LA FLORE ET LA VEGETATION

Transcription

LA FLORE ET LA VEGETATION
REPUBLIQUE TUNISIENNE
*****
MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE
L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
****
AGENCE DE PROTECTION ET D’AMENAGEMENT
DU LITTORAL
Conservation des Zones Humides Littorales
et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
RAPPORT DE DIAGNOSTIC DES SITES
Partie relative à
LA FLORE ET LA VEGETATION
par : Abdelmajid El Hamrouni
Expert Phytosociologue
Août 2001
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
SSO
E
RE
AIIR
MA
MM
OM
Introduction et considérations méthodologiques ………………….. 03
Oued El Abid ………………………………………………………… 05
Dar Chichou ………………………………………………………….. 15
Jbel El Haouaria …………………………………...………………… 19
Lagune de Korba …………………………………..………………… 23
Zembra ……………………………………………..………………… 32
Bibliographie ……………………………………….………………… 33
Annexes …………………………………………….………………… 34
2
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Introduction et considérations méthodologiques.
La flore spontanée de la Tunisie compte 2162 espèces réparties en 115 familles et en 742 genres
(Nabli 1989). Parmi ces espèces 80% d’entre elles existent sur l’ensemble du territoire national et
929 se rencontrent au Cap Bon.
La modestie du relief fait que l’endémisme est peu développé en Tunisie si bien que le nombre
total d’espèces endémiques est réduit à 34 dont 16 sont de rang spécifique et 18 de rang
infraspécifique(Nabli 1989). Certaines de ces endémiques sont inféodées à la péninsule du Cap
Bon.
Dans le cadre du projet MEDWETCOAST, la Tunisie par l’intermédiaire de l’APAL, agence
d’exécution, entreprend l’étude des sites de la péninsule du Cap Bon, cette presqu’île ayant un
intérêt remarquable du point de vue de la biodiversité. Les sites retenus sont les forêts de Dar
Chichou, Oued El Abid, Jbel El Haouaria et le chapelet de lagunes et de sebkhas qui s’étend entre
Maâmoura et Kélibia.
Le présent rapport traite des aspects floristiques, des groupements végétaux et des milieux dans
lesquels ils évoluent, constituant par la même occasion une sorte de notice aux cartes qui les
accompagnent.
Les relevés floristiques ont été effectués selon la méthode de Braun-Blanquet qui consiste à
attribuer aux espèces végétales rencontrées selon les strates , des indices.d’abondance-dominance et
de sociabilité allant de 1 à 5 de sorte que :
!
pour l’abondance-dominance :
-
!
5 indique que plus des 3/4 de la surface du relevé sont recouverts par les espèces.
4 : les individus recouvrent la surface du relevé entre la moitié et les 3/4.
3:‘
‘
‘
‘
‘
‘
‘
‘ le 1/4
2: ‘
‘
‘
1/20 de la surface du relevé.
1 : individus à recouvrement faible.
+ : individus à recouvrement très faible.
pour la sociabilité :
-
5 : espèce en peuplement presque pur.
4 : espèce en colonies.
3 : espèce en taches.
2 : touffes.
1 : individus isolés
Avec la liste floristique sont également notées les principales caractéristiques stationnelles telles
que le type de sol, la pente, l’exposition, les différentes strates (arbres, arbustes, herbacées), leur
hauteur et leur recouvrement, les actions anthropiques.
Les coordonnées de certains relevés ont été obtenues à l’aide d’un GPS.
L’appartenance des groupements végétaux aux différentes unités phytosociologiques (association,
alliance, ordre et classe) est déterminée à partir de la présence dans les relevés des caractéristiques
de chaque unité.
3
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Les résultats des sorties obtenus sur le terrain suivant des transects sont donnés successivement pour
Oued El Abid, Jbel El Haouria, Dar Chichou et la lagune de Korba.
Conformément aux directives fournies, pour tous les sites le plan suivant a été adopté :
1 - Introduction
2 - Les espèces
-
2.1 : endémiques
2.2 : rares
2.3 : remarquables
2.4 : menacées
3 - Communautés de végétation
-
3.1 : introduction
3.2 : couverture végétale
3.3 : évaluation qualitative des habitats
4 - Analyse
-
4.1 : intérêt écologique du site
4.2 : niveau de sensibilité des différents habitats
4.3 : besoins d’études supplémentaires
4.4 : les objectifs prioritaires de protection
4.5 : mesures de gestion et de conservation proposées
4.6 : usage
4.7 : suivi
Annexes : pour l’ensemble des sites les cartes sont en annexes
4
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
OUED EL ABID
1. Introduction.
De Port Prince à Sidi Daoud, le littoral Nord de la pénisule du Cap Bon est occupé par une
végétation spontanée et une végétation introduite sur substrat sableux. L’introduction de
certaines espèces forestières, particulièrement des résineux, des Acacias et des Eucalyptus a été
faite dans le but bien précis de fixer les dunes littorales mobiles et de lutter contre l’ensablement des
champs de cultures situés en amont. Beaucoup de ces plantations ont atteint leur maturité et sont
entrées dans leur phase de production.
Les peuplements naturels de leur coté évoluent lentement dans un sens progressif, et certains de
leurs sujets, notamment les Genévriers oxycèdres, individualisant leurs troncs, atteignent une
hauteur moyenne de 3 à 4 m.
2. Les espèces.
2.1. Endémiques : néant
2.2. Rares ( au site et au Cap Bon) :
Espèce
Erodium
munbyanum
Hypericum
tomentosum eutomentosum
Agrostemum
githago
Genista ferox
Lotus
ornithopodioides
Astragalus caprinus
ssp lanagirus
Delphinium
peregrinum ssp
halteratum var
cardiopetalum
Salsola soda
Ephedra altissima
Ceratonia siliqua
Myrtus communis
Nom tunisien
Mocht elghoula
Hamra
Localisation
Dunes
Abondance
Rare
‚’’
‘’
‘’
‘’
‘’
‘’
Soda
Kharroub
Rihène
‘’
‘’
‘’
‘’
5
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
2.3. Remarquables:
2.3.1. Plantes médicinales, culinaires et/ou nuisibles
! Allium roseum : consommé et utilisé pour guérir les rhumatismes de la tête.
! Arum italicum : les souches de cette plante sont toxiques.
! Astragalus caprinus : graines fraiches. Consommables.
! Asphodelus microcarpus :utilisé pour soigner les dents, les écoulements
d’oreilles, contre la jaunisse et contre les ulcères.
! Ceratonia siliqua :aliment et antidiarrheique.
