Le retour des Antarès au Cirque d`Hiver

Transcription

Le retour des Antarès au Cirque d`Hiver
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Christian Hamel
Le retour des Antarès
au Cirque d’Hiver
Leur retour au Cirque d’Hiver constitue un véritable événement. Ce numéro, créé dans l’enthousiasme de l’après guerre, avait parcouru le monde
avant de trouver une nouvelle jeunesse sous le chapiteau du cirque Flic Flac :
il y a chez ces artistes l’étrange paradoxe d’une modernité assumée alliée à
un professionnalisme digne des commandos.
Georges Gommeton.
L’équipage
C’est le père de Bruno et Gilles, Georges
Gommeton, qui créa cette attraction au
cirque stable d’Amiens en juin 1949. Il est né
le 14 mars 1918 à St Eloi aux Mines dans le
théâtre ambulant de ses parents. Cédant à la
concurrence du cinéma, la famille allait ouvrir
un garage d’électricité automobile à Lezoux
dans le Puy de Dôme. Très jeune, Georges
montra des dispositions particulières pour la
gymnastique et le plongeon. A dix-sept ans,
il s’engagea dans la marine et, devenu maître
nageur à la base aéronavale de Brest, il accumula les titres en plongeon de haut vol. La
guerre allait le faire passer du théâtre aux
armées au STO, puis à la clandestinité. Avec
des faux papiers, il travailla comme employé
chez Amar puis monta un numéro de main à
main avec un partenaire nommé Timas.
Georges rejoignit ensuite les maquis
d’Auvergne et s’engagea dans la 1° DB du
Général Vigier.
L’immédiat après guerre le ramena au théâtre
ambulant de Louis Darges. Il y rencontra la
belle Lucette Hytte qui devint sa femme et
répéta un nouveau numéro aérien avec De
Riaz. Un avion tournait autour d’un axe pendant
que les artistes exécutaient divers exercices,
pendus à des agrès. Cette attraction n’était
pas véritablement nouvelle puisque les
Nicoletos, les Aeros Stars, Axel Murano et
24 - Le Cirque dans l’Univers n° 219 - 4
ème
trim. 2005
Achille Zavatta donnera une sorte de bénédiction au numéro en composant une
Marche Antarès qui, aujourd’hui encore,
rythme sur ses accords mineurs la folle course des acrobates.
Le numéro comporte quatre séries de lâchers
entrecoupées d’un travail au trapèze exécuté
par la pilote de l’avion.
Les lâchers se font d’abord main à main planches et dislocations - puis par une perche
tenue au porteur, enfin par un petit trapèze
où le voltigeur se lâche, par deux puis une
seule pointe de pied (!) Pour permettre au
porteur de reprendre les bras du voltigeur, le
petit trapèze doit être tenu en mâchoire
... /...
Photo Raphaël Schott /Cirque d’Hiver Bouglione.
Photo Archives
surtout les Kimris l’avaient déjà présentée.
Georges était un voltigeur exceptionnel. Très
vite, il voulut créer son propre numéro. Après
Amiens, il débuta le 27 septembre à
Medrano. La Scandinavie, les cirques de
Zavatta, puis les meilleurs chapiteaux anglais
et italiens abritèrent l’avion silencieux et son
étrange équipage.
Plusieurs porteurs se succèderont : Pierre
Bergam, Raymond Gendarme, Tony Lucchini
et, enfin, Bruno, le fils aîné.
Dans le cockpit, on verra d’élégantes aviatrices :
Irène, Nicole Gimel, Betty Stom-Vasseur et,
dès 1959, la jolie Patricia, fille de Georges et
Lucette.
Maria Garcia.