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QUELLES ALTERNATIVES À LA VOITURE INDIVIDUELLE ? par la Fédération Inter-Environnement Mobilité et Aménagement du Territoire). Wallonie (Cellule Le transport de voyageurs repose sur de nombreux moyens de transport tant publics (train, métro/tram, bus) que privés (voitures, voitures partagées, vélos, marche). Pour assurer une mobilité efficace, il faut réfléchir aux déplacements des gens dans leur ensemble du point de départ à l’arrivée pour utiliser chaque mode de transport au niveau le plus adéquat et assurer la complémentarité entre eux. Les critères pour juger d’une mobilité efficace sont la facilité de déplacement, la fluidité, l’impact environnemental et énergétique, le coût pour les pouvoirs publics et les ménages, l’accessibilité sociale de tous à la mobilité. Dans ce cadre, il semble utile d’analyser les leviers publics disponibles et les investissements prioritaires : infrastructures, fiscalité, tarification et billettique, services de mobilité, éducation à la mobilité,… Il faut aussi réfléchir à la manière de transcender les échelons de pouvoir et coordonner les modes de transport privés et publics. 1. Contexte L’OCDE a défini un système de mobilité durable comme « un système qui ne mette pas en danger ni la santé publique ni les écosystèmes et qui réponde aux besoins d’accessibilité tout en (a) utilisant les ressources renouvelables à un rythme inférieur à celui de leur régénération et (b) utilisant les ressources non renouvelables à un rythme inférieur à celui du développement de leurs substituts renouvelables. »1 Nul besoin d’une analyse en profondeur pour comprendre que les systèmes de mobilité actuels des pays développés, largement basés sur le transport routier (voiture individuelle et camion) « ne sont pas durables à long terme sur le plan environnemental – ni, par voie de conséquence, sur les plans social et économique. »2 1 OECD, Project on environmentaly sustainable transport (EST), The economic and social implications of sustainable transportation, Proceedings from the Ottawa workshop, Paris, January 2000, p. 12. 2 OECD, op. cit., page 11. 1 Quels éléments factuels permettent d’étayer cette affirmation ? Il nous semble possible de les diviser en six catégories, qui sont autant de politiques publiques imputées et concernées par la mobilité. 1.1 Economie - budget Actuellement, le secteur des transports dépend à 98% d’une seule ressource énergétique : le pétrole. Les prix de cette ressource connaissent une tendance haussière qui s’inscrit dans le cadre d’une évolution à long terme, caractérisée par un essoufflement de l’offre énergétique associé à une croissance de la demande mondiale. En 2011, la Belgique a importé, en chiffres ronds, 24 milliards d’euros de pétrole (428 milliards pour l’Union européenne). La collectivité doit prendre en charge une série de coûts externes, non payés par les automobilistes : ces coûts sont associés aux impacts négatifs des véhicules (bruit, accidents, pollution) ou à la mise à disposition des infrastructures ; ils équivalent à environ 7,3 % du PIB au niveau européen. Par ailleurs, la congestion des réseaux d’infrastructures est telle que le temps de production perdu dans les embouteillages représente environ 0,7 % du PIB au niveau européen. Le manque à gagner de l’Etat imputable aux dispositions fiscales favorables aux voitures de société (principalement relatives aux cotisations ONSS employeurs et employés et au calcul de l’avantage en toute nature), quoique très difficile à appréhender, peut être estimé entre trois et quatre milliards d’euros par an. Considérant que ce sont majoritairement des employés dont les revenus appartiennent aux tranches les plus élevées qui se voient octroyer des voitures de société, on pourrait résumer la situation en disant qu’une majorité de citoyens de condition modeste paie pour les voitures de société d’une minorité plus riche… Outre cette singularité sociale, le manque à gagner de l’Etat impacte directement les politiques que celui-ci peut – ou plus exactement ne peut pas – mener, notamment en matière de promotion d’une mobilité durable et, plus particulièrement, de transport en commun. 1.2. Environnement Les incidences environnementales non soutenables de nos pratiques de mobilité sont nombreuses : impacts des infrastructures sur les 2 milieux naturels, déchets, déplétion des ressources naturelles et émissions de gaz à effet de serre. Ce dernier aspect est développé ci-dessous. En Belgique, en 1990, le secteur des transports était responsable, hors émissions associées aux transports maritimes et aériens internationaux (communément appelées « soutes » ou « bunker fuels »), de 20,1 MtCO2 (17,2% des émissions totales du pays hors bunker fuels) et, en 2011, de 26,8 MtCO2 (26,0% des émissions totales). Dans un contexte international de volonté - manifestée par les pays ayant ratifié le protocole de Kyoto – de maîtrise des émissions de GES, cette augmentation de 33,2% s’inscrit à contre-courant des évolutions des autres secteurs : les émissions globales de la Belgique ont, hors bunker fuels, diminué de 12,0% sur la même période. Les bunker fuels belges sont particulièrement importants : 4,3 MtCO2 pour l’aérien et 25,3 MtCO2 pour le maritime en 2011, en augmentation de 37,4% et 90,0% respectivement par rapport à 1990. La Commission européenne a fixé, pour le secteur des transports, l’objectif de réduction de 60% des émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 19903, ce qui équivaut à une réduction de 70% par rapport à 2010. 