La Chasse Aux Crapauds Dans Le Queensland
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La Chasse Aux Crapauds Dans Le Queensland
1 La Chasse Aux Crapauds Dans Le Queensland. L’Etat du Queensland est le deuxième plus grand d’Australie en superficie. Il était le troisième avec sa population mais cela change très vite – nous serons bientôt le premier tant les habitants des autres Etats viennent s’installer ici, (1800 environ par mois) pour bénéficier de beaucoup d’avantages, en commençant par le climat surtout dans la région de Brisbane ou sur les îles. A l’intérieur des terres, c’est différent, c’est la pampa où le climat arrive à être extrêmement chaud, sec mais froid durant les nuits d’hiver. Les fermiers ont la vie dure en passant par des périodes de sècheresse qui cause la perte du bétail et la perte de revenus. Les habitants du Queensland sont familièrement appelés par les Australiens des autres Etats, « banana benders » ou « canetoads », à cause des énormes plantations de bananes et à cause des plantations de canne à sucre. Ces plantations sont florissantes mais les plantations de canne à sucre ont créés, dés leur début, des problèmes de vermine. Dans la canne, un scarabée extrêmement destructif s’est installé. Le gouvernement Fédéral a dû importer le crapaud buffle dans le but d’éradiquer cet insecte. Mais rien n’a été gagné au change puisque le crapaud, très prolifique, causa des dégâts encore plus importants – il s’avéra une extrême nuisance pour l’environnement. Petit à petit mais sûrement, le crapaud prit du terrain et en quelques années, il couvrit des milliers de kilomètres. De nos jours, on le trouve même dans les banlieues de Brisbane. Quand nous sommes arrivés dans le sud ouest de la capitale du Queensland, mes enfants prirent part à la chasse aux crapauds. L’équipement était des plus simples – un panier garni d’une feuille de plastique, une torche à batteries et une paire de gants caoutchouc. C’était aussi un bon exercice – marcher, se baisser, se relever et rigoler. A la fin de la partie, les jeunes se retrouvaient chez un monsieur habitant au centre de la banlieue -il leur achetait le produit de la chasse pour un petit pécule. Le lendemain matin, après avoir conservé les crapauds dans un congélateur, toute la nuit – à son tour, il les vendait à une manufacture locale qui convertissait la peau des crapauds en souvenirs pour les touristes. Croyez-moi, les enfants se prenaient pour des chasseurs accomplis. Chaque vendredi soir, à la tombée de la nuit, l’aventure commençait. Ils revenaient avec des histoires de tous gabarits qui grandissaient et changeaient, avec le jour et le temps. Ce qui me rappelle un diton français, « dix pêchers et dix chasseurs valent bien vingt menteurs ». Pour mes enfants, c’était quelque chose de tout nouveau, peut-être même, un apprentissage pour devenir ‘bon Australien’. Pour ma part, comme tout bon Pied-noir, je prenais plaisir à ramasser les escargots quand une fine pluie m’accompagnait. Quelques jours plus tard, je cuisinais des plats qui régalaient toute ma petite famille et même les voisins. Je n’ai jamais participé à une chasse aux crapauds – quel dégoût, les crapauds de canne à sucre sont vilains, énormes, hauts sur pattes avec une peau verruqueuse et poisonneuse. Il arrive assez souvent que j’en trouve dans mon jardin à Springfield, alors j’envoie André qui, armé d’une petite bouteille de désinfectant « dettol » d’une odeur qui me tourne l’estomac – c’est cependant très facile, il suffit de faire tomber quelques gouttes de ce liquide sur le dos du crapaud et bonsoir messieurs et mesdames – il disparaît sans laisser de trace ou d’odeur. Le crapaud se trouve partout dans le Queensland. Voulant découvrir notre nouveau pays, André et moi partions visiter la région de Townsville. Quelque chose comme 17 heures de conduite, moi, au volant et j’ai fait la route d’un seul trait, exception faite pour les arrêts demandés par la nature - de chez nous à Richlands jusqu’au centre de Townsville où nous avons passés le reste de la nuit dans un motel pour dormir quelques heures. Je n’ai pas perdu le fil de mon récit, non, il se continue sur l’île Magnétique. Donc, à 6 heures du matin, nous embarquions sur le ferry et au point de vue vitesse, je