1 LA PATIENCE Nous nous attarderons aujourd`hui à définir une
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1 LA PATIENCE Nous nous attarderons aujourd`hui à définir une
LA PATIENCE Nous nous attarderons aujourd’hui à définir une qualité humble et silencieuse, trop souvent sous-estimée… La patience. La patience est une leçon dont nous avons tous besoin, à tous les stades de la vie. Nous en avons besoin dans la vigueur et l’explosion de la jeunesse. Il nous en faut à l’âge mûr pour dominer un caractère, un tempérament, une volonté. Nous en avons besoin en formant nos opinions, en organisant notre vie, en jugeant nos amis, en jugeant nos ennemis, en nous jugeant nous-mêmes. On s’aperçoit qu’on ne peut parler de la patience sans parler de son ennemi, l’impatience. Car cette dernière a de nombreux visages. On la confond parfois avec certaines vertus. Ainsi, elle a parfois l’aspect de la franchise qui s’exprime brutalement, sans ménagement ni délicatesse, parfois même sans tact. Son visage est parfois celui de l’énergie. C’est une sorte de zèle impétueux qui ne tolère aucune hésitation, qui se moque de tous les obstacles, qui est tellement avide d’arriver qu’il ne prenne même pas le temps de réfléchir aux moyens, aux conséquences, aux autres. L’impatience est un poison dans les petites sphères de la vie, dans la famille, dans l’âme individuelle. Elle détruit la paix, elle n’a pas de place pour la joie dans l’effort; elle use les cœurs prématurément. Elle est laide parce qu’elle est une forme d’égoïsme. Un auteur contemporain a fait remarquer que c’est essentiellement l’impatience qui a causé la chute d’Adam et Ève. C’est à cause d’elle qu’ils furent chassés de la Présence de Dieu. Et c’est sans doute encore l’impatience, avec ses multiples conséquences, qui tient les hommes dans cet état de séparation d’avec Dieu. On conçoit que la patience soit un bien précieux. Et parce qu’il est précieux, il s’acquiert difficilement. Comme une plante mûrit doucement son fruit, ainsi le chrétien doit mûrir spirituellement dans l’attente et dans l’épreuve. QU’EST-CE QUE LA PATIENCE? Dans nos versions de l’Ancien Testament l’idée de patience est généralement rendue par l’expression « 19 lent à la colère » (Jacques 1, 19) et notre expression “perdre patience” rejoint bien cette idée. La colère est une œuvre de la chair que l’apôtre Paul place dans la même catégorie que l’ivrognerie, les excès de table, l’impudicité et l’envie etc.… (Galates 5, 19-21) Elle est donc contraire à la volonté de Dieu. L’apôtre Jacques dit : « 19 Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère; 20 car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. » (Jacques 1, 1920) 1 L’apôtre Paul dit avec fermeté : « 8 Renoncez à toutes ces choses, à la colère,… » (Colossiens 3, 8) Au contraire, la patience est un des fruits de l’esprit. (Galates 5, 22). Le prophète Jérémie s’écrie : « 26 Il est bon d’attendre en silence le secours de l’Éternel. 27 Il est bon pour l’homme de porter le joug dans sa jeunesse. » (Jérémie 3, 26-27) Ceci nous montre que patienter c’est d’abord savoir attendre, et c’est aussi savoir souffrir. Ces deux notions apparaissent constamment dans les épîtres. SAVOIR ATTENDRE L’attente du chrétien est raisonnée et raisonnable; car il sait qui il attend. C’est pourquoi il est plein d’espérance. « 25 Or, si nous espérons ce que nous ne voyons pas, » dit l’apôtre Paul « 25 nous l’attendons avec persévérance. » (Romains 8, 25) Jacques rejoint la pensée de Paul lorsqu’il écrit : « 7 Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison. 8 Vous aussi, soyez patients, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche. » (Jacques 5, 78) L’apôtre Pierre, lui aussi, s’est adressé particulièrement à certains frères qui manifestaient de l’impatience et qui se laissaient gagner par le doute quant au retour du Sauveur. « 4 Où est la promesse de son avènement? » disaient-ils, « 4 Car, depuis que les Pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création! » (2 Pierre 3, 4-9) Ne sommes-nous pas coupables de la même réaction? Mais pour le Seigneur, le temps n’existe pas. Il n’est que pour les hommes. Pour Dieu, « 8 un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. » (II Pierre 3, 8; Psaume 90, 4) « 9 Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il sue de patience envers vous, ne voulant qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » (2 Pierre 3, 9) Cette attente du Christ, de ses promesses, de la vie future, enseigne au chrétien qu’il faut aussi… 2 SAVOIR SOUFFRIR La Parole dit que « 12 tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ, seront persécutés. » (II