PAMPHLET POLITIQUE ET QUOTIDIEN

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PAMPHLET POLITIQUE ET QUOTIDIEN
1re
Spécimen. — 1 0 Centimes.
Jeudi 2 1 Août 1 8 4 8 .
PAMPHLET POLITIQUE
Année.
N°1.
ET QUOTIDIEN
Oeil pour œil. dent pour dent,
ADMINISTRATION
Un a n .
ABONNEMENTS
ET
3 mois.
6 mois.
PARIS. .
20
10
5
DÉPARTEMENS.
32
16
9
REDACTION?
Bureaux
l'ennemi
est
Hier, 21 août, les rédacteurs et administrateur du
Lampion, en l'absence des gérant et rédacteur en chef,
en prison ou en fuite, ont reçu, en ce qui concerne ce
journal, signification et copie d'un arrêté du pouvoir exécutif, dont voici les dispositions principales :
le
vente:
rue
Favart,
de
pouvoirs
rancunes
publics
et
colères
émanés
de
la
privées,
la Vraie
République,
: M.
ALPHONSE
DR CALONNE
par les doctri-
MAGNE
tout cela résulte e x p l i c i t e m e n t des interpellations a d r e s s é e s au
pouvoir exécutif par le citoyen V i c t o r H u g o , et de
la
réponse
du
m ê m e de ce pouvoir ; qu'en effet, le c i t o y e n V i c t o r H u g o dit :
ressort
«Que l'état de siège était u n e situation légale et définie, et qu'il
conseil
était impossible de c o n c é d e r à l'exécutif la dictature indéfinie
qu'en effet dans ce conseil il y avait n o t a m -
lorsque l ' A s s e m b l é e nationale n'avait prétendu lui d o n n e r que
m e n t l e s c i t o y e n s Marie, Jules Bastide et Achille de Vaulabelle,
l'état de siège ; que si l'exécutif désirait être investi d'une a u t o -
auxquels le Lampion
a mainte fois reproché : au premier d'avoir
rité dictatoriale, il n'avait qu'à le dire, et, que l ' A s s e m b l é e d é c i -
les principes de l'opposition et d'être ainsi
derait ;» quelle citoyen Olivier ( D é m o s t h è n e s , avait corroboré c e s
clairement
du passage de
des ministres
entendu;
ce décret,
où il est dit : le
avec tous s e s c o m p l i c e s m e n t e u r on r e n e g a t ; au
le
qu'il
faisant
peuple à v e n g e r leurs injures p e r s o n n e l l e s ; que cela
» Le président du conseil chargé du pouvoir e x é c u t i f :
le Lampion,
CHEF
ADMINISTRATEUR ; M.
souveraineté
déserté au pouvoir
du Peuple,
1
plus déclaré, le décret montre r é e l l e m e n t
l'instrument
servir les
de
« L e conseil des ministres e n t e n d u ,
Père Duchêne,
EN
RUE DE LA CHAUSSËE-D'ANTIN, 24
ARRÊTÉ DU POUVOIR EXÉCUTIF
» Considérant que les journaux le Représentant
REDACTEUR
(LA CIBLE.)
deuxième,
de
n'être aux affaires étrangères que pour y continuer les traditions
de la paix, c ' e s t - à - d i r e
de la h o n t e à tout prix ; et au troil'institution,
Qui donc aurait d o n n é
celte dictature?» qu'alors le chef du pouvoir e x é c u t i f , e n répondant : «je n'ai pas b e s o i n de tant de pouvoir, j'en ai assez,» avait
f o r m e l l e m e n t déclaré qu'il n'avait e n t e n d u
recevoir et e x e r c e r
n e s qu'ils p r o f e s s e n t contre l'Etat, la famille et la propriété, par
s i è m e , d'avoir tacitement proclamé 1 ''athéisme
l e s excitations v i o l e n t e s qu'ils f o m e n t e n t contre la société,
c o m m e corollaire de l ' a t h é ï s m e de la loi, an ne prononçant pas une
que les pouvoirs: de l'état de siège ; — que c e l l e déclaration avait
les
de
paroles de son collègue, en s'écriant
s e u l e fois les mots de Dieu et de religion, dans lin discours pro-
été r e n o u v e l é e et fortifiée par lui, quand ayant e n t e n d u le m ê m e
l'armée, les gardes nationaux c l m ê m e contre les p e r s o n n e s pri-
n o n c é devant des h o m m e s qui avaient chargé d'âmes et d'intel-
citoyen Victor. H u g o parler de l ' i m m e n s e autorité dont lui, exé-
v é e s , sont de nature, s'ils étaient tolérés davantage, à faire re-
l i g e n c e s ; que tous c e s reproches ou r e m o n t r a n c e s rentrent dans
cutif, était i n v e s t i ,
naître au sein de la cité l'agitation, le désordre et la guerre ;
l e s droits de critique et d'examen toujours réservé contre l e s ac-
criant : Mais, non !
pouvoirs publics é m a n é s de la souveraineté du peuple,
contre
» Considérant que ces publications, r é p a n d u e s à profusion et
t e s et la p e r s o n n e des m i n i s t r e s , par toutes les lois m o r t e s ou
s o u v e n t gratuitement dans les rues, sur l e s places, dans les ate-
r e s s u s c i t é e s , préventives ou répressives é d i c t é e s sur ou contre la
liers et dans l'armée, sont des i n s t r u m e n s de guerre civile et non
liberté de la presse ; que prétendre déclarer ou s'assurer en temps
d e s i n s t r u m e n s de l i b e r t é ;
de République l'inviolabilité m i n i s t é r i e l l e qui n'existait pas e n
» A s u s p e n d u , à dater de ce jour, les journaux s u s - é n o n c é s :
l e Représentant
Vraie
du Peuple
, le Père Duchêne,
le Lampion
et la
temps de m o n a r c h i e , ce serait faire regretter la monarchie ; et
quand il n'y a plus de roi, ressusciter à l'usage de l'exécutif
l'ar-
ticle c o n n u du titre... de la l o i . . . du code des g e n s de cour :
République.
PROTESTATION
ET
DECLARATION
d u 21 août, p r é s e n t mois ;
le
a été tour à tour supprimé, rendu à la publicité et sus-
pendu;
V u le décret de l'Assemblée nationale en date du 24 juin, qui
p o r t e article 2 : Paris
les pouvoirs
exécutifs
est mis en état
sont
délégués
de siège,
au général
et article 3 ,
Cavaignac
tous
;
V u le décret du 24 d é c e m b r e 1811, qui définit et limite l'état
d e siège ;
V u les lois n o u v e l l e s
r e n d u e s par l ' A s s e m b l é e
nationale,
en
m a t i è r e de p r e s s e , pour en régler l e s libertés et réprimer l e s d é lits et c o n t r a v e n t i o n s ;
V u les interpellations
nationale,
a pu trouver u n e e x c u s e pour son illégalité, dans l'ab-
s e n c e ou suppression de toute loi sur la p r e s s e , et dans la gravité des circonstances et l'urgence du salut salut public, compromis par la révolte en armes, m a î t r e s s e d'un tiers de Paris;
il n'en est pas de m ê m e pour le décret du 21 août, présent m o i s ;
Paris n'est en proie à a u c u n e des é p o u v a n t e s et des horreurs d e
qu'entre jadis et aujourd'hui il n'y a point de différence... et que
la guerre civile ;
Considérant que pour justifier le décret du 21 août, m e t t r e l e s
romain
faits qui pourraient s'accomplir, les peurs dont le pouvoir peut s e
fus-
cution et de terreurs s o u l e v é e s par cette e x é c u t i o n m ê m e , ce se-
s e n t - e l l e s f o n d é e s , aussi vrai qu'elles n e le sont pas, il y avait
rait changer le texte et l'esprit des lois qui r é g i s s e n t aujourd'hui
pour les apprécier, l e s poursuivre et les punir
au b e s o i n , des
la presse, dont le caractère est répressif, et non préventif; ce serait
lois s p é c i a l e m e n t faites pour les contraventions, délits et c r i -
mettre toutes les libertés à la merci, non plus de la p e n s é e politique
m e s de cette n a t u r e ; qu'appliquer aux délits de la p e n s é e , des
du pouvoir exécutif, mais de la p e n s é e tracassière et vexatoire
trouver plus ou m o i n s travaillé, à la place d'acte e n v o i e
célèbre : Qu'on m e r a m è n e aux carrières !
