Pleins feux : La croissance pour sortir de la pauvreté
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Pleins feux : La croissance pour sortir de la pauvreté
PLEINS FEUX La croissance pour sortir de En Amérique latine, la pauvreté S ELON un nouveau rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, le taux de pauvreté de la région a chuté de 48,4 % en 1990 à 31,4 % en 2010, niveau le plus bas des 20 dernières années. Le taux d’extrême pauvreté ou d’indigence (correspondant à un niveau de revenu en deçà des besoins nutritionnels) a également baissé durant cette période, de 22,6 % à 12,3 %. Malgré ces avancées, le continent compte toujours 177 millions de pauvres, dont 70 millions d’indigents. Le rapport prévoit un léger recul de la pauvreté en 2011, mais craint que l’indigence ne s’aggrave en raison du renchérissement des denrées alimentaires. Les taux de pauvreté et d’indigence sont en net repli depuis 1990 en Amérique latine. (pourcentage de la population) 60 Pauvreté Indigence 50 (millions d’habitants) 250 Pauvreté Indigence 200 40 150 30 100 20 50 10 0 School girls and boys drink porridge in a rural Guatemalan school. 1990 99 2002 08 09 10 11 Proj. Point d’eau à Lima. Durant la crise, les dépenses sociales en Amérique latine ont augmenté en pourcentage du PIB. 30 100 25 90 80 20 70 15 60 10 50 5 40 0 30 1990–91 94–95 98–99 2002–03 06–07 Dépenses publiques totales (pourcentage du PIB; échelle de gauche) Dépenses publiques sociales (pourcentage du PIB; échelle de gauche) Dépenses sociales (pourcentage des dépenses publiques; échelle de droite) Source : Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Nations Unies). Note : estimation pour 21 pays de la région. 44 44 Finances Finances && Développement Développement Mars Mars2012 2012 0 1990 99 2002 08 09 10 11 Proj. Source : Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Nations Unies). Note : estimation pour 19 pays de la région. Dépenser mieux pour combattre la pauvreté Le recul de la pauvreté s’explique surtout par l’essor de la croissance, l’augmentation des salaires, la baisse des taux de fécondité et une amélioration des programmes sociaux. Les efforts consentis pour amortir l’impact de la crise économique de 2008–09 sur les pauvres se sont traduits par une forte augmentation des dépenses sociales, notamment dans l’éducation. Au total, les dépenses publiques ont progressé de 3 % du PIB entre 2006–07 et 2008–09, et les dépenses sociales de 2 %. Dans les pays où les dépenses sociales par habitant sont inférieures à 300 dollars, la plus grosse part revient à l’éducation. Seuls les pays relativement plus développés (où les dépenses sociales par habitant dépassent 1.000 dollars) consacrent davantage de crédits à la protection et la sécurité sociales. Cela dit, la couverture des dispositifs de protection sociale est loin d’être universelle, et d’énormes lacunes subsistent, notamment en matière de sécurité sociale. LA PAUVRETÉ est à son plus bas depuis 20 ans Créer des emplois productifs S’il y a lieu de se réjouir du recul de la pauvreté, surtout en pleine crise économique, ces progrès sont menacés par des écarts persistants de productivité et une tendance des marchés du travail à créer des emplois dans les secteurs peu productifs et sans protection sociale. Les profondes différences entre pays se manifestent notamment dans les asymétries de productivité, le développement institutionnel, l’accès aux marchés financiers internationaux et la capacité d’épargne. Les disparités au sein d’un même pays rendent d’autant plus difficile la lutte contre la pauvreté dans la région. Pour avancer dans ce combat il faudra redoubler d’efforts dans l’accès à l’éducation, les transferts monétaires en faveur des plus vulnérables, la refonte du marché du travail et la création de systèmes de protection sociale solidaires. ■ Le recul généralisé de la pauvreté cache des disparités. (pourcentage de la population vivant dans la pauvreté) Honduras Nicaragua Guatemala Paraguay Bolivie El Salvador Colombie République dominicaine Équateur Mexique Pérou Venezuela Panama Brésil Costa Rica Chili Argentine Uruguay 2002 2010 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Source : Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Nations Unies). Note : estimation pour 19 pays de la région. Données correspondant à la dernière année disponible. Repas scolaire au Guatemala. Préparé par Alicia Bárcena, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC). Le texte et les graphiques sont tirés de Social Panorama of Latin America, publié par la CEPALC en novembre 2011 et disponible à l’adresse www.eclac.org. Finances & Développement Mars 2012 45