Lorsque j`ai appris ta mort Sam, j`en ai été très peinée, c`était si

Transcription

Lorsque j`ai appris ta mort Sam, j`en ai été très peinée, c`était si
Témoignage sur «
Sam », 50 ans,
décédé sous le pont Proudhon le 7 septembre 2012, 3 jours avant d’avoir un appartement.
Texte et dessins de Marjorie Carola,
Bénévole Aux Captifs La Libération – Paris 12ème
Nb : Les mots en capitales et soulignés correspondent aux dessins.
Lorsque j'ai appris ta mort Sam, j'en ai été très peinée, c'était si soudain.
Mais ce qui m'est venu instantanément ensuite, c'est ton sourire ! Ca a été cette joie que tu communiquais en tout
temps !
Faut dire que t'étais un sacré gai luron et je jalouse un peu les anges de t'avoir à leurs côtés.
Il m’est également venu à l'Esprit tout plein d'images, d'objets du quotidien qui, désormais, auront TA signature !
C'est impossible de t'oublier !
Je m'explique :
- Les PIGEONS par exemple ! Je ne suis pas fan des
pigeons et Dieu sait qu'il y en a à Paris ! Eh bien,
maintenant quand j'en vois un, je ne peux pas
m'empêcher de te voir, leur donnant à manger et les
appelant "tes enfants" ! Râlant aussi, mais attendris,
parce que chaque matin vers les 5/6h du mat, si tu
n'étais pas réveillé, ce sont eux qui le faisaient pour te
demander à manger ! Un vrai Papa poule !
- Un papa qui a le sens de l'accueil... Car à
chaque fois qu'on venait te voir, tu nous
proposais... des CHAISES de toutes sortes,
pour qu'on soit bien à l'aise, prêt pour
notre papotage hebdomadaire ! Y en
avait pour tous les gouts : des pliantes, des
chaises de bureau, des tabourets... Et nous
voici devant toi accueillies par des "EH!
OH! LES FILLES! ALORS?! QU'EST-CE QUE
VOUS 'RACONTE DE BEAU?! Un vrai
Seigneur !
Seigneur oui tu l'es! Et tu le resteras! : Monsieur "Le Roi du Métro"!... Pardon... Le Roi de la
"RAPTépé" ! comme tu disais. Oui parce qu'en langage Somsak la "R.A.T.P." se dis "RAPTépé"! (Il
avait l'art d'inventer des mots comme ça aussi...!). Tu savais que tu pouvais y aller n'importe
quand, à toute heure, tu y serais toujours le bienvenu chez toi... De toutes façons, partout où tu
allais tu y étais bien accueilli, c'est hallucinant ! Avec ton air jovial et tes yeux rieurs, tu avais tes
entrées un peu partout.
- Une JOIE sincère et de tous temps.
- Est-ce que tu tenais ça de ta FOI ? Tu n'étais
pas du style à dire "Seigneur! Seigneur! S'il te
plait!" mais avec ton CHAPELET incrusté! à ton
cou, t'étais là à chaque fois, par des actes,
pour témoigner de ta foi, que ce soit pour les
prières rues, à l'enterrement des copains, à la
journée du pardon ici même, Et à bien d'autres
moments.
On sentait en toi un abandon total, une
confiance que rien ne pouvait ébranler !
- Justement... en parlant de choses
branlantes... c'est comme les BOITES DE
CONSERVES ! Maintenant je verrai toujours
ce monticule, montage quasi-acrobatique,
voire tenant de la prestidigitation! des boites
de conserves placées devant toi pour faire
la manche ! Tu disais : "faut pas s'énerver! Les
gens y donnent! T'as besoin de quelque
chose, tu demandes, y sont gentils les gens!
Faut pas s'énerver!"... Confiance en cette
providence sur laquelle tu comptais.
- "Faut pas s'énerver?"... Tu avais quand même ton p'tit
caractère! Mais je mettrais ça sur le compte de ton âme
d'artiste, un gars vrai, entier et créatif! Une créativité
d'enfant, que tu ne t'empêchais pas de mettre en
pratique, par tout un tas de décoration, plus farfelues les
unes que les autres ! Des peluches des chapeaux, des
guirlandes, des jouets et j'en passe ! Mais celle qui me
plaisait le plus c'était : ce CÔNE DE TRAVAUX placé un
peu en avant de ton lieu de vie, avec... une rose plantée
dedans ! Ca m'a plu !
Un peu comme si tu nous disais "Attention, à partir de ce point, vous entrez dans un autre
monde... le monde imaginaire de SAM : Le Petit Prince Laotien !
Comme disait justement le Renard de St-Exupéry, au Petit Prince :
"Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les
champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors
ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et
j'aimerai le bruit du vent dans le blé..."
Oui désormais, lorsque je verrai tous ces objets, ces lieux... ces pigeons ;-) je me rappellerai qu'un
Petit Prince leur a donné une vie toute nouvelle.
Merci Sam, continu à nous aiguiller le cœur et prie pour tous tes frères à qui tu vas manquer.
Je conclurai par ce passage de l'évangile de Luc, chapitre 18 (verset 16 à 17) :
"Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas ; car le Royaume de Dieu est à ceux
qui leur ressemblent !" Amen.

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