Considérant que toutes l e s imputations faites au Lampion,
d'exé-
lois s p é c i a l e m e n t faites pour l e s crimes par l'action, c'est violer
du plus stupide agent de la police é t e r n e l l e m e n t p a y é e pour in-
l e s plus s i m p l e s notions des droits et de l'équité, et e n l e v e r aux
venter ou grossir m a c h i n a t i o n s , trames, c o m p l o t s , ce qui fait
citoyens le- garanties c o n q u i s e s sur n o s s o i x a n t e s a n n é e s de ré-
que s o u v e n t l e s é m e u t e s arrangées
volution ;
d e v i e n n e n t des insurrections, et c e l l e s - c i des révolutions ;
Considérant qu'en proclamant l'état de s i è g e , en déléguant aux
adressées dans l'Assemblée
Considérant que si le décret du 25 j u i n , en supprimant le
Lampion,
berté d e l à presse, et en p u n i s s e n t l e s écarts et l e s crimes; e t
Qui n'aime point Cotlin, n'estime point s o n roi,
d è s - l o r s , beaucoup seraient tentés de crier c o m m e un
V u les termes et considérons de ces décrets, par l e s q u e l s
Lampion
cette imputation, e n s'é-
car des lois e x i s t e n t , qui règlent les droits et l'exercice de la li-
c'est exposer des g e n s mal p e n s a n s , ou m a l i n t e n t i o n n é s , à dire
Vu les décrets du pouvoir exécutif en date du 24 j u i n , du 7 et
il avait r e p o u s s é
dont on n'est plus
maître
Considérant que si l'Assemblée nationale avait e n t e n d u
que
mains du général Cavaignac tous le pouvoirs e x é c u t i f s , e n n e spé-
la liberté de la p r e s s e et s e s écarts f u s s e n t régis et p u n i s par la
par le c i t o y e n V i c t o r H u g o , au général Cavaignac, et les répon-
cifiant pas e l l e - m ê m e la nature de cet état de siège et de ce
législation de l'état de siège et par l'usurpation m o m e n t a n é e de
s e s de c e l u i - c i , n o t a m m e n t au sujet de la
voir, l'Assemblée nationale a clairement expliqué qu'elle enten-
la dictature, elle n'aurait p o i n t r e n d u d e p u i s cet état de c h o s e s ,
dictature.
V u le rapport de la c o m m i s s i o n d'enquête et les pièces justi-
pou-
dait s'en référer aux lois existantes et à la constitution perma-
u n e loi spéciale pour régler cette liberté, ni édicté de» p e i n e s
ficatives à l'appui, sur l'insurrection du mois de juin et sur les
n e n t e de toute s o c i é t é , qui veut que le souverain quelqu'il soit
contre c e s contraventions; et qu'en faisant c e l t e loi et édictant
e v é n e m e n s du 15 mai ;
quelque n o m qu'il p r e n n e ou qu'il reçoive, ne soit que le premier
c e s p e i n e s , elle a f o r m e l l e m e n t déclaré que gouvernans et gou-
sujet de la loi ;
v e r n é s n'avaient ni à en appliquer u n e autre, ni à e n subir
V u le projet de constitution et le rapport de la c o m m i s s i o n
c h a r g é e de l'élaborer ;
Considérant que l'état de siège est défini et limité c o m m e suit
V u l e s articles publiés et les paroles p r o n o n c é e s , en diverses
c i r c o n s t a n c e s , par l e s écrivains d e l ' e x - N a t i o n a l ,
aujourd'hui
r é g n a n t et gouvernant, et n o t a m m e n t par les c i t o y e n s M a r r a s t ,
feu Armand Carrel et Godefroy Cavaignac, le frère du
présent
exécutif;
V u les mandats d'arrestation p r é v e n t i v e , l a n c é s ou
contre l e s deux s i g n a t a i r e s du
exécutés
Lampion.
par le décret du 24 d é c e m b r e 1811 qui le constitue : « D a n s les
C o n s i d é r a n t que dans l e s p e i n e s é d i c t é e s contre l e s contra-
p l a c e s en état de s i è g e , l'autorité dont l e s magistrats étaient re-
v e n t i o n s et l e s délits de p r e s s e , il n'y a point la p e i n e de la sus-
vêtus pour le maintien de l'ordre et de la police passe tout en-
p e n s i o n préventive, qu'ainsi tout pouvoir qui l'applique, d'où
tière au c o m m a n d a n t d'armes qui l'exerce ou leur en délègue
qu'il é m a n e
telle partie qu'il juge c o n v e n a b l e ;
flagrante
Considérant qu'en passant au c o m m a n d a n t d'armes, ou revenant ensuite par sa délégation aux m a g i s t r a t s , l'autorité
V u les actes et traditions laissés par le Directoire exécutif de
d'au-
tres ;
dont
ceux-ci étaient revêtus ne peut être e x e r c é e que dans les conditions
quelques n o m s qu'il porte, s e livre à u n e violation
de la loi. et c o m m e t au n o m de la R é p u b l i q u e un
crime dont ceux qui l'ont c o m m i s jadis au n o m de la m o n a r c h i e ,
ont é t é punis par la d é c h é a n c e , l'exil et l'animadversion publique ;
l'ancienne R é p u b l i q u e , lequel fraya la route où le d e s p o t i s m e du
m ê m e s où c e s magistrats l'exerçaient, d'après cet éternel prin-
sabre s'éleva sur l e s ruines des libertés publiques et privées ;
cipe de droit, que nul n e peut conférer plus de droits qu'il n'en a
m e n t de la discussion de l'enquête, sur les j o u r n é e s de juin e t
lui-même ;
du 15 mai, et de l'examen et d i s c u s s i o n du projet d e constitu-
Vu
le
s i l e n c e que par c o m p l i c i t é , couardise, ou esprit de
b o u t i q u e , les journaux les plus mangeurs de sabres et de d e s p o t e s ,
quand il n'y avait ni d e s p o t e s , ni sabres, gardent
e n face de la violation des lois qui r é g i s s e n t
présentement
la liberté
indivi-
duelle et la liberté de la p r e s s e ;
Considérant, qu'en rendant c o m m u n e s au journal le
l e s d o c t r i n e s que le Représentant,
publique,
le Père Duchêne,
Lampion
la Vraie Ré-
p r o f e s s e n t contre l'Etat, la famille, la propriété,
et les
Considérant qu'en s u s p e n d a n t le journal le Lampion,
au mo-
Considérant q u e le droit de s u s p e n d r e ou de supprimer des
tion, le pouvoir exécutif, et le c o n s e i l d e s ministres dont il e s t
journaux ne fait point partie de l'autorité des magistrats, qu'en
l'instrument, n'ont eu é v i d e m m e n t en vue que de soustraire l e s
passant au c o m m a n d a n t d'armes, cette autorité n'a pu y passer
h o m m e s qui ont m i s la p e n s é e et la main à c e s déplorables jour-
avec le droit qui n'existait pas, et que par le fait seul du passage
n é e s , et la constitution projetée, à l'appréciation s é v è r e et cou-
aux mains du c o m m a n d a n t d'armes, cette
rageuse d'écrivains toujours prêts à faire la Iumière sur l e s
autorité n'a pu créer
men-
ce droit ; qu'ainsi entre les mains du commandant d'armes c o m m e
teurs, les s o p h i s t e s , les rénégats, les orgueilleux, l e s fous et l e s
entre les m a i n s des magistrats, l'autorité n'a pu que conférer le
m é d i a n s qui ont p o u s s é la F r a n c e
à l'abîme où elle va roulant;
excitations v i o l e n t e s que c e s journaux f o r m u l e n t contre la so-
droit d'appliquer aux journaux les lois répressives qui e x i s t e n t ,
