OUVERTURE - 2003 - Forum club positif

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OUVERTURE - 2003 - Forum club positif
OUVERTURE
Un jour, un homme a dit, le principal n'est pas de savoir, l'important est de pouvoir s'accepter totalement.
Nombreuses sont les questions que l'on peut se poser sur la politique, la science, le futur de notre civilisation, ...
On peut passer sa vie à réfléchir sur ces sujets. Et on peut finir à avoir une opinion tangible et intéressante. Mais
qu'importe notre avis, il n'est qu'un aspect parmi d'autres.
Il y a déjà eu de grands penseurs qui ont proposé des idées les plus intéressantes. Car, nos ancêtres ont déjà réfléchi
à ces thèmes, nous n'inventons rien.
L'histoire nous montre qu'il n'y a pas de bon système politique. Pourquoi? Nous ne prenons pas les choses selon le
bon côté. La politique c'est diriger une nation ou un peuple dans le plus juste sens possible. Offrir à tout le monde, le
meilleur possible, en termes d'éducation, de justice,...
Aussi, l'idéal serait d'être dirigé par les gens les plus sages. Mais n’y-a-t'il pas un hic ? Alors que ce message n'est
rien d'autre que celui de la République de Platon? N'avons-nous pas raté une marche?
Qui n'aimerait pas être dirigé par une personne sage, ouverte, consciencieuse, réfléchie, tournée vers l'esprit, posée
et en paix?
De quel droit considérer ceux qui possèdent un diplôme dans tel école prestigieuse, ou telle université, comme
quelqu'un d’apte à offrir le meilleur aux autres? Donne-t-il l'exemple? Offre-t-il des paroles rassurantes et
bienfaitrices? Ah il parle plusieurs langues, connaît très bien l'économie, est un fin acteur, a travaillé très dur. Tout
cela est très bien mais ce n'est que du savoir. On peut avoir le cerveau le plus rapide du monde, être un génie en
math, en musique, mais se tromper totalement.
Quelqu'un qui n'a rien d'exceptionnel, qui n'a aucun diplôme, qui n'a aucune prétention, mais qui dans son indigence,
est sage, calme, dans la tempérance, s'acceptant totalement: assumant ses défauts, n'ayant plus peur de son ombre,
tournant son regard au-delà de tout bien ou tout mal en soi: vers l'essence, le souverain Bien, alors mon avis est que
cette personne-là vaut des centaines de ces petits génies.
Où sont passé nos sages?
Nous avons tendance à croire une personne selon le seul prétexte qu'elle est diplômée. On considère philosophe
quelqu'un qui a un diplôme de philosophie. On considère médecin, quelqu'un qui a un diplôme de médecine. On
considère psychologue quelqu'un qui a diplôme de psychologie.
C'est bien vrai, mais est-ce bien juste? Pourquoi considérer l'avis d'une personne, alors qu'elle ne fait que vivre dans
l'erreur, dans l'hédonisme, et dans toute sorte de négation?
Quelqu'un qui se prétend philosophe, soi-disant à la recherche d'une sagesse, mais qui continue à fumer, à boire, à
gagner plein d'argent, à se croire le meilleur, n'est en rien philosophe. Il n'est ni pire ni meilleur que n'importe qui
d'autre. Pourtant il a droit à ce titre.
Quelqu'un qui se prétend psychologue, mais qui n'a pas lu ni Freud, ni Jung, ni Adler. Qui se plait à faire des tests
avec des tâches d'encre sur une feuille pour en tirer un quelconque diagnostic, et classer telle personne comme
dépressive, hystérique,... Qui ne peut même pas assumer ses défauts, et préfère les oublier. Pourtant il a droit
d'exercer, et de "soigner" les gens.
Nous restons bloqués sur une illusion. Celle qui consiste à accorder à celui qui a la connaissance, la confiance et le
pouvoir - le juger comme membre d'une élite.
Tout pouvoir, toute capacité exige une seule et unique science, celle du Bien. C'est la sagesse, la connaissance de
soi. Qu'est-ce alors? C'est celle de s'assumer entièrement, de regarder en face tous ces fantasmes, tous ces défauts, de
comprendre que le concept de saint est une illusion car chacun possède son contraire en lui. Tout le monde a les
mêmes défauts, les mêmes vices, les mêmes problèmes, le meilleur n'est pas celui qui ne les possèdent pas, c'est
celui qui les connaît et les assume. Et, oh grand bonheur! Une fois ceux-ci compris et reconnus, ils finissent de nous
déranger et de nous tourmenter. Ils disparaissent.
Nous comprenons alors qu'ils faisaient uniquement parti d'une totalité, qu'ils avaient un sens compris dans un autre
plus grand, qu'ils ne sont qu'une compensation d'un autre aspect de nous.
