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SEGMENTATION ET CONNEXION : PISTES DIDACTIQUES Comment sensibiliser les élèves à la notion de phrase ? Au cours de leur scolarité, les élèves ont été confrontés à la pratique de l’analyse grammaticale et à l’apprentissage d’un certain nombre de règles élémentaires, mais ne sont pas pour autant toujours parvenus à une maîtrise satisfaisante de leur expression écrite. Toute entreprise de remédiation, pour prétendre être efficace, doit donc sans doute partir d’une prise de conscience des élèves conduisant à leur insatisfaction devant certains énoncés. Il importe donc de leur soumettre des exemples de phrases incorrectes, maladroites ou mal ponctuées, empruntées à leurs copies, mais aussi de les faire réfléchir à la définition même d’une phrase. Sur quel(s) critère(s) nous fondons-nous en effet pour rejeter ou accepter tel ou tel énoncé, en lui reconnaissant la qualité de « phrase correcte » ? Que reprochons-nous à un devoir qui écrit « Néron, dans la pièce, commet de nombreux crimes. Par exemple, l’enlèvement de Junie. » ? Pourquoi « par exemple, l’enlèvement de Junie » ne constitue-t-il pas à nos yeux une phrase ? Les journaux, dans leurs titres, n’écrivent-ils pas en effet : « Echec des négociations de paix » ou « Jeux Olympiques : une nouvelle médaille pour la France » ? Qu’est-ce donc qu’une « phrase » ? On a pu constater que sa définition ne va pas de soi, et il peut être utile d’inviter les élèves à réfléchir à cette notion en leur soumettant différentes définitions proposées par les grammaires. Ainsi la Grammaire méthodique du français1 recense dans son chapitre consacré aux « structures de la phrase » trois définitions divergentes2 : 1) une phrase est « une suite de mots délimitée par une lettre majuscule initiale et par une ponctuation forte finale » ; 2) « une phrase est délimitée par deux pauses importantes et caractérisée par une intonation qui varie avec le type de la phrase » ; 3) « une phrase « est l’expression plus ou moins complexe, mais offrant un sens complet, d’une pensée, d’un sentiment, d’une volonté » (G. Mauger : 1968) ou bien « est apte à représenter pour l’auditeur l‘énoncé complet d’une idée conçue par le sujet parlant » J. Marouzeau, cité par G.L.F.C. 3(§2) . » La première définition se fonde sur des critères graphiques, la seconde, sur des critères mélodiques, et la troisième, sur des critères sémantiques. Or, il apparaît rapidement qu’aucune ne peut aider les élèves à cerner les exigences de correction qui régissent l’expression écrite : 1) La présence d’une majuscule initiale et d’un point final retenue par la première définition ne garantit nullement la correction de l’énoncé figurant dans l’intervalle. 2) La présence d’une intonation marquée comme celle que l’on pourrait trouver dans les exclamations « Hélas ! » ou « Quelle horreur ! » ne constitue pas davantage un critère essentiel à la définition de la phrase. La notion même d’intonation renvoie en effet à une oralisation dont la variété des expériences ne saurait fournir un critère fiable. Du phrasé journalistique à la diction du comédien, en passant par l‘élocution plus ou moins hésitante de notre parler quotidien, la multiplicité des formes d’oralisation interdit la définition de la phrase par des critères mélodiques. Riegel M., Pellat J-Ch., Rioul R., Grammaire méthodique du français, PUF, 1994, p 103. cf. « Définition du champ de la réflexion », B. Phrase, syntaxe, ponctuation. 3 Chevalier J-Cl. et al., Grammaire Larousse du français contemporain, Larousse, 1964. 