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Textes courts
Ni Queue Ni Tête
Le fil du rasoir
Opération Canapé
Joyeuses Condoléances
Hier, il fera jour
Sur tout ce qui bouge
Femmmes
Jésus, Marie, Joseph
Quoi ? Déjà Noël !
Quoi ? Encore Noël !
Cabaret sexuel
Scènes de footage
Fin de manif (3 pièces)
Philippe ABSOUS
Philippe ABSOUS
Collectif
Pascal MARTIN
Sabine JOURDAIN
Christian RULLIER
Christian RULLIER
Collectif
Collectif
Collectif
Marie FOURQUET– Philippe SOLTERMANN
Collectif
Jean LARRIAGA
Théâtre jeunesse
Hibou
Qu’est-ce qu’on mange ?
Ah ! Quels enfants !
Uğur AKTAŞ
Collectif
Éric BEAUVILLAIN
Pièces
Un Japonais dans le Rouergue
Un ange passe
Faims de mois
Madame BO
Un été à New York
La théorie des cordes
6 mois chez ta mère
Francis et Philippe ABSOUS
Pascal MARTIN
Pascal MARTIN
Uğur AKTAŞ
Philippe FOURNIER - Sébastien HEURTEL
Philippe FOURNIER - Sébastien HEURTEL
Stéphane TITECA
Album
Tsehay
Photos : François-Xavier RAMADE
Textes : collectif
Alter ABS
Lettre de motivation
Charles RITTER
La théorie des
cordes
Une comédie scientifique,
mais pas trop quand même
de
Philippe Fournier & Sébastien Heurtel
Pièce déposée à la SACD
Personnages :
Nicole Happening
Georges Hamster
L’agent Perdreau
Le beau-frère
astrophysicienne
astrophysicien
policier émérite
de Georges Hamster
La Théorie des cordes
sera montée sur une scène parisienne en 2006
Dans une mise en scène de
Céline Brunelle
Nous dédions cette œuvre à
Gracianne Hastoy & Jean Chalvidant
SÉQUENCE 1
Un bureau dans un centre de recherches scientifiques.
Nicole Happening est assise derrière son bureau,
elle tape sur le clavier de son ordinateur.
On entend la musique « Brazil ».
La musique deviendra de moins en moins forte,
jusqu’à disparaître totalement.
Au bout d’un moment Georges Hamster entre.
Il a une blouse blanche
et tient une grande enveloppe marron dans une main.
HAMSTER : Bonjour, Nicole.
NICOLE (s’arrêtant de taper et se tournant vers Hamster) :
Bonjour, professeur Hamster.
HAMSTER : Je suis arrivé avec du retard ce matin. J’ai eu
des ennuis avec ma voiture. La durite, je pense. C’est toujours
la durite.
NICOLE : Oui…
HAMSTER : Pour les hommes, c’est l’estomac. Pour le
cheval, c’est le Tiercé. Et pour la voiture, c’est la durite…
Est-ce que la durite est un estomac ?... Une question, Nicole.
Où en êtes-vous avec votre studio ?
NICOLE : Mon studio ?
HAMSTER : Vos problèmes animaliers ?
NICOLE : Ah oui ! Eh bien, j’ai toujours des blattes. C’est
infernal, ça court partout.
HAMSTER : Vous devriez vous en débarrasser à l’aide d’un
insecticide puissant. Vous pulvérisez et l’ennemi succombe
en haletant. Et il ne crie même pas.
NICOLE : Oui, sans doute. Mais je ne tiens pas à dormir
avec des cadavres au pied de mon lit.
HAMSTER : Il vaut mieux les avoir au pied du lit que
sous la couette… Mais pourquoi refusez-vous l’appartement
que je vous ai proposé ? Il est vaste, confortable, aéré et
très accessible en métro…
NICOLE : Je ne passe que quelques heures dans mon studio,
il me suffit amplement pour ce que j’y fais. Manger et dormir,
dans le désordre…
HAMSTER : Vous travaillez trop, Nicole.
