels sont les
arguments qu’il utilise?
2. Êtes-vous d’accord (ou en désaccord) avec une (ou plusieurs) idée(s) de l’auteur?
Expliquez.
Document préparé par Mathieu Gagnon, en collaboration avec Élisabeth Couture

Documents pareils