Young Jean Lee

Transcription

Young Jean Lee
UNTITLED FEMINIST SHOW / photo Blaine Davis
Young Jean Lee
UNTITLED FEMINIST SHOW
du 3 au 7 octobre 2012
WEʼRE GONNA DIE (récital)
du 5 au 7 octobre 2012
Représentations :
UNTITLED FEMINIST SHOW : mercredi 20h30, jeudi, vendredi, samedi 19h30, dimanche 15h
WEʼRE GONNA DIE (récital) : vendredi, samedi 21h30, dimanche 17h
Tarifs (par spectacle) : 24€ / 15€ / 12€ / 9€
Réservation : sur place ou par téléphone au 01 41 32 26 26 / du mardi au samedi de 13h à 19h
ou [email protected] et en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com
Service des relations avec le public :
Sophie Bernet / 01 41 32 26 27 – [email protected]
Juliette Col / 01 41 32 26 18 – [email protected]
Stéphanie Dufour / 01 41 32 26 21 – [email protected]
Young Jean Lee
UNTITLED FEMINIST SHOW
du 3 au 7 octobre 2012
WEʼRE GONNA DIE (récital)
du 5 au 7 octobre 2012
UNTITLED FEMINIST SHOW
WEʼRE GONNA DIE (récital)
conception et mise en scène, Young Jean Lee
en collaboration avec Faye Driscoll, Morgan Gould et les
interprètes
décors, David Evans Morris
lumière, Raquel Davis
son, Chris Giarmo, Jamie McElhinney
projection, Leah Gelpe
dramaturgie, Mike Farry
responsable production, Sunny Stapleton
assistantes mise en scène, Kate Gagnon, Rachel Karp
conseil costumes, Roxana Ramseur
construction décors, Maia Robbins – Zust
assistant lumière, Ryan Seelig
assistant vidéo, Bart Cortright
assistante décors, Kate Foster
écrit et interprété par Young Jean Lee
musique, Future Wife
chorégraphie, Faye Driscoll
dirigée par Paul Lazar
Future Wife est composé de Mike Hanf, Andrew Hoepfner,
Nick Jenkins, Ben Kupstas et Young Jean Lee
directeur associé, Morgan Gould
costumes, Roxana Ramseur
dramaturgie, Mike Farry
responsable production, Sunny Stapleton
traduction française, Jean-Luc Defromont
avec Becca Blackwell, Hilary Clark, Katy Pyle,
Regina Rocke et Amelia Zirin-Brown (aka Lady Rizo)
Production Young Jean Leeʼs Theater Company, Aaron
Rosenblum
WEʼRE GONNA DIE a été à lʼorigine produit par Caleb
Hammons pour 13 Playwrights Inc, en association avec la
Young Jean Leeʼs Theater Company.
Coréalisation Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique
national de création contemporaine ; Festival dʼAutomne à
Paris
WEʼRE GONNA DIE a été développé grâce à une résidence
au National Theater Institute au Eugene OʼNeill Theater
Center, et grâce à the Lower Manhattan Cultural Councilʼs
Swing Space program, et est présenté avec le soutien de the
Andrew W. Mellon Foundation et the New York State Council
on the Arts, a state agency.
durée : 1h
Production Aaron Rosenblum
Coproduction Walker Art Center ; Steirischer Herbst (Graz) ;
kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) ; the Spalding Gray Award
(Performance Space 122 New York, Warhol Museum
Pittsburgh, On the Boards Seattle) ; Young Jean Lee's Theater
Company
Coréalisation Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique
national de création contemporaine ; Festival dʼAutomne à
Paris
UNTITLED FEMINIST SHOW est une commande du Walker
Art Center (Minneapolis) et a été à lʼorigine développé en
association avec Caleb Hammons.
durée : 1h
spectacle en anglais surtitré en français
Spectacle créé le 1er avril 2011 au Joeʼs Pub (New York)
Spectacle créé le 5 janvier 2012 au Walker Art Center
(Minneapolis)
Le Théâtre de Gennevilliers est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Gennevilliers et le
Conseil Général des Hauts-de-Seine.