! Cistus villosus : sert à préparer une décoction sucrée comme le thé.
! Cytinus hypocistis : soin des hémorragies et de la bronchite.
! Juniperus oxycedrus ssp macrocarpa : combustible et extraction de l’huile
de cade (contre affections cutanées).
! Juniperus phoenicea : utilisé comme stimulant, contre les douleurs
abdominales et contre les maux de tête.
! Lavandula stoechas : utilisée pour aromatiser le thé, pour soigner les rhumes
de cerveau et la blennoragie.
! Lycium europaeum : utilisé en ophtalmologie.
! Myrtus communis : l’essence utilisée en parfumerie, les feuilles riches en
tannin sont utilisées dans les soins des affections pulmonaires, et l es
hémorroides, les fruits comme cosmétique(afs).
! Pancratium maritimum : utilisée dans le traitement de l’asthme.
! Pinus halepensis : graines consommables(zgougou), écorce réduite en
poudre pour traitement des plaies.
! Pinus pinea : la graine est très recherchée en pâtisserie.
! Pistacia lentiscus : l’huile extraite des fruits est utilisée dans le traitement de
la gale, des rhumatismes et de la diarrhée.
! Prasium majus : plante calmante qui se consomme crue
! Retama raetem var duriaei=Retama bovei : utilisée dans le sud dans les
soins en cas de morsures de serpents, ainsi que pour le traitement de la gale
des ovins. Cette plante recherchée par les dromadaires et les petits ruminants
donne au lait un goût amère et peut être abortive en cas de broutage abusif..
! Rubus ulmifolius : le fruit est consommable cru ou en sirop avec du miel.
! Tamarix africana : utilisé comme dentifrice et pour combattre les
hémorragies.
-
Autres usages :
! Ampelodesma mauritanica : toitures des chaumières.
! Calicotome villosa : Combustibe et haies défensives.
! Cistus salviifolius : les feuilles sont utilisées pour le tannage des peaux et la
teinture des étoffes.
! Joncus maritimus : utilisé pour la fabrication des nattes.
! Chamaerops humilis : bourgeon central consommé (joummar), et exploité
pour sa fibre (fabrication du crin végétal).
2.3.2. Espèces introduites non menacées: à valeur économique et écologique (reboisement
dans le cadre de la fixation des dunes littorales)
!
!
!
!
Pinus pinea
Acacia saligna(= Acacia cyanophylla)
Acacia cyclopis
Eucalyptus gonphocephala
6
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
2.3.3 : Espèces abondantes :
!
!
!
!
Quercus coccifera
Juniperus
oxycedrus
macrocarpa
Juniperus phoenicea
Retama bovei.
Juniperus
macrocarpa
oxycedrus
ssp
ssp
Photos CHIHAOUI
2.4 : Espèces menacées:
Espèces
Chamaerops
humilis
Asparagus
acutifolius
!
!
Famille
Palmiers
Nom tunisien Localisation
Abondance
Nkhal faraoun Dunes en place Moyenne
Liliacées
Sakkoum
Dunes en place Moyenne
Les feuilles de la première espèce sont arrachées pour en faire des objets de sparterie que l’on
vend aux touristes.
La seconde espèce est très recherchée par les fleuristes de Tunis pour une meilleure présentation
de leurs bouquets de fleurs.
.
Chamaerops humilis
Photos CHIHAOUI
7
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
3. Communautés de végétation.
Les relevés floristiques effectués sur les deux rives donnent le nom local, la localisation,
l’abodance-dominance et la sociabilité. Ils permettent en même temps de déterminer la
syntaxinomie de la formation végétale à laquelle appartiennent les espèces.
3.1 Rive droite :
-
Sur la plage nue(notée Pn sur la carte) : néant.
Sur la dune mobile(Dm) où existent quelques buttes colonisées par des Genévriers
oxycèdre un relevé a été effectué autour du point dont les coordonnées repérées au GPS
sont(x = 652609 ; y = 4082458). Ce relevé intéresse les espèces suivantes :
Espèce
Juniperus oxycedrus subsp macrocarpa
Ammophila arenaria subsp arundinacea
Medicago marina
Lagurus ovatus
Abon.
3.3
1.1
+
+
L’ensemble de ces espèces est caractéristique des sables dunaires du littoral
A l’exception de la première espèce qui est une transgressive, les autres taxa appartiennent à
l’association décrite notamment par Gehu et al. (1984)1986, Chaban(1993), le Medicageni
(marinae) Ammophiletum arundinaceae. qui se rattache à l’alliance Ammohilion arenariae, à
l’ordre des Ammophiletalea et à la classe des Ammophiletea
Photos CHIHAOUI
Au premier Plan : Ammophila arenaria subsp arrundinacia
En Arrière plan : maquis de chêne Kermesse et Genévriers sur dunes
8
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
!
par un maquis relativement dense, et autour du point (x = 652730, y = 4082204) les espèces
suivantes ont été notées :
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
Espèce
Juniperus phoenicea
Quercus coccifera
Ceratonia siliqua
Chamaerops humilis
Calicotome villosa
Myrtus communis
Phillyrea latifolia
Smilax aspera
Asparagus acutifolius
Prasium majus
Rubia perigrina
Clematis cirrhosa
Ephedra fragilis
Abond
3.3
2.3
3.1
1.1
+
+
+
+
+
1.1
+
+
+
La présence du Calycotome dans cet ensemble floristique montre un dédut de dégradation
de la phytocenose. La formation végétale appartient à l’association Clematidi (cirrhosae)
Juniperetum lyciae décrite depuis la cote atlantique du Maroc, jusqu’à Bouficha en
Tunisie(Quezel et al.1981, Meziani 1984, Géhu et al.1986,ElHamrouni 1992, Chaban1993)
.
Cette association se rattache à l’alliance Juniperion lyciae, à l’ordre des PistacioRhamnetalea alaterni et à la classe des Quercetea ilicis.
!
Sur dune fixée (Df) et autour du point (x = 652959, y = 4081960) se notent les taxa suivants :
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
Espèce
Quercus coccifera
Juniperus phoenicea
Calicotome villosa
Olaea europaea
Pistacia lentiscus
Chamaerops humilis
Daphne gnidium
Lavandula stoechas
Cistus villosus
Cistus salvaefolius
Rhamnus lycioides
Ampelodesma mauritanica
Asphodelus microcarpus
Arum italicum
Convolvulus althaeoides
Abond.