c i é t é , les p o u v o i r s publics, l'armée, les gardes nationaux, et qui
et non des lois préventives ou suppressives qui n'ont jamais été
de tout citoyen de n e jamais s e résigner l â c h e m e n t à perdre s o u s
s o n t de nature à faire renaître au sein de la cité l'agitation, le
r e n d u e s ni promulguées ;
l e s coups d e l'arbitraire l e s droits qu'il tient de sa qualité d e
d é s o r d r e et la guerre, le décret du 21 août a dénaturé, faussé,
Considérant que s'il eu était autrement, l'état de siège serait
Considérant
qu'il est du droit, et par c o n s é q u e n t du devoir
Français, et e n c o r e moins c e u x que l e s fondateurs de la R é p u -
c a l o m n i é l'esprit, le texte et la rédaction de ce journal, voué au
la dictature; que l ' A s s e m b l é e nationale n'a pu vouloir la dé-
blique ont proclamé être des droits préexistans à toute s o c i é t é ,
contraire, au culte et à la défende des p r i n c i p e s et des c h o s e s
léguer, car la dictature n'est pas m ê m e dans le droit et les pou-
à toute constitution, c ' e s t - à - d i r e le droit de p e n s e r et de trans-
d o n t on l'accuse de poursuivre la ruine;
voirs de l ' A s s e m b l é e nationale qui ne saurait l é g a l e m e n t délé-
mettre sa p e n s é e , aussi sacré que le droit de vivre et d e trans-
guer, ce qu'elle n'a pas, sans un appel au peuple
mettre la vie;
C o n s i d é r a n t , qu'eu imputant ainsi à un journal, pour le s u s p e n d r e , d e s principes et des actes dont il était,
au contraire,
universel,
lequel seul
ou suffrage
a l e droit d e s u s p e n d r e l e s l o i s ;
que
Considérant qu'en s u s p e n d a n t l e Lampion,
le pouvoir e x é c u -
tif n'a fait au d e m e u r a n t que s u s p e n d r e l'emploi en tête d'un journal, dé l'un d e s trente ou quarante m i l l e m o t s de la l a n g u e et
du D i c t i o n n a i r e de la F r a n c e ; et que l e s écrivains ont le droit
de choisir e n t r e l e s
trente ou quarante
mille m o t s n o n pros-
crits, celui qui leur s e m b l e r a le plus c o n v e n a b l e pour m e t t r e en
tête d'un autre journal;
C o n s i d é r a n t que le grand publiciste, fondateur de la dynastie
d é g é n é r é e d e Vax-National,
qui r è g n e , a d m i n i s t r e et g o u v e r n e , a
écrit c e s l i g n e s , véritable c h a r t e de la liberté i n d i v i d u e l l e en matière de p r e s s e : « L e mandat de d é p ô t , s o u s prétexte de flagrant
» délit, n e peut être d é c e r n é l é g a l e m e n t contre
» la p r e s s e p é r i o d i q u e , et tout écrivain pénétré
»
citoyen
T> devoir;
opposera
la loi à l'illégalité,
advienne
que pourra
les écrivains de
de la dignité
de
et la force à la force; c'est un
(juin 1832).
C o n s i d é r a n t , que si aux jours o ù le D i r e c t o i r e
R é p u b l i q u e fil briser les p r e s s e s et arrêter
les
de
l'ancienne
écrivains
des
j o u r n a u x , c e s écrivains en grand n o m b r e e u s s e n t , pour r é p o n d r e
à ce c o u p d'état, j e t é sur le carreau l e s q u e l q u e s u n s des
fiers,
que toute
illégalité r é p u b l i c a i n e ou m o n a r c h i q u e
estaftrouve
toujours à s o n service, il e s t probable qu'ils n ' e u s s e n t pas tous
été fructidorisés
Par
;
CES MOTIFS,
Les rédacteurs du journal le Lampion protestent contre la suspension dont leur journal a été décrété par
l'arrêté du pouvoir exécutif date du 21 présent mois
d'août, en violation manifeste du décret sur l'état de
siégé, dés lois existantes sur la presse, et des principes
sur lesquels la République a été fondée ;
Ils protestent également et surtout contre les motifs
par lesquels cet arrêté a été rendu, motifs qui, en les
classant eux et leur journal au nombre des écrivains et
des journaux dont les principes menacent la société, attaquent la famille, épouvantent la propriété, bouleversent
l'Etat, insultent la garde nationale et l'armée, provoquent à la guerre civile et à la destruction, sont des motifs malveillans, faux, au vu et au su dé tout homme sachant lire, et qu'ils les regardent comme diffamatoires,
calomnieux, indignes dé tout pouvoir loyal et brave, et
dignes seulement de ministres et de fonctionnaires qui
ne veulent pas qu'ont leur dise qu'ils ne sont plus le lendemain les républicains qu'ils étaient la veille ;
Qu'en conséquence, ils se sont faits l'un à l'autre, en
présence du Christ, au nom des deux saintes libertés de
l'homme et du citoyen, la liberté individuelle et la liberté
de la presse, et ils renouvellent à la face du pays le serment de ne pas permettre qu'un mandat d'amener pour
cause de flagrant délit en matière de presse, sous quelque prétexte menteur de complot que des légistes retors
l'aient déguisé et lancé, soit dorénavant et sans nulle
façon mis à exécution contre leur personne, ou celles de
leurs collaborateurs, comme il l'a été par surprise, et en
leur absence, contre l'un des signataires du Lampion ;
qu'ils regardent tout mandat lancé de la sorte, et à l'occasion plus ou moins déguisée d'un délit de presse,
comme une flagrante violation de la loi; qu'ils se regarderont comme placés dans le cas de légitime défense, et
opposeront la loi à l'illégalité, la force à la force, promettant et jurant qu'en cela ils iront aussi loin que pourront aller les forces et les moyens que Dieu met a la disposition d'hommes de cœur, d'énergie, de main ferme et
de coup-d'œil juste; Eux aussi disent : C'est un devoir,
advienne que pourra !
Délibéré et fait à Paris, en conseil de rédaction, pour
être imprimé, distribué et vendu à aussi grand nombre
qu'il se pourra, et envoyé à qui de droit.
Les Rédacteurs du L A M P I O N .
de M. Alphonse Karr, à propos de faits erronnés publiés
par ces trois feuilles.
Au Droit, parce qu'il a dit que l'article incriminé, et
non publié, du Lampion, faisait appel au peuple des faubourgs pour renverser le gouvernement.
À la Gazette des tribunaux, parce qu'elle a dit qu'un
grand nombre d'épreuves de cet article avait été tiré. ( I l
n'en a été fait que trois ou quatre).
Au Journal de M. Alphonse Karr pour les lignes suivantes, qui sont un tissu d'erreurs ou de mensonges, —
que l'auteur choisisse :
« On remarquera, dit le Journal,
pion
que, pour sa part, le L a m -
n'a pas j o i n t sa protestation à celles d e s trois autres feuil-
les. Cela s'explique par l e s articles qui o n t m o t i v é la s u s p e n s i o n
du journal, et qui é t a i e n t un appel si flagrant à la guerre c i v i l e ,
que ni directeur ni rédacteurs n'en sauraient nier le s e n s . N o u s
ajouterons que le Lampion
appartenait à une faction l é g i t i m i s t e
et prêchait o u v e r t e m e n t le r e n v e r s e m e n t de la R é p u b l i q u e , que
les autres j o u r n a u x ont toujours p r é t e n d u d é f e n d r e à leur m a nière.