UNTITLED FEMINIST SHOW
Quʼest-ce que le féminisme ? Cette notion signifie-t-elle la même chose
aujourdʼhui quʼil y a quelques années ? La recherche menant vers une
tentative de définition passe entre autre et naturellement par le recensement
des clichés.
Six performeurs nus sur scène, six performeurs venus du monde du cabaret néoburlesque, des culture studies ou de lʼactivisme queer, corps parfois enveloppés et
exposés sans artifices à nos regards, explorent et sʼapproprient tous les clichés du
féminisme pour tenter de redéfinir cette notion collectivement, en allant aussi loin
possible dans lʼimplication physique : gestes, attitudes, codes de la séduction
déclinés et revisités jusquʼà parfois semer le trouble, jusquʼà ce quʼon ne sache
plus très bien à quel degré critique situer notre perception, et le spectacle joue
précisément avec nos doutes. La frontière entre ce qui peut passer pour provocant,
drôle, gênant ou parodique se trouble et varie dʼun spectateur à lʼautre, nous
renvoie à nos certitudes et à nos questionnements. Six présences fortes et presque
intimidantes, comme si une certaine vulnérabilité liée à la nudité sʼinversait
complètement, six consciences habitées profondément par ces questions politiques
et sociales, et six parapluies roses à frous-frous pour seuls accessoires. La
présence dans le titre du mot féministe a toute son importance : il nous rappelle
que le point de départ du spectacle est justement une interrogation sur ce terme,
sur une notion souvent cataloguée au rayon caricatural mais quʼil est utile de
redéfinir.
Valérie Mréjen
WEʼRE GONNA DIE (récital)
WEʼRE GONNA DIE (nous allons mourir). À partir de cette implacable vérité,
Young Jean Lee égrène une série dʼhistoires personnelles aux issues toutes
fatales racontées sur un ton faussement improvisé, ponctuées par ses
chansons entraînantes quʼaccompagnent ses musiciens.
Young Jean Lee, un micro à la main, déroule un récit personnel face au public. Son
groupe de musique derrière elle, on pourrait croire quʼelle présente la soirée à
venir, mais au fur et à mesure que les récits sʼinstallent, elle nous emmène dans de
vraies histoires de famille bientôt entrecoupées de chansons dont les paroles ont
été écrites dans le même esprit, accompagnées par les musiciens, avant
dʼenchaîner sur la suite, elle-même ponctuée par dʼautres chansons. Toutes
abordent à leur manière le thème de la mort, accidentelle ou non, les aléas de la
vie, mais le tout est raconté sur un ton anti-dramatique, qui ne cherche jamais à
nous tirer les larmes, au contraire : il y a une certaine distance, un humour
totalement désanchanté et ravageur. On va tous mourir, dit elle avec une
expression dont on ne sait pas très bien si cʼest un sourire ou une grimace désolée.
Cʼest un peu les deux à la fois, et lorsque sa grand-mère, sur le point de tirer sa
révérence, la fait venir à son chevet pour lui raconter à quel point on souffre de la
solitude quand on commence à se faire vieux, on croirait entendre les présages
malveillants de quelque sorcière perverse pour effrayer les jeunes enfants. Tout
cela ponctué de « oh yeah » joyeux et rythmés.
Valérie Mréjen
Entretien avec Young Jean Lee
Dans vos précédents spectacles, vous questionniez les représentations culturelles de lʼidentité et sapiez
volontiers les stéréotypes. Dans The Shipment par exemple, vous avez imaginé une revue drolatique sur la
politique identitaire noire. Votre dernière création, The Untitled Feminist Show, aborde la question du genre et
du mouvement féministe. Le genre définit-il toujours lʼidentité ?
Young Jean Lee : Dans la culture occidentale, lʼidée dominante reste que les organes sexuels déterminent lʼidentité.