1.3. Ressources En termes d'utilisation de ressources énergétiques et nonénergétiques, les réponses apportées jusqu’à présent à la dépendance au pétrole ne sont pas sans ambiguïté. L'utilisation croissante d'agrocarburants induit une pression démesurée sur les terres cultivables et la production alimentaire, en Europe, mais aussi dans les pays du Sud. La voiture électrique nécessite une quantité importante de lithium et d'autres éléments critiques, tels que les terres rares. Ces éléments critiques que l'Europe ne produit pas sont devenus en quelques années un enjeu géopolitique de premier plan. Le risque est donc réel de remplacer la dépendance 3 Cet objectif, pour ambitieux qu’il puisse paraître, est fort en retrait par rapport aux objectifs globaux assignés aux pays développés dans l’optique d’une limitation du réchauffement planétaire de +2°C, soit 85 à 95% de réduction à l’horizon 2050 par rapport à l’année de référence 1990. 3 aux énergies fossiles par d'autres dont les conséquences sont tout aussi préoccupantes sur les plans économique, social et environnemental. 1.4. Social L’avènement de la société industrielle, la diffusion de l’automobile, puis le développement des transports à grande vitesse ont contribué à renforcer les différenciations sociales4, qui s’organisent peu à peu autour d’une maîtrise des distances-temps. A côté de cette différenciation par la mobilité rapide, une véritable « idéologie mobilitaire »5 se construit peu à peu, dictature du temps plein et utile. Aujourd’hui, celle-ci domine tous les secteurs de la vie sociale. La mobilité est devenue synonyme de liberté et de réussite sociale, l’« activation » le maître-mot des politiques publiques. Toute immobilité est désormais suspecte, qu’elle soit physique, professionnelle ou sociale. Pourtant la capacité – physique, cognitive et financière – à être mobile (la « motilité »6) n’est pas distribuée de manière égale dans la population. Cet état de fait, accentué par cette pression au mouvement, aboutit à une véritable discrimination sociale par la mobilité. Les femmes, le plus souvent « maîtres du temps domestique »7, qui coordonnent les temps familiaux et prennent bien souvent en charge les déplacements avec enfants, en sont les premières victimes, alors que, parallèlement, elles fréquentent davantage les transports publics. Parallèlement, l’accès au marché du travail, aux services de base, à la culture ou aux loisirs sont encore trop souvent dépendants de la possession d’une automobile. Alors qu’elles bougent moins, les catégories sociales économiquement défavorisées, par leur implantation résidentielle, sont aussi davantage exposées aux nuisances du trafic routier (polluants locaux, bruit, accidents, stress, etc.) et cumulent risques pour la santé et dégradation de la qualité de vie. En outre, les 4 Ollivro Jean, « Celui qui court plus vite avance-t-il davantage ? Vitesse, mobilité et inégalités sociales », in Flonneau M. et Guigueno V. (dir.), De l’histoire des transports à l’histoire de la mobilité, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009. 5 Montulet Bertrand et Mincke Christophe, « L’idéologie mobilitaire », Politique, n°64, avril 2010, pp. 12-16. 6 Voir les travaux de Vincent Kaufmann sur ce concept de « motilité ». 7 Hubert Michel et Montulet Bertrand, « Se déplacer avec des enfants à Bruxelles ? Une étude sociologique sur les vécus du temps et les usages des modes de transport », Brussels Studies, février 2008. 4 infrastructures lourdes de transport peuvent induire des phénomènes de ghettoïsation par la coupure urbaine qu’elles provoquent. Dans les zones rurales8, où le foncier est souvent meilleur marché, la dépendance au pétrole dans le secteur des transports (qui représente près de 60% de la consommation des produits pétroliers en Wallonie) aboutit à une vulnérabilité des classes sociales moins nanties au pic pétrolier9. 1.5. Santé publique Les impacts en termes de santé publique sont le fait de trois caractéristiques du transport motorisé, et en particulier de la voiture particulière : - le bruit affecte la qualité du sommeil et a des répercussions importantes sur la santé. Le bruit du trafic touche cinq fois plus de personnes que toutes les autres sources sonores cumulées. 