Clinton a fait un énorme doigt d`honneur à l`aile

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Clinton a fait un énorme doigt d`honneur à l`aile
« Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti »
Extrait du 7 Lames la Mer
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USA
« Clinton a fait un énorme
doigt d'honneur à l'aile
progressiste du parti »
- Le monde -
Date de mise en ligne : dimanche 24 juillet 2016
Description :
Tenant pour rien la percée de Bernie Sanders, Hillary Clinton a choisi pour colistier l'un des plus droitiers des démocrates. Effrayée par l'épouvantail Trump, la
gauche démocrate suit.
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« Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti »
Tenant pour rien la percée de Bernie Sanders, Hillary Clinton a choisi pour colistier l'un des
plus droitiers des démocrates. Effrayée par l'épouvantail Trump, la gauche démocrate suit.
« Night of Chaos », « Disastrous day One » : le commentaire est presque unanime lorsqu'il s'agit de décrire le
tumulte de la Convention républicaine de Cleveland, marquée par la défection de Ted Cruz, principal adversaire de
Donald Trump lors de la course aux primaires, poids lourd du parti Républicain et porte-parole de son aile la plus
religieuse.
Constamment ciblé par Donald Trump, qui, entre autres gentillesses, laisse entendre que le père de son rival, un
réfugié cubain, fut « impliqué dans l'assassinat de Kennedy », Cruz a subi une nouvelle humiliation en pleine
Convention.
Face à des délégués déjà échaudés scandant « endorse Trump » et « vote for Trump », l'ex-candidat favori des
médias républicains n'a décidément pas appelé à voter pour le vainqueur des primaires. « Votez en conscience », a
déclaré le sénateur du Texas, face à un parterre de plus en plus hostile et rejoint, camouflet supplémentaire, par un
Donald Trump goguenard qui a immédiatement attiré les caméras et les regards.
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C'est sous les insultes (« traître ») que Ted Cruz dut quitter l'estrade pour rejoindre son épouse Heidi, elle-même
entourée de militants scandant « Goldman Sachs » — nom de l'ancien employeur de Mme Cruz, honni de l'«
antisystème » Trump.
En retrait, Chris Christie, autre candidat à l'investiture copieusement injurié par Trump au cours des primaires («
gamin », « catastrophe économique », « trimballeur de casseroles », « il a la tête d'un mec qui vote pour Obama »,
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etc), mais néanmoins rallié au panache hirsute du milliardaire, se prenait le visage entre les mains, comme pour
retenir le geste, achilléen, de s'arracher les cheveux.
L'ambiance risque de ne pas être au beau fixe lors de la convention démocrate de Philadelphie qui débute ce 25
juillet 2016. En terme d'annonce, Hillary Clinton peut d'ores et déjà compter sur le soutien de Bernie Sanders, son
rival, « socialiste » déclaré, arrivé second aux primaires et celui d'Elizabeth Warren, figure populaire de l'aile
progressiste et inspiratrice d'« Occupy Wall Street ».
Source : occupy.com
Mais après avoir obtenu le ralliement de ces leaders d'une gauche démocrate en plein réveil depuis la crise de
2007-2008, et après avoir, un temps, laissé espérer la nomination de l'un d'entre eux au poste de vice-président, la
vainqueure des primaires a provoqué la fureur des progressistes en choisissant le très droitier Tim Kaine pour
composer son ticket.
Un coup de barre à droite inspiré, peut-être, par le spectacle de la division dans le camp républicain : sans doute
Mme Clinton se sent-elle désormais les coudées franches pour écarter son aile radicale.
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« Nuit terrible »
La Convention démocrate sera-t-elle un autre moment de chaos ? « Des dizaines de milliers de manifestants
convergent vers Philadelphie », rapporte le magazine « The Hill » dans son édition du 24 juillet. Il s'agit, pour la
plupart, de supporters de Sanders. À leurs yeux, Hillary peut encore adjoindre « Bernie » à son « ticket ».
La lutte pour la vice-présidence a dans le passé valu au parti démocrate une « nuit terrible » — et déterminante
pour l'avenir de la gauche américaine.
En juillet 1944, à Chicago, après trois tours marqués par des irrégularités, une fraude massive et la corruption de
plusieurs délégués-clef, le vice-président sortant Henry Wallace, « l'homme aux 60 millions d'emplois » que Galbraith
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considérait comme « la seconde figure du New-Deal après Rosevelt » est privé de sa victoire.
Henry Wallace et Franklin Delano Roosevelt
Soutenu par les grands syndicats américains, crédité de 65 % d'intentions de vote au sein de l'électorat
démocrate et vainqueur des deux premiers rounds de la convention, il n'obtient pas, face aux fraudeurs, le soutien
qu'il attendait de Roosevelt ; nominé pour un quatrième terme, c'est pourtant ce dernier qui avait demandé au
populaire Wallace de rempiler dans la « same old team ».