Le Bien n'est pas de croire que tout ce que l'on fait est bien. C'est de percevoir la véritable essence de ce Bien, et
juger que toute action comporte son bien et son mal. Se défaisant de cette scission, notre voie dépasse ce concept
dualiste, pour appréhender la réalité de ce Bien. Celui qui est juste, imperturbable, celui qui parle vraiment à notre
âme, celui qui unit réellement les Hommes. S'essayer au véritable Bien est une entreprise audacieuse, mais
libératrice et merveilleuse.
La personne qui se connaît entièrement, qui regarde au fond de son âme, y perçois sa nature, et son individualité.
Elle ne se ferme pas au reste du monde. Elle accueille le monde en elle, le redécouvre, le contemple.
La vérité orientale serait de regarder constamment en soi, et de se défaire de la Nature et de ses illusions du paraître,
puis plonger dans le monde des esprits.
La vérité occidentale serait de contempler la Nature, de se laisser subjuguer par sa beauté infinie, et de voir en elle
les aspects de son âme.
De voir en elle et l'Univers, un gigantesque miroir qui nous renvoie tout ce qu'on ne peut atteindre directement par la
conscience. De se laisser baigner de cette vérité: dans un sens, la Nature nous dit de regarder en nous.
Prenez un télescope, regardez l'infinité de l'Univers. Vous ne verrez qu'une seule chose, l'infinité de notre âme.
Prenez un microscope, regardez les cellules. Vous ne verrez qu'une parcelle de vous.
La Vérité n'est ni l'une ni l'autre, mais les deux à la fois. Dans leur sens, elles sont vraies. Dans le Sens, elles ne sont
qu'un aspect.
Quel est le plus important alors? savoir ou Savoir?
Echangerez-vous toutes vos connaissances en mathématique, physique, littérature..., pour un seul Savoir? l'unique
Savoir, le savoir de Soi.
Ne pensez-vous pas, que nous ne faisons que chercher une chose? Tout ce que nous avons oublié de nous?
La vie ne vous pose-t-elle pas une question dont il vous incombe de répondre?
Et si elle ne vous demandait pas de reconnaître en vous, tout ce que vous ne voulez pas admettre?
Qui peut prétendre être heureux s'il ne connaît pas son but et son âme?
Mais connaître l'illimité sans avoir conscience de son unicité et ses limites, est une grande illusion.
Croire que seul l'amour et l'humanisme peut aider, est aussi une grande illusion.
Car - aussi dur à accepter que ce soit - personne de peut suffire aux autres, s'il ne se suffit pas soi-même. (Sénèque)
Considérer avec mépris ceux qui disent tout ce qu'on ne veut pas entendre est mal.
Ne pas voir dans son discours un bien et un mal conduit à l'ignorance puis au Mal.
L'ignorance ignorée d'elle-même comme source du Mal devrait être totalement comprise désormais.
Quand on parle de connaissance ce n'est pas lire le plus de livre possible, se travailler les méninges sur des grandes
équations,... l'ignorance est nous.
L'ignorance c'est l'inconscient - tout ce que l'on ne peut atteindre directement pas la conscience.
La connaissance c'est la nôtre. Celle de tous nos aspects, celle de tous nos défauts, celle de tous nos vices... La
science du Bien c'est notre connaissance.
Un sage est celui qui sait. Quoi? Qu’il se connaît entièrement. Qui sait que dans un sens, il n'est ni pire ni meilleur
qu'un autre, qu'il a lui aussi fait mal parfois, qu'il n'est pas un saint, ni un dieu, ni un supérieur.
Il est celui qui accueille tous les contraires. Et de là, les oppose pour apercevoir le souverain Bien.
Il sait ce qui doit faire. En d'autre terme, ce qu'il a toujours voulu faire mais avait oublié.
Toute notre société s'est crée des illusions monstrueuses qui nous enferme dans notre ignorance et notre crainte.
Le savoir n'est pas fait de lectures, ni de dialogues,... il est fondamentalement une expérience.
Se connaître entièrement c'est s'ouvrir à tout, et donc aussi au savoir.
C'est découvrir sa vérité, redevenir un individu et poursuivre son dessein.
Appréhender cette vérité: notre âme a deux pôles, qui constamment nous influencent. Quelque part, nous sommes
deux.
Nos vrais dirigeants nous sont inconnus. Les autres représentent le symptôme du malaise collectif - du à la scission
de notre âme collective. Elle va de travers parce que nous allons de travers. Tout est lié.
Connaître son soi c'est rétablir l'harmonie, c'est voir l'Univers, c'est redevenir un habitant du cosmos.