2.2
2.1
3.3
+
2.2
+
+
+
+
+
+
+
1.1
1.1
1.1
9
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Photos CHIHAOUI
Photos CHIHAOUI
Juniperus phoenicea sur dunes
Détail
Ce groupement constitue un faciès de dégradation du précédent , dégradation indiquée par la forte
présence du calycotome, par celle de l’asphodèle et par la taille basse des ligneux. Le voisinage
d’une ferme à cette végétation lui fait subir une forte pression anthropique, notamment le pacage.
Il importe de signaler à coté de ces formations l’existence d’un reboisement en résineux(pin pignon
et pin d’Alep) dont les sujets ont une hauteur moyenne de 8 à 10 m.
-
Formation à Phragmites communis : cette formation qui appartient à la classe des
Phragmetea se localise dans l’oued et dans quelques espaces interdunes humides..
Formation à Juncus appartenant à la classe des Juncetea colonise surtout les berges de l’oued
Dans certains espaces interdunaires (x = 652492, y = 4082064 ) on note :
N°
1
2
3
4
5
6
Espèce
Phragmites communis
Rubus ulmifolius
Nerium oleander
Lyceum europaeum
Tamarix africana
Juncus maritimus
Abond.
4.4
4.5
2.2
2.2
2.1
2.2
10
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Photos CHIHAOUI
Maquis dégradé
3.2. Rive gauche :
!
Sur les premières dunes stabilisées on note la présence des espèces suivantes aux environs du
point (x = 652590, y = 4082731) :
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
!
Espèce
Juniperus oxycedrus subsp macrocarpa
Pistacea lentiscus
Retama monosperma
Lycium europaeum
Asparagus acutifolius
Pancratiom maritimum
Eryngium maritimum
Ammophila arenarea subsp arundinacea
Lotus collinus
Asphodelus microcarpus
Abond.
+
1.2
2.1
+
+
+
1.1
1.1
1.1
1.1
Sur le même type de dunes,un relevé(x = 652626, y = 4062590) a été effectué dans une
plantation d’Acacia cyclopis réalisée dans le but de la fixation des dunes. La liste floristique
obtenu a été la suivante :
11
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
Espèce
Juniperus phoenicea
Juniperus oxycedrus subsp macrocarpa
Quercus coccifera
Phillyrea latifolia
Calicotome villosa
Pistacea lentiscus
Prasium majus
Retama monosperma
Chamaerops humilis
Daphne gnidium
Cistus salvaefolius
Astragalus caprinus subsp lanagyrus
Linarea heterophylla
Silene colorata
Lagurus ovatus
Abond.
+
+
+
+
+
+
1.1
1.1
+
+
1.1
+
+
+
1.1
La faiblesse des coefficients d’abondance-dominance et de sociabilité indique l’état avancé de
dégradation des peuplements.
Plus on s’éloigne du rivage plus l’état du couvert végétal s’améliore, comme l’attestent les relevés
suivants : Point x = 652707, y = 4082731
n°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Espèce
Quercus coccifera
Juniperus phoenice
Calicotome villosa
Pistacea lentiscus
Retama monosperma
Asparagus acutifolius
Olaea europaea
Chamaerops humilis
Daphne gnidium
Cistus salvaefolius
Abond.
4.4
3.2
2.2
2.2
1.1
1.1
+
+
+
+
Point x = 652741, y = 4082500.
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Espèce
Juniperus phoenicea
Pistacea lentiscus
Quercus coccifera
Juniperus oxycedrus ssp macro carpa
Phillyrea latifolia
Chamaerops humilis
Clematis flammula
Calicotome villosa
Retama monosperma
Cistus salvaefolius
Rubia perigrina
Linarea heterophylla
Abondance
5.5
4.4
3.3
1.1
1.1
1.2
2.2
+
+
+
+
+
12
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Point x = 652781, y = 4082504, dans un reboisement d’Eucalyptus camaldulensis, Acacia
cyclopis et Acacia cyanophylla :
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
Espèce
Juniperus phoenicea
Quercus coccifera
Juniperus oxycedrus ssp macrocarpa
Pistacea lentiscus
Phillyrea latifolia
Ephedra fragilis
Clematis cirrhosa
Asparagus acutifolius
Lonicera implexa
Lagurus ovatus
Allium roseum
Abondance
4.4
2.2
1.1
1.1
+
+
+
+
+
+
+
Sur la berge de l’oued se rencontrent Phragmites communis(5.5), Juncus maritimus(3.3), Inula
viscosa(1.1).
Comme pour la rive droite, au- delà de ces formations dunaires dont le statut phytosociologique est
le même sur les deux rives, s’installent les terrains de cultures portant soit des jachères, soit de la
vigne, soit de l’olivier.
4 - Analyse.
4.1 - Intérêt écologique du site
• Conservation des espèces forestières autochtones pionnières fixatrices des dunes et
adaptées aux conditions littorales et autres espèces forestières protectrices des champs
agricoles en amont.
• Conservation du paysage particulier de l'embouchure et le long du cours d'eau de l'oued
Mornaguia à Port Prince et de l'écosystème en mosaïque de la forêt et l'oued El Abid.
4.2.
Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes :
Très forte sensibilité au pacage et aux pratiques agricoles( destruction des dunes fixées)
4.3
Besoins d’études supplémentaires :
• Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation.
• Cartographie de la végétation à grande échelle.
4.4
Les objectifs prioritaires de protection :
• Conservation de la biodiversité en espèces et surtout la totalité de l'écosystème.
•
•
•
Sauvegarde des espèces rares, menacées ou vulnérables.
Maintien des populations des espèces vulnérables et très adaptées à ce milieu.
Fixation des dunes et protection des terres agricoles.
13
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
4.5 - Mesures de gestion et de conservation proposées :
4.5.1 - Actions de gestion :
• Mise en défens des zones dunaires.
• Prendre les mesures nécessaires pour l'alimentation de l'oued en eau et conservation du
régime hydraulique actuel afin de ne pas assécher le milieu et perturber le
fonctionnement naturel de l'écosystème à la suite de l'installation du barrage. Une
diminution du niveau et du débit de l'eau réduira considérablement la richesse spécifique
de la flore.
• Lutte contre les incendies..
• Lutte contre le déboisement.
4.5.2 - Zonation de l'espace :
• Zones réserves : Formations dunaires et embouchure de l'oued.
• Zones à accès restreint : Secteur Port prince. L'Eco-tourisme est à envisager dans ce
secteur
• Zones à accès ouvert : Autour des parties agricoles
4.6 - Usage patrimonial. cf. supra
4.7 - Suivi et proposition de programmes de recherches :
• Etude de la productivité des peuplements spontanés et introduits en fonction de la
fertilité des stations.
