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Avant le début des répétitions, une demande d'autorisation devra être déposée auprès de la SACD 13 bis rue Ballu 75009 Paris France ISBN : 2-915839-17-4 ABS éditions La sexalio 46230 Belfort du Quercy Tél. 05 65 24 34 11 Fax. 05 65 24 77 08 Site : abseditions.com Parus chez ABS éditions Textes courts Ni Queue Ni Tête Le fil du rasoir Opération Canapé Joyeuses Condoléances Hier, il fera jour Sur tout ce qui bouge Femmmes Jésus, Marie, Joseph Quoi ? Déjà Noël ! Quoi ? Encore Noël ! Cabaret sexuel Scènes de footage Fin de manif (3 pièces) Philippe ABSOUS Philippe ABSOUS Collectif Pascal MARTIN Sabine JOURDAIN Christian RULLIER Christian RULLIER Collectif Collectif Collectif Marie FOURQUET– Philippe SOLTERMANN Collectif Jean LARRIAGA Théâtre jeunesse Hibou Qu’est-ce qu’on mange ? Ah ! Quels enfants ! Uğur AKTAŞ Collectif Éric BEAUVILLAIN Pièces Un Japonais dans le Rouergue Un ange passe Faims de mois Madame BO Un été à New York La théorie des cordes 6 mois chez ta mère Francis et Philippe ABSOUS Pascal MARTIN Pascal MARTIN Uğur AKTAŞ Philippe FOURNIER - Sébastien HEURTEL Philippe FOURNIER - Sébastien HEURTEL Stéphane TITECA Album Tsehay Photos : François-Xavier RAMADE Textes : collectif Alter ABS Lettre de motivation Charles RITTER La théorie des cordes Une comédie scientifique, mais pas trop quand même de Philippe Fournier & Sébastien Heurtel Pièce déposée à la SACD Personnages : Nicole Happening Georges Hamster L’agent Perdreau Le beau-frère astrophysicienne astrophysicien policier émérite de Georges Hamster La Théorie des cordes sera montée sur une scène parisienne en 2006 Dans une mise en scène de Céline Brunelle Nous dédions cette œuvre à Gracianne Hastoy & Jean Chalvidant SÉQUENCE 1 Un bureau dans un centre de recherches scientifiques. Nicole Happening est assise derrière son bureau, elle tape sur le clavier de son ordinateur. On entend la musique « Brazil ». La musique deviendra de moins en moins forte, jusqu’à disparaître totalement. Au bout d’un moment Georges Hamster entre. Il a une blouse blanche et tient une grande enveloppe marron dans une main. HAMSTER : Bonjour, Nicole. NICOLE (s’arrêtant de taper et se tournant vers Hamster) : Bonjour, professeur Hamster. HAMSTER : Je suis arrivé avec du retard ce matin. J’ai eu des ennuis avec ma voiture. La durite, je pense. C’est toujours la durite. NICOLE : Oui… HAMSTER : Pour les hommes, c’est l’estomac. Pour le cheval, c’est le Tiercé. Et pour la voiture, c’est la durite… Est-ce que la durite est un estomac ?... Une question, Nicole. Où en êtes-vous avec votre studio ? NICOLE : Mon studio ? HAMSTER : Vos problèmes animaliers ? NICOLE : Ah oui ! Eh bien, j’ai toujours des blattes. C’est infernal, ça court partout. HAMSTER : Vous devriez vous en débarrasser à l’aide d’un insecticide puissant. Vous pulvérisez et l’ennemi succombe en haletant. Et il ne crie même pas. NICOLE : Oui, sans doute. Mais je ne tiens pas à dormir avec des cadavres au pied de mon lit. HAMSTER : Il vaut mieux les avoir au pied du lit que sous la couette… Mais pourquoi refusez-vous l’appartement que je vous ai proposé ? Il est vaste, confortable, aéré et très accessible en métro… NICOLE : Je ne passe que