Un sage est celui versé à l'art de diriger l'esprit et apporter l'harmonie dans son âme. C'est s'équilibrer.
En vous se passe les mêmes choses que dans le monde et dans l'Univers, vos soucis sont les Soucis. Diriger vers
l'harmonie et le juste, c'est diriger l'âme collective et le peuple. Nos véritables dirigeants sont les sages.
Travailler sur soi c'est être exigeant, patient et courageux; ce n'est pas donné à tout le monde, mais c'est possible
pour tout le monde.
Faîtes oeuvre de volonté.
Ne cherchez pas de pouvoirs, cherchez juste à vous accepter entièrement. A devenir le plus vertueux possible.
Car seule la vertu nous épargne d'inutiles souffrances. Elle seule nous fait passer les épreuves comme un rien. Elle
est le meilleur de vous qui n'attend que vous.
Plus il y aura de gens qui suivent cette voie, plus il y a aura de changements significatifs.
SUITE :
De cette connaissance que vous avez de tous vous aspects, naîtra une « nouvelle » Eve* ou une « nouvelle »
Patricia*.
Lorsque nous prenons conscience de cette totalité d’aspects différents qui composent notre âme, notre redevenons
un individu à part entière.
Mais le résumer en une phrase est un artifice. Ceci est l’œuvre de toute une vie.
Ce que je viens de vous dire vient directement des théories jungiennes. Et peut-être avez-vous - ou verrez-vous toutes les portes que ce savant a pu ouvrir dans le domaine de l’esprit.
En dehors des préjugés dont ces écris ont souvent part, nous constatons que beaucoup s’arrêtent à la beauté de telles
théories. L’on s’imagine que tout est facile, que tout est forcément idéal. Et dans cette vision, on en oublie la part
compensatrice.
La théorie jungienne n’aurait nulle existence et nulle valeur sans les constructions freudiennes ou alderiennes.
Il y a bien dans l’Homme des désirs refoulés d’ordre sexuels (inconscient freudien) et de volonté de puissance
(inconscient alderien). Et personne ne peut négliger l’importance que ces derniers détiennent dans de nombreux
troubles de l’âme.
Dans l’ensemble – et ceci est réellement la théorie jungienne – ils sont des aspects importants de notre esprit, mais
ne sont pas les seuls.
Le bienfait de Jung tient aussi au fait qu’il redonne à l’âme humaine une part spirituelle incommensurable.
Ceci ne peut que confirmer qu’à vouloir vivre sans « Dieu », on finit toujours par vivre avec « Dieu ». Je passe tout
débat religieux - dieu restant un terme général et symbolique -, il faut juste entendre par là : Que ce n’est pas parce
qu’on méprise une telle chose ou qu’on se refuse à l’appeler telle qu’elle est, que cette chose a disparue. Bien au
contraire, elle est toujours là. (Par exemple, l’emploi du « sentiment d’insécurité » dans les médias et ailleurs.
Appelons les choses comme elles sont, c’est la « peur ». Je ferme la parenthèse, d’autant plus que je m’éloigne
grandement du sujet).
On ne peut s’accepter entièrement tant qu’on a pas découvert que, quelque part, Freud a raison sur nous, que Adler a
raison sur nous, que Jung a également raison sur nous. Négliger, que fut-ce, un seul de ces aspects, et l’on aura
jamais une vision suffisante de soi.
Les théories psychanalytiques sont bien les seules qui pourront aider l’Homme a se connaître. C’est en considérant
l’Inconscient dans son ensemble qu’on aide quelqu’un.
Il y a fort à croire que l’existence des quatre cents psychothérapies différentes prouve une seule chose : au lieu de
grimper sur la montagne, on se contente d’une petite bute.
C’est certain que lire ces livres est astreignant, c’est certain que découvrir chez soi des fantasmes et des complexes
est troublant.
Mais il est sûr de ceci, échangerez-vous toute la souffrance que vous pourrez ressentir à vivre prisonnier de ces
maux, contre celle qu’exige en concentration et effort à lire ces œuvres et à réfléchir sur soi ?
Resterez-vous dans cette jolie illusion qui consiste à se mentir à soi-même, en proclamant que jamais « moi » je ne
souffrirais de la sorte ?
N’avons nous pas suffisamment de preuve autour de nous pour voir toute la misère qui pèse ? La plupart restent
fermés sur des idéaux en guise de solution, comme si le communisme est une si merveilleuse chose (Mao fut un
tyran abominable), que si le socialisme avait changé la face du monde, et j’en passe que ce soit la droite, l’extrêmedroite (la vieille France)… il n’y aucune solution là-dedans. Il n’y a que des problèmes.
Notre âme a surtout besoin de changer.
Mais il reste un autre obstacle.