» L e s rédacteurs du Lampion,
qu'on avait arrêtés, n o n p o i n t
pour les articles p u b l i é s , m a i s c o m m e c o m p l i c e s ou a g e n s d'une
c o n s p i r a t i o n , ont été relâchés sur l'explication qu'ils o n t d o n n é e
de l'intention où ils étaient d e p u i s q u e l q u e s j o u r s de c e s s e r toute
participation à la rédaction c o m p r o m e t t a n t e et contraire à l e u r s
s e n t i m e n s du journal saisi. Q u a n t au directeur. M.
sant qu'on n'a p o i n t trouvé à s o n
domicile
Villemes-
lorsqu'on e s t v e n u
pour l'arrête, on n o u s a s s u r e qu'il a quitté P a r i s et p e u t - ê t r e la
France. »
Plusieurs rédacteurs du Lampion, aussitôt après la susSi le Lampion n'a point joint sa protestation à celles
pension nouvelle prononcée arbitrairement contre cette des autres feuilles supprimées, la raison en est bien simfeuille, se sont réunis pour fonder un nouveau journal, ple, c'est qu'il n'appartient pas aux mêmes opinions
dont ils répandent aujourd'hui le numéro-spécimen.
qu'elles.
Ils ont choisi pour titre la Bouche de Fer, illustré sous
Il est faux que l'article non publié fut un appel flagrant
la première République par le courage, l'énergie et le à la guerre civile; attendu que cet article ne contenait
talent de ses rédacteurs. Nous avons le même courage, que la mention d'un bruit qui circulait ce jour-là, et que
la même énergie, nous ferons nos efforts pour approcher la Réforme et d'autres journaux ont aussi enregistré, lede leur talent.
quel bruit était proclamé, dans l'article, dénué de tout
Comme ceux de 93, les rédacteurs de la Bouche de Fer
fondement.
de 1848 combattront pour le salut de la France contre
Nous, rédacteurs du Lampion, nous nions le sens atla tyrannie et contre l'anarchie. La montagne et l'exécutribué par le Journal à cet article, et protestons de toutif d'aujourd'hui sont moins à redouter que la montagne tes nos forces contre cette accusation déloyale faite conUs déclarent en outre à la France et à l'Assemblée et l'exécutif de celte funeste époque, nous le savons ; tre un journal que le pouvoir met dans l'impossibilité de
nationale que ces hommes ont fait de l'état de siège un mais si l'on tentait, en 1848, de retaire une loi des susse défendre lui-même.
pects, la Bouche de Fer donnerait le signal d'une résisbastion pour y embusquer une illégalité, afin de se pouIl est faux aussi que les rédacteurs n'aient été mis en
tance contre laquelle se briseraient nos impuissants imi- liberté que .sur la déclaration faite par eux de l'intention
voir venger tout à l'aise, sans s'exposer à une verte correction in utroque, de toutes les vérités, leçons, rappro- tateurs du passé.
où ils étaient de cesser toute participation à la rédaction
On a voulu nous ruiner en nous persécutant ; nous rechemens, palinodies, épigrammes, morsures, railleries,
du Lampion. M. Boyer, seul rédacteur arrêté, a été mis
flagellations, dédains, mépris et remontrances dont le naîtrons plus forts, plus intrépides que jamais. Les symen liberté, parce que le complot était imaginaire et in-"'
Lampion les a poursuivis, harcelés, baffoués, conspués, pathies que notre franchisé et notre ardeur à frapper le venté tout exprès pour avoir un prétexte de pratiquer
tailladés, écorchés, saignés et enseignés; toutes choses mal nous ont acquises dans une autre feuille, nous suides arrestations. M. Boyer ne se retirait du journal qu'en
excellentes, parfaites, instructives, vengeresses, à l'usage vront dans celle-ci.
• raison de circonstances majeures et toutes particulières
Que ceux qui se sentent le même courage que qui l'obligeaient à quitter Paris.
des peuples escamotés, imposés, ruinés, mis dans le
fourreau sous prétexte d'ordre public, comme au bon nous, viennent avec nous. Nous faisons appel aux homEnfin, la conspiration du Lampion est un mensonge
temps dit sabre, moins la lame et la victoire, — et dont mes de cœur; en France, un appel semblable est toucomme tout le reste, comme la fuite en pays étrangers
la Bouche de Fer, par tradition, héritage, filiation et tem- jours entendu.
de M. dé Villemessant. M. de Villemessant est à Paris, et
pérament, se promet et promet de ne point se faire faute,
à l'heure qu'il est, il à sans doute vu M. le procureur de la
pour enseigner et rappeler tous les éteignoirs , mourépublique, et a dissipé toutes ses frayeurs, si tant est
cheûrs de lampions et fourreaux de liberté, qu'il est plus
que celui-ci en ait jamais eu.
C'est après avoir surmonté des obstacles sans nombre
dise de décréter l'arbitraire que d'en user, que c'est le proMais, à propos, où donc M. Alphonse Karr a-t-il eu
pre de la persécution de grandir ce qui lui résiste, et que, que les rédacteurs du Lampion éteint, sont enfin parvecommunication de l'article non publié, pour en parler
si cela dure, il viendra un moment où le suffrage univer- nus à publier le spécimen du nouveau journal qu'ils fonavec tant d'aplomb? Est-ce qu'il aurait envoyé furtivesel leur renverra et prendra au sérieux et à l'entreprise dent.
ment dans les bureaux du Lampion, un mouchard de sa
Les imprimeurs, effrayés par le décret de l'exécutif,
cet axiome de l'ex-National du 12 septembre 1835 :
police particulière?
« Nous aimerions mieux pour notre pays une monarchie voyaient déjà les cachots de la République s'ouvrît pour
Si le Journal de M. Alphonse Karr, qui reçoit sept mille
eux dès qu'ils apprenaient que ta Bouche de Ferétaitfondé
libre qu'une république sans liberté, et les garanties politifrancs par mois de la République, sans doute pour entreques passent pour nous avant les questions de forme et d'or- par des rédacteurs du journal supprime.
tenir cette police secrète, se sent au cœur quelque loyauté
Vainement leur faisions-nous observerver que le pouganisation gouvernementale. »
et quelque courage, il rectifiera franchement les allégavoir n'avait frappé que le journal, et n'avait pu interdire
tions mensongères qu'il a trop légèrement acceptées
Ils déclarent aussi à la France, à l'Assemblée naà ses auteurs le droit de publier leurs pensées.
contre un journal illégalement frappé.
tionale et à tous les écrivains ou journalistes, et par les
— I L N'Y A PLUS DE DROIT, IL N'Y A PLUS QUE LE FAIT,
présentes ils signifient à tout réquisiteur, inquisiteur,
nous répondaient-ils. (M. Brière,
imprimeur.)
procureur, incarcérateur, empoigneur, à tous les degrés
Un autre nous disait :
de justice et de police civile ou militaire, pour que les— J'ai assez longtemps goûté des prisons de la monardits n'en prétendent cause d'ignorance par cause de sichie de juillet, je ne veux pas aller mourir dans celles de
Le double attentat dont le Lampion et ses rédacteurs
lence; que le personnel de la presse militante, sauf de
la République. (M. Proux, imprimeur bien connu pour ont été victimes, devait émouvoir la presse entière mefort rares exceptions, leur semble un peu trop agenouillé
son courage.)
nacée maintenant dans sa dignité, dans sa propriété,
dans là quiétude de l'égoïsme, dans les intérêts de boutiAinsi
voilà,
en
vertu
des
actes
exhorbitans
de
l'exécudans la liberté individuelle du journaliste.
que, dans les passions mesquines de l'envie et dans les
tif,
des
écrivains,
des
hommes
de
lettres
mis
dans
l'imLe premier cri d'alarme a été poussé par le Constitucouardises de l'état de siégé ; qu'il est donc temps, s'il
possibilé
de
publier
leur
p
e
n
s
é
e
,
s'ils
ne
trouvent,
tionnel,
journal grave que l'on retrouve toujours là où il
ne veut être traité prochainement d'idéologue et de
comme
nous
en
avons
eu
le
bonheur,
un
homme
de
cœur
y
a
une
liberté à défendre. Voici ses paroles :
péquin par les caporaux, les tambours et les troubadours
et
d'intelligence
qui
consente
à
leur
prêter
ses
presses
« U n journal appartenant à la p r e s s e satyrique, vient d'être
de la nouvelle entente cordiale de l'Afrique avec l'Angleet
à
se
montrer
aussi
courageux
qu'eux.
l'objet
d'une m e s u r é i n s o l i t e et sur laquelle l e g o u v e r n e m e n t a
terre, de se montrer à la hauteur des droits, des devoirs
Au
moyen-âge,
on
coupait
la
main
de
l'homme
de
le
devoir
de s'expliquer. Le Lampion
a paru s a m e d i avec u n e d e
et des périls de la presse; que, d'après l'attitude inintellis e s c o l o n n e s en blanc. C'était, disait-il, l'espace o c c u p e par u n
pensée,
aujourd'hui
on
la
lui
enchaîne.
