Laura Györik Costas et ses passions Philippe Macasdar, homme de
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Laura Györik Costas et ses passions Philippe Macasdar, homme de
Philippe Macasdar, homme de théâtre, homme engagé Philippe Macasdar, bouillonnant directeur du Théâtre Saint-Gervais. « Ni photocopie servile, ni pensum, ni divertissement dégradé, le théâtre avance sans filet, met en jeu la réalité et la montre comme transformable. » Qui l’a dit ? Philippe Macasdar, homme de théâtre et homme engagé dans une société qu’il voudrait bien voir évoluer. Deux facettes, deux passions que ce Français d’origine – il est né en 1959 à Aix-en-Provence – conjugue avec talent, notamment au Théâtre Saint-Gervais qu’il dirige depuis 1995. Metteur en scène, acteur à l’occasion, voir même réalisateur – il a deux films documentaires à son actif – le bouillonnant directeur a fait ses armes au contact de grandes personnalités du monde du théâtre: Benno Besson dont il a été l’assistant à la mise en scène de 1985 à 1989, Claude Stratz auprès duquel il a joué le rôle de conseiller artistique de 1990 à 1995 ou encore Jean-Louis Hourdin, aujourd’hui régulièrement invité de la programmation de Saint-Gervais. « Les relations entre l’art, le plaisir et la connaissance demeurent une équation vibrante, une vocation inquiète et un projet mouvementé. » Ecrite en préambule du programme de la saison 2005-2006 de son institution, cette phrase reflète la pensée d’un homme qui n’a de cesse de mettre en relation les gens, de les faire dialoguer et réfléchir, de faciliter la compréhension de l’autre. Des thématiques cruciales C’est donc logiquement que l’on a pu retrouver le théâtre de la rue du Temple engagé dans la mobilisation en faveur de la venue d’Armand Gatti en 1999 ou dans des manifestations comme « Saisons indiennes » en 2005. Et c’est tout aussi logiquement que ses propositions mettent régulièrement en avant des thématiques cruciales comme le racisme, le conflit Israélo-Palestinien ou, par exemple, la situation algérienne. Infatigable donc Philippe Macasdar qui, année après année, vise une programmation qui « cherche à rendre compte de la société suisse, de son histoire comme de son présent, sous un angle tout à la fois politique et social, subjectif et critique ». Pour le plus grand bonheur d’un public pouvant, grâce à sa politique de prix, profiter d’une saison de plus de quatorze spectacle pour 130 francs, ou d’entrées à 12 francs après l’achat d’une « carte du spectateur » annuelle à 20 francs. Laura Györik Costas et ses passions Laura Györik Costas aime placer les artistes dans des postures improbables. P O De père hongrois et de mère espagnole, elle est née à Bâle mais a grandi à Locarno. Depuis toujours, Laura Györik Costas jongle avec les langues, les cultures et les projets. Lorsqu’elle entame ses études en histoire de l’art à Lausanne, la jeune polyglotte se promet de rester en contact avec les créateurs. Les bibliothèques, très peu pour elle. Elle aime la création contemporaine, les échanges, les rencontres. Dans cette optique, en 1994, elle ouvre avec cinq historiennes de l’art le Niu d’art, un espace d’art contemporain indépendant. Malgré l’enthousiasme de l’équipe et le succès grandissant auprès du public, l’espace ne la fait pas vivre. Elle continue alors à sillonner la Suisse, court du Festival de Locarno à Vision du réel à Nyon ou à La Bâtie – Festival de Genève. R T non des artistes Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger pour Les Envahisseurs au Conservatoire et Jardin botaniques en 2004, c’est encore elle. Toujours en 2004, on la retrouve également à Forum Meyrin, successivement pour les expositions Dürrenmatt dessine son théâtre et Particules accélérées. Aujourd’hui, elle met la dernière main à la mise en place de La Terrasse du troc, un projet d’art relationnel, botanique et urbain, qui s’est construit avec les habitants et qui prendra ses quartiers à Saint-Jean dès le 8 juin. Et concrétisera ainsi, d’une manière toujours différente et toujours renouvelée, son envie de placer des artistes dans des postures improbables, de les voir plonger dans une réalité qu’ils vont se réapproprier. De les voir interpeller le monde à leur manière. En 1997 pourtant, quand Pipilotti Rist la contacte pour rejoindre la «cuisine» d’Expo 01, après bien des hésitations, elle quitte tout et s’investit complètement dans cette folle aventure. Elle laisse les trois festivals et, surtout, sa galerie qui commençait pourtant à trouver sa place dans le paysage lausannois. En 2001, son bébé dans les bras, elle donne sa démission écœurée par la tournure que prennent les événements. «Ce fut dur de se relever après cela», commente-t-elle. Nouvelles aventures Femme énergique, de celles qui, portées par une passion, bouillonnent d’idées, elle se relance, dès 2002, dans de nouvelles aventures. Mais, cette fois, en indépendante et à Genève. « Embarquement Salève » pour l’édition 2002 de La Bâtie, c’est elle ; le volet artistique de la Nuit de la Science 2003, c’est elle ; le caba- R A I T N° 16 VIVRE À GENÈVE S 11