Florian Mantione Institut

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Florian Mantione Institut
CV : des petits arrangements aux gros
mensonges, ce qui passe… ou pas
Un stage rallongé d’un ou deux mois, des responsabilités un peu surévaluées, la maîtrise
d’une langue étrangère survendue… Qui n’a jamais été tenté “d’arranger” son CV ?
Mais de la petite exagération au gros mensonge, attention aux dérapages !
Neuf candidats sur dix
trouveraient normal "d'arranger" son CV.
Trois CV sur quatre seraient "trompeurs", c'est-à-dire comportant des erreurs volontaires, et
neuf candidats sur dix trouveraient normal "d'arranger" leur cursus... Tel est ce qui ressort de
l'étude 2013 de l'Institut de ressources humaines Florian Mantione (pdf), qui observe le
phénomène de la triche sur CV depuis une quinzaine d'années.
"Plusieurs raisons sont invoquées par les candidats pour expliquer cette tendance à enjoliver
leur CV : la course au diplôme, la concurrence exacerbée sur un marché de l'emploi tendu,
le besoin de faire ressortir des compétences requises, mais aussi l'évidence selon laquelle
tout le monde le fait", explique sans détour Patricia Cabot, directrice et fondatrice du cabinet
de recrutement Sales-Partner.
Enjoliver n'est pas mentir
Si "tout le monde le fait" ou presque, reste à définir la frontière entre le mensonge et le petit
arrangement avec la vérité... "Ce n'est pas grave tant qu'il s'agit d'enjoliver, par exemple
en ajoutant un mois à un stage qui en a effectivement compté trois, ou bien en en
rajoutant un peu sur le contenu d'une mission", concède Yannis Mercier, recruteur associé
chez EXEC Avenue. "En fait, il faut trouver la limite entre la nécessaire adaptation de son
CV au profil d'un poste proposé et le fait d'inventer, donc de mentir, ce qui risque très
rapidement de se retourner contre le candidat puisque la confiance est à la base de toute
relation de travail", prévient Patricia Cabot.
Quelles sanctions si vous mentez ?
Si vous exercez une profession réglementée comme avocat, expert-comptable, médecin, ou
encore plombier, vous pouvez être poursuivi en justice pour faux et usage de faux ou
exercice illégal. Dans les autres cas, vous ne risquez pas grand-chose d'un point de vue
légal. Car, selon la jurisprudence actuelle, l'employeur a le devoir de vérifier les
informations présentes sur votre CV. À défaut, c'est lui qui est en tort.
Pas de poursuite donc, mais vous ne vous en sortirez pas pour autant sans dommages. "Un
employeur découvrant qu'il vous a recruté sur la base d'un faux CV ne pourra certes
pas vous licencier pour faute grave, précise Yannis Mercier. Seulement, gare ensuite à
l'ambiance dans le bureau...". Et si vous vous faites repérer avant de signer votre contrat, le
principal risque est de vous faire "griller" dans un monde professionnel qui n'est jamais très
grand...
Quels risques pour les mensonges les plus courants ?
En faire un peu trop sur ses compétences professionnelles
Pour répondre aux attentes du recruteur, les candidats sont tentés de s'inventer des
compétences ou des expériences : la maîtrise de tel ou tel logiciel, une responsabilité sur
tel type de projet... "Un candidat qui n'a pas toute l'expérience ou l'entière compétence qu'il
prétend sur son CV peut convaincre en entretien si les compétences requises ne sont pas
décisives pour le poste", note Patricia Cabot. Même constat de Yannis Mercier, qui prévient :
"Pour des métiers très techniques, nous faisons passer des tests permettant de juger
rapidement du niveau de compétences." (À lire aussi : Rédiger son CV : présenter ses
compétences.)
Jouer sur les dates
"Le plus courant c'est de jouer avec les durée des stages pour les allonger ou sur les dates
pour faire disparaître les périodes chômées", explique Yannis Mercier. Là encore, tout est
une question de nuance. Mettre un mois de plus à un stage de six mois ne porte pas vraiment
à conséquence. Sachez tout de même que les recruteurs sont à l'affût de la moindre
incohérence et qu'ils sont parfois plus compréhensifs que vous ne l'imaginez sur les
accidents de parcours. À condition de savoir les expliquer lors du passage à l'entretien.
S'inventer des diplômes
S'attribuer un cursus d'une grande école, transformer d'un clic une licence en un master... la
course aux diplômes pousse certains candidats à mentir sur leurs parcours. Attention danger
! N'importe quel recruteur un peu malin est capable de démasquer l'imposture. Il est
facile d'aller consulter l'annuaire des anciens de telle école ou université prestigieuse ou de
demander l'information au service de la scolarité de l'établissement en question.
"Au terme de chaque processus de recrutement, nous vérifions toujours les diplômes du
finaliste, en demandant les originaux ou en contactant les établissements", confirme
Yannis Mercier. De plus, quelques agences proposent leurs services pour ce travail
d'investigation, à l'exemple de Cerifdiplôma ou encore Control-CV. (À lire aussi : Rédiger
son CV : présenter sa formation.)
Improviser dans les langues
Bilingue vous avez dit bilingue ? C'est bien connu, tous les étudiants français parlent au moins
deux langues, avec un anglais évidemment "courant" et de "bonnes notions" d'espagnol,
d'allemand ou d'italien ! Vous pouvez toujours l'écrire, les recruteurs ne vous croiront que
sur... parole. "C'est très simple, souligne Yannis Mercier. Si la maîtrise d'une langue
étrangère n'est pas absolument exigée pour le poste, il n'y a pas trop de risque à
enjoliver. En revanche, si c'est impératif, le candidat sera testé en direct lors de
l'entretien. Et là il vaut mieux ne pas avoir menti..." (À lire aussi : Rédiger son CV :
présenter les langues et le niveau informatique.)
Dire plus ou moins son âge
Non mais t'as quel âge ? Certains sont tentés de feinter sur la réponse à cette question après
tout bien personnelle. C'est courant parmi les seniors qui craignent – à juste titre – d'être
discriminés. Cela arrive aussi parmi les jeunes diplômés qui, à l'inverse, se rajoutent quelques
années, histoire d'être plus crédibles. "D'un œil un peu averti sur les dates de diplômes et
les expériences professionnelles, nous repérons les moindres incohérences", note Patrica
Cabot, qui, là encore, prône la sincérité. (À lire aussi : Rédiger son CV : présenter l'état civil
et soigner l'accroche.)

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