Huiles végétales pures - Chambre d`Agriculture du Gard

Fiche Technique
Filière ou production nouvelle en Languedoc-Roussillon
Filière Agrocarburant
Septembre 2008
Huiles Végétales Pures
(Colza, Tournesol)
Définition
Production d’Huiles Végétales Pures
(HVP) par pressage des grains de colza
ou de tournesol.
Utilisation : biocarburant pour moteurs
diesel ou chaudières à fioul en circuits
courts.
A noter que développer les circuits longs
favorise une compétition entre voies
alimentaire et énergétique qui défavorise
les pays émergents.
Pour les contraintes liées à la production
de Colza et de Tournesol se référer aux
fiches
correspondantes :
Filières
Développées Oléo-protéagineux.
Potentiel des marchés
Production
Principaux pays producteurs
Allemagne :
L'huile végétale carburant est autorisée
en Allemagne, qui applique à la lettre
l'esprit de la directive européenne de
2003 concernant les biocarburants. De
plus en plus de stations services
distribuent de l'huile végétale. Certains
kits pour adapter son moteur à l'huile
végétale sont certifiés 100% légaux.
L'Allemagne a récemment mis en place
des normes pour définir des standards
de qualité d'huile.
Le « Programme des 100 tracteurs »
s'est déroulé entre 2001 et décembre
2005. Un rapport intermédiaire de juin
2004 présente un bilan à mi-parcours
assez mitigé (cf. Contraintes techniques
liées à la production et à l’utilisation
Rédigée par :
Julien GARCIA
Chambre Régionale d’Agriculture du
Languedoc-Roussillon
d’HVP). Le rapport final n’est pas encore
disponible.
Belgique :
Depuis le 3 avril 2006, l'huile végétale
carburant est défiscalisée. Elle peut être
vendue par des « producteurs agréés »
dont la liste est disponible auprès du
"facilitateur" de la Région wallonne pour
les biocarburants.
D’autres pays se sont lancés dans cette
production de biocarburant, à plus ou
moins grande échelle mais l’Allemagne
reste la référence à l’heure actuelle.
Production en France
En France, la production est encore au
stade des balbutiements du fait d’une
réglementation
très
contraignante.
Toutefois, certains départements tels
que le Lot-et-Garonne se sont distingués
par une très forte volonté pour
développer ces carburants alternatifs.
Il a été créé à ce titre en avril 2003
l’Institut Français des HVP basé à Agen.
Cet institut a pour missions :
Le développement de la filière HVP et
de tous usages des produits et coproduits
La promotion des huiles végétales
pures utilisées comme additif ou
carburant,
notamment
par
des
mesures fiscales appropriées
L'orientation des motoristes vers le
développement de véhicules plus
propres fonctionnant avec les huiles
végétales pures
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1
Partie 2 : Fiche Huiles Végétales Pures
La suppression de tous les obstacles,
notamment
ceux
d'ordre
légal,
administratif et institutionnel
A
l’heure
actuelle
beaucoup
de
départements
ont
des
projets
d’utilisation des HVP tant pour les
exploitations
agricoles
que
pour
alimenter
la
flotte
captive
des
collectivités. L’utilisation par un usager
hors engins agricoles et flotte captive est
interdite.
En Languedoc-Roussillon, les HVP
sont à l’heure actuelle quasi-absentes
dans l’Hérault et les Pyrénées-Orientales.
Seuls l’Aude et le Gard ont des projets
en voie de concrétisation.
Dans
le
Gard,
la
demande des
agriculteurs est forte et la fédération des
CUMA s’est investie dans le montage de
projets en collaboration avec la Chambre
d’Agriculture.
Ainsi, quelques collectivités gardoises
désirent alimenter leurs véhicules avec
des HVP comme cela est permis par la loi
du 30/12/2006.
Organisation commerciale
L’objectif des HVP est une valorisation en
circuits
courts :
agriculteurs
et
collectivités.
L’organisation
la
plus
fréquente
correspond
à
une
autoconsommation
par
les
engins
agricoles au sein des exploitations.
Prix
Débouchés :
Biocarburant :
alimentation
moteurs et des chaudières au fioul.
Synthèse
Dans le contexte alimentaire mondial
actuel, la concurrence entre valorisation
alimentaire et énergétique est fortement
débattue.
Le développement d’une filière HVP ne
peut se faire actuellement qu’en circuits
courts.