vous garanti, ce n’était pas le TGV. Nous faisions le même voyage que le Capitaine Cook en 1770 – seulement 200 ans plus tard et 2 avec la seule différence que la boussole de notre ferry n’éprouva pas les effets magnétiques qui ont permis à Cook, de nommer l’île « Magnetic Island » « Ile Magnétique » Je me suis baignée dans des eaux transparentes et ma peau étant si blanche, les petits poissons venaient téter sur mes jambes ou mes bras, ensuite j’ai pris des coups de soleil, des brûlures bien plus mauvaises que celles souffertes sous le soleil d’Algérie. J’ai apprécié la marche mais rien à comparer avec la marche que je faisais en colonie de vacances à Yakouren, mais tout de même sur des sentiers pierreux, sablonneux et avec une grosse chaleur qui ne m’a pas empêché de grimper à 500 mètre d’altitude pour une vue extraordinaire de la grande bleue. J’ai aussi admiré des arbres, vieux de plus de deux ans, et à vouloir mettre mon nez trop près de quelques feuilles refermées sur ellesmêmes et formant une poche lourde, suspendue à une branche – je fus surprise par des fourmis géantes qui m’ont démontré leur mécontentement, en se ruant sur mes bras – je fis du surplace et des sauts dramatiques, heureusement, plus de peur que de mal – comment me permettais-je de les déranger ! A cet instant même, j’aurai gagné Robert De Costelo, le champion Australien de course à pieds. Ma première nuit sur l’île fut la plus intrigante de ma vie. Des cris perçants et lugubres me donnèrent la chair de poule, me donnèrent des angoisses et m’empêchèrent de dormir. Je me levai, et depuis la fenêtre de la salle de bain, j’écoutai. Ces cris retombaient du haut de la montagne – que se passait-il donc dans l’épaisseur de la forêt ? Tôt le matin, je partis faire une marche saine, en plein air, air marin, rien de tel pour oublier les cris de la nuit précédente. Le long des rues, je passai de jolies villas mais je fus frappée par l’identique décoration des jardins. Les mêmes statues d’oiseaux se retrouvaient sur les gazons ou au pied des arbres. Avaient-elles été achetées durant la liquidation d’une poterie locale ? Mais, soudainement, une statue changea de position, l’oiseau se tint sur son autre jambe. Mon Dieu, je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Ces oiseaux qui se tenaient sur une patte, portaient, tous, le même maquillage autour des yeux. Je ne plaisante pas, du noir et du jaune en longs traits, les faisant ressemblaient à des figurines égyptiennes du temps des pharaons. Des habitants du quartier m’apprirent que le « bush stone-curlews » est un oiseau nocturne qui se nourrit de crustacés et raffole des petits crabes soldats mais son cri est pleureur, plaintif comme quelqu’un touché par la mort. La nuit suivante, je ne me suis pas affolée avec leurs cris – je savais que personne n’était sur le point de faire assassiner. Bien sûr, en bon touristes, nous prenions nos repas du soir au ‘resort’, l’établissement des touristes où se consommait des quantités incroyables de bière bien frappée. Et la nuit suivante, nous participions à la course de crapauds, les profits étant offerts à l’hôpital. Nous achetions nos crapauds, le mien portait un ruban jaune autour du cou, celui d’André, un rouge. Un touriste arrivant en retard n’u autre choix que le crapaud à trois jambes, un accidenté de guerre. Cette bestiole fit honneur à son patron du moment, en rentrant deuxième dans la première course. Le mien partit dans tous les azimuts – je crois que les hurlements des parieurs l’effrayait. Le crapaud d’André fit un peu mieux que le mien mais ne rapporta aucun prix (prolongement de vacances tous frais payés). Donc vous voyez, avec les crapauds buffles, les Queenslandais ont trouvé le moyen de les rendre utiles. Nous trouvant dans une ambiance exceptionnellement amicale et amusante, nous participions à plusieurs autres courses, en changeant de crapaud. Mais qui heureux en amour, malheureux au jeu – il vaut mieux ça et puis, nous n’étions pas là-bas pour faire un gain mais pour le plaisir de participer à une œuvre charitable. Il faut admettre que le Queenslandais est très imaginatif et sait faire quelques dollars à partir d’un rien mais toujours pour le bien-être des plus malheureux que lui. FIN SuzanneServeraRipoll