Le Quotidien de Demain - Journal des bonnes nouvelles 25

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Le Quotidien de Demain - Journal des bonnes nouvelles 25
Le Quotidien de Demain - Journal des bonnes nouvelles
25 novembre 2024
Un juré girondin tiré au sort
pour la loi sur la condition animale
Quelle n’a pas été la surprise de M. Marc Boivin lors
de la réception d’une lettre le convoquant pour un
jury citoyen dédié à la récente loi sur la condition
animale en France.
En effet, depuis la mise en place de la nouvelle
constitution il y a 3 ans, les jurys citoyens se sont
multipliés en France sur de nombreux sujets
d’intérêt général. Les premiers, on s’en souvient,
ont principalement été initiés par la population,
notamment sur le droit de vote des étrangers pour
les représentants locaux, ou sur la dépénalisation
du cannabis/ légifération des places communes.
Au vu des solutions qui ont été apportées à des
problèmes locaux, les élus des collectivités ont peu
à peu proposé des sujets à la délibération par des
jurys citoyens locaux. C’est donc un nouveau
périmètre qui s’ouvre avec cette initiative, aux
enjeux nationaux voire transnationaux.
Même si ce mode de décision paraît aujourd’hui
tout à fait admis, et fait des émuls dans les pays
voisins, il n’en a pas été toujours le cas. Il faut
reconnaître qu’il n’a pu se mettre en place que
grâce à la mise en place conjointe du revenu
citoyen, facilitant la disponibilité des citoyens pour
la vie politique.
Témoignage.
M. Boivin, racontez-nous comment vous comptez
aborder cette mission.
C’est tout d’abord un grand honneur et une grande
responsablilité, je vais tâcher d’être à la hauteur de
la tâche. Je me suis renseigné auprès d’anciens
jurés, afin d’avoir des conseils sur une bonne
préparation.
Gérard Latripe
de retour dans sa charcuterie
Vous comptez travailler le sujet, rencontrer des
experts avant de vous rendre au jury ?
Je ne sais pas, pas forcément car je compte avoir le
même niveau d’informations que les autres jurés. Il
est fort probable que certains spécialistes et experts
vont essayer de me contacter, voire de m’influencer,
mais la procédure est maintenant bien établie :
absence de contact dès le début de la procédure.
Ce n’est pas compliqué de se pencher sur un sujet
dont vous n’êtes pas forcément expert ?
Au contraire, c’est tout l’intérêt du processus ! Ceci
dit, c’est effectivement impressionnant, mais on
nous a bien expliqué que le but n’est pas d’avoir la
meilleure solution technique, mais de viser le
meilleur compromis pour l’intérêt général. On verra
bien, ce qui me conforte c’est que ça n’est pas la
première expérience. Les solutions qui sont sorties
des précédents jurys ont été reconnus par les élus
comme particulièrement pertinentes, cette nouvelle
initiative montre bien que la confiance mutuelle se
met en place.
Combien de temps va durer ce jury, et comment
vous organisez-vous familialement et professionnellement ?
Une absence de 3 mois est évidemment perturbante
pour la famille et l’emploi. Ceci dit, avec la mise en
place du partage du temps de travail, notre
organisation professionnelle s’est assouplie,
favorisant les activités annexes des uns et des autres.
C’est clair qu’il y a 5 ans, on aurait hurlé à
l’impossibilité. Mais les choses ont changé depuis, ce
qui prouve bien que l’on peut aller très loin, avec une
vraie volonté politique, partagée par tous.
Je vous remercie pour cette conclusion, et nous vous
souhaitons bon courage pour cette mission que vous
prenez avec enthousiasme.
par Antoine Courjaud
Après son brillant mandat de député, Gérard
Latripe retrouve ses fourneaux. Comme de
nombreux artisans, il a bénéficié du soutien de la
coopérative citoyenne de Sud Gironde. Il a pu ainsi
organiser sa candidature après avoir recueilli les
attentes que ses concitoyens souhaitaient voir
soutenues au niveau national. Parallèlement, un
collectif de confrères s’est mobilisé pour prendre
en charge son établissement et poursuivre la
politique de proximité et de qualité qui est la
sienne.
Un mandat bien rempli
Nous avons pu suivre et apprécier l’importance du
travail fourni par nos députés à travers les retours
réguliers que nous faisait régulièrement Gérard
Latripe (voir nos articles périodiques rendant
compte des ateliers d’échange entre nos élus et
nos concitoyens). A noter, en particulier, sa
contribution particulière sur la couverture sociale
des artisans. Il a, ainsi, largement contribué à la
rapprocher de celle des agriculteurs et des
indépendants.