Impact environnemental
Se référer aux fiches correspondantes :
Filières oléo-protéagineux.
Contraintes
techniques
agronomiques
et
Pour les contraintes liées à la production
de Colza et de Tournesol se référer aux
fiches correspondantes : Filières oléoprotéagineux.
des
Alimentation animale : tourteaux gras
(co-produits de l’extraction de l’huile)
Les prix observés jusqu’à présent sont
de 0,43 à 0,48 €/l avec une valorisation
du tourteau à 0,15 €/kg.
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Partie 2 : Fiche Huiles Végétales Pures
Contraintes techniques liées à la
production et à l’utilisation d’HVP
Extraction de l’huile
La filière HVP ne peut être envisagée
(dans
un
souci
de
rentabilité
énergétique) qu’en circuit court, sur
l’exploitation,
en
CUMA
ou
en
Coopérative.
La production de l’huile nécessite des
investissements notables de la part de
l’agriculteur.
Il est nécessaire de se pourvoir d’une
presse et d’un élément de filtration.
Les graines de colza récoltées sont
stockées entre 6 et 8% d’humidité et
peuvent être pressées à froid. Le taux
d’extraction varie selon les types de
presse, en moyenne 27% d’huile et 73%
de tourteau gras (15 à 20% de matière
grasse). Pour un hectare de colza à 30
quintaux à 7% d’humidité, la quantité de
tourteau est estimée à 2,2 tonnes et
celle de l’huile de l’ordre de 800 L.
Il existe deux types de presse adaptée à
la trituration des oléagineux : les presses
à vis ou les presses à barreaux.
Elles ont un débit qui varie de 9 à 200 kg
de graines à l’heure et peuvent
fonctionner en continu. La pression à
froid (T°C < 50°C) permet de réduire la
teneur en phospholipides responsables
des
imbrûlés.
La
presse
est
accompagnée d’une armoire électrique
qui permet d’ajuster les réglages et de
systèmes de sécurité en cas de corps
étrangers ou surchauffe.
Le montant de l’investissement est de
l’ordre de 8 à 30 000 € pour l’ensemble
presse et filtre pompe, qui peut être
installé sur une remorque et utilisé en
commun.
Chaque utilisateur peut être équipé du
matériel de stockage : cellule à grain,
cuve de décantation, cuve de stockage
et un silo pour les tourteaux.
Le tourteau gras obtenu est stocké,
après refroidissement, à l’abri de l’air et
de l’humidité 3 à 4 mois maximum. Il est
utilisé dans la ration alimentaire des
animaux d’élevage ou en tant que
combustible.
L’huile, quant à elle, est stockée dans
une cuve temporaire, 3 semaines au
moins pour une étape de décantation
efficace. Elle est ensuite filtrée à 5 µm
maximum avant d’être stockée dans la
cuve principale. Le reliquat de filtration
pourra lui aussi être incorporé à la
ration.
Une
filtration
de
qualité
est
nécessaire pour une utilisation de
l’huile comme carburant moteur.
Son utilisation comme combustible doit
intervenir dans les 12 mois pour
s’affranchir des problèmes d’oxydation.
Utilisation des HVP
Equivalences énergétiques :
Densité
(à 20°C,
kg/l)
Limite de
filtrabilité
(°C)
Pouvoir
Calorifique
Inférieur
(kJ/kg)
Huile de
tournesol
Huile
de
colza
Gazole
0,925
0,916
0,83
+ 15
+ 20
-15
37 750
37 440
42 083
1 litre de gazole équivaut à environ
35 000 kJ
1 litre d’huile de colza équivaut à environ
34 300 kJ
Contraintes techniques pour une
utilisation biocarburant :
D’un point de vue technique, l’usage
d’HVP ne pose en théorie pas de
problème dans les moteurs de tracteur
puisque le moteur diesel a été inventé
pour fonctionner avec de l’huile.
Une
expérience
allemande
a
été
conduite, en 2005, sur 100 tracteurs.
Elle prévoyait la modification du moteur
pour s’adapter à un fonctionnement à
100% d’HVP, en particulier avec des kits
de
bicarburation,
des
re-réglages
d’injecteurs, le préchauffage du bloc
moteur au démarrage…
Sur les 110 tracteurs testés à 100%
d’HVP, il y a eu :
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Partie 2 : Fiche Huiles Végétales Pures
10 casses de moteurs avec des
réparations supérieures à 15 000€
36 cas avec réparations inférieures à
2 000€
34 cas avec des réparations mineures
30 cas avec aucun problème.
