Ne profanez pas le mot de Vérité en l`accordant

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Ne profanez pas le mot de Vérité en l`accordant
Ne profanez pas le mot de Vérité
en l’accordant aux conceptions humaines.
Nous cherchons beaucoup de choses en entrant en F.M.. On demande la
Lumière, on cherche son chemin, on se cherche soi-même, on recherche la
Parole perdue, etc. … Ces quelques exemples montrent à quel point le travail du
franc-maçon est conséquent, il s’étend de plus en plus afin qu’il s’interroge sur
sa place dans le monde, et élargisse son champ d’action. Mais les moyens pour
parvenir à des bribes de réponses pourraient être confus sans l’aide des rituels et
de la progression initiatique qui en découle. Dans ce dessein, outre les symboles
nombreux mis à notre disposition depuis notre entrée en F.M., plusieurs
recommandations et serments apparaissent. Cela nous amène aujourd’hui à
analyser la phrase suivante : « Ne profanez pas le mot de Vérité en
l’accordant aux conceptions humaines. »
L’étude de cette déclaration va nous conduire dans un premier temps à présenter
succinctement la conception humaine de la vérité afin de nous concentrer sur ce
qui nous intéresse dans ce lieu, à savoir : le respect de la Vérité avec un grand
V, pour ensuite examiner le moment pendant lequel cette phrase est prononcée
et sa justification dans ce cadre. Afin de rester dans le sujet, car nous pourrions
disserter des heures sur la Vérité, nous verrons dans un second temps, les
conséquences de ce conseil ou plutôt de cet ordre.
I : Etude de la phrase
Dans le dictionnaire : profaner verbe transitif.
Traiter avec mépris; commettre un attentat contre (une chose sacrée) - ex :
Profaner un sanctuaire, une hostie. Par extension : Souiller, avilir.
Cet avertissement nous est ordonné et est conjugué à l’impératif. Il s’inscrit dans
la cérémonie d’initiation à l’issue du deuxième voyage. La confusion des sens
attribués aux mots est une erreur humaine fréquente, on nous rappelle ici, que
nous devons nous écarter de ces chemins erronnés pour déjà ne pas se tromper
sur la notion de Vérité dans le cadre maçonnique décrit ici. Mais c’est plus fort
que cela car le rituel ne nous dit pas “ne vous trompez pas”, mais : “Ne profanez
pas …”
Les règlements généraux nous rappellent que “Dans la recherche de la vérité, les
F.M. n’acceptent aucune entrave et ne s’assignent aucune limite”. Par aileurs lors
de notre entrée en F.M., on nous apprend que notre préoccupation majeure est
de nous engager dans la voie de la recherche de la Vérité. Dorénavant, au 4°
degré le message est plus directif au sujet de la Vérité puisqu’il s’agit d’un Devoir
essentiel inscrit dans le cadre de notre démarche initiatique.
Lorsque, dans le monde profane nous définissons la vérité comme étant le
rapport de la pensée avec la réalité, nous exprimons une conception humaine de
la vérité.
Elle peut être relative ou absolue. Relative, elle est considérée comme une
assertion que nous énonçons sur les choses et des idées que nous nous en
faisons .Absolue, elle est plutôt considérée comme une sorte d'objet que notre
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intelligence trouve placé en dehors d'elle, existant par conséquent en soi,
indépendamment de nos idées et de nos assertions. Nous sommes ici dans un
cadre typique de la conception humaine de la vérité. Et “vérité” s’écrit alors sans
majuscule. Ce qui change tout dans l’étude, car il est admis que les termes qui
se rapprochent de qualités ou de concepts se rapportant au Divin, commencent
par une majuscule.
En outre, le rituel du 4° degré nous précise que nous travaillons dans le but
d’approfondir notre connaissance métaphysique. La force créatrice qui dépasse
notre entendement nous pousse à ce questionnement.