Cette conception me semble extrêmement limitée. Je pense que chaque être humain peut potentiellement incarner des
caractéristiques et qualités que la société range conventionnellement sous lʼétiquette « féminin » ou « masculin ». Cʼest
précisément ce que nous essayons de représenter sur scène. En ce sens, cette pièce nʼest pas un regard sur le
féminisme, qui en reprendrait les revendications ou les arguments. Nous lʼavons plutôt pensé comme un spectacle
féministe, dans la mesure où il tente de contester la vision que les gens ont de ce que les corps féminins sont supposés
être.
Où en est le mouvement féministe aux Etats-Unis de nos jours ?
Young Jean Lee : Un nombre choquant de femmes pense encore le féminisme comme un sale mot et ne veut surtout
pas être associée à un terme connoté négativement, même celles qui se sont affirmées socialement à lʼégal des
hommes. La vision traditionnelle du rôle de la femme domine encore largement. Les inégalités liées aux genres ont
diminué mais elles restent encore très marquées. Les femmes gagnent toujours moins que les hommes à poste égal et
sont toujours moins présentes dans les instances de décisions des entreprises ou au gouvernement. Avec les années,
beaucoup de personnes considèrent les droits que le mouvement féministe a gagnés comme allant de soi. Or, dans le
climat politique régnant actuellement aux Etats-Unis, il se pourrait que la droite finisse vraiment par porter un coup fatal à
certains de ces droits, si bien que les gens vont devoir prendre les propos et revendications du féminisme un peu plus au
sérieux.
Pourquoi et comment utilisez-vous la nudité et la diversité des apparences corporelles sur scène ?
Young Jean Lee : Les vêtements agissent comme des marqueurs sociaux et identitaires. Ils envoient inévitablement
des signes quant au genre. Dʼoù le choix de la nudité. Je voulais que lʼidentité des performeurs ne soit pas close mais
quʼelle soit au contraire ouverte et aussi fluide que possible, afin quʼils puissent représenter une large gamme de types
de personnes. A mes yeux, de par la variété de leurs corporéités, ils reflètent de façon beaucoup plus réaliste la diversité
des corps dans la société que les nus, uniformisés suivant les canons esthétiques dʼune certaine conception de la
beauté, que nous sommes habitués à voir. Exposer au regard des corps féminins non-idéalisés est un geste féministe.
Ce spectacle se déroule sans un mot. Pourquoi avez-vous évacué la parole ?
Young Jean Lee : Je préfère que les spectateurs développent leurs propres questions et pensées sur le spectacle sans
quʼun message politique simpliste sʼimpose à eux. Je ne crois pas que pour être féministe, il faille prêcher ! La danse
laisse le sens plus ouvert à lʼinterprétation. Nous avons mélangé plusieurs styles, comme le hip-hop, le ballet, le jazz et
même le hard-rock ! Jʼai tenté dʼécrire du texte mais le mouvement est bien plus puissant que les mots pour évoquer ce
que nous voulons. Les discussions avec les gens qui ont assisté à des étapes de travail durant le processus de création
nous lʼont aussi confirmé.
Comment avez-vous choisi les interprètes ?
Young Jean Lee : Je recherchais des artistes puissantes, charismatiques et singulières. Jʼai donc contacté les plus
grandes stars que je pouvais trouver dans les mondes du cabaret alternatif, du burlesque, de la danse et du théâtre. Je
les ai invitées à participer à lʼaudition. Chacune dégageait une forte présence sur scène. Dans cet ensemble, les cinq
que jʼai retenues sont très différentes et forment la combinaison quʼintuitivement jʼai sentie comme la plus intéressante.
Elles ont des parcours et des compétences très variés, je les ai poussées à explorer aussi loin quʼelles pouvaient. Le
spectacle sʼest crée collectivement avec Faye Driscoll, Morgan Gould et les performeuses.
