Polyarthrite rhumatoïde (PR)
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Polyarthrite rhumatoïde (PR)
POLYARTHRITE RHUMATOÏDE (PR): CE QU’IL FAUT SAVOIR EN MÉDECINE GÉNÉRALE H. DINTINGER Cabinet de rhumatologie Paixhans/ Attaché service de médecine interne et rhumatologie hôpital Legouest METZ Un message essentiel: Diagnostiquer tôt pour traiter tôt Ne plus jamais voir ça ! Généralités (1) Rhumatisme inflammatoire le plus fréquent (0.5-1 %) Cause inconnue, multi-factorielle Le plus sévère: atteinte fonctionnelle, surmortalité Prédominance féminine (2.5/1) Sujet jeune: 35-55 ans, formes juvéniles Atteinte distale, symétrique, destructrice, polyarticulaire HLA DRB1*0401, 0404, 0101 Facteurs rhumatoïdes (80 %), Ac anti-CCP peptides cycliques citrullinés (ACPA) (très spécifiques) Généralités (2) ALD (prise en charge à 100 %) 200.000 cas en France; 4500 nouveaux cas / an Réduction de durée de vie de 5 à 10 ans Si vascularite, mortalité superposable à celle du cancer du côlon Coût socio-économique considérable car sujets jeunes Retentissement professionnel, familial Présentation clinique (1) Deux grands tableaux Précoce Diagnostic puis traitement Tardif Traitement Présentation clinique (2): signes précoces Raideur matinale Douleurs nocturnes Syndrome du canal carpien Relative symétrie Caractère permanent Ténosynovite des fléchisseurs Polyarthrite rhumatoïde: signes destructeurs et synovites MAINS - Déviation cubitale - Doigts en boutonnière - Doigts en col de cygne perte capacité de préhension Polyarthrite rhumatoïde: évolution radiologique Deux grands tableaux Précoce Tardif Signes extra-articulaires Syndrome de Raynaud Syndrome de Gougerot-Sjogren Atteinte pulmonaire Vascularite Neuropathie Nodules rhumatoïdes Facteurs de mauvais pronostic Sexe féminin Nodules rhumatoïdes Vascularite, atteinte pulmonaire Erosions Syndrome inflammatoire élevé Double DR4 Taux élevé d’anti-CCP (ACPA) et de FR Tabagisme PR: facteur de risque cardio-vasculaire (CV) indépendant Composante inflammatoire favorise la formation de l’athérome Hollande: PR: Risque CV= risque du diabétique Plus de risque de dysfonction diastolique et d’hypertension artérielle pulmonaire Patients ayant fait 1 IDM: risque de mortalité plus important si PR associée Rôle néfaste de la corticothérapie, mais protecteur du méthotrexate et des biothérapies Critères de l’ ACR 1988 : 4 critères sur 7 1. Raideur articulaire : matinale >1 heure 2. Arthrite de 3 groupes articulaires 3. Arthrite des articulations de la main (poignet , IPP et MCP) 4. Arthrite symétrique 5. Nodules rhumatoïdes 6. Facteur Rhumatoïde sérique 7. Modifications radiologiques typiques Recommandations HAS 2007 : Diagnostic de la PR récente Le diagnostic clinique positif de PR est évoqué s’il existe plusieurs des signes cliniques suivants : • Raideur matinale > 30 minutes • Durée d’évolution des symptômes > 6 semaines • Arthrite d’au moins 3 articulations touchant les poignets ou les métacarpophalangiennes et les interphalangiennes proximales des mains • Douleur à la pression des métatarso-phalangiennes • Atteinte symétrique Prescrire dès la 1ère consultation par le médecin spécialisé ou non en rhumatologie Bilan d’imagerie pour rechercher érosion ou pincement articulaire Radiographies des mains et poignets de face, des pieds de face et de 3/4 en grandeur normale (1/1) Bilan biologique • Facteur rhumatoïde1 IgM • Anticorps anti-CCP2 • VS Diagnostic différentiel : explorations minimales • Créatininémie • Bandelette • Hémogramme antinucléaires • Anticorps urinaire Avis spécialisé 1FR par technique ELISA ou néphélométrique – 2Anticorps antiprotéines/peptides citrullinés Bilan paraclinique minimal dans le cadre d’une polyarthrite débutante NFS VS CRP TGO TGP Clairance de la créatinine Sérologies VHB, VHC FR, ACPA, anti-nucléaires (ACAN) Radiographie thoracique, mains et pieds face et 3/4 Le DAS 28 (Disease Activity Score) Indice composite à 4 variables : Activité importante Nombre d'articulations douloureuses 5,1 Nombre de synovites Appréciation de l'état général de santé ou de l'activité de la maladie par le patient sur EVA (échelle visuelle analogique) Vitesse de sédimentation Activité modérée 3,2 2,6 0 Activité faible Rémission Normal vs pathologique L’échographie en gros ça sert à quoi ? Détection précoce des érosions (Us>Rx) Mise en évidence d’une polysynovite Activité des synovites (Rôle du Doppler puissance) Evaluer l’agressivité de la maladie et optimiser le « tight control ». DAS Echo ? Echo vs IRM: coût, résolution spatiale mais pas d’oedème osseux Traitements de la PR (1) Les moyens: Traitements non médicamenteux (kiné, orthèses, chirurgie) Traitements médicamenteux symptomatiques Traitements locaux (infiltrations et synoviothèses) Traitements de fond Prise en charge