• Suivi et recherche des espèces rares ou en voie d'extinction
Les deux premiers points ne nécessitent pas un matériel lourd ou important. Des prospections
fréquentes dans le sites le long de l'année permettent de réaliser ce travail
14
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
DAR CHICHOU
1.Introduction.
La forêt de Dar Chichou prend en écharpe la partie orientale de la péninsule du Cap Bon depuis La
cote de Sidi Daoud jusqu’à oued El Gsab prés de Hammam Laghzez. C’est une forêt artificielle
dans sa très grande majorité issue des reboisements qui ont débuté avant les années 40 dans le cadre
de la protection des champs de cultures contre l’ensablement qui les envahissait.
La protection dont a bénéficié cette forêt a permis la conservation aussi bien de la flore originelle
que les espèces introduites telles que le pin pignon, le pin maritime, l’Acacia et divers eucalyptus.
2. - Les espèces.
2.1 – Endémiques : Néant.
2.2 - Rares.
- Silene villosa : espèce se trouvant surtout au sud du pays et ne se retrouve au CB qu’à Dar
Chichou.
- Coronilla repanda : espèce des sables n’est signalée au CB qu’à Korbous et à Dar Chichou.
- Lathyrus annuus : espèce méditerranéenne signalée par Pottier-Alapetite dans deux stations
tunisiennes : Oued Chichou et oued Bezirck, toutes deux au Cap Bon
- Lathyrus cicera : rare au Cap Bon.
2.3 - remarquables.
2.3.1 - espèces abondantes.
o Calicotome villosa subsp intermedia :taxon des milieux dégradés.
2.3.2 : espèces introduites(à intérêt économique et écologique).
o
o
o
o
o
Pinus pinea : fournit du bois d’industrie et des fruits (pigne pour la pâtisserie)
Pinus halepensis : bois d’œuvre et de chauffage, fruits(zgougou pour la pâtisserie)
Acacia saligna(= A. cyanophylla) : fourrage , bois de feu, fixatrice des sables..
Acacia cyclopis : bois de feu et fixation des sables.
Eucalyptus sp.(E.camaldulensis, E. gomphocephala…) : bois d’œuvre, bois
d’industrie, bois de feu.
2.3.3 : espèces menacées : néant
15
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
3. Communautés végétales.
3.1 : introduction.
S’agissant d’une forêt artificielle qui a été et qui reste l’objet d’une attention tout à fait particulière
pour la bonne réussite des reboisements en vue de jouer efficacement leur rôle dans la lutte contre
l’ensablement, la dynamique des peuplements est progressive.
3.2 : Couverture végétale.
3.2.1 : relevés effectués.
Afin d’avoir une idée sur la structure de la végétation et sa composition botanique les relevés
suivants ont pu être réalisés :
Point x = 663469, y = 4093251
Quercus coccifera
2.1
Juniperus phoenicea 3.1
Juniperus oxycedrus ssp macrocarpa 1.1
Retama bovei
2.2
Philtre latifolia
1.1
Pistacia lentiscus
1.1
Calicotome villosa subsp intermedia 1.2
Erica multiflora
1.1
Cistus salvifolius
1.1
Rosmarinus officinalis 1.1
Halimium halimifolium +
Daphne gnidium
+
Linaria heterophylla
+
Pinus pinea
: introduit
Acacia cyanophylla
‘’
Eucalyptus gomphocephala
‘’
Point x = 677000, y = 4092090
Pistacia lentiscus 2.2
Phillyrea latifolia 1.1
Olaea eurpaea
+
Rubus ulmifolius
+
Chamaerops humilis +
Lyceum europaeum +
Acacia cyanophylla :
Eucalyptus camaldulensis
introduction
‘’
16
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Point x = 671825, y = 4093809
Calicotome villosa 4.4
Erica multiflora
1.1
Corydothymus capitatus 1.1
Genista aspalathoides
1.1
Rosmarinus officinalis +
Ebenus pinnata
+
Cistus salviifolius
+
Retama bovei
+
Pinus pinaster
: introduction
La hauteur de la strate arborée, a cimes jointives issue des reboisements dépasse les 15 m pour les
résineux et les Eucalyptus.
La strate arbustive constituée par les Acacias, les Genévriers, le kermès…. fait 3 à 4 m. de hauteur
moyenne.
3.2.2 : signification phytosociologique.
Les deux premiers relevés, sur sol acide, indiqueraient une appartenance de la végétation à
l’association Climatidi( cirrhosae)-Juniperotum lyciae, alliance Juniperion lyciae, ordre des
Pistacio-Rhamntalea alaterni, classe des Quercetea ilicis
Le troisième relevé, sur sol calcaire, montre que la plupart des espèces appartiennent à une
groupement qui reste à définir, qui serait la sous-association calicotometosum intermediae
du Corydothymo capitati-Lavanduletum multifidae(El Hamrouni 1992) se rattachant à la
superclasse des Cisto-Romarinea classe, des Rosmarinetea, ordre des Cisto mauritaniciThymetalea munbyani
3.3 : Evaluation qualitative des habitats.
Forêt artificielle, à peuplements mûrs, aménagés dont la majorité est en cours d’exploitation.
Elle est caractérisée par une très forte diversité des peuplements du point de vue des espèces
introduites (pures ou en mélange), du point de vue de leur âge (selon les programmes annuels de
reboisement) et du point de vue de leur densité à l’hectare(800 à 1650 tiges/ha), due à la « fantaisie
du reboiseur », mais également à l’hétérogénéité des sols comme l’ont indiqué les relevés
floristiques.
4.1
Intérêt écologique du site
• Bien qu'artificielle, la forêt joue un rôle important dans la fixation du sol et la lutte
contre les ensablements. En plus de son rôle économique certain, cet espace vert étendu
et en bon état a un rôle récréatif.
• Complémentarité entre les espèces ligneuses spontanées (chênes et genévriers) et les
taxons introduits, en particulier les résineux (différents pins et divers Eucalyptus).
4.2
Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes :
• Sensibilité au feu (incendies) : très forte
17
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
4.3
Besoins d’études supplémentaires :
• Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation.
• Etude minutieuse des facteurs abiotiques (édaphiques et climatiques) à diverses stations
de la forêt en vue d'introduire ou d'acclimater des espèces animales sauvages
autochtones éteintes ou en voie d'extinction.
4.4
Les objectifs prioritaires de protection :
• Importance de la productivité primaire.
• Lutte contre l'ensablement.
• Amélioration de la production forestières (bois et fruits).
4.5 Mesures de gestion et de conservation proposées :
4.5.1. Actions de gestion :
• Lutte contre les incendies.
