Brian Joubert – Répéter pour ne pas se dérégler

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Brian Joubert – Répéter pour ne pas se dérégler
FFSG Rémy PERTHUISOT
rencontre
brian
joubert
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RÉPÉTER POUR NE PAS
SE DÉRÉGLER
3 fois champion d’Europe et champion du monde en 2007, le patineur Brian Joubert
n’est pas vraiment un exemple à suivre en termes de préparation. Il essaie toutefois
de changer ses habitudes dans ce domaine.
Propos recueillis par Gaétan LEFèVRE .
E
n affirmant lors d’une
conférence de presse « ne pas
être un robot », Brian Joubert
répond aux critiques des médias et du
public suite à son échec lors des J.O.
de Vancouver. Conscient de ses
erreurs, il espère reconquérir le
public français.
Vous avez chaussé les patins à glace
très jeune. Qu’est-ce qui vous a attiré
dans le patinage artistique ?
A l’origine, je voulais jouer au hockey. Je
pensais que le patinage était un sport
de fille. A l’école, on se moquait des
patineurs. J’ai quand même essayé et à
5 ans j’ai été repéré pour ma première
ENFANT, JE NE FAISAIS
PAS D’ÉCHAUFFEMENT,
NI D’ÉTIREMENT ET JE
PENSE QUE JE LE PAYE
MAINTENANT.
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compétition. J’ai ensuite pris
conscience que le patinage artistique
était un sport très difficile. Ma vision est
toutefois en décalage avec le milieu du
patinage actuel. Je privilégie le côté
sportif, la prise de risque et moins le
côté artistique.
Quelles ont été vos plus grosses
blessures et comment vous êtes vous
soigné ?
J’ai eu beaucoup de contractures et de
déchirures. Cependant, c’est une
pubalgie suite à une chute en vélo qui
m’a le plus pénalisée au cours de ma
carrière. Elle m’a gêné pendant un an
et elle continue aujourd’hui. J’ai aussi
eu des problèmes de croissance qui me
provoque des douleurs aux genoux.
Pour me soigner, je ne fais rien fait de
spécial. Je n’arrête jamais le sport mais
j’évite les gestes qui me font mal. Même
un mouvement très simple, je ne le fais
pas.
Parlez nous de votre préparation
physique hors glace !
Je n’ai pas de préparation physique
hors glace, ni de programme de
musculation. Je m’étire de temps en
temps parce que je sens que mon corps
vieilli et que je récupère moins vite.
Quand j’étais gamin, je ne m’échauffais
jamais et je ne m’étirais pas. Et je
pense que je le paye un petit peu
maintenant. Du coup, aujourd’hui je
m’étire un peu et je pratique quelques
échauffements avant les compétitions
pour réveiller mes articulations.
Avez-vous une alimentation spécifique
en parallèle de vos entrainements ?
Je fais attention à ce que je mange.
J’évite la viande avant les compétitions
et je mange beaucoup de boudins noirs
pour faire le plein de fer après.
J’ai un poids de forme que j’essaie de
conserver. Pour gérer mon
alimentation, je peux compter sur l’aide
de ma mère.
En 2007, l’année de votre titre
mondial, vous réalisez trois
quadruples sauts dans un seul
programme. Comment s’entraine-t-on
pour réaliser une telle figure ?
Il est important de travailler étape par
étape. On doit tout d’abord maîtriser la
technique à 100 % sinon c’est l’échec
assuré. Il faut répéter tout le temps et
tous les jours. Si on ne travaille pas une
journée, on se dérègle. Pour les
quadruples sauts, la difficulté n’est pas
forcement physique mais
mentale. Plus on est prêt, moins
on se pose de question, moins on
réfléchit et moins on tombe.
Depuis 2007, vous avez eu
quelques baisses de niveau,
notamment lors des J.O. de
Vancouver. Pensez-vous que
cela était dû à une erreur dans
votre préparation ?
Il y a eu des tas de problèmes, la
préparation en fait partie. J’ai
notamment dû m’arrêter pendant
un mois et demi suite à une
blessure. Je m’étais enfoncé la
lame de la chaussure dans le
pied. Mon coach et moi avons
aussi eu des soucis personnels.
Du coup, on n’était pas à 100 %.
Je sentais que les choses
n’allaient pas. J’ai perdu peu à
peu ma motivation. Et je ne me
suis pas assez investi.
Cette année, vous êtes
retourné avec votre premier
entraineur, Véronique Guyon.
Qu’est-ce qui a motivé
ce choix ?
J’ai travaillé avec Véronique
pendant 15 ans. Elle est une
bonne technicienne, et pour moi,
la technique est très importante.
De plus, elle peut canaliser mon
tempérament. J’ai tendance à
prendre le dessus sur mes
entraineurs comme ça a été le
cas la saison passée. Avec
Véronique, c’est différent. Je
garde ma place d’élève et, du
coup, j’ai plus de repères.
decembre 2010
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