Quel boulot - Valeurs vertes
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Quel boulot - Valeurs vertes
Livres Charbon Propre, Mythe ou Réalité Quel boulot ! M inistre de l’Environnement, quel boulot : entre les loups qui bouffent les moutons, les chasseurs qui cherchent à bouffer les ours, l’eau qui manque, les OGM qui électrisent José Bové et le nucléaire dont il est interdit de prononcer le nom sous peine d’avoir à la porte le goudron et les plumes et les excités qui vont avec ! Si on ajoute les déchets, les tempêtes les inondations, la peste aviaire et le choléra, la vache folle, les navires qui « emmazoutent » les plages, les camions et les voitures qui « thrombosent » les villes et ces égoïstes en 4x4, plus les anciennes collègues qui n’arrêtent pas de vous manger la laine sur le dos, il faut être un saint ou une sainte pour accepter ce ministère à risques. La preuve les ministres n’y font pas long feu et souvent gardent de ce séjour un souvenir aigre doux qu’ils exorcisent à travers un livre. Celui de Roselyne Bachelot, acidulé comme il convient, montre qu’entre les grandes déclarations la main sur le cœur et la réalité de l’exercice de terrain il y a une vraie fracture. Nul n’échappe à la pression de l’image, aux caméras qui en ont plein la vue du détail, de l’éphémère. Elle en a bavé la Roselyne malgré son doctorat en pharmacie, son engagement politique au Conseil régional des Pays de Loire en faveur souvent de l’environnement. Il faut lire son livre car il décrit bien le vieillissement de certaines de nos institutions, ses incohérences. Elle peut aussi se targuer de réussites comme la charte du développement durable. Elle ne pratique pas la langue de bois et on en apprend de belles sur le sérieux de certains. Son livre lui ressemble, chaleureux, sensible. Qu’elle se rassure tous les journalistes ne se moquaient pas. Bien au contraire pour une fois qu’il y avait quelqu’un de vivant, de sincère dans ce ministère à petit budget mais grande influence. Le combat est une fête, par Roselyne Bachelot Editions Robert Laffont, 20 € www.laffont.fr Comment gérer les déchets ? 87 pages pour mieux comprendre la gestion modernisée des déchets gérés par les collectivités locales. Marie-Jeanne Vernageau Bazin vient de publier aux éditions du CEDIS un ouvrage pratique qui permet de comprendre à la fois le cadre législatif, la responsabilité des communes et de leurs groupements. Elle explique les différents modes de financement : quelles recettes pour la collectivité, les dispositifs comme le Point Vert. Des tableaux efficaces permettent de balayer en un coup d’œil les enjeux. Il s’agit de comprendre et d’agir. Comment identifie-t-on les gisements locaux, comment peut-on réduire les déchets, quel plan de prévention mettre en place, quelle filière dédiée ? L’ouvrage consacre son troisième grand chapitre à l’anticipation pour une gestion écologique. A noter que de nombreuses fiches pratiques viennent éclairer le lecteur. Les élus trouveront là un petit outil pratique et fort efficace qui vaut tous les rapports pléthoriques qui s’amoncèlent depuis des années et qui ne nous apprennent rien. Gestion modernisée des déchets gérés par les collectivités locales Marie-Jeanne Vernageau Bazin - Edition : Les pratiques du CEDIS, 7€ www.cedis-formation.org Valeurs vertes N°83 40 L e retour du charbon est ce possible ? Il y a quelques années un grand monsieur de l’industrie, Pierre Delaporte, nous avait confié que le charbon était une énergie d’avenir. Nous qui avions des réminiscences à la Zola voilà qu’il nous racontait qu’on pouvait faire plus propre que propre avec ! Le rapport du groupe de travail mis en place par Christian Brodhag le délégué au Développement Durable sous la houlette d’Antoine Tristan Mocilnikar, l’un des auteurs et coordinateur du livre, vient confirmer les dires de notre ami Delaporte. C’est une bonne nouvelle pour la Chine, la Russie et les Etats-Unis et certains autres pays, car les réserves mondiales représentent 230 années de production au rythme actuel. Une énergie sûre, moins chère mais ce combustible fossile reste en matière de CO2 un pollueur invétéré. Comment le « blanchir » ? Le charbon pour une tonne équivalent pétrole « propulse » dans l’atmosphère 1,2 tonne de CO2, le pétrole : 0,8 et le gaz 0,6. Mais les grands opérateurs sont en mesure de construire des centrales au charbon sans aucune émission de SO2 ou de NO2. Alstom vient de remporter un contrat de 560 millions d’euros avec la compagnie Kansas City pour la conception de la chaudière d’une centrale à charbon avec des systèmes de contrôles de qualité de l’air. Même si la plupart des centrales dans le monde sont encore très loin de satisfaire les normes internationales, les opérateurs et les industriels commencent à s’intéresser en matière de recherche et de développement à cette énergie du 19ème siècle qui pourrait , grâce au captage géologique du CO2, ou de réinjection dans le réseau gazier redevenir une énergie d’avenir. En tous les cas le rapport est à lire car il a le mérite d’être bien écrit et de hiérarchiser les enjeux. Charbon propre mythe