NICOLE : En ce moment, je suis attentivement les déplacements de la sonde spatiale, professeur Hamster.
HAMSTER : La sonde spatiale… Êtes-vous toujours
convaincue qu’il existe une ceinture à la limite du système
solaire, Nicole ?
NICOLE : Vous savez parfaitement que oui, professeur
Hamster.
HAMSTER : Georges !
NICOLE : Vous savez parfaitement que oui, Georges…
Je pense qu’il y a une planète inconnue – une surtout qui
m’intrigue particulièrement. Elle doit se situer deux fois
plus loin du soleil que Pluton, son orbite doit la faire tourner
bien au-dessus puis bien en dessous de celle des autres planètes
et son année doit faire 600 des nôtres.
HAMSTER : On ne doit pas y fêter très souvent son
anniversaire.
NICOLE : Vous êtes sceptique, n’est-ce pas, Georges ?
HAMSTER : Sceptique ?!… Absolument pas !… Je suis sûr
de moi, au contraire. Sûr que je suis contre. (Un temps)
La physique est un monde envahi par des comiques extravagants, je le regrette.
NICOLE : Il y a d’autres univers que le nôtre, Georges.
HAMSTER : Oui, la fameuse théorie des cordes. C’est de la
foutaise, Nicole.
NICOLE : Non, c’est exceptionnellement intelligent.
HAMSTER : Et évidemment, vous pensez qu’il y a des extraterrestres quelque part ?
NICOLE : Pourquoi pas ?
HAMSTER : Ont-ils des ennuis de durite ? Des mauvaises
digestions ? Des pyrrhonistes révolutionnaires parmi eux ?
Des danseuses nues, peut-être ? Perdent-ils leurs cheveux ?
NICOLE : Permettez-moi d’être optimiste, Georges.
HAMSTER : Faites ce que vous voulez, Nicole, ça m’est
égal, pourvu que ma maison ne se déplace pas dans l’univers
sans que j’en sois informé… Tiens, à propos, Machelier
m’a remis les dernières photos de votre sonde spatiale !
(Il montre l’enveloppe)
NICOLE : Merveilleux !
HAMSTER : Vous allez pouvoir les analyser tranquillement.
(Il donne l’enveloppe à Nicole)
NICOLE : C’est ce que je vais faire tout de suite, Georges.
(Elle ouvre l’enveloppe et sort des photos)…Elles sont très claires.
HAMSTER : Moi, lorsque je me prends en photo, c’est
négatif !
NICOLE (tenant une photo et la regardant) : Celle-ci est très
étrange… On dirait qu’il y a un humain dessus…
(Elle prend une loupe et regarde mieux) Mais oui ! C’est un
humain, Georges !
HAMSTER : Un extraterrestre ? Cela m’étonnerait grandement… Nous leur avons envoyé du champagne et des chansons
des Beatles, ils ne nous ont jamais remerciés…
NICOLE : Si ! Je vous assure ! C’est un humain !... Venez
voir, Georges ! C’est inimaginable !
Georges s’approche.
Il prend la photo et la regarde.
NICOLE : Alors ?...
HAMSTER : Vous avez raison… C’est impossible ! Machelier
a du mélanger les photos de la sonde avec ses photos
personnelles ! La prochaine doit être une communiante ou un
paquebot guatémaltèque…
NICOLE : Machelier est très prudent. Il se brosse les dents
deux fois en suivant douze fois par jour… Cette photo est
incroyable !
HAMSTER : Comme vous dites…
Un silence.
Hamster regarde intensément une photo.
NICOLE : Qu’y a-t-il, Georges ? Vous êtes jaloux ?
HAMSTER : L’individu qui se trouve sur cette photo, Nicole !
NICOLE : L’extraterrestre ?
HAMSTER : Il ressemble à mon beau-frère avec son gros
nez de porc !
NICOLE : Soyez réaliste, Georges, ce ne peut pas être votre
beau-frère. Comment la sonde aurait-elle pu le photographier
dans l’espace ? Par contre si votre beau-frère ressemble au
premier extraterrestre connu, ce ne peut être que flatteur pour
lui.
