Brian Joubert – Répéter pour ne pas se dérégler
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Brian Joubert – Répéter pour ne pas se dérégler
FFSG Rémy PERTHUISOT rencontre brian joubert 16 17 RÉPÉTER POUR NE PAS SE DÉRÉGLER 3 fois champion d’Europe et champion du monde en 2007, le patineur Brian Joubert n’est pas vraiment un exemple à suivre en termes de préparation. Il essaie toutefois de changer ses habitudes dans ce domaine. Propos recueillis par Gaétan LEFèVRE . E n affirmant lors d’une conférence de presse « ne pas être un robot », Brian Joubert répond aux critiques des médias et du public suite à son échec lors des J.O. de Vancouver. Conscient de ses erreurs, il espère reconquérir le public français. Vous avez chaussé les patins à glace très jeune. Qu’est-ce qui vous a attiré dans le patinage artistique ? A l’origine, je voulais jouer au hockey. Je pensais que le patinage était un sport de fille. A l’école, on se moquait des patineurs. J’ai quand même essayé et à 5 ans j’ai été repéré pour ma première ENFANT, JE NE FAISAIS PAS D’ÉCHAUFFEMENT, NI D’ÉTIREMENT ET JE PENSE QUE JE LE PAYE MAINTENANT. santésportmag.com d e c e m b r e 2 0 1 0 compétition. J’ai ensuite pris conscience que le patinage artistique était un sport très difficile. Ma vision est toutefois en décalage avec le milieu du patinage actuel. Je privilégie le côté sportif, la prise de risque et moins le côté artistique. Quelles ont été vos plus grosses blessures et comment vous êtes vous soigné ? J’ai eu beaucoup de contractures et de déchirures. Cependant, c’est une pubalgie suite à une chute en vélo qui m’a le plus pénalisée au cours de ma carrière. Elle m’a gêné pendant un an et elle continue aujourd’hui. J’ai aussi eu des problèmes de croissance qui me provoque des douleurs aux genoux. Pour me soigner, je ne fais rien fait de spécial. Je n’arrête jamais le sport mais j’évite les gestes qui me font mal. Même un mouvement très simple, je ne le fais pas. Parlez nous de votre préparation physique hors glace ! Je n’ai pas de préparation physique hors glace, ni de programme de musculation. Je m’étire de temps en temps parce que je sens que mon corps vieilli et que je récupère moins vite. Quand j’étais gamin, je ne m’échauffais jamais et je ne m’étirais pas. Et je pense que je le paye un petit peu maintenant. Du coup, aujourd’hui je m’étire un peu et je pratique quelques échauffements avant les compétitions pour réveiller mes articulations. Avez-vous une alimentation spécifique en parallèle de vos entrainements ? Je fais attention à ce que je mange. J’évite la viande avant les compétitions et je mange beaucoup de boudins noirs pour faire le plein de fer après. J’ai un poids de forme que j’essaie de conserver. Pour gérer mon alimentation, je peux compter sur l’aide de ma mère. En 2007, l’année de votre titre mondial, vous réalisez trois quadruples sauts dans un seul programme. Comment s’entraine-t-on pour réaliser une telle figure ? Il est important de travailler étape par étape. On doit tout d’abord maîtriser la technique à 100 % sinon c’est l’échec assuré. Il faut répéter tout le temps et tous les jours. Si on ne travaille pas une journée, on se dérègle. Pour les quadruples sauts, la difficulté n’est pas forcement physique mais mentale. Plus on est prêt, moins on se pose de question, moins on réfléchit et moins on tombe. Depuis 2007, vous avez eu quelques baisses de niveau, notamment lors des J.O. de Vancouver. Pensez-vous que cela était dû à une erreur dans votre préparation ? Il y a eu des tas de problèmes, la préparation en fait partie. J’ai notamment dû m’arrêter pendant un mois et demi suite à une blessure. Je m’étais enfoncé la lame de la chaussure dans le pied. Mon coach et moi avons aussi eu des soucis personnels. Du coup, on n’était pas à 100 %. Je sentais que les choses n’allaient pas. J’ai perdu peu à peu ma motivation. Et je ne me suis pas assez investi. Cette année, vous êtes retourné avec votre premier entraineur, Véronique Guyon. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? J’ai travaillé avec Véronique pendant 15 ans. Elle est une bonne technicienne, et pour moi, la technique est très importante. De plus, elle peut canaliser mon tempérament. J’ai tendance à prendre le dessus sur mes entraineurs comme ça a été le cas la saison passée. Avec Véronique, c’est différent. Je garde ma place d’élève et, du coup, j’ai plus de repères. decembre 2010 santésportmag.com