Mais le vieil homme est malade ; alité, il est pressé par les conservateurs du parti de modifier son « ticket ».
Peut-être inquiet de la radicalité de son second, qui n'hésite pas à citer la Révolution d'Octobre dans le prolongement
des révolutions américaine et française, le vieil homme cède aux puissances de la banque et de l'industrie.
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« Pour que le Nègre se tienne à carreau »
Au sein du camp démocrate, celles-ci sont représentées par le pétrolier Pauley, trésorier du parti, et par Jimmy
Byrnes, un ségrégationniste pour qui « le lynchage n'est que la conséquence, directe ou indirecte, des viols », et est
nécessaire « pour que le Nègre se tienne à carreau en Amérique ».
L'archi-favori Wallace avait aussi beaucoup déplu à Winston Churchill : les deux hommes avaient eu un échange
tendu au sujet de la « supériorité naturelle et historique des Anglo-saxons et de leur civilisation » chère au premier
ministre britannique, à laquelle Wallace opposait un agenda de « décolonisation intégrale »...
Un différend qui se décline dans l'opposition contemporaine entre les tenants du militarisme démocrate, peint aux
couleurs de la « destinée manifeste », et le pacifisme universaliste de la gauche américaine.
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Hillary Clinton et Tim Kaine
Celui-ci est d'ailleurs bien différent du traditionnel isolationnisme nationaliste des Républicains qui, de Robert
Taft à Donald Trump, craint avant tout que l'implication des États-Unis dans les affaires du monde ne renforce le «
Big Government » fédéral.
Partisans de la guerre froide et d'un coup d'arrêt au « New Deal » s'étaient donc entendus pour faire nommer un
parfait inconnu, Harry Truman, au poste de vice-président.
Une série d'échecs dans le petit business
Truman avait dans sa jeunesse tenté de prendre sa carte au Ku-Klux-Klan — il avait été blackboulé du fait de
ses sympathies « papistes » — et avait débuté en politique à 50 ans, après une série d'échecs dans le petit
business.
Son parrain, le baron démocrate Tom Pendergast, assurait l'avoir choisi dans le but de « démontrer qu'avec une
machine bien huilée, on pouvait envoyer le dernier des garçons de bureau au Sénat ». Inexpérimenté, il ne s'était
entretenu qu'une seule fois avec Roosevelt avant sa mort. Président, il tomba immédiatement sous la coupe de
Byrnes et des businessmen démocrates.
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Harry S. Truman
Rien n'illustre mieux les logiques autodestructrices du capitalisme que l'ascension de Truman, homme d'affaire
raté, au rang de promoteur du « siècle américain », aux dépens de Wallace, businessman de génie dont la firme fut
vendue plus de 8 milliards de dollars à Dupont de Nemours à la fin des années 1990, qui rêvait d'inaugurer « le
siècle de l'homme de la rue ».
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« Mentalité de loser »
Tim Kaine, avocat passé par Harvard, fervent catholique — il fut missionnaire au Honduras auprès des Jésuites
— et pro-life, n'a, lui, rien d'un débutant en politique. Élu maire de Richmond, (l'ancienne capitale de la
Confédération) en 1998, puis Gouverneur de l'Etat de Virginie de 2006 à 2010, il siège au Sénat depuis 2012.
« Passionné par le libre-échange » — ce sont ses propres termes —, il considère que le protectionnisme
procède d'une « mentalité de loser ». Il est, au sein du Parti démocrate, l'un des plus fervents partisans des Accords
de Partenariat Transpacifique... Une convention que la candidate Clinton a formellement condamnée sous la
pression de son aile gauche, sans pour autant convaincre cette dernière.
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Bernie Sanders et Hillary Clinton. (Source : Donkey Hotey for Flickr)
« La nomination de Kaine (...) serait un gigantesque doigt d'honneur aux 13 millions d'Américains qui ont voté pour
Bernie Sanders », avertissait Norman Solomon, directeur du réseau des délégués de Bernie Sanders dès avant
l'officialisation du « ticket » dans les colonnes de « Common Dreams ».
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L'épouvantail Trump
En live sur DNC ce 24 juillet, Sanders refusait de son côté de qualifier Kaine de « progressiste » et réaffirmait sa
préférence pour un tandem Clinton-Warren. Néanmoins, alors que son équipe annonce qu'une série de «
manifestations non-violentes » seront organisées lors de la Convention, le Sénateur du Vermont s'est abstenu de
jeter de l'huile sur le feu. Le premier objectif demeure, selon lui, de battre le candidat républicain.
« Quand vous avez en face de vous un mec qui veut devenir Président des États-unis et qui est contre la science,
alors il faut faire quelque chose ».
À l'heure où s'ouvre la convention démocrate, l'épouvantail Trump reste le meilleur allié d'Hillary Clinton...
Geoffroy Géraud Legros
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