Durant cinq jours, les insectes ont envahi la ville de Gembloux

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Durant cinq jours, les insectes ont envahi la ville de Gembloux
Notes fauniques de Gembloux, n°44 (2001) : 33-36
4ème Festival International du Film de l’Insecte
(Narbonne-Gembloux, du 17 au 21 octobre 2001)
Durant cinq jours, les insectes
ont envahi la ville de Gembloux
par Jacques MIGNON*
Résumé
Du 17 au 21 octobre 2001, les insectes ont envahi simultanément les villes de
Narbonne et de Gembloux. Ce phénomène n’est pas le premier du genre puisqu’en
1995, 1997 et 1999, ce sont les villes de Perpignan, Montpellier puis de Narbonne
qui avaient vu les insectes se rassembler et se propager de rue en rue. A l’occasion
du 4ème Festival International du Film de l’Insecte, les organisateurs français et
belges ont voulu donner une dimension internationale accrue au Festival. C’est ainsi
que dans chaque pays, le FIFI a permis de mettre sur pied une vingtaine de
manifestations axées, de près ou de loin, sur les insectes. En Belgique, la tenue du
festival à Gembloux s’imposait par l’expérience de l’Unité de Zoologie générale et
appliquée et la richesse des collections entomologiques de la Faculté. Loin d’être
une manifestation réservée aux passionnés de la nature, le FIFI visait un public très
diversifié, du simple curieux au cinéphile, en passant par le naturaliste averti et
l’amateur de sensations fortes. Ainsi, le programme belge proposait la projection de
14 films axés sur le monde des insectes et des araignées, une splendide exposition
didactique sur les insectes avec plus de 50 espèces vivantes, un concours et une
exposition de photographies, un salon des naturalistes, de nombreuses expositions
(peinture, sculpture, dentelles, insectes tropicaux, apiculture, …), des visites sur le
terrain ainsi que des conférences-dégustations dont une réservée à l’entomophagie.
Ce sont près de 3000 personnes qui ont pu profiter de cette première antenne belge
de ce festival hors du commun. Le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour l’édition
2003.
Mots-clés : vulgarisation, entomologie, festival, entomophagie
*
Faculté universitaire des Sciences agronomiques, Unité de Zoologie générale et
appliquée (Prof. Ch. Gaspar). B-5030 Gembloux (Belgique). Assistant chargé
d’exercices, coordinateur du FIFI-Belgique 2001.
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J. Mignon
Après s’être déroulé successivement à Perpignan, Montpellier et Narbonne, le
Festival International du Film de l’Insecte (FIFI) a pris une dimension internationale
accrue suite à sa tenue simultanée à Narbonne (France, Languedoc-Roussillon) et à
Gembloux (Belgique). Cette reconnaissance internationale a été soulignée par
l’obtention du label du Conseil de l’Europe comme événement de clôture de la
campagne « l’Europe, un patrimoine commun » et le soutien du programme
international Diversitas dans le cadre de l’International Biodiversity Observation Year
(IBOY).
Les objectifs du FIFI sont multiples : (1) au moyen d’approches ludiques,
interactives et artistiques, le Festival souhaite favoriser la connaissance de la faune
invertébrée et de ses milieux de vie (les insectes représentent plus de 80% des
espèces animales !) ; (2) faire connaître et reconnaître le rôle primordial que jouent
ces insectes dans la nature (moins de 5% d’entre eux sont considérés comme
nuisibles !) ; (3) pousser les réalisateurs de films animaliers à s’intéresser davantage
aux invertébrés, en leur proposant une compétition internationale autour de l’insecte.
Un kaléidoscope entomologique
Persuadés qu’une grande opération de vulgarisation ne peut se faire sans le
soutien de l’Art, les organisateurs ont proposé aux associations artistiques et
culturelles gembloutoises de s’investir dans la mise sur pied de manifestations
étroitement associées au FIFI 2001. Cette démarche a permis de proposer une
multitude de regards à travers différentes manifestations programmées en divers
lieux d’une ville fourmillant d’activité.
