naturel au jardin.pmd

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Thème : Histoire
-
Date :
13 novembre 2006
-
N°
1413
www.jardins.nantes.fr
LE
NATUREL
AU
JARDIN
S
’IL
EXISTAIT UNE ÉPREUVE DE PHILO -
SOPHIE JARDINESQUE
: "LE
NATUREL
AU JARDIN " AU BACCALAURÉAT DE
JARDINIER , VOICI QU'ELLE SERAIT MA COPIE.
Inconciliable serais-je tenté de dire, car
si le naturel au jardin existe, il est
invisible, voir effacé. Il représente
pour beaucoup de jardiniers de
la vieille école une régression
car depuis toujours le métier a brillé par la maîtrise et le domptage de
la nature, au travers de
pratiques et de techniques séculaires. Comaccepter les herment
bes
folles qui n’ont
seve
info
jamais connu le désherbant,
les feuilles que l’on ne
ramasse plus dans les
massifs, les arbustes ou les arbrisseaux croissant de
manière désordonnée, voir anarchique,
et les découpes de
pelouses que l’on ne
fait plus? Il ne reste
plus rien ou presque de
ce travail de domestication
dont le but est de sublimer
la nature, qui sans la main
de l’homme, n’aurait jamais
pu donner tous ces jardins
offrant un spectacle fabu‚
leux.
S’occuper d’un jardin digne de ce nom
oblige à mener un combat permanent contre la nature ainsi que le disait G. Duhamel : « L’art du jardin démontre que la
nature doit être dominée». Le jardinier est
bel bien cet artiste qui sans cesse peaufine et transcende son œuvre car il a
compris que, comme le buis et l’if étaient
prédestinés à faire de splendides topiaires,
l’églantier à donner la descendance qu’on
lui connaît aujourd’hui, la nature avait
tout intérêt à se soumettre aux coups de
bêche et de sécateur salvateurs.
Comment ne pas se réjouir de cette herbe
finement peignée devenue gazon, de cette
allée savamment tracée et joliment ratissée comme un tapis déroulé dans un parc,
et enfin de ces buissons et fleurettes alignés sur leur portée pour offrir en toute
saison une vraie symphonie végétale?
Toutefois on peut se poser la question si
la nature n’est pas plutôt asservie dans
cette forme de gouvernance des jardins.
C’est plus un combat permanent contre
l’herbe de trop ou poussant au mauvais
endroit, contre des pucerons cherchant juste
leur nourriture et pas forcément la fin du
massif de rosiers, contre tout ce qui ne
rentre pas dans le beau moule prédéfini.
Combat finalement fatigant et perdu
d’avance car comme dit le célèbre adage :
Chassez le naturel, il revient au galop.
Il est vrai que toutes ces prouesses techniques poussées à leur paroxysme - dont
un exemple frappant est celui de la villa
dans le film de Jacques Tati en 1959 «Mon
oncle» - peuvent rendre le jardin inintéressant voir laid ou ridicule, même s'il
correspond à l’esprit de l’époque. Tout cela
au prix de multiples efforts et surtout au
risque de dégrader notre environnement
avec l’usage de nombreux produits phyto.
De plus, les jardins propres et soignés
comme on les aimait beaucoup autrefois,
s’opposent souvent dans leur réalisation
et l'entretien aux règles qui gèrent la nature.
Au final, en se replongeant dans les livres
traitant de l’art des jardins et de son
histoire depuis le début de l’humanité, on
constate que ce que l’on croyait immuable
n’a peut-être pas toujours existé et que
nos vieilles valeurs horticoles ont sans
doute été novatrices à une époque.
L’art des jardins suit les tendances de la
société et la mode du moment. Prenons
comme exemple les styles vestimentaires :
qui oserait aujourd’hui porter nos tenues
des années 70 ? Et rares sont désormais
les hommes portant la cravate les jours
de fête ou de cérémonie. Au jardin comme
ailleurs, le détail qui fait la différence
n’est plus ce qu’il était. D’ailleurs, une
autre forme de jardins voit désormais le
jour : ni à la française, ni à l’anglaise,
mais tout simplement différente, à l’image
du parc André Citroën, ajoutant ainsi une
page de plus à la riche histoire des
jardins.
"Au commencement Dieu ToutPuissant planta un jardin.
Et en vérité, c'est le plaisir humain le plus pur...
...comme si le jardinage était l'art
suprême."
Pascal Josse
2 mots
L’intérêt porté à la botanique et à la
sauvegarde de la biodiversité sont des
rôles du jardinier. C'est pourquoi LE NATUREL AU JARDIN peut reprendre une certaine place sans que, j’en suis certain, il
efface plusieurs siècles du savoir-faire du
jardinier. De toutes façons le plaisir sera
toujours au rendez-vous à l’image de ce
que dit F. Bacon :
info
seve

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