Les principales causes des problèmes
sont issues d’une part, des technologies
d’injection dans les moteurs et d’autre
part de la qualité de l’huile produite, d’où
les normalisations en projet avec
d’autres pays comme l’Autriche ou
l’Italie.
Il convient donc de prendre certaines
précautions lors de l’utilisation des HVP
dans les moteurs.
En tant que carburant pour tracteur
d’ancienne génération des HVP peut être
utilisée jusqu’à 30% sans modification.
Au-delà, un kit de bicarburation est
conseillé.
Pour les moteurs diesel récents une
incorporation à 5% est possible mais il
faut réchauffer l’huile afin de la rendre
plus fluide. Il faut parfois même modifier
le programme électronique d’injection.
Les avis divergent toutefois entre les
spécialistes.
Les constructeurs ne garantissent pas le
fonctionnement du moteur avec un
carburant pour lequel il n’a pas été
conçu. Ils sont donc opposés à l’usage
d’HVP,
d’autant
plus
que
la
réglementation
des
émissions
à
l’échappement sur les nouveaux moteurs
oblige à améliorer la qualité de la
combustion.
Les promoteurs des HVP indiquent que
les risques « moteurs » sont quasiinexistants si l’utilisateur prend des
précautions minimales au préalable pour
le pressage des graines et pour
l’alimentation du moteur diesel.
Enfin, une étude a été initiée fin 2005
par la fédération nationale des CUMA et
l’ADEME afin de suivre l’évolution des
flottes (analyse d’huile, casses des
moteurs par exemple) et de réaliser des
mesures de conformité des HVP aux
normes d’émissions.
Combustible chaudière :
Son utilisation comme combustible pour
les chaudières est autorisée et ne
nécessite que la mise en place d’un
brûleur
spécifique
qui
assure
le
préchauffage de l’huile avant le brûleur,
ou éventuellement la modification des
brûleurs de forte puissance. Il existe
plusieurs fabricants ou importateurs de
ce type de brûleur.
L’équivalence énergétique n’entraîne pas
de surconsommation significative, ni de
suivi particulier.
Valorisation des tourteaux
En alimentation animale : il faut en
contrôler
la
composition,
en
particulier le taux de MG, pour
adapter la ration. Il est préconisé de
ne pas dépasser 5% MG dans la
ration pour les ruminants.
Comme combustible : à condition de
posséder
un
matériel
adéquat
(chaudière, poêle) et d’en adapter le
système d’alimentation. Voir avec le
constructeur les éventuelles contreindications.
En
fumure
:
cette
solution,
techniquement envisageable, a été
peu étudiée jusqu’à présent.
A la vue des nombreux projets qui
naissent partout en France, il semble
évident que le développement de cette
énergie est incontournable. Il convient
d’accompagner ce développement pour
éviter les erreurs techniques. Un cahier
des charges sur la qualité des huiles,
selon leur utilisation, devrait être mis en
place afin de limiter les problèmes
moteurs.
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Partie 2 : Fiche Huiles Végétales Pures
Dispositif réglementaire auquel la
production est soumise
Risque
financier
et
intérêt
économique pour l’exploitant
Cas où la culture est déclarée en
jachère industrielle
Si la culture est située sur des terres
éligibles
et
déclarée
en
jachère
industrielle, elle permet d’activer les
DPU-jachères.
Elle n’a pas nécessairement à faire
l’objet d’un contrat avec un premier
transformateur.
Pour
bénéficier
du
paiement,
le
demandeur s’engage à ce que les
matières premières soient utilisées à des
fins énergétiques.
Résultats économiques et facteurs de
risque
Pour un agriculteur, le choix de destiner
sa récolte de colza ou de tournesol à la
production d’HVP et non pas à la
production
de
diester
ou
d’huile
alimentaire est un vrai engagement.
Avec la hausse du prix des matières
premières, la Fédération Nationale des
CUMA et l’ADEME ont constaté une
diminution de la production d’HVP au
sein des exploitations ; la valorisation
alimentaire devenant plus intéressante
économiquement.
Ce phénomène illustre la fragilité de la
filière des HVP face à la filière dite
« alimentaire ».
Le prix de revient de l’atelier HVP est
donc en lien très étroit avec la situation
du marché « alimentaire ».
