Gordon Matta-Clark
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Gordon Matta-Clark
Gordon Matta-Clark 1943-1978, New York (USA) EN — Day’s End 1975 Super 8mm > video Betacam SP, PAL, couleur et noir et blanc, muet 23 min. 10 Collection Frac Bretagne. — Figure majeure de l’art américain des années 1970, Gordon Matta-Clark est surtout connu pour ses spectaculaires découpes (cuttings) et dissections de bâtiments abandonnés et voués à la démolition. Il ouvre les façades, les murs et les plafonds en de gigantesques figures géométriques qui les transpercent d’un bout à l’autre. Véritables trous dans le tissu urbain, les actes de Matta-Clark établissent, comme l’explique Dan Graham, « un dialogue entre l’art et l’architecture, sur le terrain de l’architecture ». En 1975, Gordon Matta-Clark et son équipe pénétrèrent dans un hangar sur un quai à New York (Pier 52). Sans autorisation, l’artiste va passer deux mois à découper des formes dans la structure du bâtiment, tout en jouant sur un équilibre précaire, avec des découpes à l’intérieur même de la charpente. Ce film documente ce travail qui s’est soldé par une œuvre impressionnante et une mise en examen de Matta-Clark pour intrusion et dégradation d’un bien public. Il fuira en Europe en attendant que les poursuites judiciaires se tassent. La première séquence le montre en équilibre sur une corde, avec un système de poulies pour accéder aux hauteurs, en train de découper la tôle au chalumeau. Comme dans «Splitting», le film met en avant les jeux de la lumière extérieure que créent les découpes. Au moment où la tôle tombe, le plan est complètement illuminé pendant quelques secondes à cause de la clarté du soleil. Chaque image souligne les lumières: le feu du chalumeau, les reflets sur l’eau, ou encore les ombres sur l’immense charpente en bois du bâtiment. Le sol ayant été partiellement découpé à la tronçonneuse, l’eau du fleuve est visible à l’intérieur, créant un jeu de reflet qui perturbe la perception de l’espace en cassant la séparation intérieur-extérieur. La notion de cathédrale a été évoquée pour cette œuvre, et le film atteste de cette lumière incroyable qui vient baigner le bâtiment et créer des images sur les murs, tout comme un vitrail. (Patricia Maincent)