MORT D`UN COLOSSE SENSIBLE Je représente ce jour la

MORT D’UN COLOSSE SENSIBLE
Je représente ce jour la pensée
des membres de la section des
Pyrénées-Atlantiques de l’association
des Palmes académiques. Nous sommes
en deuil et la couleur violette de notre
Ordre, habituellement appliquée à la
connaissance et à la sagesse, symbolise
aujourd’hui la couleur des draps posés
sur le cercueil lors des cérémonies
mortuaires. Un de mes prédécesseurs,
Pierre Beaucor, notre ami, vient de
franchir la « porte sombre » et de nous
abandonner. Celles et ceux qui sont à
l’Amopa ont en commun d’avoir servi
l’Ecole et de continuer à le faire jusqu’au bout de la nuit. Pierre
Beaucor, en modèle qu’il n’a jamais voulu être, a illustré le serviteur
exemplaire par ses vertus inégalés : le dévouement, la disponibilité, la
générosité, le sens d’autrui, l’instinct de l’organisateur. Comme la
devise de l’association « Servir et partager » était faite pour lui !
Nous allons fêter en 2012 le cinquantenaire de la naissance
sur le plan national de l’Association des membres de l’Ordre des
Palmes académiques. Pierre Beaucor, qui, avec les morts récents,
André Graciet, Gérard Aveline et d’autres, a tant contribué à donner
un esprit à notre section, ne sera pas avec nous physiquement, mais
nous avons encore tant de choses à recevoir de lui. : « Les morts
instruisent les vivants ».
Cette récompense honorifique (les Palmes ne se demandent
pas) correspondait bien à l’homme désintéressé, discret. Cultivé,
dévoué, joyeux, l’esprit pétillant et le sourire communicatif, Pierre
Beaucor aimait les autres : celles et ceux qui l’ont connu à l’Amopa
64 et au-delà, ne peuvent pas oublier l’animateur hors pair des
rencontres, des voyages si personnellement préparés, la passion qu’il
avait pour la jeunesse. En 2000, alors qu’avec son équipe il décida,
après deux mandats de présidence, de passer le relais, il me dit en
catimini : j’ai un regret, je n’ai pas pu organiser le Congrès national
dans le département. J’ai donc décidé le président Gérard Aveline, en
hommage à Pierre Beaucor, de présenter la candidature de la section et
en 2002, le vœu de Pierre Beaucor était exaucé : le Congrès eut lieu
dans les Pyrénées- Atlantiques.
« Nous sommes aujourd’hui plus vieux d’un mort » disait
Julien Green. En effet, l’abattement nous fait vieillir. Nous voilà
orphelins d’un colosse sensible : comment imaginer que cet homme
puissant, qui nous paraissait indestructible, ait pu être vaincu par la
maladie ? La mort est inacceptable pour celui qui montra tant de
courage,
« Jusqu’à ce que la mort, ouvrant son aile immense,
Engloutisse à jamais dans l’éternel silence
L’éternelle douleur ! » (Alphonse de Lamartine)
La douleur, nous voulons la partager avec Louisette, son
épouse, notre amie, et avec l’ensemble de la famille. Une grande et
belle page de l’histoire de notre section vient en apparence de
s’achever. Mais que serait la section sans le souvenir et l’empreinte de
Pierre ?
Cet hommage a été rendu par Jean Chiama, président de la
section des Pyrénées-Atlantiques lors des obsèques de Pierre Beaucor
dans sa commune natale et de résidence, Sauvagnon dans le Béarn, le
4 mai 2011.