210 millions de citoyens européens, soit 44% de la population de l’UE, sont régulièrement exposés à des niveaux de bruit routier supérieurs à 55 dB. 50.000 décès10 et près de 250.000 malaises cardiaques annuels sont imputables au bruit du trafic en Europe. Le Tableau de bord de l’environnement en Wallonie 2010 rapporte que, dans l’enquête fédérale de santé effectuée en 2004, 10 % des ménages wallons se déclaraient gênés par le bruit du trafic routier à leur domicile, faisant de ce facteur la première nuisance environnementale rapportée par la population. - la pollution de l’air provient principalement de la combustion des carburants. Cette combustion émet différents polluants locaux nocifs pour la santé : monoxyde de carbone (CO), hydrocarbures (HC), oxydes d’azote (NOX) et particules fines (PM). Ils altèrent principalement les fonctions respiratoires, mais certains composés produisent d’autres actions, notamment cancérigènes. En Wallonie, la route produit entre 30 et 35% des émissions totales de PM et de NOX. Une étude menée en 2009 par le consultant CE Delft estimait à 8 Pour un état des lieux des initiatives de mobilité rurale alternative, voir SAW-B, La mobilité rurale alternative en Wallonie. Etat des lieux de l’offre et propositions pour la développer et la soutenir, 2011. 9 CPDT, « Anticipation des effets du pic pétrolier sur le territoire wallon », Territoire(s) wallon(s), Actes colloque 2010, avril 2011. 10 CE Delft, Traffic noise reduction in Europe: Health effects, social costs and technical and policy options to reduce road and rail traffic, 2007. http://www.transportenvironment.org/Publications/prep_hand_out/lid/495 5 respectivement 50% et 40% les parts du transport de passagers dans les émissions de PM et de NOX du transport routier en Europe. - l’obésité : la sédentarité et l’absence d’exercice physique dûs aux modes dits « non actifs » (à l’inverse du vélo ou de la marche à pied) participent à l’augmentation des phénomènes d’obésité, dont l’incidence en termes de santé publique n’est plus à démontrer. D’après l’OMS, l’obésité et la surcharge pondérale chez l’adulte représentent environ 6% des dépenses totales de santé au niveau européen. La Commission européenne a d’ailleurs proposé une série de mesures relatives au transport dans sa lutte contre l’obésité11. - les accidents de roulage : la voiture particulière reste le mode de déplacements qui fait le plus de victimes (par rapport à d’autres transports motorisés comme le bus ou le car) et qui provoque des victimes auprès des autres usagers de la route (cyclistes et piétons). Selon l’analyse statistique de l’IBSR, 61220 personnes ont été blessées dans un accident de la route en Belgique en 2010 dont 840 sont décédées des suites de leurs blessures. 1.6. Aménagement du territoire et urbanisme Enfin, la mobilité ne peut être envisagée qu’en l’aménagement du territoire. lien avec D’une part, les infrastructures de mobilité, comme les véhicules en mouvement ou en stationnement occupent un espace considérable du territoire. L’espace public en zone urbaine est ainsi alloué à près de 70% à l’automobile (circulation et parcage), réduisant de facto tant la place proposée aux autres usagers (et leur sécurité) que la possibilité d’un espace public diversifié, convivial et de qualité. A l’échelle nationale, 4% de l’ensemble du territoire belge sont occupés par les infrastructures routières, contre 1,5% en moyenne au niveau européen. La très forte densité de notre réseau routier provoque ainsi de nombreux dommages : consommation d’un patrimoine foncier qui pourrait être valorisé autrement (logements, services, espaces verts, espaces agricoles, etc.), morcellement des espaces naturels et atteinte à la biodiversité, 11 European Commission, Strategy for Europe on nutrition, overweight and obesity related health issues, December 2010. 6 mortalité de la faune, dégradations visuelles tant au paysage qu’au patrimoine architectural et urbanistique, effets de coupure, etc. D’autre part, l’existence même de ces infrastructures bouleverse les équilibres démographiques et entraîne un développement de la mobilité qui s’avère intenable à terme. L’urbanisation en ruban, le long des routes, comme l’installation de résidences, de commerces ou de services en rase campagne, accroissent les besoins de mobilité et les budgets publics en la matière. Coûts d’urbanisation et d’équipement grèvent alors les finances régionales et communales. L’exode urbain de ces dernières décennies a généré une série de dépenses « cachées » associées aux infrastructures (voirie, réseaux de distribution d’eau alimentaire et d’électricité, …), aux superstructures (écoles, hôpitaux, piscines, crèches, etc.) et à la desserte par des agents spécialisés (distribution du courrier, collecte des déchets, etc.). 2. Enjeux Dans la suite logique des éléments factuels présentés plus haut, six enjeux politiques peuvent être résumés très brièvement ici : 2.1. Economie - budget Objectif principal : assainir les finances publiques maîtrisant les coûts relatifs à la mobilité des personnes. en Réduire les coûts externes de notre système de mobilité Défendre une fiscalité plus juste et plus environnementale Améliorer la résilience de l’Etat face aux chocs sur le marché de l’énergie Maîtriser les importations de pétrole, en pilotant, dans une certaine mesure, la consommation des produits pétroliers (via les taxes et accises sur les carburants) et en conservant une vision long terme sur la stratégie à tenir (alignement prix du diesel sur celui de l’essence). 