1 2 1 Académie de Rouen - Aider les élèves de lycée à mieux maîtriser la phrase à l’écrit 3) Enfin, les critères sémantiques proposés par la troisième définition s’avèrent aussi peu satisfaisants, car, comme le note la Grammaire méthodique du français, la notion de « complétude sémantique » ne permet pas de définir une phrase. Elle s’appuie sur l’exemple suivant : « Il fait froid. Or je suis frileux. Je ne viendrai donc pas. Mais vous ne m’en voudrez pas. Je le sais. » Nul ne songerait à nier que cette citation soit composée de cinq phrases grammaticalement distinctes ; cependant, nul ne contesterait que cet énoncé puisse être réduit à « une seule phrase au sens non moins complet » : « Comme il fait froid et que je suis frileux, je sais que vous ne m’en voudrez pas si je ne viens pas. » On trouvera même sans doute avantageuse la transformation proposée, dans la mesure où elle réunit les différents éléments de la première formulation en explicitant les relations logiques qui les unissent. Ainsi cette phrase unique peut sembler mieux « représenter pour l’auditeur l’énoncé complet d’une idée conçue par le sujet parlant », selon l’expression de J. Marouzeau4, tandis que « Or je suis frileux » et « Je le sais » ne « représentent » guère ici « l’énoncé complet » de l’« idée conçue » par le locuteur. En revanche, on pourra considérer que l’expression « Echec des négociations de paix » constitue bien l’énoncé complet d’une pensée, parce que, selon la formule de Danielle Leeman5, elle « dit quelque chose (…) de quelqu’un ou quelque chose », elle associe un thème, en l’occurrence « les négociations de paix », et un prédicat, ici leur « échec ». Or, cet exemple disqualifie une nouvelle fois toute définition sémantique de la phrase, car la phrase, a fortiori la phrase écrite dont la maîtrise pose problème à certains élèves, constitue l’élément dont se compose le texte, et ce dernier ne peut se concevoir comme l’enchaînement ou la succession d’expressions nominales. La seule définition de la phrase qui puisse servir de fondement à la production d’un texte est donc une définition syntaxique formelle, celle d’un énoncé construit autour d’un verbe conjugué. L’énoncé « Néron, dans la pièce, commet de nombreux crimes. Par exemple, l’enlèvement de Junie. » n’est donc pas grammatical6, car « Par exemple, l’enlèvement de Junie » ne comporte pas de verbe conjugué et ne constitue par conséquent pas une phrase. La prise de conscience de l’incorrection constitue un préalable indispensable à toute tentative de remédiation ; il importe donc de montrer aux élèves la nécessité de se fonder, pour leurs productions écrites, sur une définition syntaxique de la phrase, en respectant quelques règles simples. Ils peuvent en effet souvent améliorer ou corriger leurs écrits avec une grande économie de moyens. De fait, pour obtenir un énoncé correct sur le plan syntaxique, il suffit ici d’en corriger la ponctuation, en écrivant : « Néron, dans la pièce, commet de nombreux crimes, par exemple, l’enlèvement de Junie. » ou d’introduire un verbe conjugué dans la seconde partie de l’énoncé initial : « Néron, dans la pièce, commet de nombreux crimes. Par exemple, il fait enlever Junie / Ainsi il fait enlever Junie. ». On constatera que c’est la complétude syntaxique de la phrase qui induit ici la présence d’une majuscule initiale et d’un point conclusif qui ne constituent que les manifestations graphiques de sa délimitation. De même, on observera que c’est la segmentation syntaxique de la phrase qui induit sa mélodie. Ainsi les différentes définitions J. Marouzeau cité par la Grammaire Larousse du français contemporain, Larousse, 1964. D. Leeman, « Grammaire : la phrase », conférence du 15 avril 2010 (texte disponible sur le site des lettres de l’académie de Versailles). 6 cf. les critères énoncés précédemment dans « Quel usage des règles ? ». 4 5 2 Académie de Rouen - Aider les élèves de lycée à mieux maîtriser la phrase à l’écrit de la phrase recensées par la Grammaire méthodique du français7 énoncent des caractéristiques de la phrase découlant de sa définition syntaxique même. Comment sensibiliser les élèves à la segmentation syntaxique ? Comme l’exemple précédent en a donné l’illustration, nombre des incorrections observées dans les productions écrites des élèves tiennent à une ponctuation erronée, ellemême symptôme d’une segmentation syntaxique mal maîtrisée. Il importe donc de sensibiliser les élèves à la fonction de la ponctuation en leur montrant qu’elle structure l’énoncé, facilite sa compréhension, en signalant « des relations (de liaison ou de rupture) entre les propositions successives du texte »8. La ponctuation est en effet constitutive du sens de la phrase, et il convient de le montrer aux élèves par quelques exercices d’analyse et d’observation. 