Pour l’huile biocarburant, le prix de vente
seuil est estimé à environ 0,61 €/litre
pour assurer à l’agriculteur une marge
brute identique à une valorisation
alimentaire. Les prix pratiqués actuellement se situent entre 0,43 à 0,48 €/litre.
Cas où la culture est déclarée en
culture énergétique
La culture peut être implantée sur des
terres hors jachère pour la production
d’énergie, de chaleur ou d’électricité et
ainsi bénéficier de l’aide aux cultures
énergétiques (ACE).
Utilisation des HVP
Le décret n° 2007-446 du 25 mars 2007
fixe les mesures auxquelles doivent se
conformer les distributeurs et les
utilisateurs d'huiles végétales pures en
application de l'article 265 quater du
code des douanes.
Etat des références en LanguedocRoussillon
Quelques projets dans le Gard et dans
l’Aude.
Très peu de références régionales sont
disponibles à l’heure actuelle.
Pour un prix de vente à 0,61 €/litre, la
marge brute est 460 €/ha*.
Pour un prix de vente entre 0,43 et 0,48
€/litre, la marge brute se situe entre
297 à 342 €/ha*.
*Sous réserve d’une valorisation du
tourteau à 0,15 €/kg
Besoins de trésorerie
Les coûts liés à la production de l’huile
sont estimés à 495 €/ha en moyenne, en
prenant
en
compte
les
charges
opérationnelles liés à la culture de la
plante et le coût du pressage (90 €/ha).
Risque financier lié aux investissements
Les frais de mécanisation portent sur
l’achat d’une presse et d’une filtreuse
(possibilité d’achat en commun).
Les prix des presses varient de 3 300 à
16 000 € HT selon le débit souhaité. Le
prix d’achat de l’outil filtrant varie entre
900 et 5 700 € HT.
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Partie 2 : Fiche Huiles Végétales Pures
Personnes ressources
Organismes de développement :
Myriam GASPARD - Chambre Régionale d’Agriculture du Languedoc-Roussillon - Mas
de Saporta - CS 30012- 34 875 Lattes cedex
Christophe BONNEMORT - Chambre d’Agriculture de l’Aude - ZA de Sautès-Trèbes 11 878 Carcassonne Cedex 9
Renaud CAVALIER - Chambre d’Agriculture du Gard - 11 120 Route de St Gilles - BP
80054 - 30023 Nîmes Cedex 9
Charly FABRE - Chambre d’Agriculture de l’Hérault - Mas de Saporta - CS 10 010 - 34
875 Lattes Cedex
Jean-François JACQUET - Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales - Maison
des Agriculteurs - 19, avenue de Grande Bretagne - 66 025 Perpignan Cedex
Eugénie HANNOIR-MENTION - Fédération des CUMA du Gard - 11 120 Route de St
Gilles - BP 48078 - 30 932 Nîmes Cedex 9
Bibliographie
AILE - Chambre régionale d'agriculture de Bretagne - Chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine Chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor - Chambre d'agriculture du Finistère - Chambre
d'agriculture du Morbihan, (2006). Projet de programme Agriculture - Energie Bretagne., mai
2006, 174 p
Disponibilité : Internet
BALLERINI D. - ALAZARD TOUX N. (2006). Les biocarburants- Etat des lieux, perspectives et
enjeux du développement. Editions Technip, janvier 2006, 348 p
Disponibilité : APCA
CAILLEZ B (2005). Produire son carburant sur l'exploitation. France agricole, n° 3077, 25 mars
2005, p. 24.
Disponibilité : Chambre d’Agriculture de l’Hérault
CUMA de l’Ouest (2007). Produire et valoriser l’huile végétale pure. 8p.
Disponibilité : Chambre Régionale d’Agriculture du Languedoc-Roussillon
Garcia J. (2007). Etude sur le gisement de biomasses agricoles disponible pour une valorisation
énergétique et sur les potentialités d’implantation de Taillis Courte ou Très Courte Rotation
dans la région Languedoc-Roussillon. Mémoire de fin d’étude ENESAD, 94p.
Disponibilité : Chambre Régionale d’Agriculture du Languedoc-Roussillon (soumis sous
conditions)
A noter : il n’existe pas ou peu de références régionales pour ces cultures. La réalisation de cette
fiche repose essentiellement sur un travail de recherche bibliographique.
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Partie 2 : Fiche Huiles Végétales Pures