La fureur de vivre et d`aimer

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La fureur de vivre et d`aimer
La fureur de vivre et d’aimer
“ Play loud “ au Festival de Liège et au National
Ils sont six, en pyjamas, étendus sur les étagères
d’une bibliothèque géante où l’on peut voir des
bouquins, des cassettes vidéos et une véritable
armada de peluches. Décor cocoon pour un spectacle en quête de l’amour perdu.
Amour d’une mère qui impose à son fils de se
faire passer pour un réparateur quand elle reçoit
ses amants puis qui vient chercher le réconfort de
l’adolescent quand ces derniers la laissent tomber. Amour d’un père qui ignore jusqu’à l’âge de
sa fille mais vient la supplier d’intervenir pour
convaincre sa mère de retourner vivre avec lui.
Amour d’un amant, d’une épouse, d’une copine,
d’un fiancé… Amour clamé à tue-tête et renvoyé
dans les cordes. Jalousie, possessivité, obsession,
incapacité de se détacher de celui qui n’aime
plus…
mande Anne Tismer et le très acrobatique danseur Franz Rogowski, sont devenus chanteurs et
musiciens. Et leur band possède une pèche que
bien des groupes établis pourraient leur envier. Il
faut voir Anne Tismer balancer un “ This is not a
love song “ furieux ou l’incroyable Lucie Debay
susurrer des petites mélodies rappelant le Velvet ou éructer un “ Eisbaer “ bien plus rugueux
que l’original. Sans oublier le formidable “ Exit
music for a film “ de Radiohead. Chaque moment
musical du spectacle est un petit bijou, y compris
les compositions originales et la séquence finale,
pure moment de furie rock où les six interprètes
manient la guitare électrique comme si leur vie
en dépendait dans un déluge de son à couper le
souffle
On ajoutera à cela plusieurs éléments importants.
D’abord, de fréquents passages par l’humour
(dont l’hilarante description de la vie dans une
petite ville belge de province). Ensuite, une scénographie subtile et signifiante de Katrin Hoffmann qui nous place d’emblée devant une sorte
d’étagère aux souvenirs de laquelle les interTous les thèmes traités dans “ Play Loud “ évo- prètes tentent de s’extraire pour nous rejoindre.
quent des choses connues, des expériences vé- Et enfin, un travail vidéo formidable d’Aliocha
cues. Normal, Falk Richter, personnalité pivot du Van der Avoort mêlant images de films cultes et
Festival de Liège avec pas moins de trois spec- paysages apaisants contrastant avec la fureur amtacles qu’il a écrit et/ou mis en scène, a créé ce- biante. Un spectacle à “ jouer fort “ pour crier sa
lui-ci sur le plateau, avec la complicité de ses six soif d’amour et de proximité avec les autres dans
interprètes. Chacun est allé puiser dans son passé, un monde où chacun se referme de plus en plus
ses films favoris, ses musiques préférées. Rich- sur lui-même.
ter a assemblé tout cela et en a fait un spectacle
qui, partant du théâtre, est devenu de plus en plus
Jean-Marie Wynants, 15 février 2011
proche d’un véritable concert rock.
Une douzaine de chansons ponctuent en effet
cette performance d’une heure et demie. Et si on
se dit que l’ensemble gagnerait à être encore resserré, on rêve que les parties musicales restent inchangées. Cornaqués par Greg Rémy de Ghinzu,
présent sur scène avec sa guitare et ses claviers,
les trois comédiens belges (Lucie Debay, Cédric
Eeckhout et Gaël Maleux), la performeuse alle-

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