Tocqueville Ulysse

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Tocqueville Ulysse
LES INTERVIEWS GERANTS
de Philippe Maupas
Philippe Maupas est diplômé d’HEC (1987), titulaire du CFA et du
diplôme de Chartered Alternative Investment Analyst (Caia). Il est
actuellement président de CFA Society France, actionnaire de Quantalys et
consultant, après avoir été directeur général de Morningstar, de La Cote
Bleue et de KNEIP SAS.
Tocqueville Ulysse
FR0010546903
Daniel Fighiera, gérant
Daniel Fighiera, pouvez-­‐vous revenir sur votre parcours de gérant ? Je travaille depuis 25 ans dans l'industrie de la gestion d'actifs, 6 ans comme analyste financier puis comme gérant de fonds, orientés sur la classe d'actifs des petites et moyennes sociétés européennes. L'essentiel de ma carrière a été réalisée au sein de Crédit Lyonnais Asset Management (12 ans), puis Rothschild et Cie (8 ans). J'ai rejoint Tocqueville Finance il y a maintenant deux ans comme responsable de l'équipe de Gestion et gérant. Qui gère Tocqueville Ulysse aujourd’hui, et depuis combien de temps ? J'ai eu le plaisir de reprendre Tocqueville Ulysse (avec Nelly Davies comme co-­‐gérante) il y a deux ans maintenant. Le fonds a été un fonds Actions France depuis sa création en octobre 1993 jusqu’au 13/05/2013, date à laquelle il est passé dans la classification AMF actions des pays de la zone euro. Qu’est-­‐ce que Tocqueville Ulysse aujourd’hui et l’ADN est-­‐il le même que l’Ulysse de l’ère pré-­‐Banque Postale ? Tocqueville Ulysse est aujourd'hui un fonds concentré sur la zone Euro. Lors de la reprise du fonds j'ai considéré qu'il fallait élargir notre terrain de chasse... Pour cela nous avons travaillé à la fois sur la zone géographique et sur la taille des sociétés, nous avons intégré plus de valeurs dites moyennes, voire grandes. Nous souhaitons développer un véhicule d'investissement capable de traverser toutes les phases de marchés. L’ADN, la philosophie restent les mêmes que ceux ayant toujours existés historiquement : priorité à la sélection de titres, faible volatilité du fonds et pas de pollution liée à la composition des indices dans la construction des portefeuilles. La présence de la Banque Postale au sein du capital de Tocqueville Finance depuis 2009 n'a eu aucune incidence sur la gestion de nos fonds. Vous positionnez Tocqueville Ulysse comme « le fonds zone euro de Tocqueville Finance ». Au 31 mars 2014, près de 45% de l’actif est composé de valeurs françaises. Est-­‐ce la conséquence mécanique de votre sélection de valeurs ou bien Tocqueville Ulysse a-­‐t-­‐il un biais français volontaire et prononcé ? Nous avons encore un biais très franco-­‐français dans le fonds qui ne correspond pas à la réalité économique du poids de la France au sein de la zone Euro. La baisse de la France au sein du fonds s'observe de manière très régulière depuis deux ans et devrait se poursuivre de manière très progressive. Notre priorité est l'intérêt du porteur et l'optimisation de la performance. Notre travail est de faire de la performance. Si nous décidons de diminuer la partie française, encore faut il trouver de bonnes idées hors de France ; c'est un travail de longue haleine que nous ne souhaitons pas faire dans la précipitation. Un de vos objectifs pour ce fonds est d’avoir un comportement stable dans le temps. Tocqueville Ulysse a connu dans les 6 dernières années des phases de grande instabilité : très forte surperformance de mars 2009 à mai 2011 suivie d’une très forte baisse (avec un drawdown de 33% entre le 12 mai et le 23 novembre 2011). En quoi le processus de gestion actuel permet d’éviter ces mouvements brutaux ? Outre les éléments de marché exogènes au fonds (crise économique, faillite de Lehmann, problèmes de la dette américaine, doutes sur la zone Euro...), le fonds a pâti durant la période que vous mentionnez de sa trop grande exposition sur des valeurs peu liquides, considérées (souvent à tort) comme plus risquées, alors que le marché se concentrait sur les problèmes de liquidité. Par ailleurs, le fonds était investi sur des sociétés très dépendantes de la zone Euro, alors que le marché était plus attiré par la croissance