psychologique et socioprofessionnelle Le but: la rémission (DAS< 2.6 ou activité faible DAS< 3.2) Traitements symptomatiques Antalgiques (palier 1 à 3) AINS peu efficaces (Privilégier ½ vie longue) Corticothérapie: OUI MAIS ! Pas une solution de long terme Posologie minimale efficace 0.1 à 0.15mg/ kg Max 20mg/j en cas de crise Mesures adjuvantes (sauf IPP) Traitements de fond Traitements conventionnels: Avec efficacité structurale: méthotrexate, leflunomide et salazopyrine Sans efficacité structurale prouvée: sels d’or, anti-paludéens de synthèse, dérivés thiolés et cyclosporine Traitements biologiques: Anti-IL 1: Kineret Anti-TNFα: Remicade, Enbrel, Humira, Cimzia Anti-IL6: Ro-Actemra Anti-lymphocytaires: Mabthera (B), Orencia (T) Traitement de référence: méthotrexate Meilleur taux de maintenance thérapeutique à 5 ans ! Molécule en perpétuelle évolution: de Novatrex® à Imeth® en passant par Metoject® Antimétabolite, bloque la dihydrofolase reductase Indications hors PR: Psoriasis cutané et rhumatisme psoriasique Maladie de Crohn, spondylarthrite périphérique Maladie de Still Chimiothérapie (leucémie lymphoblastique aiguë) Modalités de prescription et surveillance Débuter par la voie orale: 10mg/sem avec 1 cp d’acide folique/sem 2j après la prise du MTX Radiographie thoracique, NFS, transaminases et clairance de la créatinine Surveillance: biologie 1/sem pdt 1 mois puis 1/15j pdt 2 mois puis 1 fois/mois Si dyspnée: EFR avec mesure de la ductance du CO et imagerie thoracique Contraception obligatoire Si conception: laisser passer 1 cycle ovulatoire chez la femme et 3 mois chez l’homme PR débutante : stratégie thérapeutique initiale (HAS 2007) Avis spécialisé en rhumatologie nécessaire pour le diagnostic et l’instauration du traitement de fond Si radios normales Recherche d’érosions par échographie ou par IRM Information médecin traitant Si doute sur la présence d’une synovite à l’examen Instauration d’un traitement de fond Objectifs du traitement de fond Echographie Doppler Information du patient et obtention de son adhésion au traitement •Contrôle de l’activité, rémission ou à défaut un faible niveau d’activité •Prévention du handicap fonctionnel Suivi conjoint du patient avec •Limitation des conséquences les professionnels de santé psychosociales •Amélioration de la qualité de la Suivi vie de la PR en phase initiale •Evaluation mensuelle jusqu’à rémission, contrôle, •Surveillance de la tolérance des traitements de fond, puis des corticoïdes et des AINS éventuellement prescrits tous les 3 mois de : NAD, NAG, intensité douleur, selon EVA globale activité par le patient, raideur les RCP (hématologique, hépatique, digestive, voire matinale, VS, CRP cardio-vasculaire, rénale) •Calcul du score de DAS 28 •Surveillance radiologique (cf. Bilan initial) tous les 6 mois •Réponse au traitement de fond instauré selon le la 1ère année score du DAS 28 •Recherche des manifestations extra-articulaires PR débutante : stratégie thérapeutique initiale (HAS 2007) Débuter le traitement de fond le plus précocement possible PR active sévère d’emblée PR active sans signe de sévérité Méthotrexate per os en première intention Signes de sévérité : • •En l’absence de contre-indication •Augmentation de dose : toutes les 4 à 8 semaines • •Dose initiale : 10 mg/semaine à en cas d’insuffisance de réponse thérapeutique • mesurée par le DAS 28 adapter au patient • Dose maximale : 25 mg/semaine •Associé aux folates Léflunomide 20 mg par jour (pas de dose de Si contre- Si intolérance indications ou insuffisance de réponseMéthotrexate charge) HAQ > 0,5 ou lésions structurales à l’imagerie ou manifestations systémiques (autres que ténosynovites) Association de traitements de fond forme parentérale Par exemple : Par exemple : (IM, SC) Infliximab ou MTX ou Sulfasalazine étanercept ou + sulfasalazine adalimumab + hydroxychloroquine + MTX + gestes locaux (infiltrations) + corticoïdes 1g par jour puis augmenter par paliers hebdomadaires jusqu’à 2 à 3 g/jour ! Prescription de corticoïdes Toujours en association à un traitement de fond après diagnostic confirmé, l’indication et la durée sont du ressort de l’avis spécialisé, éventuellement, dans l’attente de l’effet des traitements de fond Dose minimale efficace : ne pas dépasser 10 mg/jour ou 0,15 mg/kg/jour de prednisone per os ou équivalent En cas d’échec d’un ou plusieurs anti-TNF ? Résistance primaire: Biothérapie de 2ème ligne Echappement: 2ème anti-TNF ou 2ème ligne Echappement à un 2ème anti-TNF: 2ème ligne CONCLUSION Dépistage précoce Savoir éliminer ce qui n’est pas une PR Avis spécialisé rapide (échographie) Ne pas « noyer » le patient de corticoïdes par voie orale Informer qu’il n’existe pas de traitement qui permette la guérison mais qu’il existe un arsenal thérapeutique vaste et adapté