HAMSTER : Une erreur de l’ordinateur central ? Une
superposition de clichés ? Une machination ?
NICOLE : Non, c’est ridicule… Cette photo est un bouleversement, Georges. Le monde entier l’apprendra bientôt.
Une nouvelle vie commence pour la science !… Nicole
Happening, la Marie Curie de l’astrophysique !
HAMSTER : Oui. Et si c’est bien mon beau-frère, vous ne
serez pas déçue. Il est membre d’une amicale tyrolienne et
il yodle à tout bout de champ. Et je ne vous parle même pas
de son instinct de sanglier et de son regard d’huître !
NICOLE : Je suis si heureuse, Georges. C’est le plus beau
jour de ma vie !
HAMSTER : Je vous conseille amicalement de demander
à Machelier s’il ne s’est pas trompé.
NICOLE : Si vous y tenez, j’y vais, mais je suis déjà
convaincue…
NOIR
SÉQUENCE 2.
Même lieu. Nicole est assise à son bureau. Elle regarde longuement
la photo. Elle se lève, marche de long en large. Elle regarde de
nouveau la photo. Hamster entre.
HAMSTER : Hello !
NICOLE : Hello…
HAMSTER : Avez-vous parlé avec Machelier, Nicole ?
NICOLE : Non. Il n’était pas dans son bureau. (Un temps)
Georges, ces photos proviennent sans discussion de la sonde
spatiale.
HAMSTER : Les deux mots les plus brefs et les plus anciens
sont ceux qui exigent le plus de réflexion. Pythagore. Le père
Pythagore, pas le fils.
NICOLE : C’est tout réfléchi !
HAMSTER : Très bien… Je suis anéanti, je ne vous le cache pas.
J’ai toujours cru que cette histoire d’extraterrestres était totalement fantaisiste, juste bonne pour les romans de sciencefiction. Mais là… bon… c’est une preuve irréfutable j’imagine…
NICOLE : J’espère que nous pourrons entrer en communication avec lui.
HAMSTER : Je vous le souhaite. J’espère qu’il est au moins
bilingue.
NICOLE : C’est fabuleux, Georges, fabuleux ! La NASA est
au courant, bien entendu. Je viens de leur envoyer un
exemplaire de la photo sonde en les assurant du sérieux de
l’aventure.
HAMSTER : Et ils vous ont crue ?
NICOLE : Nous allons tenter d’envoyer des signaux à cet
extraterrestre.
HAMSTER : Quoi ? Le genre feu d’artifice ?
NICOLE : Nous ne savons pas encore. Les américains sont
en réunion. Smith doit me rappeler dans une heure.
HAMSTER : Smith, c’est le type qui étudie les particules
portant la force de gravitation ?
NICOLE : Oui, un génie.
HAMSTER : Il est cinglé. Je l’ai rencontré dans un congrès à
Séoul. Il roule dans une voiture polonaise et il se nourrit
exclusivement de steaks tartares.
NICOLE : C’est un génie, Georges.
HAMSTER : Une voiture polonaise ! Sa machine à laver doit
être roumaine et sa femme shogun ou pic-vert.
NICOLE : Je suis dans un état. Complètement surexcitée.
Je tremble, je tremble de partout.
HAMSTER : Et les autres photos ?
NICOLE : Rien de convainquant. Enfin, pas d’extraterrestre
dessus.
HAMSTER : C’est très bizarre…
NICOLE : Vous doutez toujours, Georges ?
HAMSTER : C’est le sport favori des physiciens, Nicole…
Einstein le répétait sans cesse : « Nous ne doutons pas, nous
sommes le doute ! »… Ava Gardner le disait aussi… Mais il y
autre chose.
NICOLE : Quoi ?
HAMSTER : Mon beau-frère. Il a mystérieusement disparu
depuis un mois.
NICOLE : Georges, cet extraterrestre ne peut pas être votre
beau-frère.
HAMSTER : Et le gros nez de porc, alors ?!... Mon beau- frère
a quitté sa villa en voiture. Il n’a pas dit à sa femme où il allait.
