PEINTURE Art de vivre

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PEINTURE Art de vivre
13.10.2006
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PEINTURE
Art de vivre
Sur les traces d’Edouard Vallet
Issu d’une tradition picturale marquée quelques années plus tôt par Hodler, Segantini ou
Amiet, le Genevois Edouard Vallet a marqué l’art suisse en proposant des tableaux à la
force tranquille qui rendent hommage aux gens simples et aux paysages sauvages. Un catalogue raisonné nouvellement paru retrace de manière exhaustive l’œuvre de ce peintre
genevois encore méconnu du grand public.
D
es anciennes rues
marchandes aux
paysages valaisans,
des paysannes en
costume aux autoportraits, l’œuvre d’Edouard
Vallet présente une grande cohé-
rence thématique et stylistique.
Cet artiste né à Genève en 1876 a
suivi un parcours linéaire,
influencé ponctuellement par les
artistes qui ont marqué son
époque, tout en gardant une
autonomie et une manière origi© PHOTO JACQUES D. ROUILLER
BF_82
Autoportrait à la presse II, 1916, Collection privée.
NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2006
nale d’aborder les sujets. A
travers l’évolution du choix des
sujets, il est possible de retracer
les pérégrinations d’Edouard
Vallet, de Genève à l’Italie, et
surtout en Valais.
Comme l’avaient fait avant lui
de nombreux peintres suisses,
l’artiste genevois découvre
avec émerveillement les paysages valaisans en janvier
1908. Embarquant avec lui sa
petite famille, il trouve d’abord
dans le village d’Hérémence,
dans le val d’Hérens, le site
idéal pour son inspiration et
pour répondre à ce besoin
profond de solitude. La beauté
des paysages, la lumière particulière, la vie montagnarde si
différente de celle de la ville
agissent sur son œuvre comme
un véritable catalyseur de
toute sa production picturale.
Plus encore, c’est à Hérémence
que le peintre retrouve sa
passion pour la gravure. Il fait
construire en 1909 sa première
presse.
Suivant les traces des artistes
de l’Ecole de Savièse, fondée
par le Vaudois Ernest Biéler,
Edouard Vallet se rend dans
cette grande commune valaisanne. Lors d’un séjour à
Ayent, le curé du village lui
parle de son hameau d’origine,
Vercorin. Ce sera le coup de
foudre pour le peintre genevois
qui va y acheter une maison
aujourd’hui encore propriété
de la famille.
La période valaisanne correspond certainement dans l’œuvre
d’Edouard Vallet à la partie la
plus importante de sa production. Il y trouve le goût du portrait, des scènes de genre, du
paysage, sans jamais pourtant
tomber dans le revers de l’anecdotique ou de la carte postale
idéalisée. A partir du réel,
l’artiste extrait l’essence d’une
situation, stylise les formes
jusqu’à obtenir une peinture
épurée, dépourvue de détails
inutiles, sobre et silencieuse, un
peu comme le sont les habitants
de ces montagnes. ■
Nicole KUNZ
A travers les 621 œuvres reproduites dans ce catalogue – sur
les 655 répertoriées à ce jour –,
l’art d’Edouard Vallet révèle, dans
cette lecture exhaustive, toute sa
puissance et la variété des sujets
privilégiés par le peintre. Produit
grâce à l’effort conjoint de
Bernard Wyder et de Jacques
D. Rouiller, cet intéressant ouvrage
constitue un rendez-vous tout
aussi important pour la renommée de l’artiste que peut l’être
une exposition monographique. ■
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