Au terme de ce festival, le bilan est plutôt réjouissant. Le public s’est montré fort
intéressé par le monde, il est vrai passionnant, des insectes. L’exposition sur les
insectes a attiré plus de 2000 personnes ravies de découvrir une cinquantaine
d’espèces vivantes illustrant les boîtes de la riche collection gembloutoise et les
panneaux didactiques, près de 1000 personnes ont participé aux projections des
films sélectionnés, 800 écoliers et étudiants ont participé à des journées d’initiation à
l’entomologie, plus de 600 « curieux » se sont initié à l’entomophagie lors d’une
conférence suivie d’une dégustation de plats préparés à base d’insectes, plusieurs
centaines de personnes ont participé au salon des naturalistes et aux diverses
sorties programmées (réserve naturelle, milieu forestier, élevage des coccinelles,
conservatoire entomologique), près de 150 clichés ont été soumis au concours et à
l’exposition de photographies d’insectes et d’araignées, de nombreux visiteurs ont pu
profiter du beau temps pour circuler dans Gembloux et sa Faculté à la découverte du
parterre de fleurs en forme de papillon, des insectes géants du sculpteur Vanorbeek,
des conteuses, des insectes des forêts tropicales humides, des œuvres et
expositions d’enfants, de l’exposition artistique, des ruches et produits (en
dégustation) de l’apiculture, des insectes en dentelles ou encore des vitrines
décorées par les commerçants. Forts de l’intérêt qui leur a été porté, les insectes
devraient à nouveau envahir la ville de Gembloux en 2003. Avis aux amateurs !
Une valorisation des collections entomologiques gembloutoises
L’antenne belge du Festival International du Film de l’Insecte n’aurait pu voir le
jour sans la participation massive de jeunes passionnés d’entomologie et la présence
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en nos murs gembloutois de la plus riche collection entomologique de Wallonie. Bien
que, généralement par manque d’informations, l’aspect « collection » soit souvent
critiqué, nous avons pu observer un grand intérêt de la presse et des festivaliers pour
les missions que doit remplir un conservatoire entomologique tel que celui de
Gembloux. La valorisation scientifique mais aussi didactique ont souvent été
abordées. Les visites organisées ont du être multipliées durant tout le week-end.
Conscients de l’intérêt que présentent les collections conservées à Gembloux, les
autorités de la Faculté, de la Ville, de la Région wallonne et de la Communauté
française entendent favoriser à moyen terme la création d’un espace dynamique et
vivant, un véritable musée wallon d’entomologie. La presse apporte son soutien en
souhaitant aux concepteurs « le courage de la fourmi, la vivacité de l’abeille, sans
connaître le sort de l’éphémère ». Un autre projet d’envergure est également
évoqué : la mise sur pied d’une formation internationale en entomologie.
Un salon réservé aux naturalistes
Durant deux jours, une dizaine d’associations de naturalistes sont venues animer
le grand hall de l’Espace Senghor en présentant leurs activités, les causes qu’elles
défendent et leurs publications. Certaines d’entre elles ont proposé des visites sur le
terrain (les RNOB gérant la réserve naturelle de l’Escaille à Gembloux), des
présentations illustrées de leurs activités (Jeunes et Nature) ainsi que des
dégustations (Les Compagnons de St Ambroise et les produits de la ruche). Bien
que confronté à des sensibilités différentes (Centre Marie Victorin, Brabant Ecologie,
Défi Nature, Fédération des Apiculteurs belges, Société Royale Belge d’Entomologie,
Centre Permanent d’Etude de la Nature, Le Monde Merveilleux des Papillons), le
visiteur a sans nul doute compris l’importance du travail de groupe et l’intérêt
d’adhérer à ces organisations axant l’essentiel de leurs activités sur le travail de
terrain, la sensibilisation et la formation.