Toute notre société favorise les pires penchants en nous. Jamais la fainéantise n’a eu autant d’adeptes
qu’aujourd’hui. Comme autant de facilités, nous croyons également que nous pourrons vivre avec tous ces désirs en
connaissant le bonheur.
Voilà ce qu’on peut appeler une illusion.
Un très grand maître a dit un jour, l’existence est souffrance. Tout ce qui existe est mauvais.
Ceci est la première loi du véritable enseignement d’un homme appelé, Bouddha.
Voilà pourquoi selon sa vision, l’Homme doit de débarrasser de l’illusion de l’ « être ».
(Il est à noter que certains ont détourné son enseignement. Mais ceci s’est vu partout également.)
Gardons-nous de critiquer sa vérité, mais rappelons qu’il est impossible de définir ce qu’est « l’existence » en une
seule et une unique phrase.
Il faut savoir que personne n’a la bouche assez grande pour dire toute la Vérité.
Ceci n’est rien d’autre qu’une façon de voir. Jamais elle ne doit forcément devenir « la » façon de voir. Ce n’est pas
en imitant qu’on progresse, c’est en devenant. La vision de bouddha peut nous aider à comprendre des choses, mais
elle doit uniquement nous aider à atteindre notre propre vision.
Si vous comprenez que Bouddha a tout juste tout en ayant tout faux, alors c’est le bon chemin.
Il faut comprendre que chaque chose a constamment deux aspects. Mais à savoir si l’un est nécessairement mauvais,
ou l’autre nécessairement bon, on tournera en rond. Ils sont bons ou mauvais à la fois. Tout dépend de quel côté
vous vous placez, et comment vous regardez cette chose.
Et pour arriver à cette compréhension, il n’y a que la volonté et le travail.
Notre société, par la négation de la volonté, nous conduit là où il ne faut pas rester.
Se laisser aller peut être plaisant, mais ce le sera moins quand le contre coup arrivera. Car, tôt ou tard, il arrive.
Un plaisir n’est jamais si plaisant que lorsqu’il est réalisé avec vertu et modération. Je m’explique :
Je n’ai jamais autant aimé écouter de la musique, que lorsque j’eus compris d’où venait telle douleur chez moi, et
pourquoi j’écoutais sans cesse tel album.
Je n’ai jamais autant aimé boire un bon verre de vin, que lorsque j’eus compris pourquoi il m’arrivait de boire
beaucoup jusqu’à l’ivresse.
Je n’ai jamais autant aimé voir mes amis, que lorsque j’eus compris pourquoi je les voyais pour combler un manque
chez moi.
Je n’ai jamais eu autant de bonheur que lorsqu’après avoir compris d’où venait une des mes plus grandes douleurs.
Presque rien ne venait à la hauteur de ce soulagement.
On ne peut prendre plaisir qu’après avoir mis de l’ordre en nous. Avant, nous ne prenons pas plaisir, nous sommes
enchaînés au plaisir.
Le plaisir nous tient comme seule issue à notre souffrance.
De là, vous ne vous suffirez jamais aux autres, tant que vous ne vous suffisez pas vous-mêmes. (Sénèque)
Constater que ces écrits sont si peu lus aujourd’hui, ne peut que nous confirmer ces dires. Sénèque a raison, autant
raison qu’il inspire le mépris chez beaucoup. (A lire, Sénèque Lettre à Lucilius 1-29, des éditions Flammarions)
Mettre de l’ordre chez soi, c’est faire disparaître tous ses vices et tous ses troubles, c’est lire Freud, Jung, Adler,
Sénèque, Platon,… et tous ceux qui sont ou incompris ou injustement méprisés. Car c’est justement ce fait-là, qui
vous déterminera à trouver chez eux une solution - L’alternative a notre société en péril.
On déteste celui qui met à nu notre ignorance et nos autres faiblesses et qui le fait mieux que Platon ? Si vous
surmontez sa difficulté d’approche, alors la Philosophie vous ouvre les bras.
Arrêtez de vous demander pourquoi vous ne voulez pas, ou pourquoi vous n’y arrivez pas.
Si réellement vous voulez, alors vous y arriverez.
De là, peu sont les personnes qui insiste sur le fait que vous aurez à surmonter ce qu’est la vraie Souffrance. Mais
une fois celle-ci surmontée, plus rien ne vous atteindra.
Et commencez par critiquer ce que je dis, est-ce la Vérité ? Ai-je, en si peu de mots, définit ce qu’il faut faire ? Estce réellement la Solution ?
N’avez-vous pas votre solution ?
Toute notre vie est une tentative. Réfléchissez à ce qui vaut le mieux.
Patrick Laubscher
2003 – texte posté sur le forum « Club positif »
*Nom des personnes à qui je m’adressais dans le forum