« Discount » : on est client !

Date : 21 JAN 15
Journaliste : David S. Tran
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 198324
Edition : Toutes Editions
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« Discount » : on est client !
Comédie sociale. Rire de la précarité, c'est possible,
avec ce modeste premier film, fauché, mais à l'énorme
capital sympathie. Le contraire d'une comédie au rabais.
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L
e culot de Louis-Julien
Petit, assistant de Philippe Godeau (« 11.6 ») et
Xavier Giannoli (« À l'origine ») a payé. Rire de la
misère, façon comédie
anglaise, c'est possible :
« Discount » parvient à
accommoder les rudes fins de
mois, des agents de caisse
d'un s u p e r m a r c h é à une
sauce sociale à la limite du
pathos, pour mieux conclure
sur un sourire et un clin d'ceil.
Joie simple : il émane de
« Discount » une vibration
sincère qui fait que le spectateur, quels que soient son
débit en banque et le contenu
de son frigo, peut ressentir le
crescendo du scénario. Plus
l'intrigue avance, plus il a
envie que ses personnages
s'en sortent et réussissent
leur coup.
Quel coup ? Pas un braquage
ni un numéro de strip-tease,
ils sont déjà bien assez à poil
comme ça. Eux, c'est un
g r o u p e d'employés d'un
hyperdiscount du Nord, bien-
Tous droits réservés à l'éditeur
tôt remplacés par des caisses
automatiques. Leur idée :
puisque le magasin détruit
quotidiennement des denrées
à peine abîmées et des produits bientôt périmés, il suffit
de les collecter en cachette et
de les vendre pour un croûton de pain, afin de mettre du
beurre dans les chicons. Cela
s'appelle une épicerie solidaire et clandestine : le second
adjectif leur coûtera évidemment cher, car « Discount »
n'a rien d'une comédie béatement optimiste.
Les enjeux sont clairs. Le harcèlement qui découle du hard
management aussi : boulot
chronométré, bosser debout
pour travailler plus vite,
interdiction de porter des
vêtements munis de poches
pour limiter le vol... Là où
une m o r a l e B i s o u n o u r s
aurait fait l'affaire, le film
s'enrichit d'une belle galerie
de portraits, des gentils, des
méchants, des délateurs, des
cons... Le contraire d'une
poilade au rabais.
Autre richesse du film, son
• M'Barek Belkouk, Sarah Suco, Olivier Barthelemy, Pascal Demolon,
Corinne Masiero. Photo D.R.
interprétation. Si Corinne
Maserio (« Louise Wimmer »,
« 11.6 ») est, une fois de plus,
impayable en Cosette enragée, son butin est à partager
en parts chorales. Bien sûr,
tout ne mérite pas le jackpot.
Quèlques raccourcis un peu
fauchés, une amourette assez
besogneuse, une leçon
d'entraide bien appuyée, un
p'tit côté téléfilm... Mais le
bon esprit de « Discount » fait
qu'on n'a pas envie de gasp i l l e r des m o t s p o u r le
dépouiller de son capital
sympathie. Récompensé par
le public au f e s t i v a l
dangoulême, « Discount »,
en partie financé par un soutien participatif, ne fait que
démarrer sa moisson de...
prix. •
David S. Iran
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