Il n’a pas laissé de lettre, ni de mail, ni de message, rien.
Depuis, son fox-terrier ne cesse d’aboyer. Ma sœur a tenté
de le chloroformer sans succès. Elle est sur les nerfs. Vous
comprenez, n’est-ce pas ? (Un temps) Elle ne supporte plus ce
chien. Et le chien ne supporte plus ma sœur.
NICOLE : Votre beau-frère est sans doute parti en vacances,
ou je ne sais où.
HAMSTER : En vacances sans sa femme ? Non. Ils sont très
famille, ils ont le même groupe sanguin.
NICOLE : Quoiqu’il en soit, je ne pense pas que votre beau
frère puisse se rendre dans l’espace. Il n’a pas de fusée, n’estce pas ?
HAMSTER : Je suis certain qu’il s’agit de lui sur la photo.
NICOLE : Soyez sérieux, Georges. C’est votre imagination
qui débloque.
HAMSTER : Mon imagination ?!... Un avis de recherche
a été lancé pour retrouver mon beau-frère.
NICOLE : Oubliez-le cinq minutes. La police va mettre la
main dessus et vous serez tranquille.
HAMSTER : Je n’ai jamais été tranquille en sa présence.
Il a toujours bousillé tous les repas. C’est une blatte. Voilà,
c’est une blatte !
NICOLE : Il est donc si plat que ça ?
HAMSTER : Je vais essayer de joindre mes cousins. Peutêtre que l’un d’entre eux a vu mon beau-frère.
NICOLE : Pas un mot à la NASA, Georges !
HAMSTER : J’espère que toutes leurs installations sont
assurées.
NOIR
SÉQUENCE 3.
Même lieu.
Nicole est assise sur une chaise, jambes écartées, elle rêve,
le sourire aux lèvres.
On entend la musique « Brazil ».
Un moment.
L’agent Perdreau, en imperméable, entre.
PERDREAU (toussant pour éveiller l’attention de Nicole) :
Hmm ! Hmm !
Nicole, surprise, se lève brusquement.
NICOLE : Qu’est-ce que c’est ?
PERDREAU : Je toussotais, excusez-moi.
NICOLE : Vous quoi ?
PERDREAU : Je toussotais… Comme ça : hmm, hmm !
NICOLE : C’est toussoter, ça ?
PERDREAU : Pas tout à fait. Mais je n’arrive pas à bien
toussoter. C’est génétique, ma mère ne toussotait pas
non plus. Elle hululait parfois, mais elle ne toussotait pas…
Mon grand-père avait de l’urticaire, c’est tout…
NICOLE : Qui êtes-vous, monsieur ?
PERDREAU : L’agent Perdreau.
NICOLE : L’agent ? Quel agent ?
PERDREAU : Je suis de la police.
NICOLE : Ah oui…
PERDREAU : Mon supérieur hiérarchique me dit que je
devrais m’entraîner à toussoter normalement.
NICOLE : Et que voulez-vous, agent Perdreau ?
PERDREAU : Je suis à la recherche de monsieur Georges
Hamster qui travaille ici.
NICOLE : Ce n’est pas le bureau du professeur Hamster,
c’est mon bureau.
PERDREAU : Oui, je sais que ce n’est pas le bureau de
Hamster parce que je ne l’ai pas trouvé.
NICOLE : Le professeur Hamster est à sa séance quotidienne
de gymnastique japonaise.
PERDREAU : Dans son bureau ?
NICOLE : Non, à son club.
PERDREAU : Tant mieux. Parce que je ne sais pas où est
son bureau.
NICOLE : Si vous le désirez, je peux essayer de vous
renseigner.
PERDREAU : Pour le bureau ?
NICOLE : Non, en général. Que voulez-vous exactement ?
PERDREAU : C'est-à-dire que c’est assez compliqué.
Je viens chercher des renseignements sur une certaine personne.
NICOLE : Georges Hamster ?
PERDREAU : Oui, c’est lui qui doit me fournir ces
renseignements.