7 2.2. Environnement Objectif principal : réduire drastiquement la pression du système de mobilité actuel sur le milieu. Apporter une réponse satisfaisante aux impacts des infrastructures sur les milieux naturels, à la problématique des déchets, à la déplétion des ressources naturelles et à la lutte contre les changements climatiques ; Respecter les engagements belges en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES). Poursuivre une trajectoire réaliste de réduction des émissions de GES (taux de réduction annuel de 2,85% entre 2010 et 2050) pour rencontrer les objectifs fixés par la Commission européenne. 2.3. Ressources Objectif principal : diminuer notre dépendance au pétrole sans en créer d’autres (lithium, terres rares). Parvenir à une diminution de la demande totale en ressources et à une utilisation efficiente des ressources utilisées via une diminution de la demande de mobilité automobile individuelle, un allègement de tous les véhicules, et par des efforts de verdissement des alternatives (100 % d'électricité renouvelable dans les trains, systèmes de récupération d'énergie au freinage dans tous les transports en commun, etc.). Ne pas induire une pression démesurée sur les terres cultivables et la production alimentaire, en Europe comme dans les pays du Sud, via la production d’agrocarburants. 2.4. Social Objectif principal : maîtriser les impacts sociaux du système de mobilité actuel. Assurer l’accessibilité au marché du travail, aux services de base, à la culture et aux loisirs à tous, sans pour autant exiger du citoyen qu’il soit mobile voire hypermobile. 8 Réduire la vulnérabilité des classes sociales défavorisées aux nuisances du trafic routier (polluants locaux, bruit, accidents, stress), ainsi qu’au pic pétrolier (en zones rurales principalement). 2.5. Santé publique Objectif principal : réduire les incidences de la mobilité des personnes sur la santé publique. Réduire les émissions sonores des véhicules et leur volume total (maîtrise du parc). Diminuer les polluants locaux issus de la combustion du carburant : monoxyde de carbone (CO), hydrocarbures (HC), oxydes d’azote (NOX) et particules fines (PM). Combattre les phénomènes d’obésité, auxquels participent la sédentarité et l’absence d’exercice physique dûs aux modes « non actifs » (à l’inverse du vélo ou de la marche à pied). Diminuer la mortalité et la morbidité dûes au trafic routier. 2.6. Aménagement du territoire et urbanisme Objectif principal : articuler davantage politiques de mobilité et d’aménagement du territoire. Utiliser les ressources foncières avec parcimonie et à bon escient (ex : réserver les espaces nécessaires le long de la voie d’eau aux industries utilisatrices de celle-ci). Proposer un espace public convivial, diversifié et de qualité à tous les usagers de la rue et de la route. Stopper l’étalement urbain et réduire ainsi les coûts publics d’équipement et d’urbanisation. 9 3. Propositions concrètes Les six enjeux développés ci-dessous révèlent à quel point les défis sont énormes en matière de mobilité des personnes. Il est indispensable de mener une réflexion en profondeur pour redéfinir les besoins collectifs de mobilité ou, plus fondamentalement, d’accessibilité (aux biens, aux services, …), préalable à la définition d’un système pouvant répondre à ces besoins de manière durable. La transition vers un système de mobilité durable et la réponse aux incidences du système actuel nécessitent l’activation des trois grandes voies d’action que sont, par ordre décroissant de potentiel : la réduction de la demande de mobilité (MOINS) ; le transfert vers les modes de transport les moins polluants (AUTREMENT) ; l’amélioration de l'efficacité énergétique et la diminution des pollutions spécifiques des moyens de transport (MIEUX). Les pouvoirs publics disposent, pour ce faire, d’une panoplie d’outils relevant (a) de la planification, (b) des normes et réglementations, (c) de la fiscalité, (d) de l’information et de la sensibilisation. Ces outils sont présentés dans le tableau figurant à la page suivante. Pour chaque mesure, il est spécifié les effets qui en sont attendus et la ou les voie(s) d’action sur la(les)quelle(s) elle porte : RD pour réduction de la demande, TM pour transfert modal et EP pour amélioration de l’efficacité énergétique et réduction des pollutions spécifiques. 