Le
résultat
est
le
gente, poltronne et résignée prise par la plupart des
article que l'imprimeur' s'était r e f u s é à laisser paraître, à r a i s o n
journaux en présence des nouveaux actes de dictature et même.
d é s n o u v e l l e s lois sur la p r e s s e . C'était u n e affaire à régler e n t r e
d'arbitraire que l'état de siège s'est permis par ses déce journal et s o n i m p r i m e u r . Mais le Lampion
a n n o n c e ce m a crets de suspension et ses mandats d'arrestation, ils
Rectifications.
tin, que s a m e d i soir u n c o m m i s s a i r e de ce journal, et a saisi le
croient qu'il est nécessaire qu'il se lève de quelque part
Les rédacteurs du Lampion donnent le démenti le plus m a n u s c r i t , l'épreuve et la c o m p o s i t i o n d é l'article, qui n'avait
un HAMPDIN de la presse ;
formel au Droit, à là Gazette des tribunaux et au Journal pas été publié.
« Nous devons suspendre notre jugement, car nous espérons
que l'administration s'expliquera sans tarder sur un fait sans
tarder sur un fait sans exemple et presque incroyable. Nous
avouons ne rien comprendre à la démarche du commissaire de
police, à celte descente de justice que rien n'autorisait, à celte
saisie d'un article inédit. Depuis le vote de la loi sur les journaux, l'arbitraire a cessé d'exister en matière de presse ; nous
avons donc la ferme confiance que le pouvoir fera connaître les
motifs qui légitiment un fait inouï, et s'expliquera de manière à
rassurertous les amis de la liberté. Le silence serait inexcusable, et mettrait le public dans la nécessité de répéter après le
Lampion : qu'on sévit contre la presse, non-seulement pour ce
qu'elle dit, mais encore pour ce qu'elle ne dit pas. »
délit de presse ; c'est nouveau. Et M. Boyer sort blanc
comme neige après une arrestation préventive de vingtquatre heures, et la fameuse conspiration, l'attentat
contre le gouvernement inventé par 1 e Droit, n'était donc
qu'un prétexte pour prendre le masque de la légalité.
Hypocrites !
Ecoutez comme l'Avenir national et l'Assemblée qualifient votre conduite et nous en montrent les conséquences:
Le Droit a voulu en effet donner des explications et
disculpant le pouvoir; par malheur il a été obligé de
mentir pour arriver à son but. Citons :
« Mais elles avertissent aussi que les libertés sont suspendues
et que la force règne seule, Nous ne blâmons p a s ; nous constatons.
» Le journal le Lampion
a été saisi à raison d'un article iuséré
dans son numéro d'hier. A la seconde page, on lisait ce litre,
inscrit en gros caractères : Encore une manifestation.
Sous ce ti-
tre, se trouvaient ces mots : « Nous voudrions donner quelques
» explications relatives aux rumeurs qui circulent dans Paris ;
» mais, grâce à la liberté de la presse, notre imprimeur refuse
» de tirer notre journal ce soir. Nous conservons l'épreuve, et
» nous la communiquerons à nos abonnés aux bureaux du journal. »
» Des poursuites ont été dirigées, à raison de cette insertion,
Contre le journal le Lampion ; M. le procureur de la République
et un juge d'instruction se sont transportés aux bureaux du journal, rue de la Chaussée-d'Antin, 4. Un mandat d'amener a été
décerné contre Villemessant, gérant du journal, qui, absent de
son domicile, n'a pu être arrêté.
» L e s magistrats se sont transportés ensuite chez M. B r i è r e ,
imprimeur du Lampion
; ils ont saisi la composition et le manus-
crit de l'article annoncé par Ce journal. Cet article donnait l'ordre et les principales dispositions d'une manifestation à laquelle
on appelait lès femmes des faubourgs, et qui devait avoir pour
résultat la proclamation d'Henri V.
» Le Lampion
a été de nouveau saisi dimanche.
» L'arrestation du gérant de ce journal est motivée par une
prévention d'attentat ayant pour objet le renversement du gou-
fonde dans la cité. Elles font présager de nouvelles secousses ;
elles prouvent que les périls n'ont pas diminué.
« Les idées radicales ont conduit la France à l'anarchie et à la
guerre civile, de l'anarchie est sorti l'arbitraire.
« Confions-nous à l'arbitraire s'il peut seul nous sauver; mais
plus de prétextes, plus de mensonges.
« L'honorable général Cavaignac a pris une mesure de salut
public ; mais pour notre gloire et pour sa conscience, qu'il ne
s'abrite pas sous une légalité menteuse ; qu'il n'invoque plus l'état de siège ; l'état de siège n'autorise la suspension ni des journaux ni de la liberté individuelle. Mieux vaut la dictature, franche, tête levée, reconnue.
« A ruser ainsi entre l'arbitraire et la loi, on laisse toujours
quelque peu de sa dignité et même de sa force.
« Quand on interpellait le ministère au sujet des journaux suspendus par le décret du 23 juin, le ministère répondait par la
demande d'un cautionnement et de lois répressives. Il ne demandait ces armes nécessaires que pour pouvoir rentrer dans la
légalité.
« Ces armes, on les lui a données; et voilà qu'aujourd'hui en
core la légalité est enfreinte. »
L'Assemblée nationale dit à son tour :
» Oh ! du moins, gardez-vous de fouler aux pieds la légalité.
» La légalité est la première des forces, la dernière des garanties dés sociétés.
>• Et lorsque notre société est si violemment ébranlée et compromise, laissez-lui toutes ses forces, toutes ses garanties.
vernement républicain. »
N'en déplaise au Droit, ce n'est pas pour l'article qu'il
cite, que le Lampion a été saisi. Comment! On saisirait ifri
journal parce qu'il aurait dit que son imprimeur avait refusé d'insérer un article? Allons donc, M° Pinard n'est
pas un aigle, mais enfin il n'est pas encore assez... étonnant pour faire une pareille bêtise.
En nous révélant le contenu de l'article non pubiié, le
Droit nous prouve ou qu'il ne l'a pas lu Ou qu'il ment.
Cet article ne faisait aucune espèce d'appel, il se bornait
à répéter un bruit qui circulait dans tout Paris ce jour-là,
et que le même jour, la Reforme et le Représentant du
Peuple consignaient aussi dans leurs colonnes.
Enfin le Droit donne pour motif à l'arrestation du gérant, une prévention d'attentat ayant pour but le r e n versement du gouvernement républicain.
Attentat! commis, où? dans le journal? —L'article
n'avait point paru. — Dans ses bureaux en donnant lecture d'une épreuve?—Depuis quand n'a-t-on plus le droit
de lire à huis-clos un article inédit. — Mais cet article
était lui-même un attentat, un appel aux femmes des
faubourgs. — A la bonne heure, si le gouvernement républicain a si grand peur des femmes, que pouvons-nous
faire? Que serait-ce donc si le Lampion avait parlé des
hommes comme la Réforme et le Représentant l'ont fait
en reproduisant les mêmes fruits qu'ils disaient fondés,
eux, pendant que nous les appelions mensongers,
nous, rédacteurs du feu-Lampion.