ou réalité Groupe de travail sur le charbon du délégué interministériel au développement durable. [email protected] L’Antimanuel de Médecine M ême si vous vous portez comme un charme, même si vous avez l’intention de mourir en bonne santé, si vous êtes médecin, infirmier, chef de service économiste, politique, philosophe, vous avez intérêt à découvrir cet ouvrage pour comprendre l’incompréhensible « Médicoland ». L’auteur, un professeur de médecine, pas n’importe lequel, chef de service à l’hôpital Cochin, Jean-Paul Escande a commis plusieurs pamphlets : « Les Médecins », « Lettres ouvertes aux technocrates qui prennent l’hôpital pour une usine ». Il a en plus de ses connaissances médicales d’agrégé de médecine un talent réel de vulgarisateur et un humour qui lui permet de tout dire. Dans les premiers chapitres, il reprend des témoignages de Molière en passant par Mondor, Alphonse Boudard (une merveille de compassion, une tranche de rigolade douce amère). Une façon de planter le décor. La phase 2 du « médico-tour » porte sur l’éthique et la production de biens et services médicaux : la science et les marchés. Phase 3 ça nous intéresse : « l’indemnisation des préjudices environnementaux ». Après une visite au jardin d’Eden de la recherche (à lire le passage sur l’exploitation idéologique de la biologie certains se reconnaîtront !), vous trouverez l’espoir de l’esprit de Stockholm et de Princeton : le fameux : « penser global agir local » de René Dubos. Parce qu’Escande est un optimiste désespéré, il conclut : ça ira mieux demain en posant la question : « l’hôpital du futur sera-t-il au service des usagers ? ». Il préconise : « Pour refonder l’hôpital sur des bases saines portons à un haut degré d’efficacité sociale, économique et humaniste, la médecine ambulatoire hospitalière ». Au final ce manuel anti se lit, se relit comme une mosaï- que d’idées, de témoignages, de dialogues, de documents avec comme fil conducteur l’idée qui le justifie : « Rien ne sera bâti de durable et d’utile, sans relier les approches des médecins, des industriels, des juristes, des chercheurs, dont on a vu dans cet antimanuel combien elles sont parfois éloignées les unes des autres et combien leurs positions considérées séparément font apparaître de profondes divergences ». Si nous nous obstinons : « à occulter les esprits intégrateurs, seuls capables de dominer la révolution en marche, l’argent jouera le rôle d’information suprême et d’intégrateur unique. Si c’est cela, la mondialisation, alors nous saurons bientôt ce que totalitarisme veut dire ». « Au nom de la médecine, oui à la vie » conclut-il. Dans ce livre il y a toutes les pistes à explorer et les réponses aux questions que notre société se pose. Elles passent par le champ de la politique, maintenant ou jamais. Jean-Paul Escande avec un style léger a écrit une œuvre importante, les générations futures plutôt que dans les blablas de certains trouveront là ce qu’il fallait faire. Si nous ne l’avons pas fait, il n’y aura plus grand monde sur terre pour nous le reprocher ! Antimanuel de médecine ou I.R.M du monde médical Editions Bréal, 384 pages, 19,50€ www.editions-breal.fr Du Rare à l’Infini D epuis 20 ans le rapport Cyclope analyse chaque année les marchés mondiaux des matières premières. Dans ses éditions récentes des chapitres consacrés aux matières premières secondaires sont venus apporter un nouvel éclairage et il est devenu évident qu’une révolution silencieuse mais réelle se produisait dans le domaine des matières premières. Le monde n’est plus infini, ses ressources non plus, et dans ce monde fini il faut envisager que les matières premières soient de plus en plus rares, de plus en plus sujettes à conflits. Mais où trouver les gisements du futur ? Dans nos déchets répondent depuis quelques années les spécialistes avertis. Aussi l’ouvrage « Du Rare à l’Infini » que viennent de publier Elizabeth Lacoste, ingénieur agronome et docteur en économie et Philippe Chalmin, professeur à Dauphine, fondateur et président de Cyclope, aux éditions Economica, présente un panorama mondial des déchets 2006 qui apporte une somme de connaissance dans ce domaine avec des informations validées de nombreux tableaux et infographies. C’est une mine de renseignements : de l’évaluation du gisement mondial aux réglementations complexes qui encadrent les secteurs. Autre chapitre important : l’étude des marchés régionaux et nationaux, en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie ou aux Etats-Unis et ceux de nombreux autres pays de l’OCDE. L’ouvrage écrit avec clarté, indique comment la valorisation et le recyclage s’orientent vers des marchés mondiaux. Ce qui fait écrire à Denis Gasquet, directeur général adjoint de Veolia dans sa préface : « Souhaitons qu’un plus grand nombre y voit une chance d’imaginer une production de déchets mieux maîtrisée mondialement et des flux mieux valorisés, ce qui conduirait enfin au cercle vertueux du déchet-ressource. » Du rare à l’infini Panorama mondial des déchets 2006 Elizabeth Lacoste, Philippe Chalmin Editions Economica, 234 pages, 28 € 41 Valeurs vertes N°83