quelques heures dans mon studio, il me suffit amplement pour ce que j’y fais. Manger et dormir, dans le désordre… HAMSTER : Vous travaillez trop, Nicole. NICOLE : En ce moment, je suis attentivement les déplacements de la sonde spatiale, professeur Hamster. HAMSTER : La sonde spatiale… Êtes-vous toujours convaincue qu’il existe une ceinture à la limite du système solaire, Nicole ? NICOLE : Vous savez parfaitement que oui, professeur Hamster. HAMSTER : Georges ! NICOLE : Vous savez parfaitement que oui, Georges… Je pense qu’il y a une planète inconnue – une surtout qui m’intrigue particulièrement. Elle doit se situer deux fois plus loin du soleil que Pluton, son orbite doit la faire tourner bien au-dessus puis bien en dessous de celle des autres planètes et son année doit faire 600 des nôtres. HAMSTER : On ne doit pas y fêter très souvent son anniversaire. NICOLE : Vous êtes sceptique, n’est-ce pas, Georges ? HAMSTER : Sceptique ?!… Absolument pas !… Je suis sûr de moi, au contraire. Sûr que je suis contre. (Un temps) La physique est un monde envahi par des comiques extravagants, je le regrette. NICOLE : Il y a d’autres univers que le nôtre, Georges. HAMSTER : Oui, la fameuse théorie des cordes. C’est de la foutaise, Nicole. NICOLE : Non, c’est exceptionnellement intelligent. HAMSTER : Et évidemment, vous pensez qu’il y a des extraterrestres quelque part ? NICOLE : Pourquoi pas ? HAMSTER : Ont-ils des ennuis de durite ? Des mauvaises digestions ? Des pyrrhonistes révolutionnaires parmi eux ? Des danseuses nues, peut-être ? Perdent-ils leurs cheveux ? NICOLE : Permettez-moi d’être optimiste, Georges. HAMSTER : Faites ce que vous voulez, Nicole, ça m’est égal, pourvu que ma maison ne se déplace pas dans l’univers sans que j’en sois informé… Tiens, à propos, Machelier m’a remis les dernières photos de votre sonde spatiale ! (Il montre l’enveloppe) NICOLE : Merveilleux ! HAMSTER : Vous allez pouvoir les analyser tranquillement. (Il donne l’enveloppe à Nicole) NICOLE : C’est ce que je vais faire tout de suite, Georges. (Elle ouvre l’enveloppe et sort des photos)…Elles sont très claires. HAMSTER : Moi, lorsque je me prends en photo, c’est négatif ! NICOLE (tenant une photo et la regardant) : Celle-ci est très étrange… On dirait qu’il y a un humain dessus… (Elle prend une loupe et regarde mieux) Mais oui ! C’est un humain, Georges ! HAMSTER : Un extraterrestre ? Cela m’étonnerait grandement… Nous leur avons envoyé du champagne et des chansons des Beatles, ils ne nous ont jamais remerciés… NICOLE : Si ! Je vous assure ! C’est un humain !... Venez voir, Georges ! C’est inimaginable ! Georges s’approche. Il prend la photo et la regarde. NICOLE : Alors ?... HAMSTER : Vous avez raison… C’est impossible ! Machelier a du mélanger les photos de la sonde avec ses photos personnelles ! La prochaine doit être une communiante ou un paquebot guatémaltèque… NICOLE : Machelier est très prudent. Il se brosse les dents deux fois en suivant douze fois par jour… Cette photo est incroyable ! HAMSTER : Comme vous dites… Un silence. Hamster regarde intensément une photo. NICOLE : Qu’y a-t-il, Georges ? Vous êtes jaloux ? HAMSTER : L’individu qui se trouve sur cette photo, Nicole ! NICOLE : L’extraterrestre ? HAMSTER : Il ressemble à mon beau-frère avec son gros nez de porc ! NICOLE : Soyez réaliste, Georges, ce ne peut pas être votre beau-frère. Comment la sonde aurait-elle pu le photographier dans l’espace ? Par contre si votre beau-frère ressemble au premier extraterrestre connu, ce ne peut être que flatteur pour lui. HAMSTER : Une erreur de l’ordinateur central ? Une superposition de clichés ? Une machination ? NICOLE : Non, c’est ridicule… Cette photo est un bouleversement, Georges. Le monde entier l’apprendra bientôt. Une nouvelle vie commence pour la science !… Nicole Happening, la Marie Curie de l’astrophysique ! HAMSTER : Oui. Et si c’est bien mon beau-frère, vous ne serez pas déçue. Il est membre d’une amicale tyrolienne et il yodle à tout bout de champ. Et je ne vous parle même pas de son instinct de sanglier et de son regard d’huître ! NICOLE : Je suis si heureuse, Georges. C’est le plus beau jour de ma vie ! HAMSTER : Je vous conseille amicalement de demander à Machelier s’il ne s’est pas trompé. NICOLE : Si vous y tenez, j’y vais, mais je suis déjà convaincue… NOIR SÉQUENCE 2. Même lieu. Nicole est assise à son bureau. Elle regarde longuement la photo. Elle se lève, marche de long en large. Elle regarde de nouveau la photo. Hamster entre. HAMSTER : Hello ! NICOLE : Hello… HAMSTER : Avez-vous parlé avec Machelier, Nicole ? NICOLE : Non. Il n’était pas dans son bureau. (Un temps) Georges, ces photos proviennent sans discussion de la sonde spatiale. HAMSTER : Les deux mots les plus brefs et les plus anciens sont ceux qui exigent le plus de réflexion. Pythagore. Le père Pythagore, pas le fils. NICOLE : C’est tout réfléchi ! HAMSTER : Très bien… Je suis anéanti, je ne vous le cache pas. J’ai toujours cru que cette histoire d’extraterrestres était totalement fantaisiste, juste bonne pour les romans de sciencefiction. Mais là… bon… c’est une preuve irréfutable j’imagine… NICOLE : J’espère que nous pourrons entrer en communication avec lui. HAMSTER : Je vous le souhaite. J’espère qu’il est au moins bilingue. NICOLE : C’est fabuleux, Georges, fabuleux ! La NASA est au courant, bien entendu. Je viens de leur envoyer un exemplaire de la photo sonde en les assurant du sérieux de l’aventure. HAMSTER : Et ils vous ont crue ? NICOLE : Nous allons tenter d’envoyer des signaux à cet extraterrestre. HAMSTER : Quoi ? Le genre feu d’artifice ? NICOLE : Nous ne savons pas encore. Les américains sont en réunion. Smith doit me rappeler dans une heure. HAMSTER : Smith, c’est le type qui étudie les particules portant la force de gravitation ? NICOLE : Oui, un génie. HAMSTER : Il est cinglé. Je l’ai rencontré dans un congrès à Séoul. Il roule dans une voiture polonaise et il se nourrit exclusivement de steaks tartares. NICOLE : C’est un génie, Georges. HAMSTER : Une voiture polonaise ! Sa machine à laver doit être roumaine et sa femme shogun ou pic-vert. NICOLE : Je suis dans un état. Complètement surexcitée. Je tremble, je tremble de partout. HAMSTER : Et les autres photos ? NICOLE : Rien de convainquant. Enfin, pas d’extraterrestre dessus. HAMSTER : C’est très bizarre… NICOLE : Vous doutez toujours, Georges ? HAMSTER : C’est le sport favori des physiciens, Nicole… Einstein le répétait sans cesse : « Nous ne doutons pas, nous sommes le doute ! »… Ava Gardner le disait aussi… Mais il y autre chose. NICOLE : Quoi ? HAMSTER : Mon beau-frère. Il a mystérieusement disparu depuis un mois. NICOLE : Georges, cet extraterrestre ne peut pas être votre beau-frère. HAMSTER : Et le gros nez de porc, alors ?!... Mon beau- frère a quitté sa villa en voiture. Il n’a pas dit à sa femme où il allait. Il n’a pas laissé de lettre, ni de mail, ni de message, rien. Depuis, son fox-terrier ne cesse d’aboyer. Ma sœur a tenté de le chloroformer sans succès. Elle est sur les nerfs. Vous comprenez, n’est-ce pas ? (Un temps) Elle ne supporte plus ce chien. Et le chien ne supporte plus ma sœur. NICOLE : Votre beau-frère est sans doute parti en vacances, ou je ne sais où. HAMSTER : En vacances sans sa femme ? Non. Ils sont très famille, ils ont le même groupe sanguin. NICOLE : Quoiqu’il en soit, je ne pense pas que votre beau frère puisse se rendre dans l’espace. Il n’a pas de fusée, n’estce pas ? HAMSTER : Je suis certain qu’il s’agit de lui sur la photo. NICOLE : Soyez sérieux, Georges. C’est votre imagination qui débloque. HAMSTER : Mon imagination ?!... Un avis de recherche a été lancé pour retrouver mon beau-frère. NICOLE : Oubliez-le cinq minutes. La police va mettre la main dessus et vous serez tranquille. HAMSTER : Je n’ai jamais été tranquille en sa présence. Il a toujours bousillé tous les repas. C’est une blatte. Voilà, c’est une blatte ! NICOLE : Il est donc si plat que ça ? HAMSTER : Je vais essayer de joindre mes cousins. Peutêtre que l’un d’entre eux a vu mon beau-frère. NICOLE : Pas un mot à la NASA, Georges ! HAMSTER : J’espère que toutes leurs installations sont assurées. NOIR SÉQUENCE 3. Même lieu. Nicole est assise sur une chaise, jambes écartées, elle rêve, le sourire aux lèvres. On entend la musique « Brazil ». Un moment. L’agent Perdreau, en imperméable, entre. PERDREAU (toussant pour éveiller l’attention de Nicole) : Hmm ! Hmm ! Nicole, surprise, se lève brusquement. NICOLE : Qu’est-ce que c’est ? PERDREAU : Je toussotais, excusez-moi. NICOLE : Vous quoi ? PERDREAU : Je toussotais… Comme ça : hmm, hmm ! NICOLE : C’est toussoter, ça ? PERDREAU : Pas tout à fait. Mais je n’arrive pas à bien toussoter. C’est génétique, ma mère ne toussotait pas non plus. Elle hululait parfois, mais elle ne toussotait pas… Mon grand-père avait de l’urticaire, c’est tout… NICOLE : Qui êtes-vous, monsieur ? PERDREAU : L’agent Perdreau. NICOLE : L’agent ? Quel agent ? PERDREAU : Je suis de la police. NICOLE : Ah oui… PERDREAU : Mon supérieur hiérarchique me dit que je devrais m’entraîner à toussoter normalement. NICOLE : Et que voulez-vous, agent Perdreau ? PERDREAU : Je suis à la recherche de monsieur Georges Hamster qui travaille ici. NICOLE : Ce n’est pas le bureau du professeur Hamster, c’est mon bureau. PERDREAU : Oui, je sais que ce n’est pas le bureau de Hamster parce que je ne l’ai pas trouvé. NICOLE : Le professeur Hamster est à sa séance quotidienne de gymnastique japonaise. PERDREAU : Dans son bureau ? NICOLE : Non, à son club. PERDREAU : Tant mieux. Parce que je ne sais pas où est son bureau. NICOLE : Si vous le désirez, je peux essayer de vous renseigner. PERDREAU : Pour le bureau ? NICOLE : Non, en général. Que voulez-vous exactement ? PERDREAU : C'est-à-dire que c’est assez compliqué. Je viens chercher des renseignements sur une certaine personne. NICOLE : Georges Hamster ? PERDREAU : Oui, c’est lui qui doit me fournir ces renseignements. NICOLE : Des renseignements sur qui, agent Perdreau ? PERDREAU : Sur son beau-frère. NICOLE : Ah, je comprends. Vous êtes le policier chargé de retrouver le beau-frère du professeur Hamster. PERDREAU : Oui, c’est ça. Mais je ne sais pas à quoi il ressemble. NICOLE : Je peux peut-être vous aider, agent Perdreau. PERDREAU : Vous connaissez le beau-frère ? NICOLE : Mieux ! J’ai sa photo ! PERDREAU : Vous m’ôteriez une belle chandelle du pied… NICOLE : Une chandelle ? PERDREAU : C’est ce que j’ai dit, oui. NICOLE : Ah bon ?... Elle prend la photo sur son bureau. NICOLE : Mais je vous préviens, il n’est pas du tout sûr que ce soit le beau-frère en question. D’après moi c’est un extraterrestre. (Elle montre la photo à Perdreau) PERDREAU : Vous voulez dire que le beau-frère est un extraterrestre ? NICOLE : Non. L’individu sur cette photo est un extraterrestre. PERDREAU : Et c’est le beau-frère ? NICOLE : Non… PERDREAU : Pourquoi me montrer sa photo alors ? NICOLE : Il lui ressemblerait… PERDREAU (regardant la photo) : Il a un gros nez de porc ! NICOLE : C’est ce que prétend le professeur Hamster. PERDREAU : C’est un élément qui me sera utile. Avez-vous autre chose ? Un chapeau, une pipe, une perruque, des chaussettes ? NICOLE : C’est le professeur Hamster qui vous donnera tout cela. PERDREAU : Oui, mais pour retrouver Hamster, il me faut des indices palpables. NICOLE : Il sera de retour dans son bureau d’ici une trentaine de minutes. PERDREAU : Et s’il s’est enfuit avec son beau-frère ? NICOLE : Le professeur Hamster recherche son beau-frère. S’il savait où il se trouve, il ne le rechercherait pas. PERDREAU : Nous devons envisager toutes les possibilités. C’est le boulot de la police… NICOLE : Qu’allez-vous faire, agent Perdreau ? PERDREAU : Je vais déjeuner. C’est l’heure du déjeuner. Et aujourd’hui il y a du hachis Parmentier, comme chaque vendredi. NICOLE : Nous sommes jeudi. PERDREAU : Oui, mais il y a quand même du hachis Parmentier… Puis-je emporter cette photo ? NICOLE : Non. Elle est classée secret défense. PERDREAU : Comme les problèmes urinaires de mon chef. NICOLE : Le bureau du professeur Hamster est situé au huitième étage, à gauche en sortant de l’ascenseur. PERDREAU : Et l’ascenseur ? NICOLE : À sa place ! PERDREAU : Bon, je vous laisse, madame. NICOLE : Oui, allez-y… PERDREAU : J’espère voir l’ascenseur… Perdreau sort. NOIR SÉQUENCE 4 Même lieu. Le bureau est vide. Georges Hamster entre. HAMSTER : Nicole ? Il regarde partout, il ne voit pas Nicole. Hamster s’apprête à sortir quand apparaît l’agent Perdreau. HAMSTER : Elle n’est pas là ! Je l’attends également. Elle a du s’absenter pour faire des photocopies ou que sais-je d’autre. PERDREAU : Pour nettoyer les carreaux du couloir ? HAMSTER : Ne soyez pas absurde. C’est une brillante chercheuse. PERDREAU : Qui ? HAMSTER : Nicole Happening. PERDREAU : Et… ? HAMSTER : Et quoi ? PERDREAU : Et, c’est tout. HAMSTER : C’est son bureau. Le bureau de Nicole Happening. PERDREAU : C’est splendide, mais je n’ai pas l’intention de le louer. HAMSTER : Qui êtes-vous, monsieur ? PERDREAU : Je cherche l’ascenseur. HAMSTER : L’ascenseur est à côté des toilettes. PERDREAU : Ah oui, très bien placé… Mais où sont les toilettes ? HAMSTER : Travaillez-vous ici, monsieur ? À l’entretien, peut-être ? PERDREAU : Je mène une enquête. HAMSTER : À propos de l’ascenseur ? PERDREAU : Il s’agit d’une disparition surprenante. HAMSTER : Nicole ne doit pas être loin. PERDREAU : Et Hamster ? HAMSTER : Vous cherchez Georges Hamster ? PERDREAU : Il travaille avec Nicole. HAMSTER : C’est moi ! PERDREAU : Ne me dites pas que vous êtes Nicole, je la connais, elle est plus… enfin moins… Oh ! Je serais déçu si en définitive c’était vous, Nicole ! HAMSTER : Non, je suis Georges Hamster ! PERDREAU : Ah ! Eh bien, votre ascenseur est particulièrement bien planqué, monsieur ! HAMSTER : Mais que me voulez-vous ? PERDREAU : C’est au sujet de votre beau-frère. HAMSTER : L’avez-vous localisé ? PERDREAU : Pas tout à fait… Seulement, je ne sais pas comment il est. Grand, petit, chauve, unijambiste calédonien… ? HAMSTER : Je vous ai faxé sa photo d’identité ce matin. PERDREAU : Nous n’avons plus de fax compétitif au poste de police. Un subalterne a versé du hachis Parmentier sur celui que nous avions, et il est mort. HAMSTER : Mes condoléances… PERDREAU : C’était un vieux fax de toute façon… Et il ne fonctionnait plus depuis que j’avais malencontreusement laissé tomber du mou de veau dedans… HAMSTER : Vous mangez beaucoup dans la police. PERDREAU : C’était le mou de veau de mon chef. HAMSTER : Bon… ! Eh bien, je vais vous fournir cette photo, elle est dans mon bureau. PERDREAU : J’en serai très heureux. HAMSTER : Oui, moi aussi… PERDREAU : A-t-il vraiment un gros nez de porc ? HAMSTER : Nicole vous a montré la photo ? PERDREAU : En effet. Mais ce qu’elle m’a raconté n’est pas très rassurant. HAMSTER : Comment ? PERDREAU : Elle m’a parlé d’extraterrestres… Votre amie Nicole est-elle en bonne santé ? HAMSTER : Comment ? PERDREAU : Est-ce qu’elle n’est pas un peu gaga ? HAMSTER : Je vous en prie, ne portez pas de jugement sans fondement. Nicole est saine d’esprit, c’est un grand savant qui fait la fierté de notre centre de recherches. Même si je ne la suis pas sur la théorie des cordes… PERDREAU : Veut-elle pendre quelqu’un ? HAMSTER : Non… La théorie des cordes est une théorie scientifique. PERDREAU : Vous voulez dire que tous les gars qui bossent ici veulent pendre d’autres gars d’un autre centre de recherches ? HAMSTER (exaspéré) : Vous ne ralentissez jamais, vous ! PERDREAU : Je suis très logique. La logique est la base de mon travail. HAMSTER : Quelle logique ? PERDREAU : Je suis l’agent Perdreau, un des meilleurs policiers de la ville. HAMSTER : La terreur du mou de veau ! PERDREAU : Ce n’était pas mon mou de veau. HAMSTER : Si vous voulez la photo de mon beau-frère, suivez-moi jusqu’à mon bureau. PERDREAU : En ascenseur ? HAMSTER : Oui, je ne monte pas huit étages à pieds. PERDREAU : Ce n’est pas de la gymnastique japonaise ? HAMSTER : Non, pas du tout. La gymnastique japonaise consiste essentiellement à entretenir sa peau avec des herbes asiatiques. PERDREAU : Vous vous recouvrez d’herbes, comme