• Amélioration de l'état des équipements et de l'infrastructure actuelle de la réserve
cynégétique.
• Entreprendre d'autres essais d'acclimatation et d'introduction d'autres animaux dans la
réserve cynégétique.
• Repeuplement de la forêt en espèces sauvages et essai de lâcher, particulièrement, de
certains Mammifères.
4.5.2 Zonation de l'espace :
• Zones réserves : Quelques stations renferment un peuplement riche en différents types
de pins, d'eucalyptus et de sous-bois dense.
• Zones à accès restreint : Actuelle zone de la réserve cynégétique..
• Zones à accès ouvert : sentiers écologiques côté ruines, vers la mer et oued El Ksab.
I. Suivi et proposition de programmes de recherches :
Programme d'étude et de suivi de la migration des oiseaux, complémentaire à celui de
Djebel El Haouaria.
18
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
JBEL EL HAOUARIA
1 : Introduction.
Ce massif souffre d’une pression anthropique séculaire, représentée particulièrement par le
surpâturage et par la collecte du bois, effectués par les habitants de la ville d’El Haouaria.
Ces facteurs de dégradation conjugués à la violence des vents auxquels est exposée la pointe du Cap
Bon, soumettent le couvert végétal à une évolution malheureusement négative.
2 : Les espèces.
2.1 : Endémiques.
Espèce
Dianthus rupicola var hermaensis
Scabiosa farinosa
Calendula monardi
Limonium goujetianum
Nom tunisien
Kronfol
??
,,
‘’
Localisation
Rochers
Rochers
Littoral
Rochers du littoral
Abondance
moyenne
moyenne
Rare
moyenne
La dernière espèce est une endémique tuniso-algérienne et les deux autres sont tunisiennes.
2.2 : Rares.
Espèce
Nom tunisien
Centaurea cineraria var gymnocarpa
subvar papposa
Anthyllis barba- jovis
Lavatera maritima var typica
Plantago coronopus subsp purpurescens
Silene sedoides
Succowia balearica
Vicia disperma
Orchis longicornis
Orchis papilionacea
Chouk
??
Localisation
Abondance
Très rare
Rochers gréseux
Rochers
Rare
Rare
2.3 : remarquables.
2.3.1 : abondantes.
Espèce
Erica multiflora
Nom tunisien
Bou Halhal
Localisation
Maquis dégradé
Abondance
Très abondante
19
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
2.3.2 : introduites.
:
Espèce
Nom tunisien
Pinus pinea
Bondok
Acacia cyanophylla Acacia
Localisation
Zones de reboisements
‘’’’
Abondance
Plantations limitées
‘’
‘’
2.3.3 : menacées.
Espèce
Famille
Nom tunisien
Localisation
Abondance
Cistus crispus
Quercus coccifera
Arbutus unedo
Chamaerops humilis
Cistacée
Fagacée
Ericacée
Ericacée
Mellia
Kechrid
Lenj
Nkhal Faraoun
Sémaphore
Ravins et rochers
Rochers
Sommet et ravins
Rare
Rare
Très rare
Rare
Les trois dernières espèces se trouvent réfugiées dans les endroits rocheux. Toutefois dans le ravin
de la grotte des chauves-souris le chêne kermès prend, sur une surface malheureusement limitée,
l’allure d’une futaie. Avec la formation de Souania(arrondissement forestier de Tabarka) et au Jbel
Hattous(arrondissement forestier de Nabeul, triage de Hammam Jdidi), ce ravin constitue la
troisième station tunisienne où Quercus coccifera constitue une strate arborée ; partout ailleurs
l’espèce est à l’état de buisson. Ici les arbres ont des cymes jointives, une hauteur moyenne de 10 m
et une circonférence de 120 cm à hauteur de poitrine d’homme.
Par ailleurs un très beau spécimen de plus de deux mètres de hauteur se développe paisiblement
sous la protection maraboutique de Sidi Amer.
3 : Communautés végétales.
3.1 : introduction.
Située dans une ambiance climatique sub-humide, la végétation primitive devait être
une formation à chêne kermès sinon arborée du moins arbustive, à densité et hauteur respectables et
à sous-bois constitué d’Ericacées, de lentisque et d’oléastre. De cela on ne retrouve plus maintenant
qu’un maquis bas et ouvert où domine Erica multiflora..
3.2 : couverture végétale.
3.2.1 : relevés effectués.
Grotte des chauves-souris :
Quercus coccifera
Phillyrea latifolia
Olea europaea
Pistacia lentiscus
Arbutus unedo
Myrtus communis
Erica arborea
Erica multiflora
Smilax aspera
Chamaerops humilis
5.5
1.1
2.2
2.1
+
1.2
+
+
+
1.1
20
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Prasium majus
+
Smilax aspera
1.1
Tamus communis
1.1
Arisarum vulgare
+
Geranium robertianum
1.1
Ampelodesma mauritanica
+
Cet individu d’association indique une station sylvatique riche en espèces indicatrices d’un sol
relativement humifère.
Sur la rive gauche de ce ravin on note les espèces suivantes :
Calicotome villosa
1.1
Pistacia lentiscus
1.1
Genista aspalathoides
+
Erica multiflora
1.1
Rhamnus lycioides
+
Rosmarinus officinalis
1.1
Lavandula stoechas
+
Salvia verbenaca
+
Au sommet à 400 m d’altitude. ; point x = 681976 ; y = 4104283.
Pistacia lentiscus
1.1
Chamaerops humilis
+
Cistus crispus
+
Calicotome villosa
1.1
Cistus salviifolius
1.1
Erica multiflora
2.1
Olea europaea
+
Au-dessous de la station de TV en exposition Est, point x = 681939 ;
y = 4104334.
Erica arborea
3.3
Chamaerops humilis
+
Phillyrea latifolia
+
Cistus salviifolius
+
Kentranthus ruber
+
Galium mollugo
+
Lotus cytisoides
+
Ampelodesma mauritanica
+
.Geranium robertianum
+
Dans les infractuosités des rochers apparaissent :
Scabiosa farinosa
1.1
Arbutus unedo
2.1
Cistus villosus
+
En bas de versant abondent les arbrisseaux :
Pistacia lentiscus
3.1
21
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Erica multiflora
2.1
Olea europaea
+
Et sous le phare, sur les rochers maritimes apparaissent :
Crithmum maritimum
+
Asrericus maritimus
+
Rumex bucephalophorus
+
L’ensemble de ces relevés indique que la végétation de Jbel El Haouaria est constituée de trois
groupements appartenant à deux classes phytosociologiques :
- groupement forestier à Quercus coccifera, Olea europaea et Myrtus communis qui pourrait
être rattaché à l’association Smilaci mauritaicae-Quercetum
cocciferae(ElHamrouni1992),alliance Oleo-Quercion retundifolio suberis, Ordre des
Quercetalia ilicis, Classe des Quercetea ilicis.