Sʼil sʼagit de questionner notre regard et la fabrique des genres, pourquoi nʼavez-vous pas intégré des
hommes ?
Young Jean Lee : Il n'y a pas de corps mâle sur scène parce que ce spectacle nʼambitionne pas dʼêtre exhaustif dans
son traitement du féminisme ou de lʼhumanité. Il cherche simplement à pointer que lʼidentité du corps féminin peut être
plus fluide que la définition des catégories sexuelles.
…/…
Est-ce en cela que vos spectacles sont politiques ?
Young Jean Lee : Quand je commence un projet, je me demande toujours quel est le dernier spectacle que jʼaurais
voulu créer. Et je me force à le faire ! Je procède ainsi parce que mʼaventurer en dehors de ma zone de confort mʼoblige
à défier mes idées et trouver de lʼintérêt dans les endroits inattendus. J'écris mes spectacles comme je les mets en
scène, en travaillant en étroite collaboration avec les interprètes et lʼéquipe artistique, en écoutant les réactions du public
lors d'ateliers ouverts. Notre but est de trouver des chemins qui franchissent les positions défensives face à des sujets
dérangeants, dʼouvrir lʼesprit des spectateurs et de les amener à se confronter à des sujets complexes, délicats, en les
désorientant et en les amusant. Je ne dirais pas que mes spectacles sont « politiques », au sens que revêt
habituellement ce terme, cʼest-à-dire quʼils ne prônent pas certaines idées ou positions dans le champ politique, quʼils ne
prennent pas le parti dʼun parti. Pour moi, les spectacles véritablement politiques sont ceux qui déstabilisent les gens
pour questionner leurs perceptions ou leurs convictions sur les signes identitaires tels que la race, la religion ou le genre.
Lʼhumour et la gaité irriguent vos spectacles. Est-ce pour pouvoir mieux parler des tabous ?
Young Jean Lee : J'ai tendance à graviter autour ce qui est drôle et dérangeant. Lʼhumour est une part instinctive de
mon esthétique. Mais il se révèle effectivement aussi bien commode pour aborder des sujets sensibles, surtout pour les
thèmes politiques ou « sérieux » sur lesquels le public a, ou croit avoir, une opinion bien arrêtée. J'ai constaté que
l'humour est la meilleure façon de désorienter les gens dans ces situations, plutôt que de les agresser.
Vous mélangez la culture populaire et autres formes de divertissement avec la danse contemporaine, la
performance ou le théâtre. Quʼattendez-vous de cet alliage ?
Young Jean Lee : Le frottement entre ces formes différentes rompt avec les codes propres à chacune, donc déroute les
habitudes des spectateurs et maintient leur attention parce quʼils ne savent jamais ce qui va arriver ensuite. Mon travail
exige que les gens restent très pris par ce qui se déroule sur scène, voire impliqués. Mélanger les genres, avancer en
zigzags ou prendre de bizarres détours constituent des moyens très efficaces pour maintenir la tension.
Vous insérez également souvent des chansons. Quel est leur rôle ?
Young Jean Lee : Tout simplement, jʼadore la musique et les chansons. Et puis, ma capacité dʼattention est courte, jʼai
tendance à rêvasser quand jʼécoute parler, et encore plus sʼil nʼy a pas de fil narratif. Jʼai constaté que la musique - et
lʼhumour, sont de bons moyens pour maintenir lʼattention du public sur des sujets difficiles.
WEʼRE GONNA DIE mélange concert pop, récits autobiographiques et complaintes sur la condition humaine.
Nʼest-ce pas une étrange alliance ?
Young Jean Lee : Le coproducteur mʼavait demandé dʼimaginer le spectacle le plus fou ! Pour moi, cʼétait un spectacle
dans lequel je joue parce que je suis une performeuse terrible et je doute beaucoup. Donc je me suis mise au défi de
créer la forme la plus difficile pour moi : un solo, avec de la danse et des chansons. Ce concert mêle librement de la
musique pop, entraînante et des textes sur les épreuves de le vie, sur nos chagrins cachés. Lʼart peut nous consoler de
nos peines parce que lʼon ressent ensemble.