NICOLE : Des renseignements sur qui, agent Perdreau ?
PERDREAU : Sur son beau-frère.
NICOLE : Ah, je comprends. Vous êtes le policier chargé
de retrouver le beau-frère du professeur Hamster.
PERDREAU : Oui, c’est ça. Mais je ne sais pas à quoi il
ressemble.
NICOLE : Je peux peut-être vous aider, agent Perdreau.
PERDREAU : Vous connaissez le beau-frère ?
NICOLE : Mieux ! J’ai sa photo !
PERDREAU : Vous m’ôteriez une belle chandelle du pied…
NICOLE : Une chandelle ?
PERDREAU : C’est ce que j’ai dit, oui.
NICOLE : Ah bon ?...
Elle prend la photo sur son bureau.
NICOLE : Mais je vous préviens, il n’est pas du tout sûr
que ce soit le beau-frère en question. D’après moi c’est un
extraterrestre. (Elle montre la photo à Perdreau)
PERDREAU : Vous voulez dire que le beau-frère est un
extraterrestre ?
NICOLE : Non. L’individu sur cette photo est un extraterrestre.
PERDREAU : Et c’est le beau-frère ?
NICOLE : Non…
PERDREAU : Pourquoi me montrer sa photo alors ?
NICOLE : Il lui ressemblerait…
PERDREAU (regardant la photo) : Il a un gros nez de porc !
NICOLE : C’est ce que prétend le professeur Hamster.
PERDREAU : C’est un élément qui me sera utile. Avez-vous
autre chose ? Un chapeau, une pipe, une perruque, des
chaussettes ?
NICOLE : C’est le professeur Hamster qui vous donnera tout
cela.
PERDREAU : Oui, mais pour retrouver Hamster, il me faut
des indices palpables.
NICOLE : Il sera de retour dans son bureau d’ici une
trentaine de minutes.
PERDREAU : Et s’il s’est enfuit avec son beau-frère ?
NICOLE : Le professeur Hamster recherche son beau-frère.
S’il savait où il se trouve, il ne le rechercherait pas.
PERDREAU : Nous devons envisager toutes les possibilités.
C’est le boulot de la police…
NICOLE : Qu’allez-vous faire, agent Perdreau ?
PERDREAU : Je vais déjeuner. C’est l’heure du déjeuner. Et
aujourd’hui il y a du hachis Parmentier, comme chaque
vendredi.
NICOLE : Nous sommes jeudi.
PERDREAU : Oui, mais il y a quand même du hachis
Parmentier… Puis-je emporter cette photo ?
NICOLE : Non. Elle est classée secret défense.
PERDREAU : Comme les problèmes urinaires de mon chef.
NICOLE : Le bureau du professeur Hamster est situé au
huitième étage, à gauche en sortant de l’ascenseur.
PERDREAU : Et l’ascenseur ?
NICOLE : À sa place !
PERDREAU : Bon, je vous laisse, madame.
NICOLE : Oui, allez-y…
PERDREAU : J’espère voir l’ascenseur…
Perdreau sort.
NOIR
SÉQUENCE 4
Même lieu.
Le bureau est vide.
Georges Hamster entre.
HAMSTER : Nicole ?
Il regarde partout, il ne voit pas Nicole.
Hamster s’apprête à sortir quand apparaît l’agent Perdreau.
HAMSTER : Elle n’est pas là ! Je l’attends également. Elle a
du s’absenter pour faire des photocopies ou que sais-je d’autre.
PERDREAU : Pour nettoyer les carreaux du couloir ?
HAMSTER : Ne soyez pas absurde. C’est une brillante
chercheuse.
PERDREAU : Qui ?
HAMSTER : Nicole Happening.
PERDREAU : Et… ?
HAMSTER : Et quoi ?
PERDREAU : Et, c’est tout.
HAMSTER : C’est son bureau. Le bureau de Nicole Happening.
PERDREAU : C’est splendide, mais je n’ai pas l’intention
de le louer.
HAMSTER : Qui êtes-vous, monsieur ?
PERDREAU : Je cherche l’ascenseur.