Aussi le Constitutionnel dit-il avec raison en citant l'article du Droit que « l'affaire de la saisie du Lampion a
pris une gravité toute nouvelle »
L'Avenir nateonal cherche aussi la cause de ces mesures tyranniques.
« Comme on a répand le bruit que l'arrestation de M. Boyer,
rédacteur en chef du Lampion,
était tout à fait étrangère à la
publication de ce journal, nous croyons utile de donner sur ces
faits quelques détails que nous avons tout lieu de croire parfaitement exacts.
« U n article, dont nous ignorons la teneur, avait paru trop vif
à l'imprimeur du Lampion,
« Ces mesures rigoureuses, dit l'un, fon une impression pro-
qui refusa de l'imprimer. Le journal
» Laissez-lui surtout la plus puissante de toutes.
» Faites voter des lois protectrices, appliquez-les dans leurs
dernières rigueurs ; mais ne substituez pas à la marche régulière
des lois l'arbitraire de la dictature, le bon plaisir de nos conseillers.
» Défiez-vous des applaudissemens de votre entourage, défiez-
» damné à mourir dans la compagnie de Philippe-Egalité. »
Quand à la Presse, elle déclare attendre un moment
plus favorable pour dire tout ce qu'elle a sur le cœur.
La presse de province n'a pas encore eu le temps d'élever la voix; nous citons cependant l'article d'un journal, la Liberté, qui se publie à Arras, c'est-à-dire, à quelques heures de Paris.
« Un fait grave pour la liberté de la presse vient encore de se
passer à Paris. Nous avons dit dans notre dernier numéro comment un petit journal, le Lampion, avait paru avec une colonne
en blanc. Hier il publiait le petit avis suivant :
« Au moment où nous allons mettre notre numéro sous pres» se, un commissaire de police se présente à notre imprimerie, et
» saisit manuscrit, épreuve et composition de l'article que nous
» n'avons pas publié hier.
» Ainsi, sous la République, on sévit contre la presse, n o n » seulement pour ce qu'elle dit, mais encore pour ce qu'elle ne
» dit pas.
» Vive la liberté ! ! »
» Aujourd'hui deux de ses rédacteurs ont été jetés en prison,
et le troisième a dû prendre la fuite.
» Le Lampion est un journal spirituel qui ne cache pas ses
opinions monarchiques. C'est justement pour cela que nous ne
le croyons pas dangereux. La franchise, quand elle marche avec
les convenances et avec l'intelligence de la situation, fait passer
tout. Aussi, croyons-nous devoir nous élever fortement contre
les persécutions qu'on dirige contre les plaisanteries du L a m pion, dans lesquelles, depuis sa réapparition, nous avons en vain
cherché l'ombre d'un délit.
» Ce que nous blâmons surtout, ce sont ces procédés de cosaque avec lesquels on agit envers la presse. On saisit un article
non publié, ce qui est le premier fait de ce genre ; et puis on
emprisonne préventivement, sans rime ni raison, des écrivains
qui ont le seul et unique tort de ne pas plaire au pouvoir. Et
cela à côté de l'Assemblée nationale, qui ne dit mot, comme si
on lui avait cloué la bouche et le cœur !
» Il faut que cela se fasse en dehors de l'action du pouvoir
exécutif, dont le chef, noble et intelligent, ne permettrait pas de
semblables façons de faire, et du ministère, dont plusieurs
membres s'y opposeraient vivement. Cela sort de quelque f o n c tionnaire subalterne qui semble être plus actif que le gouvernement l u i - m ê m e . Ce que nous savons, c'est que cet acte arbitraire
fait dans les populations un mal énorme à la République, bien
plus encore qu'à la liberté ; qu'il est incompréhensible, dangereux, et qu'on est à se demander où l'on va et où l'on nous c o n duit, et si c'est là un régime d'ordre, de liberté républicaine? »
vous des approbations des indifférens, défiez-vous du silence de
vos adversaires ou de vos ennemis.
» Et craignez le lendemain qu'ils préparent à votre pouvoir
absolu.
» Nous n'avons pas de haine, pas de ressentiment ; les hommes de quelque valeur sont assez rares aujourd'hui, et ils ne faut
point qu'ils servent d'instrument.
» Vous avez demandé des lois contre les écarts de la presse,
les lois vous ont été accordées, telles que vous les aviez demandées.
» Personne au monde ne pourra comprendre comment vous
n'avez pu vous contenter d'appliquer rigoureusement ces lois
pour vous protéger, pour protéger la société contre les excès
contre lès violences de la presse.
» Que pensera l'assemblée nationale en voyant remplacer la
législation qu'elle vous a votée par un décret de bon plaisir?
» Que pensera la nation en reconnaissant l'inutililé des lois
pour les plus précieuses de ses libertés : la liberté de la pensée,
la liberté de la presse?»
Et plus loin :
» Pour nous, quelles qu'en puissent être les conséquences
sons le règne de la dictature, nous n'aurons pas la lâcheté de
garder le silence en présence d'un tel oubli de la légalité, d'un
tel attentat à la liberté de la presse. »
Au nom de nos amis du Lampion, en notre nom personnel aussi, nous remercions nos confrères dé n'avoir
point déserté la cause de là liberté de la pressé au moment où il y a danger à manifester sa pensée et où il
faut du courage pour dire la vérité.
Nous remercions encore la Liberté, le Drapeau nationale, la Gazette de France, l'Opinion Publique, ce journal
écrit comme un livre, et qui a rendu au Lampion la justice de ne point le confondre avec lés journaux rouges
dont il partage le sort. Voici ce que disait avant-hier l'Opinion Publique.
laisser une colonne en blanc, et annonça à ses lecteurs qu'ils pour-
« Nous voici donc revenus à la suppression des journaux par
raient prendre connaissance de l'article manuscrit dans les buarrêté, en vertu du pouvoir discrétionnaire résultant de l'état de
reaux du journal. Vers une heure de l'apres-midi, trois personsiège. Cette situation est triste pour la presse, et elle ne saurait
nes se présentèrent, prenant la qualité d'abonnés du Lampion,
cependant se prolonger indéfiniment. La liberté mesurée, même
et
se demandèrent avec beaucoup de grâce qu'on voulûtd'une
bien manière
leur
parcimonieuse, vaut mieux que cet arbitraire vacommuniquer l'article.
gue et indéfini qui frappe sans règle et menaça tout ce qu'il ne
« M. Boyer leur en donna lecture, mais à peine avait-il achefrappe pas.
vé, qu'un des prétendus abonnés se leva et déclara au journa» Nous devons à l'équité de faire remarquer que le Lampion,
liste qu'il le mettait en état d'arrestation.
compris dans cette espèce de razzia, ne saurait être confondu
« M. Boyer est donc en prison pour délit de presse, et non
avec les journaux qui ont attaqué la propriété et la famille. Ce
pour une autre causé. »
journal pourrait dire comme ce condamné de la première r é v o -
Oui, pour délit dé presse; arrestation préventive pour
» Je sois condamné à mort, il est vrai, mais je ne suis pas c o n -
lution qu'on fit monter dans la charrette de Philippe-Egalité :
Il n'est pas question de la manifestation en blanc pour
laquelle une perquisition a été faite dans les bureaux et
à l'imprimerie du Lampion, avec enjolivement de saisie
de caractères, et d'arrestation préventive.
Non, nous savons trop par cette expérience que sous
les procureurs de la République, il y à autant et plus de
dangers a se taire que, sous les procureurs de la monarchie, il y en avait à parler ; que si, sous les dits procureurs monarchiques, il suffisait de deux lignes de l'écriture d'un homme pour qu'on se chargeât de célébrer les
noces du galant avec une potence, comme disait LouisXI,
il suffit sous les procureurs républicains du carré de papier blanc sur lequel ces mêmes deux lignes n'ont pas
été écrites , mais où elles auraient pu l'être; progrès incontestable en fait de réquisitions, incarcérations et
t r a n s p o r t i o n s , comme la machine de Guillotin en fut
un en fait de pendaisons, deux bienfaits de nos deux
Républiques !