Une initiation à l’entomophagie
Les insectes sont consommés sur tous les continents à l’exception de l’Amérique
du Nord et de l’Europe. Partant du constat que notre appréhension relève
essentiellement de paramètres culturels, les organisateurs du FIFI-Belgique ont
souhaité informer leurs concitoyens avant de leur proposer une initiation à
l’entomophagie. C’est ainsi que, devant plus de 600 personnes, le Professeur
François Malaisse a merveilleusement décrit l’importance (à tous points de vue) que
revêt la consommation d’insectes pour les populations africaines. Au terme de cette
conférence, rares sont les participants qui n’ont pas osé « déguster » les plats
préparés sur base de recettes traditionnelles ou de recettes européennes
« légèrement » modifiées. Le menu était composé d’une quinzaine de préparations
dont : toasts aux larves de charançons du palmier et aux vers de farine ; sambussa
de grillons à la sauce piquante ; salade de chenilles ; paella aux criquets et grillons ;
cakes et pralines aux larves et nymphes de ténébrions et, comme pousse-café, du
mezcal. Vu le succès de la manifestation et la facilité de mener à bien certains
élevages d’insectes, on peut se demander pourquoi aucun restaurant ne propose en
Belgique des plats préparés à base d’insectes !
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J. Mignon
Le palmarès 2001
Côté belge, le jury du festival était rassemblé sous la présidence de Monsieur
Patrick Dewolf, Ingénieur attaché à la direction de la Division de la Nature et des
Forêts du ministère de la Région wallonne. Il a attribué le « Prix de la Ministre de
l’Enseignement supérieur, de la Promotion sociale et de la Recherche scientifique »
au meilleur film de vulgarisation scientifique : « Conflit dans la jungle » de P.
Bleuzen. Les membres du jury - Annie Delfosse (Journaliste Nature), Jean-Philippe
Luxen (Réalisateur RTBF), Bernard Carton (Président de la Fondation Nicolas Hulot
Belgique), Jean Fagot (Entomologiste, Président du Cercle des Entomologistes
Liégeois), Pablo Servigne (Jeune Entomologiste), Eric Haubruge (Entomologiste,
Chef de travaux à la F.u.S.a.Gx) – ont été séduits par ses superbes images, son
scénario et ses commentaires adaptés. Ces qualités lui ont également valu la
reconnaissance des publics belge et français puisque le prix du public lui a été
attribué suite au comptage des votes des deux pays.
Rassemblé à Narbonne sous la présidence de Monsieur Yves Gonseth, Président
du groupe d’experts « invertébrés » de la Convention de Berne, le Jury international
a primé trois films : « The Magic Trees of Assam » de P. Reddish, « La Guerre des
Mouches » de Th. Berrod et « Night of the Bogong » de K. Toft. Quant au jury
« jeunes », composé de Français, d’Allemands, d’Espagnols et de Belges, il a
attribué son prix à : « The Ultimate Guide : Spider » de E. Peddie.
Dans le cadre du concours de photographies d’insectes, le jury s’est réuni sous la
présidence de Monsieur Damien Hubaux, photographe professionnel spécialisé dans
la photographie de la nature. Il a attribué le Premier prix - Prix de la Ville de
Gembloux, à Monsieur Philippe Moës pour « eau de vie » et le Prix spécial jeune à
Monsieur Pablo Servigne pour « repos d’une libellule ». Quant au public, il a décerné
son prix à Madame Christine Nyst pour « envol ».
Remerciements
La partie belge du 4ème Festival International du Film de l’Insecte ne résulte pas
d’une organisation « festival » traditionnelle. Aucune personne n’a été engagée dans
le cadre de cette manifestation. Sa réalisation a été rendue possible grâce à la
complémentarité des compétences du Centre Culturel de Gembloux et de l’Unité de
Zoologie générale et appliquée de la Faculté universitaire des Sciences
agronomiques de Gembloux. Qu’il me soit permis ici de remercier et de féliciter les
jeunes passionnés qui ont œuvré sans compter pour la réussite de cette
manifestation. Je tiens à associer à cette réussite les indispensables partenaires
financiers et les partenaires de la presse : la Région wallonne (Monsieur le Ministre
J. Happart), la Communauté française (Madame la Ministre F. Dupuis et Monsieur le
Ministre R. Demotte), la Ville de Gembloux, la Faculté de Gembloux, la RTBF, le
groupe Sud-Presse et le groupe Vlan.