Actionnariat salarié - le plan de bataille de Vinci

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Actionnariat salarié - le plan de bataille de Vinci
Actionnariat salarié : le plan de
bataille de Vinci
Communication interne bien huilée, offres régulières et
attractivité financière : pour convertir ses salariés à
l’actionnariat, le groupe de BTP s’est donné les moyens
de ses ambitions, comme le détaille son directeur
rémunération et avantages sociaux, Stéphane Perrin.
Chez Vinci, l’actionnariat salarié est un édifice aux fondations particulièrement solides.
En place depuis 1995, le dispositif touche aujourd’hui 110.000 salariés sur les 185.000
que compte le groupe. A eux seuls, ils se partagent 9,4 % du capital, ce qui en fait, en
proportion, le troisième acteur du CAC 40 en la matière. « Nous sommes désormais
dans un système mature, avec un périmètre croissant de salariés éligibles, notamment
à l’international, explique son directeur rémunération et avantages sociaux, Stéphane
Perrin. Ces cinq ou sept dernières années, les montants versés ont compensé les rachats, ce qui explique la relative stabilité de la part du capital détenu par les salariés. »
Un ratio que les instances dirigeantes de Vinci s’emploient, de surcroît, à maintenir à ce
niveau de flottaison. Objectif : ne pas effrayer les autres investisseurs qui pourraient
potentiellement s’inquiéter de voir les salariés monter plus avant au capital.
Pour s’assurer de l’adhésion la plus large possible à son projet, le groupe s’est doté d’un
mécanisme aux rouages fort bien huilés. Alors que la plupart des entreprises choisissent,
habituellement, de réaliser une opération d’envergure tous les trois ou quatre ans, Vinci
se fait fort de proposer une offre par an dans la totalité des pays où il officie et où la
législation le permet. En France, ce sont même trois fenêtres de tir qui sont proposées
chaque année aux salariés, avec un prix fixé à chaque fois pour trois mois. « C’est bien
dans cette récurrence et dans cette régularité que se trouve le caractère innovant de
notre plan d’épargne, se félicite Stéphane Perrin. Grâce à ce système, les salariés sont
moins exposés à la volatilité des conditions de marché, le prix de souscription des actions
nouvelles étant connu préalablement à la décision d’investissement. »
Au total, 320 millions d’euros ont ainsi été investis en 2015 par les salariés grâce aux
différentes opérations proposées.
D’importantes incitations financières
Mais si l’offre est visiblement au rendez-vous, qu’en est-il de la demande ? Avec un taux
de souscription moyen de 40 % pour un montant de 4.400 euros par collaborateur, Vinci
estime qu’elle est « très satisfaisante » et se targue même d’avoir un des taux « parmi
les plus élevés du marché ». Il faut dire que le groupe s’est donné les moyens de ses
ambitions : en offrant un abondement de 50 à 200 %, en fonction des pays, et pouvant
grimper jusqu’à 2.500 euros en France et plus de 5.000 à l’étranger, les opérations
deviennent particulièrement attractives pour les salariés. A cela s’ajoutent diverses
facilités de paiement proposées par l’entreprise afin d’encourager les souscriptions.
Le tout est sous-tendu par une stratégie de communication interne redoutable « mais
qui n’a rien d’agressive », tient à ajouter Stéphane Perrin. En plus des traditionnelles
brochures et autres affiches d’informations, Vinci mise sur le numérique, via son intranet
sur lequel sont diffusés des films de présentation des opérations, mais surtout sur la
communication de proximité.
Transformer le manager en ambassadeur
Outre les patrons de business units, l’ensemble de la chaîne de management, ainsi que
les partenaires sociaux, sont sensibilisés à la question lors de road shows organisés
directement par le siège. Le but ? Les transformer en ambassadeurs de l’actionnariat
salarié auprès des 160.000 collaborateurs éligibles. « Cela nous permet de toucher fortement des pays dont on pourrait préjuger, à première vue, qu’ils sont peu intéressés par
ce dispositif, souligne le directeur rémunération et avantages sociaux. Le Maroc, par
exemple, fait partie des zones où l’actionnariat salarié fonctionne le mieux avec des taux
de souscription qui dépassent régulièrement les 60 %. Et pourtant, les salariés avaient,
au départ, des connaissances sur le sujet et des capacités à épargner qui ne sont pas
celles que l’on peut avoir en France. »
Un dispositif d’autant plus important pour Vinci que le groupe a un fonctionnement très
décentralisé, avec quelque 3.500 entreprises réparties dans 100 pays à travers le monde,
et une palette de métiers extrêmement variée. « En plus du partage des fruits de la
performance de l’action Vinci, l’actionnariat salarié renforce la cohésion des équipes en
contribuant à diffuser une culture commune au sein du groupe, précise Stéphane Perrin.
Prenez le salarié chilien qui travaille pour une filiale de Vinci qui n’a pas du tout le même
nom que la société mère. Comment renforcer son sentiment d’appartenance au groupe
et s’assurer qu’il comprend sa stratégie et en partage bien la culture et les valeurs ?
Le fait qu’il en devienne actionnaire le pousse à s’y intéresser et répond à ce besoin
d’identification qu’ont la plupart des collaborateurs. » En complément du retour financier
qui reste, bien évidemment, essentiel.
Source : Les Echos