HAMSTER : L’ascenseur est à côté des toilettes.
PERDREAU : Ah oui, très bien placé… Mais où sont les
toilettes ?
HAMSTER : Travaillez-vous ici, monsieur ? À l’entretien,
peut-être ?
PERDREAU : Je mène une enquête.
HAMSTER : À propos de l’ascenseur ?
PERDREAU : Il s’agit d’une disparition surprenante.
HAMSTER : Nicole ne doit pas être loin.
PERDREAU : Et Hamster ?
HAMSTER : Vous cherchez Georges Hamster ?
PERDREAU : Il travaille avec Nicole.
HAMSTER : C’est moi !
PERDREAU : Ne me dites pas que vous êtes Nicole,
je la connais, elle est plus… enfin moins… Oh ! Je serais déçu
si en définitive c’était vous, Nicole !
HAMSTER : Non, je suis Georges Hamster !
PERDREAU : Ah ! Eh bien, votre ascenseur est particulièrement bien planqué, monsieur !
HAMSTER : Mais que me voulez-vous ?
PERDREAU : C’est au sujet de votre beau-frère.
HAMSTER : L’avez-vous localisé ?
PERDREAU : Pas tout à fait… Seulement, je ne sais pas
comment il est. Grand, petit, chauve, unijambiste calédonien… ?
HAMSTER : Je vous ai faxé sa photo d’identité ce matin.
PERDREAU : Nous n’avons plus de fax compétitif au poste
de police. Un subalterne a versé du hachis Parmentier sur
celui que nous avions, et il est mort.
HAMSTER : Mes condoléances…
PERDREAU : C’était un vieux fax de toute façon… Et il
ne fonctionnait plus depuis que j’avais malencontreusement
laissé tomber du mou de veau dedans…
HAMSTER : Vous mangez beaucoup dans la police.
PERDREAU : C’était le mou de veau de mon chef.
HAMSTER : Bon… ! Eh bien, je vais vous fournir cette
photo, elle est dans mon bureau.
PERDREAU : J’en serai très heureux.
HAMSTER : Oui, moi aussi…
PERDREAU : A-t-il vraiment un gros nez de porc ?
HAMSTER : Nicole vous a montré la photo ?
PERDREAU : En effet. Mais ce qu’elle m’a raconté n’est pas
très rassurant.
HAMSTER : Comment ?
PERDREAU : Elle m’a parlé d’extraterrestres… Votre amie
Nicole est-elle en bonne santé ?
HAMSTER : Comment ?
PERDREAU : Est-ce qu’elle n’est pas un peu gaga ?
HAMSTER : Je vous en prie, ne portez pas de jugement
sans fondement. Nicole est saine d’esprit, c’est un grand
savant qui fait la fierté de notre centre de recherches. Même
si je ne la suis pas sur la théorie des cordes…
PERDREAU : Veut-elle pendre quelqu’un ?
HAMSTER : Non… La théorie des cordes est une théorie
scientifique.
PERDREAU : Vous voulez dire que tous les gars qui bossent
ici veulent pendre d’autres gars d’un autre centre de recherches ?
HAMSTER (exaspéré) : Vous ne ralentissez jamais, vous !
PERDREAU : Je suis très logique. La logique est la base de
mon travail.
HAMSTER : Quelle logique ?
PERDREAU : Je suis l’agent Perdreau, un des meilleurs
policiers de la ville.
HAMSTER : La terreur du mou de veau !
PERDREAU : Ce n’était pas mon mou de veau.
HAMSTER : Si vous voulez la photo de mon beau-frère,
suivez-moi jusqu’à mon bureau.
PERDREAU : En ascenseur ?
HAMSTER : Oui, je ne monte pas huit étages à pieds.
PERDREAU : Ce n’est pas de la gymnastique japonaise ?
HAMSTER : Non, pas du tout. La gymnastique japonaise
consiste essentiellement à entretenir sa peau avec des herbes
asiatiques.
PERDREAU : Vous vous recouvrez d’herbes, comme un
poisson en papillote ?