Propos recueillis par Gwénola David pour le Festival dʼAutomne à Paris
« Une expérience utopique féministe »
Avant d'écrire mes spectacles, je choisis la distribution. Ensuite, je les écris en m'appuyant sur les
conversations menées avec la distribution. Pour UNTITLED FEMINIST SHOW, j'ai réuni un groupe de vedettes
de théâtre du downtown, de la danse, du burlesque et du monde du cabaret. Je savais très vite que je voulais
monter un spectacle féministe, drôle, inspirant et édifiant. Nous avons donc décidé de présenter un monde dans
lequel des personnes aux corps féminins ne sont pas confinées dans des rôles particuliers et se sentent libres
d'incarner à leur guise n'importe quelle identité, à n'importe quel moment. Plutôt que chercher à définir le
féminisme, à en dire quelque chose de nouveau, ou à construire une argumentation féministe, nous avons eu
envie de tenter une expérience utopique féministe.
Nous avons découvert très vite que la nudité intégrale - loin d'être choquante ou émoustillante - rend le public
moins enclin à imposer des identités limitatives aux membres de la distribution, qui ne s'identifient pas tous au
sexe féminin. Il nous paraissait important de montrer que le corps de quelqu'un ne détermine pas son identité.
Nous avons également découvert que les performeurs communiquent tellement à travers leurs mouvements et
expressions que les mots paraissaient étrangers au spectacle. Faye Driscoll, Morgan Gould, et moi-même avons
réalisé la chorégraphie en collaboration avec les autres membres de la distribution. Toutefois, nous ne
considérons pas UNTITLED FEMINIST SHOW comme un spectacle de danse. À l'instar des performeurs, le
spectacle est conçu pour résister à la catégorisation.
Young Jean Lee
Sexe et féminismes
UNTITLED FEMINIST SHOW de Young Jean Lee est un spectacle délicieusement exagéré à propos de questions
relatives au genre et au sexe auxquelles nous faisons face tous les jours, à tout moment. Nous vivons dans un monde
où il est rare d'avoir l'occasion d'être compris ou intelligible en dehors des conscriptions de sa propre identité sexuelle.
Ainsi, nous nous profilons systématiquement en tant qu'êtres sexués, que ce soit dans la manière dont on se déplace, se
conduit, s'exprime ou se rapporte au monde. Les normes sexuelles façonnent intrinsèquement nos expériences de nousmêmes et de l'autre et opèrent de manière à privilégier certaines expressions des sexes, à en dominer d'autres ou les
passer sous silence. UNTITLED FEMINIST SHOW tente à la fois de reconnaître et de troubler ces identifications
sexuelles prescrites.
UNTITLED FEMINIST SHOW est un spectacle viscéral, qui vous explose à la face, autour de paradigmes féministes
variés : 75 minutes d'aventure kinesthésique ininterrompue pendant laquelle sont interprétés tous les archétypes,
stéréotypes, caricatures et constructions de la « femme », dans une combinaison chaotique de première, deuxième et
troisième vagues de féminisme. On y retrouve toutes les tensions et tous les conflits ancrés dans le discours féministe,
personnifié par six performeuses intrépides et entièrement nues (Becca Blackwell, Amelia Zirin-Brown (Lady Rizo),
Hilary Clark, Katy Pyle, Regina Rocke, et World Famous *BOB*). Il s'agit d'un spectacle explicitement féminin, à propos
de femmes et créé par des femmes, qui font et défont simultanément « la femme » dans le déroulement de cette pièce.