- Groupement à Quercus coccifera et Erica arborea qui serait un premier stade de
dégradation du groupement précédent.
- Groupement à Pistacia lentiscus et Erica multiflora qui représenterait le deuxième stade de
dégradation du premier groupement.
- Groupement à Erica multiflora et Rosmarinus officinalis qui appartiendrait à la classe des
Rosmarinetea et dont la structure reste à déterminer.
- Groupent à Crithmum maritimum et Asteriscus maritimus inféodé aux rochers du littoral qui
se rattacherait peut-être au faciès rocheux du Limonio-Lotetum alleonii(PottierAlapetite1954) appartenant au Crithmo-Limonion, ordre des Crithmo-Limonietalia, classe
des Crithmo-Limonietea ou à l’Asterisco-Limonietum virgatae(Chaban 1993) Des
investigations ultérieures sont nécessaires pour définir avec précision l’association et ses
caractéristiques.
3.3 : Evaluation qualitative des habitats.
C’est une phytocénose dans son dernier stade de dégradation,. De la cocciféraie originelle sur les
versants Ouest et Est on passe à la roche nue sous le phare du Cap Bon.
La régénération naturelle est compromise par un surpâturage intempestif ,
aussi
voit-on
se
manifester l’intervention humaine pour assister à une régénération naturelle défaillante et assurer en
même temps une amélioration pastorale. Ces actions sont assurées au moyen de reboisements en pin
pignon pour la production forestière et en Acacia cyanophylla pour la production fourragère. Mais
l’ampleur de ces plantations reste modeste eu égard à ce qu’il faut entreprendre.
4 : Analyse.
4.1.Intérêt écologique du site
• Zone de forêt relictuelle qui représente l'ancienne forêt de chênes similaire à l'actuelle
forêt de Kroumirie et Mogod.
• Le site recèle des espèces endémiques propres au Cap Bon (Oeillet des rochers), et au
Cap Bon et à la Kroumirie(Scabieuse à feuilles farineuses).
• C’est la 3ème station connue en Tunisie à chêne kermès arboré. Quelques stations
similaires existent aussi au Maroc et en Grèce.
• Importance pour l'avifaune, notamment les migrateurs.
• Faune sauvage pauvre en espèces à cause des conditions climatiques drastiques mais les
espèces présentes sont très adaptées à ces facteurs et représentent par conséquent une
biodiversité génétique particulière.
22
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
.
4.2 : Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes :
Très forte sensibilité au pâturage intensif associé à l'action des vents violents. Ce
surpâturage freine l'évolution normale et aboutit à une évolution régressive et une
dégradation irréversible de l'écosystème.
4.3 : Besoins d’études supplémentaires :
• Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation.
• Etude de la structure phytosociologique de l’ensemble de la végétation du massif.
• Mise en place d'un observatoire permanent pour le suivi et l'étude des oiseaux
migrateurs.
4.4 : Les objectifs prioritaires de protection :
• Sauvegarde de l'ensemble de l'écosystème du Djebel El Haouaria actuellement très
menacé de destruction et de disparition totale.
• Voie migratrice importante et lieu d'accueil de milliers d'oiseaux ayant besoin de niches
écologiques favorables (alimentation, repos, refuge…)
4.5 : Mesures de gestion et de conservation proposées :
4.5.1 :Actions de gestion :
• Interdiction du pâturage dans un premier temps jusqu'à l'étude de la capacité biotique du
milieu.
• Elargissement de l'actuelle réserve (la grotte des chauves souris) par l'annexion des
zones limitrophes le long de l'oued jusqu'au plus proche lac collinaire.
• Mise en place d'un observatoire pour l'avifaune.
4.5.2 :. Zonation de l'espace :
• Zones réserves : la réserve actuelle et le ravin à proximité.
• Zones à accès restreint : Djebel El Haouaria.
• Zones à accès ouvert : du Sémaphore à la mer.
4.6 : Suivi et proposition de programmes de recherches :
• Programme d'étude et de suivi de la migration des oiseaux.
• Etude de l'évolution de la végétation après protection.
Photos MCH.
Maquis dégradé de Djebel El Haouaria
23
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
LAGUNE DE KORBA
1: Introduction.
Le paysage du littoral méridional de la péninsule du Cap Bon est marqué par une série de lagunes
qui va de Kélibia à Hammamet entrecoupées par des cordons dunaires mobiles et/ou fixés. Les
lagunes ou sebkhas abritent une végétation halophiles tandis que les dunes portent selon leur degré
de stabilité soit de l’Oyat, soit du Rtème.
2 : Les espèces.
2.1 : endémiques. Néant
2.2 : rares.
Elatine hydropiper var pedunculata
Tamarix africana
Phragmites communis
Obione portulacoides
Limoniastrum monopetalum
Limonium densiflorum
Solanum sodomaeum
2.3 : remarquables.
2.3.1 : à valeur économique.
Juncus maritimus : utilisé pour la confection des nattes.
Phragmites communis : haies vives ou mortes, confection de toitures de cabanes.
2.3.2 : abondantes.
Joncus maritimus var typicus
Arthrocnemum indicum
Salicornia arabica
Scirpus maritimus
Frankenia pulverulenta
Suaeda mollis
2.4 : menacées.
Toutes les espèces de cette lagune même les plus abondantes sont menacées de disparition à
plus ou moins brève échéance suite à une urbanisation de plus en plus étendue et de l’accumulation
des ordures de toutes sortes que ce nouveau dépotoir reçoit continuellement.
3.Communautés végétales.
3.1 : la végétation lagunaire
A l’exception d’une roselière et d’une tamariçaie à superficie limitée, la végétation lagunaire
est organisée en ceintures périphériques ayant comme espèces dominantes :
Joncus maritimus
Salicornia arabica
Limoniastrum monopetalum
Limonium densiflorum
Suaeda maritima
Beta vulgaris subsp maritimus
Plantago crassifolia
24
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Photos MCH.
Au premier plan : Roselière
Au second plan : tamaricaie
Plusieurs de ces espèces appartiennent à la classe des Juncetea maritimi et aux syntaxa qui
lui sont subordonnés. L’étude approfondie d’une telle végétation précisera le statut
phytosociologique des diverses communautés végétales en place.