Timothée 3, 12) C’est un certain avertissement contre des événements inévitables, inhérents à une attitude bien définie. Il est peu probable que ces persécutions dont nous parle l’apôtre se traduisent aujourd’hui en lapidations, lynchages et autres manifestations aussi hostiles. (Quoique cela soit encore vrai dans certains pays.) Aujourd’hui, le chrétien doit surtout faire face aux moqueries, aux insultes, subit l’incompréhension cruelle de sa famille (s’il compromet l’héritage spirituel traditionnel). Ce sera peut-être aussi la tyrannie d’un patron. Mais sa vie sera patiemment soumise à la volonté de son Dieu. Et cela n’est pas du stoïcisme. Le stoïque ne connaît pas vraiment la patience; en fait, il n’en a guère besoin, car il l’a dépassé en quelque sorte. Il est indifférent et comme immunisé contre les influences extérieures; douleur ou plaisir. Mais le chrétien est un individu dont les sentiments sont au contraire, avivés, aigus et profonds. Il sait pleurer avec ceux qui pleurent, et se réjouir avec ceux qui se réjouissent… et c’est souvent avec des larmes de douleur dans les yeux ou le front baigné de sueurs d’angoisse, qu’il criera, en joignant convulsivement les mains : « 9 Père,…10 que ta volonté soit faite » (Matthieu 6, 9.10); comme le patriarche Job, qui, devant le malheur « 22 ne pécha point par les lèvres et n’attribua rien d’injuste à Dieu. » (Job 1, 21-22) Qu’on se souvienne de ses paroles sublimes de soumission devant les décisions parfois incompréhensibles de Dieu : « 21 L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté; que le nom de l’Éternel soit béni! » (Job 1, 21) La patience dans l’épreuve est intimement liée à la foi et à l’espérance. Paul dit aux Romains : « 18 J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous… 28 Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. » (Romains 8, 18-28) Dans son commentaire de l’épître aux Romains, M. Franz Leenhardt écrit : “La souffrance est plus qu’inévitable; ou plutôt, ce qui la rend inévitable relève si étroitement de l’essence même de la condition chrétienne, que cette souffrance est, en quelque sorte, un signe et comme une preuve d’authenticité de cette condition même. La souffrance et la gloire future sont inséparables, parce que le présent n’est qu’un état de transition en vue de l’avenir, le visible une anticipation de l’invisible; tout doit être référé à un autre monde, celui de l’Esprit, qui met tout en cause, qui met tout en crise.” 3 « 2 Mes frères, » écrit l’apôtre Jacques, « 2 regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, 3 sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. » (Jacques 1, 2-3) Nos épreuves sont variées. Elles varient avec nos années, selon les circonstances, notre tempérament. Elles constituent l’œuvre de perfectionnement de Dieu en nous. Elles sont un signe de notre appartenance à Dieu. (Lire Hébreux 12, 7-11) Tout chrétien doit comprendre cela. Et cette intelligence qu’il a de l’œuvre de Dieu en lui est la nourriture de sa patience. On a pu comparer Dieu à un sculpteur qui s’attaque à une masse de pierre sans forme définie. Son projet, son ambition, est de façonner dans cette pierre la forme harmonieuse d’un homme jeune et fort. Les premiers coups portés par le sculpteur seront douloureux pour le roc. Ce sont les premières épreuves, lourdes, presque insurmontables. Et les premiers éclats ainsi enlevés de la masse ne permettent même pas encore de découvrir l’intention du maître. Il frappe apparemment sans but; apparemment à tort et à travers! Cependant, petit à petit, une silhouette se dessine. Elle semble émerger du roc, tandis que les outils deviennent de plus en plus fins, et les coups de moins en moins lourds. On ne pense plus aux premiers coups de masse. Ils étaient nécessaires. On connaît maintenant les raisons du Maître. On admire sa sagesse. On apprécie à présent le résultat. On s’émerveille devant l’œuvre en voie d’achèvement. Laisserons-nous le créateur achever en nous ce qu’il a commencé? Par sa Parole vivante, capable de pénétrer en nous comme une épée qui fouille le tréfonds de nos âmes (Hébreux 4, 12) et par les différentes circonstances de notre vie, Dieu veut, Dieu peut nous forger à l’image de son Fils. Mais pour cela, il a besoin de notre soumission. Il a besoin de notre compréhension. Il a besoin de notre patience dans l’épreuve et de notre persévérance dans l’effort. L’auteur : M. RICHARD ANDREJEWSKI Copier en forme de Word par M. Denis Tarko 4 Éditions CEB 4806 Trousdale Dr. NASHVILLE, TENNESSEE 37220 ÉTATS-UNIS Imprimé aux États-Unis - ©Tous droits Réservés [email protected] Contacts : [email protected] ou [email protected] No. 086 5