des pays émergents. Le processus de gestion actuel permet désormais d'anticiper un comportement plus stable dans le temps. Diversifier le fonds à la fois en termes de zone d'investissement et de taille de sociétés s’est imposé comme élément de pilotage de la volatilité de Tocqueville Ulysse. Notre objectif est d'offrir un fonds "tout-­‐terrain" capable de traverser toutes phases de marché. Nous considérons l'investissement en actions sur le moyen terme et c'est la succession de phases boursières haussières et baissières qui permet réellement de juger de la qualité de la gestion. Au 2 mai 2014, la performance annualisée de la part C du fonds sur 3 ans est de -­‐0,6% contre +5,94% pour la moyenne de la catégorie Quantalys Actions zone euro et +5,35% pour l’Euro Stoxx 50 dividendes nets réinvestis. Comment s’explique cette performance décevante ? Comme vous l'avez mentionné précédemment, le fonds a connu par exemple un "drawdown" de 33% entre le 12 mai et le 23 novembre 2011. Votre lecture sur trois ans, que je ne peux pas contester, intègre en réalité trois périodes distinctes : l'année précédent mon arrivée à la gestion de Tocqueville Finance, puis mai 2012 – 2013, période qui a consisté à procéder à la réorientation du fonds en terme de stratégie, et enfin les 12 derniers mois qui me semblent plus refléter le travail de fond accompli. Ainsi sur 1 an, (au 12/05/14), le fonds fait +19,59% contre 18,86% pour son indice et +16,17% pour la moyenne de la catégorie. Avec respectivement une volatilité de 8,92 contre 12,23 et 11,73. Sur 6 mois (au 12/05/14) le fonds fait +10,17% ce qui le place dans le premier décile de sa catégorie. Pourquoi y a-­‐t-­‐il des frais de rachats de 1% non acquis au fonds ? Je comprends l'utilité de frais de rachat pour protéger les investisseurs fidèles si ces frais sont acquis au fonds, mais pas du tout s’ils sont rétrocédés aux distributeurs. Les frais de rachats sont possibles mais rarement mis en place sauf pour dans des cas ponctuels et en particulier si cela devait déstabiliser la gestion pour de plus petits porteurs. L’industrie de la finance est une industrie comme les autres, avec des producteurs, ce que nous sommes, des distributeurs et des consommateurs. Chacun des deux premiers doit assurer sa partie du travail, pour bien le faire il doit aussi pouvoir en vivre. Pour une industrie saine, il faut que chacune des parties gagne sa vie, qu’il n’y ait pas de risque de faillite et que nous puissions travailler sereinement avec des projections à court, moyen et long terme. Quel a été le taux de rotation du portefeuille lors de l’exercice 2013 ? Il est de l’ordre de 90% et s’explique par la migration du fonds de la zone France vers la zone Euro par le fait que nos convictions se sont avérées exactes et que nous avions atteint nos objectifs sur certaines valeurs que nous avons arbitrées. Pouvez-­‐vous nous fournir la décomposition des frais courants 2013 de la part C, qui se sont élevés à 2,77% ? Les frais courants de 2.77% se décomposent en frais de gestion (2.17%) et commissions de mouvement (0.60%). Envisagez-­‐vous de supprimer les commissions de mouvement qui reviennent à la société de gestion pour au moins 90% de leur montant total ? C'est un sujet sur lequel nous réfléchissons. Je vous rappelle qu'une grande partie de l'industrie de la gestion française voit une partie de sa rentabilité provenir des commissions de mouvement. Nous évoluons, ainsi Tocqueville PME, notre dernier-­‐né, n'intègre pas de commission de mouvement dans sa rémunération. Alors que l’on parle de plus en plus d’alignement des intérêts entre gérants et investisseurs, pouvez-­‐vous m’indiquer comment est structurée votre rémunération variable, et notamment si la durée pour l’optimiser est alignée avec la durée d’investissement minimum que vous recommandez pour Ulysse (plus de 5 ans) ? Une partie de ma rémunération variable est basée sur les performances des fonds de Tocqueville observée sur une période de trois ans. Vous et votre co-­‐gérant investissez-­‐vous dans Tocqueville Ulysse ? Oui l’un et l’autre avons investi dans Tocqueville Ulysse. 

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