3.2 : végétation dunaire.
Sur les dunes se trouvent :
- Ammophila arenaria subsp arundinacea
- Euphorbia paralias
- Eryngium maritimum
- Retama bovei
- Thymelaea hirsuta
Ces taxa se retrouvent aussi bien du coté de la lagune Est que Ouest. Toutefois sur les dunes qui
séparent cette dernière de la mer apparaissent les traces d’une ancienne formation à Genévriers
et à chêne kermès. On y note en particulier
- Chamaerops humilis
- Asparagus acutifolius
- Calicotome villosa
- Daphne gnidium
Du coté des ruines romaines on trouve
- Ephedra major
- Lycium europaeum
- Asparagus horridus
- Corydothymus capitatus
- Cistus salviifolius
Du coté de Oued Sidi Othman dont les berges portent une formation à Salicornia arabica, on
enregistre la présence de quelques pieds de Solanum sodomaeum
Ces espèces communes sur le littoral du Cap Bon se rattachent aux associations déjà citées de la
classe des Quercetea ilicis.
25
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Photos MCH.
formation à Salicornia arabica
3.3 : Evaluation qualitative des habitats.
- La dynamique des peuplements végétaux est manifestement régressive aussi bien pour la
lagune que pour le cordon dunaire. Sur ce dernier le degré de recouvrement est faible(20 à
40%).. Sur les marges de la lagune la végétation spontanée tend à se faire remplacer par la
culture de la tomate.
- De ce fait l’artificialisation du milieu est assez forte.
- Retama bovei, le seul ligneux dominant sur les dunes, semble se régénérer normalement.
4. Analyse
4.1.Intérêt écologique du site
• Hétérogénéité spatiale traduite par une distribution aussi bien de la végétation halophile
et psammophile que de la faune herpétologique selon le double gradient salinité et
humidité du sol de la lagune vers la mer.
• Importance de la végétation locale pour la fixation des dunes et la lutte contre
l'ensablement.
• Importance pour l'avifaune limicole.
4.2 : Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes :
Très forte sensibilité liée à la destruction de l'ancienne forêt et le pâturage, la pollution par
les ordures ménagères et l'urbanisation limitrophe à la ville de Korba en plus des pratiques
agricoles vers l'embouchure de l'oued Sidi Othman.
4.3 : Besoins d’études supplémentaires :
• Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation halophile et psammophile.
• Etude de la structure et de l'organisation spatio-temporelle de l'herpétofaune.
26
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
4.4 : Les objectifs prioritaires de protection :
• Lutte contre la pollution, l'urbanisation et l'ensablement.
• Sauvegarde de la population de l'espèce Chalcides chalcides et du caméléon.
• Protection des zones de nidification de plusieurs espèces d'oiseaux.
4.5 : Mesures de gestion et de conservation proposées :
4.5.1 : Actions de gestion :
Interdiction de jeter les ordures dans la lagune.
Elaboration d’un règlement d’exploitation du Jonc.
4.52 :. Zonation de l'espace :
• Zones réserves : Périphérie de la lagune et une partie de la zone dunaire en plus des sites
archéologiques.
• Zones à accès restreint : zone de nidification des oiseaux et bordure de la lagune.
• Zones à accès ouvert : plage et zones agricoles.
4.6 : Suivi et proposition de programmes de recherches :
• Etude de la dynamique de la population de Chalcides chalcides.
• Etude de la nidification et la reproduction des oiseaux.
Remarque : le paragraphe 4 de chaque partie porte sur la flore et l'herpétofaune ; le contenu a été discuté et formulé par S. NOUIRA et
A.ELHAMROUNI
27
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
ZEMBRA
I : Introduction
L’archipel de Zembra a été érigé en parc national terrestre et marin en 1*78. Depuis cette date la
végétation et la faune jouissent d’une assez bonne protection, et de ce fait les espèces qui
constituent le maquis évoluent dans le sens positif.
La flore et la végétation de cet archipel sont affines de celles de la Galite, de la Kroumirie, des
Mogods et du Cap-Bon
2 : Les espèces.
Il a été dénombré aux îles Zembra 266 espèces et sous-espèces dont certaines sont endémiques,
rares ou remarquables
-
espèces endémiques :
o Méditerranéennes
!
!
!
!
!
Sanguisorba spinosa
Iberis semperflorens
Erodium maritimum
Lavatera punctata
Senecio cineraria
Photos El Hamrouni.
Sanguisorba spinosa (aspect estival)
o Maghrébines
!
!
Brassica cretica subsp atlantica
Erodium hymenoides
o Tunisiennes
!
Scabiosa farinosa
28
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
!
!
Dianthus rupicola var hermaensis
Melica minuta susp eu-minuta
Photos El Hamrouni
Photos Ali El HILI
Dianthus rupicola var hermaensis : aspect général et fleurs
-
espèces rares ( pour l’archipel)
o Tamarix africana
o Anthyllis barba-jovis
o Chamaerops humilis
o Ampelodesma mauritanica
o Bryonia dioica
o Lonicera implexa
o Calicotome villosa
o Pancratium maritimum
o Erica arborea
o Myrtus communis
o Arbutus unedo
o Limoniu virgatum
o Daphne gnidium
o Prasium majus
-
espèces remarquables:
o Periploca angustifolia
o Olea europaza
o Juniperus phoenicea
o Capparis spinosa var inermis
o Ioncus acutus
-
espèces abondantes :
o Erica multiflora
o Pistacia lentiscus
o Phillyrea latifolia
o Cistus monspeliensis
Photos El Hamrouni
Arbutus unedo en fruits
29
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Espèces introduites :
o Tamarix articulata
o Eucalyptus camaldulensis
o Acacia cyanophylla
o Pinus halepensis
-
Espèces fruitières :
o Ficus carica
o Punica granatum
o Phoenix dactylifera
Espèces menacées :
Toutes les espèces ligneuses du maquis peuvent être considérées très sensibles au feu et au
pâturage. Ce dernier subsiste malgré son interdiction.
3: Communautés végétales :
Pottier-Alapetite(1954) a étudié les groupements végétaux de la grande île et a
individualisé les associations suivantes :
- Le Staticeto-Loletum allionii appartenant au Crithmo-Staticion et présentant deux faciès :
o Un faciès sur rochers
o Un faciès sur sable
Après analyse de la réalité sur le terrain et les premières analyses , il n’est pas impossibles
que ces deux faciès constituent deux associations différentes.