Dans chacune des vignettes du spectacle, les performeuses se positionnent provisoirement dans un contexte qui paraît
familier et prévisible. Elles se produisent dans un cadre narratif reconnaissable et dans des relations de pouvoir
ressemblant momentanément à des caricatures féminisées, afin de permettre au public de se situer et de se sentir en
sécurité. Après tout, l'identité est un échange relationnel. Je suis ceci par rapport à ton cela. Mais à mesure que chaque
vignette progresse, les performeuses deviennent rétives, imprévisibles, des versions débridées d'elles-mêmes,
débordant dans la marge et glissant hors des attentes normatives des sexes. Le sexisme, la misogynie, tous les « isme
» relatifs aux capacités et aux mensurations, la phobie de la transsexualité, toutes ces tendances séculaires se révèlent
dans cette oscillation dramatique qui ébranle nos versions collectives de la féminité et du féminisme, nous laissant sans
aucun repère. Ainsi, le spectacle distingue et reconstitue les rôles traditionnellement « féminins », avant de les faire voler
en éclat. Dans l'une des vignettes, les performeuses sont dans une boîte de nuit gigantesque et vibrante où elles
dansent de manière provocatrice, comme sur MTV. À mesure que la scène évolue, les danseuses commencent à mimer
de tâches banales qui incombent de manière traditionnelle aux femmes - bercer un enfant ou préparer le repas. Cette
juxtaposition physique plutôt comique nous force à faire face aux récits et attentes dominants - souvent conflictuels - que
l'on impose perpétuellement aux femmes. Plus tard dans le spectacle, Lady Rizo simule des actes sexuels avec un
phallus invisible : cliché de scène d'ouverture d'un quelconque film porno. On connaît. Mais, très vite, elle nous emmène
ailleurs : empreinte de rage et de colère, elle s'acharne avec violence sur le phallus. Son message est le suivant : « Je te
satisfais et te détruis. » C'est d'ailleurs ce que fait le spectacle à maintes reprises.
UNTITLED FEMINIST SHOW interpelle sans concession et subvertit les limites imposées par le regard traditionnel
dominant (et toujours masculin), explore avec férocité et célèbre les réalités complexes et dissonantes des corps
féminins et sexuellement variants et leurs expériences. Young Jean Lee a sélectionné un éventail de silhouettes qui
nous font affronter notre pulsion conditionnée - et forcée - à dicter à des corps dans l'espace des rôles essentialisés en
fonction de leur sexe. Voilà qui remet en question nos constructions mentales de la femme, du féminin, de la féminité, et
déstabilise les notions établies de ce qu'est une femme et de ce qu'elle devrait être. Comment définir une femme ? Et le
corps d'une femme ? Comment les corps des femmes sont-ils exploités ? Comment sont-ils encouragés ? Que signifie
l'entremise et comment la voyons-nous ? Que signifie la coercition et où se situe la ligne ? Ces corps suivent les règles.
Ces corps enfreignent les règles. Ces corps ignorent toute règle. En ce sens, le corps féminin est à la fois un site
d'oppression et de résistance critique. UNTITLED FEMINIST SHOW est une méditation haute en énergie à propos de
cette dialectique.
La dernière question est à présent : est-ce une pièce féministe ? Et la réponse est oui. Ce spectacle désire explorer les
multiples représentations et possibilités des sexes et du féminisme. Young Jean Lee & Company résistent à la tentation
de présenter une seule version monolithique et normative du féminisme. Il s'agit plutôt d'une invitation à se défaire de
notre besoin compulsif de nous appuyer sur des identifications sexuelles binaires ou de hisser l'étendard d'une seule
vision du féminisme. Il y a d'innombrables façons d'incarner le(s) féminisme(s). On dirait que Young Jean Lee a écrit le
mot FEMME sur toute l'étendue de la scène et l'a ensuite raturé. Mais il est là. On peut le voir. Nous sommes d'ailleurs
priés de le décomposer et de l'examiner. Peut-on imaginer exploration plus féministe ? Et en effet, ces recherches
profondément politiques ne répondent pas aux demandes patriarcales d'atteindre une sorte de connaissance ultime ou
de compréhension exclusive. Sûr de pouvoir supporter cela ?
