L`île des esclaves II, Marivaux : scène 2

Transcription

L`île des esclaves II, Marivaux : scène 2
L’île des esclaves, Marivaux
Scène 2
Introduction : À la scène 2, l’arrivé du chef des esclaves, Trivelin, constitue un coup de
théâtre. Iphicrate est désarmé, de nouvelles règnes sont instaurées (inversion des noms et des
attributs). La tirade de Trivelin constitue un moment crucial de cette scène puisqu’elle met en
place de façon officielle les règles en vigueur sur l’île et qu’elle défini les effets escomptés de
la cure. Quant à la réplique d’Arlequin, réplique décalée, marque un retour au comique.
Axe I : Caractère oratoire de la tirade.
La tirade de Trivelin un moment crucial et solennel dans la scène. Elle frappe par son côté
structuré. Elle commence par une sorte de préambule qui est destiné à attirer l’attention des
destinataires. S’en suis une première étape consacrée au passé fondateur de l’île : tous les
temps verbaux sont au passé. Passé, où les règles sont fondées sur la vengeance et sont
particulièrement cruelles. La deuxième étape expose les nouvelles règles en vigueur dans l’île,
qui ne sont plus fondée sur la vengeance mais sur la raison. 3ème étape : il définit les effets
escomptés de la cure. 4ème étape : présence d’une rhétorique péroraison : discours très
structuré et fait de Trivelin un très bon orateur. Le discours est structuré :
- Utilisation l’injonction au début et à la fin pour faire en sorte que le destinataire soit dominé.
- Utilisation d’un vocabulaire extrêmement soutenu qui peut faire penser au théâtre classique.
- Utilisation du « nous » qui donne un caractère très solennel. Ces phrases ne disposent pas de
mots de liaisons (= asyndète).
- Présence de rythme ternaire « humain, raisonnable et généreux ».
- Présence de présentatifs : mise en relief par « il y a / avait, quant à, … ».
Axe II : Le personnage de Trivelin et le message qu’il fait passer.
Le personnage de Trivelin est assez complexe et cela s’accentuera dans la suite de la pièce. Il
est un très bon orateur et utilise un ton paternel, rassurant mais de très grande fermeté.
Trivelin a pour mission de faire appliquer les lois et ne va pas renoncer à le faire de façon la
plus rigoureuse et humaine possible. D’un côté la punition en cas d’échec parait légère mais
on les retient pour éviter qu’ils fassent des dégâts ailleurs. Il y a une portée morale dans le
message de Trivelin. Il ne s’agit plus de s’en prendre au corps des gens en les tuants mais de
s’en prendre au cœur : au 18ème siècle la raison doit guider les gens selon le message émis par
les philosophes. Il y a une importance de l’humanité chez Trivelin : il veut rendre sensible les
anciens maîtres avec un cours d’humanité et un message d’espoir tourné vers l’avenir. Il est
optimiste et espère un effet durable, voir définitif. On sent chez Trivelin une volonté de justice
et d’équilibre.
Axe III : Étude de la réplique d’Arlequin.
La réplique d’Arlequin est décalée car il ne s’exprime pas sur le même ton que Trivelin : il
utilise un ton familier et désinvolte : il contraste avec le sérieux de Trivelin.
Il dénature le message de Trivelin. Arlequin fait une « explication » de texte sommaire. Il
résume le message de Trivelin à quelque chose de mercantile, de commerciale. Présence d’un
champ lexical de la médecine. Les thèmes de la santé, de la guérison abordés par Trivelin est
caricaturé par Arlequin et en donne une version expéditive. Il se réfère aux pratiques
courantes de l’époque considérées comme inutiles et dangereuses. Quand Trivelin utilise les
thèmes opposés à la maladie, ceux de la santé, est beaucoup plus profond : il faut guérir les
âmes. Trivelin en évoquant cette idée de cure morale renvoi à un principe essentiel du théâtre :
la purgation des passions : la catharsis. Le rire est censé nous débarrasser de nos défauts (pour
la comédie.
Conclusion :
Trivelin est non seulement le chef de la République des esclaves, celui quoi met en place de
nouvelles règles, mais fait également songer à un meneur du jeu, de metteur en scène : une
sorte de théâtre dans le théâtre. La cure qu’il met en place renvoi à une fonction essentielle du
théâtre depuis l’antiquité, c'est-à-dire la fonction cathartique. C’est une scène qui nous invite
aussi à réfléchir sur le théâtre.
À l’issu de cette scène, on va voir comment vont être appliqué ces nouvelles règles.