10 Mesure Effets attendus Voies d’action Planification Compétences régionales Rédiger un ambitieux plan Effets multiples, réduction de régional de mobilité durable toutes les incidences négatives définissant un objectif désirable du système de mobilité actuel et les étapes de transition. RD + TM + EP Encourager les communes à réaliser des plans de mobilité durable (PCM) et à les mettre en œuvre dans toutes leurs dimensions. Effets multiples, relevant principalement de la maîtrise de la pression automobile et du développement des transports en commun et des modes doux RD + TM Intégrer dans les contrats de gestion des transports publics régionaux le déploiement de l'offre de transport, en ce compris les solutions alternatives adaptées aux zones et segments à demande potentielle modérée. Offre accrue induisant une amélioration du service, notamment en matière de confort, ce qui est favorable au report modal TM Amplifier l’offre de transports Répondre à l’évolution des publics régionaux en soirée et le pratiques de mobilité week-end (développement de la mobilité domestique et de loisirs) TM Amplifier cyclable TM le plan Wallonie Développement de l’utilisation du vélo Mettre un terme à l’urbanisation des campagnes (habitations et zones d’activités économiques, notamment en adoptant des critères stricts d’accès à la voie Diminution du recours à l’automobile et report vers les transports en commun et les modes doux, pour les déplacements domicile-travail RD + TM 11 d’eau ou au rail pour et privés l’implantation de celles-ci) et favoriser les projets d'aménagement du territoire s’inscrivant dans une logique de densification et de multifonctionnalité Mettre un terme développement infrastructures aériennes au Sortie de la logique de des développement du transport aérien Mettre un terme au développement des infrastructures routières (hors aménagements de sécurisation) RD Terme mis à l’effet d’appel (largement documenté) par lequel la croissance du réseau, entraîne la croissance du trafic routier. RD d’un effet Assurer le développement des Développement pour le transport infrastructures ferroviaires (y d’appel compris les petites lignes et les ferroviaire de personnes. petites gares et dans une optique de redéveloppement des activités de transport ferroviaire et combiné) TM Pérennisation du trafic diffus (trains composés de wagons ayant des origines et/ou destinations différentes) TM Maîtrise de la circulation automobile en milieu urbain, ayant des effets marqués en termes de santé publique RD + TM Développer des parkings relais (P+R) aux abords des agglomérations et diminuer en proportion l’offre de stationnement dans les centresvilles Développer des parkings de Pérennisation des pratiques de covoiturage, sur base covoiturage s’étant notamment d’enquêtes auprès de la développées de manière RD 12 population. « sauvage » à nombreuses d’autoroutes. Développer les initiatives de « voiture autrement » (carsharing, covoiturage, autostop organisé), en soutenant par exemple le développement d’expériences pilotes en zones moins denses. Diminuer le nombre de véhicules et l'espace de stationnement nécessaire (1 voiture en auto-partage remplace plus de 7 voitures individuelles) TM Accroître le nombre de sites, de Augmenter la vitesse bandes ou pistes de circulation commerciale des transports en qui donnent la priorité aux commun transports en commun et aux vélos dans le trafic urbain TM Améliorer le confort des lieux de Amélioration à connexions intermodaux alternative (stationnement vélo couvert, individuelle accessible et sécurisé, espace d'attente abrité et chauffé, information en temps réel disponible, etc.) l’offre voiture TM Effet immédiat sur les flottes captives et effet d’entraînement sur les comportements d’achat de véhicules privés EP Adopter des politiques de renouvellement des flottes captives dépendantes des pouvoirs publics (administrations, gouvernements) qui favorisent les véhicules peu consommateurs d'énergie et peu polluants. Augmenter les objectifs en Faire face à matière de production supplémentaire d'électricité renouvelable verte liée à électrique proximité de entrées de la la demande d'électricité la mobilité EP 13 Compétences fédérales Assurer un financement optimal du service ferroviaire, en particulier en matière de maintien de capacité et de matériel roulant, via entre autres le Plan pluriannuel d’investissements du groupe SNCB. Pérennisation et développement du transport ferroviaire (personnes et marchandises), amélioration de l’offre et réponse à la demande des usagers. TM Définir des objectifs ambitieux de report modal et mener des politiques intégrées en la matière (politique des transports, des entreprises publiques, de la fiscalité, etc.) Identification d’un objectif à atteindre et d’une stratégie de migration + meilleure efficacité des politiques publiques. TM Amplifier l’offre ferroviaire en Répondre à l’évolution des soirée et le week-end pratiques de mobilité (développement de la mobilité domestique et de loisirs) TM Favoriser l'utilisation d'électricité Améliorer les performances des renouvelable par les trains, environnementales équiper les véhicules de transports en commun transport en commun de systèmes de récupération de l'énergie au freinage EP Normes et réglementation Compétences régionales Prendre en compte le