HAMSTER : En quelque sorte… Alors, vous venez, oui ou
non ?
PERDREAU : À vos ordres, Hamster !
Ils sortent.
NOIR
SÉQUENCE 5
Le bureau est vide.
Perdreau apparaît soudain en entrebâillant la porte.
Seule sa tête et une partie de son buste dépassent.
PERDREAU : Il y a quelqu’un ?
Un temps.
Il ressort.
NOIR
SÉQUENCE 6
Le bureau. Nicole est au téléphone.
NICOLE : Oui… Yes ! Of course ! Mais le but suprême de la
physique… le but suprême… the supreme goal… c’est de trouver
une théorie unique… théorie unique… qui décrive l’univers…
you know the universe… dans son ensemble… c’est-à-dire qui
unisse toutes les théories physiques… all physical theories…
You understand ?… No ? Quelqu’un parle français chez
vous ?… French speaking ? Yes, I wait, I wait…
Le professeur Hamster entre.
HAMSTER : J’ai encore perdu l’agent Perdreau !
NICOLE : Je suis en ligne avec la NASA. Un pauvre type
qui ne comprend rien au français !
HAMSTER : Il était derrière moi et puis… pouf ! Plus
personne ! Il est fort. Il est très fort !
NICOLE : Allô ? Oui. Vous parlez français ? Super ! Vous
avez vu les photos ? Quoi, X-files ? Quoi, une mauvaise
blague ? Rira bien qui rira jaune, monsieur Roswell !
Elle raccroche.
NICOLE : La NASA… Ils se gaussent. Ah les ânes !
Un temps.
Ils réfléchissent tous deux.
HAMSTER : Votre théorie ne tient pas.
NICOLE : Pardon ?
HAMSTER : Vous ne pourrez pas compacter les six
dimensions et retomber dans un espace-temps réaliste.
NICOLE : En englobant la théorie d’Einstein sur la gravitation, celle de Riemann sur la théorie des surfaces, et les
travaux de Green et Schwartz, je crois pouvoir le démontrer,
au contraire. L’espace-temps à dix dimensions existe.
HAMSTER : Et l’accélérateur particulaire ?
NICOLE : En théorie, il fonctionne.
HAMSTER : Et vous vous sentez capable de construire un
accélérateur long de dix années lumières ?
NICOLE : Si je peux prouver ce que j’avance, le voyage,
à l’intérieur des cordes, dans des mondes aux dimensions
différentes, deviendra possible.
HAMSTER : N’entretiens pas l’espoir de ce qui ne peut être
espéré !
NICOLE : Ok, vous aimez Pythagore mais comment
expliquez-vous ceci ?!
Elle brandit la photo.
HAMSTER : Nous verrons ce qu’en penserons nos collègues,
ce soir, en réunion.
Perdreau entre.
PERDREAU : Professeur Hamster. J’ai enfin trouvé votre
bureau, on dirait ?
HAMSTER : Où étiez-vous passé ?
NICOLE : Nous sommes toujours dans mon bureau…
PERDREAU : Je cherche le bureau du professeur Hamster.
HAMSTER : Nous y allions quand vous m’avez perdu.
Mais tenez, voilà la photo de mon beau-frère.
PERDREAU : Il a un gros nez de porc.
HAMSTER : Et sinon… vous avez avancé dans vos recherches ?
Perdreau avance d’un pas.
PERDREAU : Oui.
Il réfléchit. Les deux professeurs sont perplexes.
PERDREAU : Pourriez-vous me montrer la photo de l’extraterrestre ?
Nicole la lui tend.
PERDREAU (comparant les deux photos) : Ou ils sont deux
ou alors c’est le même ! Mais si c’est le même, c’est bien
lui !...
NOIR
SÉQUENCE 7
Le bureau vide.
L’agent Perdreau entre.
Il regarde à gauche, à droite.
Il avance.
Il stoppe.
PERDREAU : Évidemment, ce ne sont pas les toilettes…
Ou alors elles sont très propres…
Il repart vers la porte.
Il sort.
NOIR
Fin de l’extrait

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