un poisson en papillote ? HAMSTER : En quelque sorte… Alors, vous venez, oui ou non ? PERDREAU : À vos ordres, Hamster ! Ils sortent. NOIR SÉQUENCE 5 Le bureau est vide. Perdreau apparaît soudain en entrebâillant la porte. Seule sa tête et une partie de son buste dépassent. PERDREAU : Il y a quelqu’un ? Un temps. Il ressort. NOIR SÉQUENCE 6 Le bureau. Nicole est au téléphone. NICOLE : Oui… Yes ! Of course ! Mais le but suprême de la physique… le but suprême… the supreme goal… c’est de trouver une théorie unique… théorie unique… qui décrive l’univers… you know the universe… dans son ensemble… c’est-à-dire qui unisse toutes les théories physiques… all physical theories… You understand ?… No ? Quelqu’un parle français chez vous ?… French speaking ? Yes, I wait, I wait… Le professeur Hamster entre. HAMSTER : J’ai encore perdu l’agent Perdreau ! NICOLE : Je suis en ligne avec la NASA. Un pauvre type qui ne comprend rien au français ! HAMSTER : Il était derrière moi et puis… pouf ! Plus personne ! Il est fort. Il est très fort ! NICOLE : Allô ? Oui. Vous parlez français ? Super ! Vous avez vu les photos ? Quoi, X-files ? Quoi, une mauvaise blague ? Rira bien qui rira jaune, monsieur Roswell ! Elle raccroche. NICOLE : La NASA… Ils se gaussent. Ah les ânes ! Un temps. Ils réfléchissent tous deux. HAMSTER : Votre théorie ne tient pas. NICOLE : Pardon ? HAMSTER : Vous ne pourrez pas compacter les six dimensions et retomber dans un espace-temps réaliste. NICOLE : En englobant la théorie d’Einstein sur la gravitation, celle de Riemann sur la théorie des surfaces, et les travaux de Green et Schwartz, je crois pouvoir le démontrer, au contraire. L’espace-temps à dix dimensions existe. HAMSTER : Et l’accélérateur particulaire ? NICOLE : En théorie, il fonctionne. HAMSTER : Et vous vous sentez capable de construire un accélérateur long de dix années lumières ? NICOLE : Si je peux prouver ce que j’avance, le voyage, à l’intérieur des cordes, dans des mondes aux dimensions différentes, deviendra possible. HAMSTER : N’entretiens pas l’espoir de ce qui ne peut être espéré ! NICOLE : Ok, vous aimez Pythagore mais comment expliquez-vous ceci ?! Elle brandit la photo. HAMSTER : Nous verrons ce qu’en penserons nos collègues, ce soir, en réunion. Perdreau entre. PERDREAU : Professeur Hamster. J’ai enfin trouvé votre bureau, on dirait ? HAMSTER : Où étiez-vous passé ? NICOLE : Nous sommes toujours dans mon bureau… PERDREAU : Je cherche le bureau du professeur Hamster. HAMSTER : Nous y allions quand vous m’avez perdu. Mais tenez, voilà la photo de mon beau-frère. PERDREAU : Il a un gros nez de porc. HAMSTER : Et sinon… vous avez avancé dans vos recherches ? Perdreau avance d’un pas. PERDREAU : Oui. Il réfléchit. Les deux professeurs sont perplexes. PERDREAU : Pourriez-vous me montrer la photo de l’extraterrestre ? Nicole la lui tend. PERDREAU (comparant les deux photos) : Ou ils sont deux ou alors c’est le même ! Mais si c’est le même, c’est bien lui !... NOIR SÉQUENCE 7 Le bureau vide. L’agent Perdreau entre. Il regarde à gauche, à droite. Il avance. Il stoppe. PERDREAU : Évidemment, ce ne sont pas les toilettes… Ou alors elles sont très propres… Il repart vers la porte. Il sort. NOIR Fin de l’extrait