profil d’accessibilité (A-B-C) pour tout nouveau projet afin de convenir de son implantation la plus judicieuse Réduction du nombre et de la longueur des déplacements, plus grande efficacité de la politique urbanistique Mettre un terme à l’urbanisation Réduction du nombre de RD RD 14 des campagnes (habitations et déplacements et de la longueur zones d’activités économiques) des chaînes de déplacement et favoriser les projets d'aménagement du territoire s’inscrivant dans une logique de densification et de multifonctionnalité Report des déplacements vers les modes alternatifs à la voiture individuelle du fait de la densification de l’habitat autour des nœuds de connexion aux transports en commun TM Amélioration de la qualité l’espace public, préservation l’espace nécessaire développement des modes transport alternatifs à voiture. de de au de la TM Imposer la présence d'espaces Rendre possible l'usage du vélo de stationnement pour vélos de et vers ces lieux dans les nouveaux bâtiments (appartements, bâtiments de l'administration, bâtiments commerciaux et de services, etc.) TM Instaurer des limitations de la vitesse plus strictes : 110 km/h sur les autoroutes (poids lourds à 80 km/h), 30 km/h en ville (www.ville30.be) etc. EP Implémenter le principe STOP dans tout nouveau projet urbanistique (par ordre prioritaire : Stappen-TrappenOpenbaar vervoer-Privé vervoer) [NDLR : Piétons – Cyclistes – Transport public – Transport privé] Diminution de la pollution du fait de la réduction des vitesses sur les voies rapides et de la fluidisation en milieu urbain, réduction de la mortalité et de la morbidité dûes au trafic routier 15 Introduire des clauses Diminution de la environnementales plus sévères engendrée par les dans les cahiers des charges TEC relatifs à l’acquisition de véhicules par les TEC pollution véhicules EP Développer des zones basses Maîtrise de la pollution dans les émissions dans les centres zones densément peuplées où urbains et bannir certains types le trafic est important de véhicules très polluants des centres urbains EP En cas de pic de pollution, Limitation du nombre appliquer une circulation sources de pollution alternée (sur base, par exemple, des plaques minéralogiques) de RD Prévoir un plafonnement du Réduction des activités nombre de vols (et une aéroports wallons limitation des vols de nuit) des RD Suppression des messages incitant à l’acquisition de véhicules surdimensionnés par rapport aux besoins EP Compétences fédérales Mieux cadrer la publicité pour les voitures et interdire la publicité dans les espaces publics. Mieux cadrer la publicité pour Suppression des messages les voyages en avion incitant à la consommation de voyages en avion Augmentation du nombre de personnes réalisant le trajet domicile-travail (structurant les habitudes de déplacement) à vélo TM constructeurs Faire en sorte que la filière de reprise et le recyclage des batteries EP Rendre obligatoire le soutien de l'employeur dans les déplacements domicile-travail à vélo Imposer aux automobiles la RD + TM 16 recyclage des batteries des devienne une réalité véhicules électriques qu'ils mettent sur le marché Restreindre l'usage Limiter les effets néfastes du des d'agrocarburants de première développement génération qui entrent en agrocarburants concurrence avec l'alimentation, notamment en plafonnant les taux d'incorporation Compétences européennes Adopter une réglementation européenne imposant un limiteur de vitesse sur les véhicules (d'abord les utilitaires légers, ensuite les voitures) Optimisation des paramètres de combustion dans une plage de fonctionnement réduite, d’où diminution de la pollution dans cette plage. A terme, allégement des véhicules (ne devant plus être dimensionnées en fonction d’une vitesse de pointe inutilement élevée) EP Revoir le cycle de test (NEDC) sur base duquel sont mesurées les pollutions des véhicules afin de mieux refléter les conditions réelles d’utilisation Plus grande difficulté - voire impossibilité pour les constructeurs à tricher en optimisant les véhicules en fonction de tests non représentatifs ; in fine, diminution de la pollution en conditions réelles d’utilisation EP Adopter, pour les normes Euro, Effet d’incitation sur toute la des valeurs limites plus filière de fabrication, en ce ambitieuses qui incitent les inclus les équipementiers12 constructeurs à développer des technologies moins polluantes EP 12 Effet potentiel bénéfique pour la filière « véhicules propres » en Wallonie 17 plutôt que de rendre obligatoires l’application des technologies existantes Fiscalité Compétences régionales Modifier la taxe de mise en Maîtrise puis réduction du parc circulation (TMC) sur base de automobile, donc réduction du critères environnementaux et nombre de déplacements13 augmenter son niveau moyen pour en faire un véritable outil de pilotage public des comportements d’achat en matière de voitures neuves. Report des trajets modes alternatifs Appliquer une taxation des poids lourds au kilomètre parcouru en tirant profit au maximum des opportunités offertes par la Directive Eurovignette (tarifs variables en fonction de la classe d’émission, prise en compte de la congestion, …) sur RD les TM Orientation des achats vers les véhicules moins polluants et réduction des émissions spécifiques des véhicules du parc EP Maîtrise de l’évolution nombre de km roulés par poids lourds (optimisation trajets, amélioration facteurs de charge) du les des des RD Orientation du parc vers des EP 13 Les études comportementales prouvent, schématiquement, que « quand on a une voiture on s’en sert », y compris pour effectuer des trajets qui, en l’absence de voiture personnelle, seraient évités du fait d’une rationalisation. 