Roxanne - Scribay

Transcription

Roxanne - Scribay
Hallelujah
Roxanne
Publié sur Scribay le 13/06/2015
Roxanne
Roxanne
Un frisson parcourt la salle pendant que le pianiste appuie sensiblement sur les
touches. La musique s'élève. L'assemblée retient son souffle. La musique bat
toujours. Forte. Impressionnante. Et puis, se calme.
Piano.
Violons.
Un geste furtif, imperceptible. Les deux mannequins sur la scène ont bougé. Le
temps d'un froissement de robe. Personne ne doit les avoir vu. Un projecteur
s'allume. Ils recommencent. Elle lui sourit. Moqueuse. Elle ne comprend pas cette
peur qui habite en lui. Elle se moque de ce stress. Elle est sereine, elle sait ce qu'elle
fait. Elle lui offre un ultime et dernier clin d'œil. Tout ira bien. Elle en est sûre.
Soudain, elle redevient sérieuse. Doucement, sa jambe se tend sur le sol, repasse les
traits d'un cercle invisible. Sa tête se penche et une voix s'élève, crie son nom.
Roxanne.
Il l'attire à elle, colle son bassin au sien, refuse de la lâcher. Elle se dégage. Il attrape
son poignet, la fait faire un tour sur elle-même. Elle se blottit contre lui mais c'est à
son tour de la repousser.
Elle avance, il recule.
Et puis, il ose. Il glisse sa main dans son dos jusqu'à la naissance de ses reins. Elle se
plie, touche presque le sol avec la tête. Ferme les yeux. Presque. Il ne tient qu'à lui
de la lâcher. Il la redresse.
Ce n'est pas fini.
Les cordes vibrent. Leurs corps aussi. Ils se fixent. Se tournent autour. Comme des
lions. Ou encore des chiens qui se découvrent. Il repose sa main sur sa hanche. La
descend, timidement. Il arrive à la moitié de sa cuisse quand il la soulève. Elle
enroule sa jambe autour de sa taille.
« His eyes upon your face »
Il la regarde. Elle aussi. Ils se fixent. Droit dans le blanc des yeux. Comme deux
prédateurs, ils s'observent, cherchent à apercevoir un mouvement, une ouverture
propice à l'attaque. Rien ne vient. Ils se regardent, se tournent autour. Il remue le
pied. Elle prend cela comme une invitation, s'élance. Il la rattrape par le poignet. Elle
avance son pied, passe sa jambe sur la sienne. Elle se hisse et s'assied sur son genou.
« His hand upon your hand »
Son bras glisse sur le sien. Il rejoint sa main mais elle se lève. Brutale. Il la retient et
elle pose sa main sur son épaule. Ils avancent, tournent, ne font qu'un. La
synchronisation atteint le maximum. Elle laisse son dos s'arquer. Il se penche.
« His lips caress your skin »
Ses lèvres frôlent sa peau. Sensuelles, gourmandes. Dangereuses. Il aimerait saisir
les siennes, s'y empoisonner, ne plus jamais les quitter. Elle ne lui en donne pas
l'occasion. Elle se retire. Glisse vers le bas, entre ses jambes écartées. Se redresse.
Elle s'éloigne avec grâce. Il la rattrape une énième fois. Elle s'enroule dans ses bras.
Roxanne
Secoue la tête. S'en va en tourbillonnant. Toujours attachée à lui. Comme une ancre.
Elle le lâche. Il vient à elle, encercle sa taille pour la rendre prisonnière. Ses lèvres
caressent sa peau. Si douces. Elle ne cèdera pas. Elle se retourne, le regarde,
approche ses lèvres des siennes. Elle a presque cédé. Presque. C'est là que l'adverbe
prend son sens. Elle se joue de lui. Il n'est qu'un pantin. Une vulgaire marionnette.
Elle se retire. Glisse en arrière. Encore.
Il avance, elle recule.
Renversement de situation. La musique se calme. Quelqu'un parle. Une langue
envoûtante. Espagnol. Murmures. Les violons se mêlent au piano. Montent toujours
plus haut. Il la fait tourner sur elle-même. Dix fois d'affilée. Sans s'arrêter. Et quand
il arrête, elle tombe dans ses bras. Il la tire à l'autre bout de la scène, comme un
cadavre. On crie son nom. Encore.
Roxanne.
Roxanne.
Toujours plus intense. Plus de passion. Plus de désir. Avec volupté.
Elle se relève, ne sait plus où elle va. Tourne. Tourne. Tourne.
Sa tête va lâcher, elle n'en peut plus. Les voix lui font perdre la tête. On crie encore
une fois. Roxanne. Tout se mélange. Homogène.
Elle s'écroule. Il la retient. Ils ne bougent plus.
Quand le projecteur s'éteint, une salve d'applaudissements s'élève. Mais ils ne
bougent toujours pas.
Applaudissements.
Fleurs.
La lourde tenture de velours cramoisie tombe.
Ils respirent enfin. Elle se redresse. Lentement, à bout de souffle. Heureuse.
Tout s'est bien passé.
Ça n'aura duré que quatre minutes et quarante-quatre secondes.
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