- L’Oleo-lentiscetum qui intéresse le maquis
- Un groupement de dégradation des pelouses, rattaché aux Helianthemetalea
- Un autre groupement de dégradation rattaché aux Isoetalea.
Gammar (inédit) et Le Floc’h(1986) ont chacun de son coté abordé successivement les aspects
phyto-écologiques et de cartographie de la végétation en place.
4 : Analyse.
4.1.Intérêt écologique du site
• Le site recèle des espèces endémiques propres au Cap Bon (Oeillet des rochers), et au
Cap Bon et à la Kroumirie(Scabieuse à feuilles farineuses).
• Importance pour l'avifaune, notamment les migrateurs.
• Faune sauvage pauvre en espèces mais celles présentes sont très adaptées aux conditions
du milieu et représentent par conséquent une biodiversité génétique particulière.
4.2 : Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes :
Très forte sensibilité au feu et au pâturage.
4.3 : Besoins d’études supplémentaires :
• Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation.
• Etude de la structure phytosociologique de l’ensemble de la végétation de l’archipel
30
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
•
Mise en place d'un observatoire permanent pour le suivi et l'étude des oiseaux migrateurs
commun à l’archipel et à Jbel El Haouaria.
4.4 : Les objectifs prioritaires de protection :
• Sauvegarde de l'ensemble des écosystèmes terrestre et marin
• Voie migratrice importante et lieu d'accueil de milliers d'oiseaux ayant besoin de niches
écologiques favorables (alimentation, repos, refuge…)
.
4.5 : Mesures de gestion et de conservation proposées :
4.5.1 :Actions de gestion :
• Interdiction du pâturage à l’exception des mouflons à manchettes introduits il y à
quarante ans environs dans l’île.
• Aménagement du maquis dans un but de développement du tourisme écologique.
• Mise en place d'un observatoire pour l'avifaune.
•
•
•
4.5.2 :. Zonation de l'espace :
Zones réserves Sommet et Capo Grosso
Zones à accès restreint : Maison du Poète et Capo Camelo
Zones à accès ouvert : Environs de l’ancien hôtel..
4.6 : Suivi et proposition de programmes de recherches :
• Programme d'étude et de suivi de la migration des oiseaux.
• Etude de l'évolution de la végétation.
31
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Conclusion
La diversité des sites naturels du Cap Bon se traduit par une richesse et une diversité floristique
remarquables.
Les dunes de Oued El Abid et de Dar Chichou sont colonisées par une couverture forestière et préforestière à la fois herbacée et ligneuse.
Les herbacées dont particulièrement l’oyat (Ammophila arenaria subsp arundinacea) avec le
Rtème (Retama bovei) sont les plantes fixatrices que l’on rencontre en premier lieu sur le rivage.
Les ligneux, souvent buissonneux, du maquis thermophile à Chêne Kermès et à Genévriers,
constituent quelquefois des fourrés de haute taille, conférant à la formation une ambiance
sylvatique.
Pour ce type de sites on enregistre onze espèces rares et quatre menacées. Ces dernières sont le
caroubier, le palmier nain ou Doum, l’Ephèdre et l’Asperge à feuilles en épines.
A coté de cette végétation spontanée et pour fixer les dunes, le forestier a procédé à l’introduction
d’espèces exotiques. On remarque en effet, à coté des espèces locales comme le pin pignon et le
pin d’Alep, la présence d’Eucalyptus et d’Acacia d’origine australienne.
Ces reboisements prennent en écharpe la péninsule du Cap Bon depuis la zone de Oued El Abid à
celle de Hammam El Ghézaz.
Les sites de Jbel El Haouaria et de l’archipel de Zembra, à relief montagneux et à roches escarpées,
dont la flore et la végétation sont affines de la Galite et de l’ensemble du littoral septentrional de la
Tunisie, portent un maquis à Ericacées bien conservé à Zembra et très dégradé à El Haouaria.
Toutefois, le ravin de la grotte des chauves-souris dont le statut foncier relevant du privatif et non
du domaine de l’état comme le reste du massif d’El Haouaria ,est couvert par une futaie
remarquable de Chêne Kermès très dense , haute de 8 à 10m.
Zembra et El Haouaria possèdent des endémiques tunisiennes, maghrébines et méditerranéennes.
A El Haouaria on note :
• 3 endémiques tunisiennes
• 1 endémique maghrébine
A Zembra on retrouve
• 3 endémiques tunisiennes
• 2 endémiques maghrébines
• 5 endémiques méditerranéennes.
La lagune de Korba et les sites qui lui sont similaires sur tout le littoral méridional de la péninsule
porte une végétation halophile accompagnée parfois par des roseaux ou des Tamarix.
L’ensemble de ces sites sensibles constitue des biotopes à faune aussi diversifiée que la végétation.
Ces habitats appartenant à des écosystèmes fragiles, nécessitent une protection continue, du fait
qu’ils sont malheureusement menacés par le pâturage, les incendies et par diverses pollutions.
32
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
Références bibliographiques.
- Chaaban A. 1993 :Etude de la végétation du littoral septentrional de la Tunisie :Typologie,
syntaxinomie, et éléments d’aménagement.
- Colectif. 1986 : Aires spécialement protégées Etude de cas en Tunisie. Synthèse des études
relatives à la partie terrestre de l’île de Zembra.
- Cuenod 1954 : Flore analytique et synoptique de Tunisie.
- Direction des Forêts-Service des études forestières : Forêt de Menzel Belgacem : 1ère,2ème,
3ème, 4ème série
- El Hamrouni A.1992 : Végétation forestière et préfostière de la Tunisie : Typologie et
élément pour la gestion.
- MEAT-APAL-BETBEL. 2000: Etude des périmètres de protection pour la gestion des zones
sensibles littorales allant de Soliman à Nabeul, Phase 1: identification des flux d’extension.
- MEAT-APAL-IARE..1999:Etude des sites naturels sensibles des zones humides et
lagunaires du littoral du golfe d’Hammamet, Phase III : synthèse.
- Pottier-Alapetite G(Mme),. 1954 : L’ile de Zembra : excursion phytosocilogique,. Memo
Soc. Sc. Nat.Tunisie.2.
- 1979-1981:Flore de Tunisie 2 tomes.
- Schoenenberger A. Floret Ch et Soler 1966 : Les unités forestières in notice de la carte
phyto-écologique de la Tunisie septentrionale, échelle 1/200.000 ; feuille 1, Cap Bon- La
Goulette- Sousse (p.p). vol.39 Annales INRAT.
33
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
ANNEXES
CARTES DE LA VEGETATION EN PLACE
34
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
35
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
36
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
37
Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon
38

Documents pareils