18 véhicules moins polluants Transfert modal vers le rail et la voie d’eau. TM Dans le cadre de la mise en Remplacement des poids lourds des véhicules moins place d’une redevance au par 14 kilomètre parcouru pour les polluants poids lourds, et dans la mesure où des compensations seront attribuées aux transporteurs pour les aider à faire face à l’augmentation de leurs contributions au bien public, orienter celles-ci (en tout ou en partie) vers le soutien à l’acquisition de véhicules moins polluants. EP Favoriser les véhicules Réduction de la taille du parc électriques de petite taille (vélo automobile à assistance électrique (VAE), scooter et motocycle, ...) : primes à l’achat de VAE, flottes de VAE et de scooters électriques pour SPW et cabinets, … RD Développement du VAE et, par effet d’entraînement, redéploiement du vélo TM Remplacement des deux-roues motorisés polluants (bruit, particules, etc.) par leur équivalent électrique EP 14 Vu le nombre important de kilomètres roulés par un camion (ordre de 150.000 km annuels), il s’avère souvent intéressant de le remplacer par un camion moins polluant à l’utilisation, l’impact environnemental de la fabrication du nouveau véhicule étant proportionnellement faible, ceci contrairement au cas des voitures particulières 19 Maintenir (et en accroître les moyens) les crédits d’impulsion cyclo-piétons pour la mise en œuvre effective des plans communaux de mobilité (PCM) Effets multiples, relevant principalement de la maîtrise de la pression automobile et du développement des transports en commun et des modes doux RD + TM Instaurer des mesures de Transfert vers le rail et la voie soutien fiscal au transport d’eau intermodal et au transport fluvial (soutien à l’acquisition d’unités de transport, soutien pour des projets pilotes de transfert modal, soutien à la formation de bateliers, …) TM Remplacement des bateaux ou des systèmes de propulsion par des unités moins polluantes EP Soutenir le développement des Diminution de l’utilisation de la commerces et services de voiture pour « magasiner » et proximité : aide au démarrage transfert vers la marche pour les commerces au sein des noyaux d’habitat, … TM Soutenir (aides financières) le développement des centres de télétravail à proximité des nœuds de transport en commun Développement de la forme la plus intéressante de télétravail sur le plan social et environnemental RD + TM Soutenir (aides fiscales) le Développement du covoiturage. développement des outils informatiques telles les plateformes d’usagers du covoiturage. TM Simplifier les aspects fiscaux Développement des initiatives relatifs au covoiturage et au de « voiture autrement » carsharing. (carsharing, covoiturage) TM 20 Introduire la portabilité droits d'enregistrement. des Facilitation du déménagement à proximité du lieu de travail. RD Permettre une comparaison objective entre différentes technologies, différencier les voitures électriques en fonction de leur consommation d'électricité EP Prendre en compte les performances environnementales réelles des véhicules dans tous les outils fiscaux, y compris pour les voitures électriques dont les émissions de CO2 ne sont pas nulles. Comme le recommande le CFDD, quantifier les émissions de CO2 des voitures électriques nécessite de prendre en compte les émissions liées à la consommation d'électricité. http://www.cfdd.be/DOC/pub/a d_av/2012/2012a01f.pdf Compétences fédérales Mettre fin au favorable aux société régime fiscal Diminution du nombre de voitures de voitures en circulation (parc) RD Diminution de la taille (donc de la consommation et de la pollution) des voitures neuves EP Transfert de trajets domiciletravail vers le rail et les autres modes alternatifs TM Taxer le kérosène pour les vols Incitation à éviter les « sauts intérieurs de puce » entre aéroports belges : suppression ou remplacement par navettes bus et/ou train (RD)TM Introduire une taxation sur les Diminution du recours à l’avion. billets d'avions (idéalement la RD 21 TVA) Incitation à l’utilisation de modes moins polluants, particulièrement pour les trajets les plus courts pour lesquels des alternatives 15 existent déjà TM Aligner les accises du diesel sur Diminution des distances celles de l'essence parcourues, incitation à l'achat de véhicules économes RD (EP) Prévoir