Un engagement repris par son successeur
Après ce premier mandat simple, conformément
aux dispositions de la nouvelle constitution, grâce
à l’expérience acquise, Gérard Latripe a développé
un mode de relation avec ses électeurs largement
repris par Elise Delacour, aide-soignante à la
maison de retraite Jean Eustache. Élise Delacour,
désignée pour remplacer Gérard Latripe, a en
effet eu le temps de bénéficier de la période de
recouvrement entre les deux mandats pour
pouvoir prendre le relais sans période
d’adaptation à sa nouvelle tâche. Voir encadré sur
les nouvelles dispositions constitutionnelles.
Un professionnel heureux
Gérard Latripe nous a déclaré : « Mon
passage par un mandat électif m’a ouvert les
yeux sur l’importance de l’engagement. Les
décisions qui sont prises par le parlement ont
un effet direct sur notre vie quotidienne. Faire
découvrir la politique à mes concitoyens a été
une de mes principales satisfactions au cours
de ce mandat. Néanmoins, je vais revenir à
mon métier avec un plaisir intense. Reprendre
les fourneaux et la relation riche et cordiale
avec mes clients, c’est retrouver un équilibre
de vie dans un environnement qui me
correspond.»
L’engagement de Gérard Latripe n’aurait
pas été possible sans l’accompagnement de
la coopérative citoyenne et du collectif des
artisans constitués pour traduire concrètement la mise en place du Statut du Citoyen.
par Dominique Saitta
La Communauté Mondiale des Énergies et
Minerais (CMEM) passe à l'étape suivante :
les retours locaux sur investissement.
L'idée avait paru loufoque à la plupart des
acteurs il y a seulement sept ans : sortir
des tensions créées par la réduction des
ressources mondiales, tant dans les
énergies fossiles que dans les autres
minerais. Il y a 15 ans, l'humanité venait
de passer le pic pétrolier, tout du moins
pour les pétroles conventionnels.
Dans ce secteur, il fallait de plus en plus
d'énergie pour trouver… de l'énergie. La
course aux terres rares détenues alors en
grande partie par la Chine, a montré les
risques qui pouvaient menacer le XXIe
siècle : succomber à la tentation du
chacun pour soi, où chaque pays aurait
organisé sa puissance pour être celui qui
brûlerait la dernière goutte de pétrole ou
fabriquerait le dernier fil de cuivre.
Des nouveaux biens communs
Mais le pire n'est jamais sûr. Et c'était
oublier que les mouvements citoyens,
inspirés qui par la pensée de la
décroissance, qui par l'économie des
biens communs, travaillaient depuis
longtemps à des modèles innovants.
C'est ce travail collectif, finalement
soutenu par quelques gouvernements,
dans le cadre de rencontres internationales construites sur le modèle des COP
sur le climat, qui a accouché de la CMEM.
Les énergies fossiles comme les minerais
métalliques sont dorénavant, dans leur
très grande majorité, des biens
communs de l'humanité.
On se souvient que cette métamorphose
radicale fut possible grâce à un
alignement des planètes internationales
avec la démission de Donald Trump en
cours de mandat, le décès accidentel lors
d'une chasse de Vladimir Poutine et la
révolution qui a chassé le dernier roi
d'Arabie Saoudite.
Depuis, le pétrole et le gaz sont devenus la
propriété de l'humanité. Il est prévu dans la
charte de la CMEM que les exploitations
doivent dorénavant respecter des critères
sociaux et environnementaux stricts. Les
prix sont fixés par cette institution supra
gouvernementale. Assurés de prix stables à
long terme, les pays producteurs comme
les pays consommateurs ont eu tout à
gagner.
Vers la fin des conflits
Mais à la surprise générale, c'est dans le
domaine des métaux et matières
précieuses que les acquis ont été les plus
rapides. Les extractions d'or et de
diamants, à l'origine des guerres en Afrique
centrale et australe, sont dorénavant
contrôlées par la CMEM. Les conflits se sont
éteints beaucoup plus rapidement qu'on ne
l'espérait.
C'est ainsi qu'en ce jour, à Kinshasa
(République Démocratique du Congo),
s'ouvre l'Institut International de Réinvestissement (IIR), organisme lié à la CMEM, et
qui doit téléguider de manière impartiale
les revenus financiers vers les populations
locales.
Ce sont des projets construits par les
habitants, souvent organisés en O.N.G., qui
sont sélectionnés par l'IIR. Un jury composé
d'experts internationaux et de citoyens
tirés au sort validera ces projets.
L'inauguration de l'IIR marque donc une
étape cruciale pour la légitimation de la
CMEM. De nombreux pays ont fait savoir
leur intérêt et leur impatience, parmi
lesquels le Maroc (pour les phosphates), le
Chili (pour le cuivre) ou encore le Nigeria
(pour le pétrole).
par Cyril Mouquet
Le retour à la terre
continue de créer des emplois !
