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INTERVIEW « À TV8 Mont Blanc il faut que l’on soit là où les autres ne sont pas » Interview. Fanette DEBUISSON, journaliste au sein de TV 8 Mont Blanc, nous dévoile la politique de cette « chaine de territoire », ses développements en tant qu’antenne locale et surtout son créneau face aux autres médias. « Tous les gens ici font de tout. » Pourriez-vous parler un peu sur TV8 Mont Blanc ? (employés, structure) TV8 Mont Blanc est l’une des plus vieille chaine locale de France, elle a plus de 20 ans. Elle est composée d’un président, Julien Cachat, et 3 services : commercial, rédaction et technique. En tout on est 15 avec deux personnes en formation : nous avons une journaliste en alternance et la secrétaire de rédaction présente 3 jours par semaine. La chaîne a connu d’importantes difficultés financières, depuis un an et demi nous sommes en redressement judiciaire. Avant on était 21, aujourd’hui 15. Normalement, nous sortons du redressement ce 15 décembre. Avant de travailler chez TV8 Mont blanc, quel a été votre parcours ? Pour les études de journalisme je suis partie à Lyon et à Grenoble. J’ai travaillé au Dauphiné Libéré à Annecy et à La Vie Nouvelle à Chambéry. A la base je ne voulais pas faire de télé. J’étais venue à 8 Mont Blanc lors de 2 stages. Ça m’a plu et ils m’ont gardée. Ce qui est intéressant personnellement c’est que tous les gens ici font de tout. En tournage on est tout seul. Donc on fait la partie interview, le montage, la présentation. Cette polyvalencelà me plait. Aussi, ce qui est intéressant c’est qu’on est une petite équipe, pour la plupart jeune, on s’entend bien. On a une autonomie dans notre travail que l’on ne trouverait peutêtre pas ailleurs. Et puis on est tous les jours sur le terrain, c’est ce qui me plait. « Présenter ce qu’il se passe dans le territoire » Quel est le rôle de la « Place du Village », l’émission phare de la chaîne et présente depuis le début ? L’esprit de la place du village c’est vraiment de partir en tournage, sans savoir où on va. Aller rencontrer des gens, souvent des personnages emblématiques du village, présents depuis longtemps. L’idée est de montrer l’histoire des pays de Savoie à travers ces gens qui vivent dedans. La politique depuis un an et demi, c’est de se revendiquer comme « chaîne de territoire ». Toutes les émissions ont vocation à présenter ce qu’il se passe dans le territoire. La « Place du Village » c’est l’émission la plus emblématique et s’inscrit aussi dans cette logique. Elle a un vrai public. La notoriété de la chaîne vient aussi de cette émission. Sur le terrain, on nous parle souvent de la place du village. Aujourd’hui la stratégie de développement et d’avenir de la chaîne, c’est de montrer autre chose tout en conservant la place du village. Il faut montrer que d’autres choses sont faites. « Les gens ont besoin aussi d’être informés au plus près de chez eux » Comment ciblez-vous votre public ? Pour le JT, l’idée de 8 Mont Blanc est de rester quand même d’actualités. Par contre, on ne sera pas sur le même tempo que le Dauphiné libéré. Tout d’abord parce que nous n’avons pas les équipes, on ne peut pas être aussi réactif. Aussi, ce n’est pas dans l’esprit que nous avons souhaité donner au journal. Par exemple pour le cas d’une avalanche, on ne sera pas dans le fait divers, mais plutôt dans les conseils de sécurité. (…) les gens ont envie de voir des belles images. Nous sommes dans un beau territoire, donc les images de lacs et montagnes c’est super important et doivent apparaître dans toutes nos émissions. Dans le JT il y aura le côté belles images mais aussi et surtout des sujets de fond. On a aussi cette politique de terre brûlée, c’està-dire qu’en général des chaines nationales vont dans un endroit un instant « t » puis s’en vont et oublient le sujet. Nous on a un devoir, on va revenir sur ces endroits-là, recroiser les gens, on doit être respectueux des gens qui habitent ici. Le rôle de la 8 Mont Blanc il est là, dans ce lien de confiance avec les gens, et de respect. On ne fait pas de faits divers parce qu’on n’aime pas et que nous sommes une chaine de territoire. Il faut que l’on soit là où les autres médias ne sont pas. Comment voyez-vous l’avenir de la télévision locale en générale ? Beaucoup ont eu des difficultés, des soucis comme nous. Il y a différentes télévisions locales, certaines sont publiques, d’autres non. Certaines sont clairement rattachées à des collectivités, et donc très dépendantes des élus. Nous on est indépendant, pas de groupe ni d’appartenance à une collectivité territoriale. Ce que je vois dans mon quotidien, c’est qu’il y a vrai un intérêt pour les télévisions locales, une demande d’information de proximité. Les réseaux sociaux vont créer du lien, de la proximité. Ils ne vont pas menacer la télévision locale. Nous à 8 Mont Blanc, ça fait 25 ans que l’on se bat, il faut être sur les réseaux sociaux tout ça, mais c’est un défi de plus. Les gens ont besoin aussi d’être informés au plus près de chez eux. Il y a aussi un vrai retour aux valeurs, du type made in France, et la télé locale se retrouve là-dedans. Les gens ont envie de se retrouver, de resserrer le lien autour de chez eux, et c’est notre rôle. Je ne suis pas inquiète dans notre avenir à nous, car les entreprises nous soutiennent aussi, les retours sur le terrain sont bons. Par K.CHARNAUD SEGURA