1. Observation de textes ponctués de manière aberrante On pourra leur montrer qu’une ponctuation erronée peut rendre un texte absurde, en leur proposant l’exemple suivant et en leur demandant d’en corriger la ponctuation afin de rétablir et le sens et la segmentation appropriée : « BADGE LUMINEUX. Dans le petit matin, maussade ou, le soir entre chien et loup, l’enfant chemine. Entre l’école et la maison, pour une bille qui saute, brusquement sur la route ou une dispute avec le petit voisin le voilà ! Sur le bas côté mal désigné, par les vêtements sombres de l’hiver, pour un automobiliste, pressé la difficulté de discerner ? La petite ombre, juste à temps, devient trop souvent insurmontable. L’Office du tourisme, du Danemark, a eu la bonne idée ! De créer à l’emblème du drapeau danois : un cœur rouge sur fond blanc, un badge léger et lumineux. Qui peut sauver bien de jeunes existences ? » D’après Le Figaro, mardi 8 mars 1983. (Grammaire française 4°/3°, Hachette Collèges, 1988, exercice 2 p 278) Solution proposée : « BADGE LUMINEUX. Dans le petit matin maussade ou le soir, entre chien et loup, l’enfant chemine entre l’école et la maison. Pour une bille qui saute brusquement sur la route ou une dispute avec le petit voisin, le voilà sur le bas côté, mal désigné par les vêtements sombres de l’hiver. Pour un automobiliste pressé, la difficulté de discerner la petite ombre juste à temps devient trop souvent insurmontable. L’Office du tourisme du Danemark a eu la bonne idée de créer, à l’emblème du drapeau danois, un cœur rouge sur fond blanc, un badge léger et lumineux qui peut sauver bien de jeunes existences. » Une fois la ponctuation rétablie, il sera intéressant de faire relire le texte pour faire entendre la nouvelle mélodie. 2. Observation de textes littéraires non ponctués On pourra aussi montrer aux élèves que la ponctuation est constitutive du sens, en leur faisant lire des textes littéraires écrits sans ponctuation. Ce travail peut notamment être mené en relation avec l’étude de la poésie (l’exercice permet de travailler sur la ponctuation, mais aussi de revenir sur les notions d’enjambement, de rejet, de contre-rejet). 7 8 Riegel, Pellat, Rioul, Grammaire méthodique du français, 1994, p 103. Riegel, Pellat, Rioul, Grammaire méthodique du français, 1994, p 83. 3 Académie de Rouen - Aider les élèves de lycée à mieux maîtriser la phrase à l’écrit Les poètes du XXe siècle ont, en effet, souvent écrit des textes dépourvus de ponctuation. Leur lecture, néanmoins, ne peut se faire sans marquer des pauses significatives. En les lisant, nous les ponctuons donc en quelque sorte, et dégageons ainsi leur structure syntaxique. On pourra, par exemple, lire à haute voix le poème suivant et observer les pauses marquées au cours de cette lecture orale, en s’interrogeant sur la ponctuation implicite respectée dans ces vers. LES COLCHIQUES Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s’empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là Violâtres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne Les enfants de l’école viennent avec fracas Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leur filles et sont couleur de tes paupières Qui battent comme les fleurs battent au vent dément Le gardien du troupeau chante tout doucement Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne Apollinaire, Alcools, 1913. L’absence de ponctuation, dans les textes littéraires, et surtout poétiques, peut en effet aussi enrichir le sens du texte et favoriser la pluralité des interprétations. La Grammaire méthodique du français9 cite l’exemple éclairant des deux versions, ponctuée et non ponctuée, du « Pont Mirabeau » d’Apollinaire : 1) Sous le Pont Mirabeau coule la Seine. Et nos amours, faut-il qu’il m’en souvienne ? La joie venait toujours après la peine. 2) Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine On voit bien que la suppression de la ponctuation, ici associée à une nouvelle disposition des vers, enrichit le texte, dans la mesure où elle invite à une lecture plurielle, « Et nos amours » pouvant se rattacher à ce qui précède comme à ce qui suit. De même, en lisant « Les Colchiques », on peut être tenté un instant – encouragé par la disposition des mots dans le vers – de lire « Le colchique couleur de cerne et de lilas / Y fleurit10 tes yeux. », avant d’y renoncer et de lire « Le colchique couleur de cerne et de lilas / 9 cf. note 7. Le sens transitif de « fleurir » autorise cette lecture. 10 4 Académie de Rouen - Aider les élèves de lycée à mieux maîtriser la phrase à l’écrit Y fleurit. Tes yeux sont comme cette fleur-là ». Et cette indécision, si brève soit-elle, enrichit poétiquement la lecture. 3. Lecture polyphonique d’énoncés mal segmentés On pourra enfin montrer aux élèves qu’une ponctuation erronée peut aller à l’encontre de la syntaxe et du sens, par une lecture polyphonique qui confiera à des élèves différents la lecture des segments délimités par les points. On s’appuiera, encore une fois, sur des exemples empruntés à des copies dont on invitera la classe à corriger la ponctuation erronée. ex. 1 : Depuis le début de la pièce, toute la famille critique Tartuffe et dénonce son hypocrisie. Alors qu’Orgon continuera jusqu’au bout à défendre celui qu’il considère comme un croyant sincère. ex. 2 : L’utopie de l’abbaye de Thélème nous enseigne que l’harmonie est possible entre gens nobles et instruits. Que l’humanisme est la seule voie qui permette cette harmonie, et qu’on peut pratiquer la religion autrement que comme l’enseignent les théologiens de la Sorbonne. ex. 3 : Personne ne sera jamais votre semblable en tous points. Même vos enfants, que vous pensez faits de votre chair et de votre sang. ex. 4 : Les Tahitiens ne connaissent pas la notion de propriété. A la différence des Européens qui veulent posséder toujours plus de richesses. Cet exercice d’oralisation vise essentiellement à sensibiliser les élèves à l’unité de la phrase. Sans entrer dans une analyse ou un exposé trop théorique, il convient de leur faire prendre conscience de l’autonomie nécessaire de l’énoncé constitué par la phrase11. Si l’élève qui lira, dans le premier exemple, le segment précédant le point « depuis le début de la pièce, toute la famille critique Tartuffe et dénonce son hypocrisie », pourra reconnaître dans ce segment une phrase correcte, c’est-à-dire un énoncé grammatical et autonome, en revanche, l’élève qui prendra en charge la lecture de l’énoncé situé après le point « alors qu’Orgon continuera (…) à défendre celui qu’il considère comme un croyant sincère », ne pourra le considérer comme une phrase, dans la mesure où cet énoncé, caractérisé par son incomplétude syntaxique et sémantique, ne se comprend que dans sa dépendance, sa subordination grammaticale et logique à l’énoncé précédent. L’expérience de la lecture polyphonique permettra de rendre plus immédiatement perceptible l’incohérence de la segmentation syntaxique occasionnée par une ponctuation erronée, dans la mesure où elle attribuera à des lecteurs différents des énoncés justement indissociables sur le plan syntaxique. Elle sensibilisera donc les lecteurs, comme leurs auditeurs, à l’incohérence provoquée par une utilisation impropre de la ponctuation. Le deuxième exemple proposé peut paraître plus probant encore. En effet, non seulement l’énoncé qui suit le point, « que l’humanisme est la seule voie qui permette cette harmonie… », ne saurait être admis comme un énoncé autonome, donc une phrase, mais on ne peut en aucun cas envisager de le déplacer en inversant l’ordre des énoncés ici séparés par le point. La dépendance grammaticale et logique de la subordonnée complétive introduite par « que » est donc plus forte et plus perceptible cf. la notion de complétude syntaxique évoquée précédemment dans « Comment sensibiliser les élèves à la notion de phrase ? ». 