Le millionième paysan de France
est girondin.
...ou plus exactement girondine, car c'est une femme :
Mme Laverdure nous raconte son parcours et sa nouvelle
vie.
Quel a été votre parcours et pourquoi êtes-vous devenue
paysanne ?
Mme Laverdure : J'ai fait des études pour être styliste mais
il n'y avait pas d'emploi, donc je me suis reconvertie en
devenant caissière à Auchan. Il fallait que je gagne ma vie.
Mais après trois ans, on a presque toutes été remplacées par
des caisses automatiques et j'ai perdu mon emploi. C'était
dur ! Heureusement, au même moment, le revenu citoyen a
été mis en place : j'ai touché ainsi 600 euros par mois. C'est
ce qui a provoqué un déclic en moi : j'ai décidé de mener ma
vie comme je l'entendais. J'en avais marre de la ville, alors je
me suis installée à Leognan et j'ai commencé à participer à
un jardin partagé. J'apprenais à jardiner, à cultiver la terre, et
en même temps je partageais de grands moments d'amitié
et de solidarité. C'est ce qui m'a donné l'idée de démarrer
une nouvelle vie et de devenir paysanne."
Mais vous n'aviez pas de terre, comment avez-vous
démarré votre activité ?
L : C'est vrai que je partais de rien. Je savais ce que je ne
voulais pas : je ne voulais pas travailler seule, je ne voulais
pas être à la campagne tout le temps, je ne voulais pas y
consacrer tout mon temps, je voulais le faire avec plaisir, pas
sur une trop grande surface. J'ai lancé une demande sur
internet pour trouver d'autres personnes dans mon cas en
Gironde ou à proximité. J'ai eu une vingtaine de réponses.
On s'est rencontrés. On a été cinq à sympathiser. On a
cherché une terre et on s'est répartis le boulot."
Vous êtes propriétaires du terrain ?
L : Oui, on l'a acheté grâce à la loi d'aide aux paysans
permavoles avec le prêt à taux zéro."
Comment vous êtes-vous organisés ?
L : L'objectif était de travailler seulement quatre jours
par semaine, et donc de tourner pour qu'il y ait toujours
trois ou quatre d'entre nous en activité. Je voulais faire
des études d'histoire des arts à Bordeaux et il me fallait
du temps pour aller à la fac et, un soir par semaine, aux
cours de l'Université populaire de Gironde en accès libre
et gratuit. Moi, les deux premières années, j'ai travaillé à
la ferme du jeudi au dimanche. Le reste de la semaine, je
vivais en ville, j'allais au cinéma, j'étudiais, je voyais mes
amis. Ça me plaisait.
Et tous les cinq vous vous êtes toujours entendus sur
tout ?
L : Non, parfois il y a eu des tensions. L'un des quatre
autres a d'ailleurs quitté l'entreprise - notre mode de
fonctionnement ne lui convenait pas - mais on a pu le
remplacer rapidement et depuis ça fonctionne bien, on a
augmenté notre chiffre d'affaires. On a des animaux, on
produit beaucoup avec une surface réduite. On travaille
uniquement en circuits courts avec peu ou pas
d'intermédiaires.
Et comment faites-vous pour acheter le matériel et
payer les factures d'énergie ?
L : Pour le matériel, on n'a rien acheté, on travaille en
partenariat avec la coopérative Tronchet qui loue le
matériel nécessaire. C'est bien plus économique et
écologique ! En plus, nous payons une bonne partie de
nos factures en monnaie locale car notre ferme fait
partie du grand réseau de la MIEL* en Gironde. (*MIEL :
Monnaie d'Intérêt Économique Local) Pour les limiter les
dépenses d'énergie, nous avons bénéficié du prêt
européen financé par le plan « Mille milliards pour le
climat » pour la construction de bâtiments à Haute
Qualité Environnementale (HQE). Nous sommes
complètement autonomes en énergie et nous
produisons même de l'énergie solaire en surplus, que
nous vendons à Enercoop pour le réseau aquitain.
Et vous voulez continuer comme cela ?
L : Alors, en fait, non, car j'ai fini mes études et je vis
maintenant en couple. Je travaille toujours à la ferme
quatre jours par semaine, mais j'ai réorienté mes autres
activités vers la vie locale : j'ai créé une université
populaire pour un regroupement de villages dans le sud
de la Gironde, où je donne des cours de dessin gratuits ;
j'interviens aussi dans plusieurs écoles rurales. Et depuis
deux mois je suis conseillère municipale !
par Aline Mouquet