Cassie Peterson
Traduit par Isabelle Grynberg
Pour le Kunstenfestivaldesarts
Young Jean Lee, biographie
Née en Corée en 1974. Elle part vivre aux États-Unis à lʼâge de deux ans. Elle intègre lʼUniversité de Berkeley où elle
étudie Shakespeare pendant six ans avant de sʼinstaller à New York en 2002 où elle devient dramaturge. Depuis, elle a
monté ses pièces au Public Theater (CHURCH, 2007), au HERE Arts Center (Songs of the Dragons Flying to Heaven,
2006), au Soho Rep (The Appeal, 2004), et à lʼOntological-Hysteric Theater (Groundwork of the Metaphysic of Morals,
2003). Young Jean Lee a travaillé avec Radiohole et le National Theater des États-Unis. Ses créations sont
régulièrement jouées aux États-Unis et en Europe, et ses textes ont été publiés à plusieurs reprises. Elle a fondé la
Young Jean Leeʼs Theater Company dont elle assure la direction artistique. Elle mettra en scène son adaptation du Roi
Lear au Soho Rep en 2010. En 2007, elle a reçu le ZKB Patronage Prize du Zürcher Theater Spektakel, le prix OBIE du meilleur
dramaturge émergent, le prix du Guggenheum Fellowship en 2011 et le prix Doris Duke Artist en 2012.
http://youngjeanlee.org/about
Young Jean Lee au Théâtre de Gennevilliers avec le Festival dʼAutomne à Paris :
2009 THE SHIPMENT
Infos pratiques
Théâtre de Gennevilliers
Fondateur Bernard Sobel
Direction Pascal Rambert
41 avenue des Grésillons
92230 Gennevilliers
Standard + 33 [0]1 41 32 26 10
Réservations + 33 [0]1 41 32 26 26
www.theatre2gennevilliers.com
Réservation
sur place ou par téléphone au +33 [0]1 41 32 26 26
du mardi au samedi de 13h à 19h
télépaiement par carte bancaire
Vente en ligne sur :
www.theatre2gennevilliers.com
Revendeurs habituels :
Fnac — Carrefour 0 892 683 622 (0,34 euros/min), fnac.com,
Theatreonline.com, 0 820 811 111 (prix dʼune communication locale),
Starter Plus, Billetreduc, Kiosque jeune, Crous et billetteries des Universités Paris III, VII, VIII, X,
Maison du Tourisme de Gennevilliers, Maison du Tourisme dʼAsnières-sur-Seine
Accessibilité
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite. Dispositif dʼécrans (certains soirs) pour les spectateurs sourds et
malentendants.
Navettes retour vers Paris
Vendredi 5 et samedi 6 octobre, après le récital de WEʼRE GONNA DIE, une navette gratuite vous raccompagne vers
Paris. Arrêts desservis : Place de Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République.
Accès Métro
Ligne [13 ] direction Asnières-Gennevilliers, Station Gabriel Péri [à 15 mn de Place de Clichy] Sortie [1] puis suivre les
flèches rayées rouges et blanches de Daniel Buren
Accès Bus
Ligne [54] direction Gabriel Péri ; arrêt Place Voltaire
Accès voiture
- Depuis Paris - Porte de Clichy : Direction Clichy-centre. Tourner immédiatement à gauche après le Pont de Clichy,
direction Asnières-centre, puis la première à droite, direction Place Voltaire puis encore la première à droite, avenue
des Grésillons.
- Depuis lʼA 86, sortie n° 5 direction Asnières / Gennevilliers-centre / Gennevilliers le Luth.
Parking payant gardé à proximité.
Le FoodʼArt
Restaurant au sein du T2G, ouvert avant et après le spectacle
Tel. + 33 [0]1 47 93 77 18
Valérie Mréjen
Les textes signés par Valérie Mréjen lui ont été commandés par le T2G pour le programme 2012-2013.

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