11 5 Académie de Rouen - Aider les élèves de lycée à mieux maîtriser la phrase à l’écrit encore que celle qui caractérise une subordonnée d’opposition. Or, une phrase se définit comme un énoncé autonome. De même, dans le troisième exemple, on reconnaîtra que la seconde partie de l’énoncé, située après le point « Même vos enfants, que vous pensez faits de votre chair et de votre sang », ne constitue pas un énoncé autonome, donc une phrase, car l’adverbe « même », exprimant un renchérissement, apporte un complément de précision et d’explication indissociable de la première partie du constat (« Personne ne sera jamais votre semblable en tous points »). Le dernier exemple conduit à une observation identique, dans la mesure où l’expression comparative « à la différence de » ne saurait être précédée d’un point séparant dans deux phrases distinctes le comparant et le comparé. Le respect de la complétude syntaxique interdit donc de placer un point au milieu de cet énoncé, et la nécessité de remplacer, dans cet exemple comme dans le précédent, le point par une virgule, répond à une exigence logique aussi bien que syntaxique. Une lecture polyphonique joignant la segmentation syntaxique à la segmentation de la lecture permettra d'y sensibiliser plus aisément les élèves. Il leur sera en effet ainsi possible de constater par eux-mêmes que certains segments des énoncés abusivement délimités par un point ne sauraient constituer des phrases, aux termes de la définition syntaxique que nous en avons donnée. 4. Le rôle pédagogique des outils technologiques audiovisuels On a vu que l’oralisation et la lecture à haute voix d’énoncés mal construits pouvaient susciter de salutaires prises de conscience chez les élèves. Pour faire entendre ces énoncés, on pourra utiliser avec profit des logiciels gratuits de lecture audio de textes. La phase d'oralisation « mime » la lecture du récepteur et fait entendre les difficultés que ce dernier peut éprouver si la construction ou la ponctuation de la phrase sont incorrectes. Cet exercice permet à l'élève de prendre conscience de la réception de son texte. Il peut certes être exécuté « en direct » dans la classe. Mais l'élève peut aussi travailler avec l'ordinateur, écrire une série d'énoncés, puis les entendre. Il constate alors que la phrase, si elle est incorrecte, est peu lisible. Ainsi, il pourra recevoir sa production écrite comme l’autre-lecteur la reçoit. Pour montrer que la source de ces déficiences peut être liée à la transcription directe d'un énoncé oral lors de la production du texte, on peut aussi inverser le processus : partir d’énoncés oraux d’élèves que l’on enregistre et que l’on transcrit (des logiciels accessibles rendent cette opération quasi automatique). L’élève peut alors constater en lisant le résultat qu’une production écrite résultant d’une simple transcription d'un énoncé, pourtant recevable à l'oral, n’est guère lisible. (cf. « Définition du champ de la réflexion », 2. Le discours différé : le temps de l’écriture, 5e §). Le recours aux outils de projection et de manipulation (ordinateur, vidéoprojecteur, tableau interactif) peut également faciliter le travail sur la phrase. Il permet en effet d’opérer des changements à vue dans les énoncés mal construits que l’on soumet aux élèves pour qu’ils les observent, les analysent et les reconstruisent. L’immédiateté des transformations visuelles est de nature à leur faire comprendre plus aisément ce qu’ils ne perçoivent pas spontanément. 6 Académie de Rouen - Aider les élèves de lycée à mieux maîtriser la phrase à l’écrit