La Gazette du Maroc
Transcription
La Gazette du Maroc
ENTRETIEN DU 25 OCTOBRE 2004 AVEC ALI BENJELLOUN DIRECTEUR GENERAL DE LA FNACAM " Un code des Assurances en totale inadéquation avec la réalité du terrain " La Gazette du Maroc : Comment se porte le secteur des assurances au Maroc ? Ali BENJEJJOUN : Le secteur des assurances au Maroc est malade. Il est surtout malade de ses contradictions car d’un côté, les compagnies veulent multiplier la création d’agences d’assurances et, de l’autre, elles imposent, via des traités de nomination à sens unique des conditions draconiennes à leur propre réseau. Nous nous sommes donc penchés tout récemment au niveau du Bureau de notre Fédération sur l’avenant au traité de nomination que les compagnies mandantes soumettent actuellement à leur réseau d’agents pour signature. Nous sommes en mesure, aujourd’hui, de pouvoir affirmer que jamais pareille convention n’a été aussi déséquilibré. C’est la raison pour laquelle nous avons recommandé à l’ensemble des agents d’assurances de surseoir à la signature de ce document en attendant que le décret d’application fixant, entre autres, l’étendue des rapports entre les entreprises d’assurances et leurs mandataires soit promulgué. Nous avons des raisons de croire que tôt ou tard, si bien évidemment rien ne change, les intermédiaires finiront par créer leurs propres compagnies d’assurances et/ou se tourner vers les entreprises d’assurances délocalisées au Maroc dans le cadre su processus d’ouverture du pays à la mondialisation, aux investissements étrangers et aux nouvelles règles du commerce libre Le code des assurances qui réglemente les conditions d’accès et d’exercice de la profession d’intermédiaire assureur qu’il soit agent ou courtier, répond-il finalement aux attentes de la profession ? Le code des assurances est venu incontestablement mettre de l’ordre dans un secteur longtemps régi par des textes épars, mais la profession a le sentiment qu’il a été taillé sur mesure pour répondre beaucoup plus aux attentes des compagnies d’assurances et des banques qu’à celles des intermédiaires. C’est pourquoi nous avons décidé de saisir à nouveau les instances législatives dans la perspective d’amender un certain 1 nombre de dispositions du code que nous considérons en totale inadéquation avec la réalité du terrain Comment pourriez –vous qualifier l’état des relations actuelles entre les deux Fédérations, celle des intermédiaires assureurs que vous pilotez et la FMSAR regroupant les compagnies ? Avec l’arrivée de Mustapha BAKKOURY à la tête de la FMSAR ( Fédération Marocaine des sociétés d’assurances et de réassurances), on avait toutes les raisons de croire qu’un véritable partenariat allait s’instaurer entre les deux entités. Hélas, il s’est avéré que cette approche n’est pas partagé par certains dirigeants des managements de compagnies dont l’esprit mercantile continue de prévaloir sur tout le reste . Le fait par exemple de ne pas nous associer à la réflexion, de priver seulement leurs agents d’assurances de recourir aux services d’une deuxième entreprise d’assurances en cas de risque à fortiori, non pratiqué ou décliné par elles, atteste, si besoin est, de l’absence d’une vision de marché et d’une stratégie à moyen et long terme. Car ce n’est pas en étouffant leur propre réseau de distribution que leurs gains seraient plus importants. Nous gardons toutefois l’espoir que la raison prévaudra et qu’une véritable concertation fondée sur l’équilibre des intérêts s’instaurera entre tous les partenaires institutionnels intéressés car, il faut se rendre à l’évidence, sans l’apport du réseau de distribution traditionnel, les compagnies d’assurance n’auraient jamais pu bénéficier de l’embellie qu’elles connaissent aujourd’hui 2