Il s'agit d'un hommage à un système, et comme
nous rendons toujours le bien pour le mal, comme nous
sommes incapables de garder la moindre rancune pour
les injustices ou offenses qui nous sont faites, que d'ailleurs nous avons pris au sérieux le dogme de la fraternité
tel qu'il est sinon pratiqué, du moins expliqué, par les
seigneurs et maîtres de notre état, société et gouvernement depuis le 24 février, (voir pour cela l'enquête et
les pièces justificatives), nous voulons être les premiers
a livrer à la publicité ce que nous en avons entendu raconter : non pas de la fraternité, mais de l'hommage au
système.
Dans l'article en b l a n c , il n'était question que de
femmes, d'enfants, en guenilles, sans pain, pâlis par le
besoin, qui devaient venir demander à l'Assemblée nationale d'abord du pain, du travail, puis encore quelque
chose par quoi, dans leur ignorance, les bonnes gens
croyaient devoir être mis à l'abri de jamais plus renouveler leur procession de nouveaux frères mendians. Jugez,
comme on pouvait tolérer une pareille annonce dans un
lampion qui ne brûlait ni flamme rouge, ni flamme bleue,
mais qui en lampion qu'il était battait flamme- couleur
lampion ! Nous l'avions compris, aussi n'en avions-nous
voulu souffler mot, et On a été si vexé en certains lieux
que le Lampion eût refusé de fournir la démonstration
affirmative d'une conspiration, qui n'existait pas, que pour
le punir on a saisi sa démonstration négative. Aujourd'hui, la Bouche de Fer espère bien qu'on ne la saisira
pas pour avoir fait le contraire.
On saura donc qu'il y a eu dimanche rumeur dans la
garde nationale, trépignemens, clameurs et renouvellement de douleurs et de sanglots dans les familles des
morts, des blessés et, des mourans, tombés victimes devant les barricades ; cette émotion était causée par la lec
ture d'un passage de la déposition du citoyen Ledru-Rollin devant la commission d'enquête sur les événemens
de juin... Le général Cavaignac, selon l'ancien membre
du provisoire et de l'exécutif, aurait dit :
«L'honneur de l'armée exige que je persiste dans mon
» système. Si une seule de mes compagnies était désar» mée, je me brûlerais la cervelle. Que la garde nation a l e attaque les barricades ; si elle est battue, j'aime
» mieux me retirer dans la plaine Saint-Denis et y livrer
» bataille à l'émeute. »
Naturellement on s'est demandé, quel était donc le
système du brave général ; e t , en rapprochant de l'absence des troupes au moment où l'insurrection a éclaté,
malgré les ordres de la commission de l'exécutif, la
phrase, que la garde nationale attaque les barricades, il
voit tout de suite que ,1e système consistait à mettre la
garde nationale devant et la troupe de ligne derrière.
Naturellement encore, on a pensé que c'était pour
épargner le sang du soldat; alors, 011 s'est mis non
moins naturellement à rechercher les articles que l'exNational, vertueux et puritain, avait publiés sur cette
question, et on a trouvé celui du 25 avril 1834, où, à
propos de la manière dont on a traité Lyon, il dit : « La
question mérite qu'on y réfléchisse.... et pour ne parler
que des moyens légaux, c'est aux électeurs, presque tous
grands propriétaires, négociants, chefs de famille, de
considérer s'il est bien de leur intérêt de soutenir un
système qui a besoin de livrer de temps en temps des
batailles à ce qu'il appelle l'anarchie, et qui explique ensuite tous les sacrifices faits à la nécessité de vaincre, en
disant qu'il fallait bien bombarder quelques maisons, enterrer, brûler, faire sauter quelques familles, le tout pour
ménager le sang du soldat. »
la montagne. C'étaient des cris, des trépignemens, des
menaces, des injures, des mots insolens jetés du sommet des banquettes. M. Creton voulait s'expliquer, mais
l'orage continuait de gronder, et ce fut à grand peine
qu'il put dire enfin que ces oiseaux de proie dont il parlait n'étaient point les commissaires réguliers du gouvernement, mais les délégués des clubs, qui allaient prêchant l'anarchie et menaçant l'Assemblée nationale avant
qu'elle ne fût sortie du scrutin.
M. Ledru-Rollin est venu se défendre contre les accusations indirectes de M. Creton; il a avoué que les émissaires expédiés à l'étranger pour fomenter le désordre
avaient été payés par l'Etat; mais c'était, a-t-il dit, pour
en débarrasser la capitale. — Par malheur, il y avait
beaucoup de Français parmi ces étrangers.
Enfin, M. Gouin, rapporteur de la commission, nous a
promis ces fameux comptes. Pourvu qu'il n'en soit pas
des pièces justificatives réclamées par M. Creton comme
de l'argent semé par le provisoire; pourvu qu'elles ne
soient pas perdues !
La séance d'hier, 22 août, s'est passée à défaire ce que
l'on avait fait dans trois ou quatre séances précédentes.
La proposition de MM. J. Favre et Dupont (de Bussac)
sur les concordats amiables, d'abord acceptée, a été ensuite repoussée par fragmens. La majorité avait voté le
principe, elle a repoussé les moyens d'exécution. — C'est
un travail de Pénélope à raison de VINGT-DEUX MILLE CINQ
classique. Après Marat Hébert, après la Tribune Thoré,
après Thoré quelque autre grande barbe mal peignée de
révolte qui varira le thème de Catilina.
Vous avez étouffé le Père Duchêne, plagiaire édenté du
vieux tigre de 93. Ce n'était que par un reste de vanité
féroce qu'il continuait ses hurlemens. Depuis longtemps,
il avait fait des petits qui profileront de sa retraite aux
gémonies, pour hurler à leur tour, sur une autre gamme.
Vous avez enchaîné le Représentant du Peuple entre
Charenton et Brest; tenez le b i e n , vous n'en serez
pas plus sauts. En parlant pour la camisole de force et
le boulet, il a laissé derrière lui ses doctrines et ses
aphorismes, assa foetida des esprits, peste des intelligences, que ses disciples cultiveront dans la nuit et distribueront secrètement aux barbares coalisés contre l'ordre social. Après Vanini, l'auteur du Contra social; après
Proudhon, un autre négateur de Dieu et un autre négateur des propriétaires. II a été dit un jour par vos précurseurs et par vous qu'on pouvait tout discuter dans ce
monde et dans l'autre. Cela reste encore écrit partout. Il
faudra autre chose qu'une lame de sabre pour l'effacer.
Hélas !
(Drapeau national.)
l e s Cris d e
Paris,
Nous entendons tous les matins crier à haute et peu
intelligible voix, des choux, des navets, des carottes,
des artichauds et toute espèce d'autres légumes.
Tous les jours, les trompettes guerrières des fontainiers retentissent bruyamment à nos oreilles meurtries
et nous font croire à quelque émeute nouvelle.
CENTS FRANCS PAR JOUR.
Du matin au soir, le cri monotone des marchands
d'habits nous fatigue les nerfs et brave notre patience.
Pendant l'hiver, c'est le chant du ramoneur; pendant
Un
coup
d ' é t a t . . . de s i é g e .
l'été, celui des marchandes de cernaux; toute l'année les
orgues de barbarie viennent moudre. — L'expression est
Le Lampion, la Vraie République, le Père Duchêne et le d'un Anglais, — les airs patriotiques les plus discordans
Représentant du Peuple sont et demeurent suspendus par sous nos fenêtres et faire hurler les chiens dans toutes
les rues.
récidive.
Tout se crie, lout se chante dans Paris, tout... excepté
C'étaient quatre journaux avec lesquels le juste-milieu
les journaux dont M. Ducoux, préfet de police, dans sa
républicain et honnête ne pouvait décidément vivre; chatendre sollicitude pour la liberté de la presse, vient d'inque matin leur publicité mettait le feu aux quatre coins terdire l'annonça à haute voix.