une taxation spécifique Promouvoir les voitures de l'électricité consommée par électriques les moins les voitures électriques (accises) consommatrices d'électricité et pénaliser les autres EP Supprimer la défiscalisation des agrocarburants (subside dommageable à l'environnement) et réorienter ces sommes vers d'autres politiques de mobilité durable. Limiter les effets néfastes du développement des agrocarburants et dégager des moyens pour la mobilité durable. EP + TM Information et sensibilisation Tous niveaux de pouvoirs Promouvoir les produits et les Diminution du nombre de loisirs locaux déplacements directs (vers les lieux de loisirs) et induits (pour le transport des biens de consommation) RD Travailler sur l'image des Augmentation de l’attractivité utilisateurs des TC et des modes « culturelle » des alternatives à TM 15 Il faut cesser de considérer tous les trajets comme motivés par la destination. Si tant de personnes visitent Carcassonne, c’est d’abord parce que Ryanair y est installé. Ce n’est pas tant la destination qui est choisie que la prestation (trajet bon marché vers le sud de la France) 22 doux pour la rendre positive la voiture individuelle Démonter l'image de « solution miracle » de la voiture électrique auprès du grand public Conscientisation à la nécessité de mettre en place des solutions ne reposant pas sur la technologie RD + TM + EP Favoriser la voiture autrement Réduction de la taille du parc et (carsharing, co-voiturage, du nombre de déplacements autostop organisé) en officialisant les pratiques, en les reconnaissant et en proposant des projets d’exemplarité aux services publics RD Report partiel vers les modes alternatifs (la voiture partagée est souvent un élément d’une série de solutions d’alternatives à la voiture individuelle) TM Les mesures visant la mobilité électrique sont détaillées dans le document : Les opportunités de la mobilité électrique : IEW propose un autre « Masterplan » http://www.iew.be/IMG/pdf/cmr2_nl_120507_masterplan_alternatif _ve.pdf. Le dossier d’analyse de la problématique s’intitule quant à lui « Véhicules électriques ? Changer de mobilité, pas de voiture » et est accessible ici : http://www.iewonline.be/IMG/pdf/voiture_electrique_BR.pdf. Les dispositions relatives au régime fiscal des voitures de société sont précisées dans le document : « Voitures de société : oser la réforme ! » http://www.iewonline.be/IMG/pdf/voituressociete.pdf. Enfin, les propositions relatives à la réforme de la fiscalité automobile sont présentées dans le document « Taxer plus & taxer mieux. Plaidoyer pour une fiscalité automobile au service de l’environnement » : http://www.iewonline.be/IMG/pdf/fiscaliteautoOK.pdf. 23 4. Synthèse L’OCDE a défini un système de mobilité durable comme « un système qui ne mette pas en danger ni la santé publique ni les écosystèmes et qui réponde aux besoins d’accessibilité tout en (a) utilisant les ressources renouvelables à un rythme inférieur à celui de leur régénération et (b) utilisant les ressources non renouvelables à un rythme inférieur à celui du développement de leurs substituts renouvelables. »16 Dans le domaine de la mobilité des personnes, sur laquelle nous nous concentrons ici, l’autosolisme, encore largement dominant malgré une augmentation importante de la fréquentation des transports publics depuis 1995 et un recul récent tant de l’image de la voiture que de sa part modale17, conduit à de nombreuses incidences dommageables. Six domaines d’intervention publique ont été identifiés comme étant à la fois impactés par les impacts du système de mobilité actuel et potentiels leviers d’action pour entrevoir une mobilité plus durable : économie / budget, environnement, ressources, social, santé publique et aménagement du territoire / urbanisme. La transition vers un système de mobilité durable et la réponse aux incidences du système actuel nécessitent l’activation des trois grandes voies d’action que sont, par ordre décroissant de potentiel : la réduction de la demande de mobilité (MOINS) ; le transfert vers les modes de transport les moins polluants (AUTREMENT) ; l’amélioration de l'efficacité énergétique et la diminution des pollutions spécifiques des moyens de transport (MIEUX). 16 OECD, Project on environmentaly sustainable transport (EST), The economic and social implications of sustainable transportation, Proceedings from the Ottawa workshop, Paris, January 2000, p. 12. 17 BELDAM, Deuxième enquête nationale sur la mobilité quotidienne des Belges, décembre 2011. 24 Les pouvoirs publics disposent, pour ce faire, d’une panoplie d’outils relevant (a) de la planification, (b) des normes et réglementations, (c) de la fiscalité, (d) de l’information et de la sensibilisation. Pour chaque mesure, il est spécifié les effets qui en sont attendus et la ou les voie(s) d’action sur la(les)quelle(s) elle porte : RD pour réduction de la demande, TM pour transfert modal et EP pour amélioration de l’efficacité énergétique et réduction des pollutions spécifiques. 25