Au milieu des misères du temps, au sein de cette atode la politique conservatrice issue du 26 juin. Celui-ci
nie cruelle qui règne dans la capitale, ces cris des venlançait de petites flèches envenimées jusqu'au cœur des deurs de journaux prêtaient encore à nos rues une vie
dieux lares de nos hommes d'Etat inviolables; celui-là vie factice, une animation qui chassait les funestes pencriait d'une voix de Thoré que de hauts et puissans faux- sées et faisait,croire encore à la liberté.
Aujourd'hui tout se tait. Le silence de la rue n'est plus
frères égorgeaient la démocratie; cet autre traduisait troublé que par le passage d'un omnibus vide ou d'un
Vadé en coups de poignard ; le quatrième enfin s'effor- orgue qui moud, la Marseillaise. Le vendeur de journaux
çait, Hercule du chaos, de jeter la société hors de ses s'approche de vous lentement, le frond incliné comme
C'est en présence, et à la lecture de ces faits et docuferait un esclave, et s'il vous offre l'Assemblée nationale
ments, qu'il a été décidé, dit-on, qu'une réputation prise fonds éternels, et, par-dessus le marché, de rendre le ou la Bouche de Fer, c'est à voix basse et l'œil au guet
parmi les femmes, les mères, les sœurs, les orphelins National malheureux.
pour voir si l'agent de police ne viendra pas lui dire encore qu'il parle haut.
des morts, des blessés et des mourants de là garde naLoin de nous la pensée de blâmer, si toutefois la liO Liberté ! — Le moyen-âge avait les cris de Paris, les
tionale , s'en irait offrir à qui de droit une couberté le veut bien, une mesure commandée par la raison
chansons du marchand dont un de ses plus jolis romans
ronne. de lauriers, de chêne et de pavots, avec un livre d'état... de siège, que représente extraordinairement le nous a grandi la mémoire, mais an mois d'août 1848, la
richement relié noir et a r g e n t , où se trouveraient écrits général Cavaignac. Toute autorité a i e droit de combatpensée est moins libre qu'au moyen-âge; non-seulement
en lettres rouges, selon l'ancienne coutume, les phrases tre ses ennemis et de vouloir vivre : c'est là une vérité on ne peut plus chanter la satire, mais 011 ne peut plus
même la créer.
qui exposent le susdit système, et celles que l'ex-National vieille comme l'instinct de conservation.
a publiées sur la manière dont on traite les citoyens pour
L'établissement de février, revu, corrigé et considéraDemain jeudi, 24 juin, à 11 heures du matin, une
ménager le sang du soldat. En même temps, il serait blement augmenté d'institutions répressives à la suite
réunion de tous les rédacteurs de journaux doit avoir
présenté un plan en relief de toutes les barricades où il des dernières barricades, se défend contre qui l'attaque ; lieu chez Lemardelay, rue Richelieu. Nous prions tous
a péri le plus de gardes nationaux , et le système seil n'est méchant qu'au pied de la justice, rien de mieux. nos confrères de ne point manquer à cette réunion.
rait félicité par les veuves, mères , sœurs , orpheMais reste à savoir si la suppression des quatre susLe lendemain de la révolution de février, on voyait
lines, de l'habileté et du courage avec lesquels il a su ne dits journaux malsains aura les efficaces conséquences
pas se laisser acculer à la nécessité de se brûler la cerqu'on veut bien en espérer, et si l'épigramme assassine, placardé sur tous les murs de Paris une proclamation
dans laquelle le gouvernement provisoire déclarait que
velle, en faisant brûler la cervelle de leurs frères, de leurs la calomnie rouge , le commérage sans-culotte et la prola
dynastie d'Orléans venait d'être foudroyée par le p e u pères, de leurs fils et de leurs maris.
pagande du néant auront disparu avant eux.
ple,
et que des mesures étaient prises pour empêcher
Nous ne pouvons qu'approuver ce projet. il ne faut pas
Franchement, nous ne le croyons pas.
la
fondation
et l'établissement de toute nouvelle dyque l'on puisse faire aux républiques l'éternel reproche
Nous ne le croyons pas, parce qu'il s'agit ici précisénastie.
d'ingratitude.
ment d'un chiendent dont les racines bravent toutes les
Cependant, jetant les yeux sur une liste publiée par
binettes, d'une peste invétérée et passée dans la bile et
l'Événement
et par le Drapeau 'national, nous y trouvons
le sang, d'une hydre dont quelques coups de hache ne
l'énumération
des membres d'une dynastie nouvelle, la
réussissent Les
qu'àcomptes
féconder
les têtes. provisoire.
du gouvernement
Dynastie du National, bien plus nombreuses que toutes
Vous avez éteint le Lampion d'un coup de bonnet soules dynasties passées.
M. Creton, avec un courage et une netteté que nous ne
verain; c'est vrai, il ne reluira plus pour le plaisir des
saurions trop louer, a renouvelé les interpellations déjà
Nous comptons déjà une cinquantaine de ces princes
mauvais cœurs et des mauvaises langues; mais vous n'afaites à propos des comptes du gouvernement provisoire.
de
nouvelle fabrique, et, ce n'est pas tout : arrivé au nuvez pas éteint ce foyer de génie frondeur et satirique, ce
Il s'est plaint des lenteurs de la commission et a demandé
méro 47, l'Evénement s'écrie :
foyer de licence insolente, allumé par Voltaire, entretesi l'on voulait enfin publier les pièces justificatives des
« Ouf! arrêtons-nous un instant. Nous sommes, hélas!
nu par Beaumarchais, et autour duquel se sont assises
dépenses, sans lesquelles ces comptes sont illusoires.
bien
loin encore d'avoir terminé la liste des heureux consoixante générations de sceptiques pervers et haineux,
Mais M. Goudchaux, qui a là-dessous je 11e sais quel qu'on a vus encore naguère; à votre applaudissement, ô vives du National. Ce qu'on peut voir dès à présent, c'est
intérêt caché, déclare impossible la production de toutes libéraux! ô démocrates! jeter à la morale et à l'ordre que ce ne sont pas les places qui ont manqué aux rédacces pièces, éparses qu'elles sont dans toute la France.
public, à tous les principes d'autorité et à Dieu même teurs, mais les rédacteurs qui ont manqué aux places.
D'ailleurs, le sentiment de dédain que nous inspirent ces
M. Creton est un homme bien insupportable! il s'avise des m o q u e r i s infernales, de sataniques ironies. On ne
de vouloir voir clair dans ces mystères du provisoire; il peut plus tuer l'épigramme en France depuis qu'on s'en honteux abus de confiance a été partagé par tout le monvoudrait savoir ce que sont devenus les fonds de l'intéest servi comme d'un levier infaillible contre les trônes de. Nous recevons tous les jours des lettres qui nous
rieur destinés aux traitemens des préfets et des sous- et les aptels, les religions et les empires. Le Lampion donnent des renseignements, et qui nous encouragent
préfets ; il voudrait savoir à quoi a servi le budget de est mort, on le rallumera sous le nom de flambeau, de dans la douloureuse besogne que notre haine de l'intrigue nous a fait entreprendre. »
1848, ce que l'on a fait des fonds secrets, etc., e t c . —
chandelle ou d'allumette.
Le curieux !
Vous le voyez, amis, le programme de 1848, n'est pas
Vous avez muselé la Vraie République, oui, elle se tait,
mieux
respecté que celui de 1830! Faites donc des ré« E s t ce que l'Assemblée, a - t - i l (lit enfin, n e tiendrait pas à
mais pour combien de temps? peut-être pour vingt-quavolutions
après cela!
à savoir avec quels fonds ont été payés les oiseaux de proie qui
tre heures, jusqu'à ce qu'elle ait passé son mot d'ordre à
s e sont abattus sur les d é p a r t e m e n s ? »
Rédacteur en chef : A. DE CALONNE.
des complices déguisés. Il y a un style de polémique qui
Là-dessus un ouragan a fondu sur l'orateur du haut de ne périra pas ; les fureurs révolutionnaires l'ont rendu
Imprimerie de J . FREY, rue Croix-des-Petits-Champs, 3 3 .

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