Nous qui recherchons la parole perdue, nous avons la chance de pouvoir nous
exprimer par des mots, et faire en sorte que ceux-ci soient employés le plus
justement pour exprimer une idée aussi vraie que possible. Or les mots
représentent, symbolisent les idées, bien que la vérité ne ressemble pas
forcément à l’idée. Mais le même mot sert toujours de signe à la même idée.
L’entrée en F.M. pousse le profane que nous étions à changer de comportement
par la voie initiatique. Et la poursuite au dehors de l’oeuvre commencée dans le
temple va dans ce sens. La préoccupation majeure de la F.M. via notre démarche
initiatique est de nous engager dans la recherche de la Vérité. La mosaîque de
Francs-maçons que nous représentons génère des opinions très différentes sur le
plan métaphysique mais nous sommes tous censés croire en l’existence d’un
ordre universel qui préside à tous les phénomènes. Ce qui nous différencie des
profanes en matière de recherche de Vérité, c’est cette croyance depuis notre
initiation qui nous transforme petit à petit.
Richard Dupuy : “Nous nous séparons de ceux qui la conçoivent comme
seulement transcendante, immatérielle, et inaccessible autrement que par le
moyen de la révélation, par la pratique de l’abstention et de l’abstraction, le
mépris du concret.
Nous nous séparons donc de ceux qui la conçoivent comme seulement
immanente, matérielle et accessible par les seules voies de la sciences et
l’observation des phénomènes contingents de la matière.
Que cette recherche de la vérité soit vue, comme pour Descartes par exemple,
comme une domination, pour nous "rendre maîtres et possesseur du monde",
ou comme inclination, telle que la conçoit Pascal, "nous allons à la vérité par un
mouvement du cœur", dans tous les cas la recherche de la vérité ne nous
amènera pas à retracer une simple copie du monde.
Pour affirmer ce qui est, pour affirmer la vérité, il faut la connaître.
La recherche de la vérité fait comprendre qu'il y a un ordre dans le monde et que
l'esprit qui est ordre lui-même retrouve cet ordre présent dans le monde.
L'intériorité est révélante alors que le repli sur soi n'est autre que l'abandon pur
et simple de la recherche, c'est un obstacle à la vérité qui consiste à se contenter
de l'apparence des choses, à se retirer dans une subjectivité empirique qui fait
du sujet un objet en refusant la présence de ce qui est en nous, le désir de la
Vérité.
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II Intérêt de cette recommendation.
Les axiomes premiers de la science sont indémontrables. Et la raison seule est
impuissante à expliquer par exemple l’existence de dieu, la création du monde ou
l’immortalité de l’âme - pour ceux qui croient que nous en avons une. Je pense
que l’impuissance de cette raison seule s’explique parce que notre entendement
seul est incapable d’interpreter ce qu’il y a au dessus de la sphère de la raison :
la sphère divine, ou plutôt la manifestation divine, (car la notion de sphère
entrerait dans le concept de finitude). La seule capacité de notre raison est de
pouvoir en admettre l’existence. Et c’est en cela que nous ne sommes pas des
athées stupides et que nous travaillons à la Gloire du Grand Architecte de
l’Univers. Rappellons que la phrase du rituel qui suit “Ne profanez pas le mot de
Vérité en l’accordant aux conceptions humaines » est la suivante : « la Vérité
absolue est inaccessible à l’esprit humain ; il s’en approche sans cesse, mais ne
l’atteint jamais ».
L'intériorité est révélante alors que le repli sur soi n'est autre que l'abandon pur
et simple de la recherche, c'est un obstacle à la vérité qui consiste à se contenter
de l'apparence des choses, à se retirer dans une subjectivité empirique qui fait
du sujet un objet en refusant la présence de ce qui est en nous, le désir de la
Vérité.
En poursuivant le sujet de l’alchimie que j’ai abordé ici cette année, nous
pouvons dire que notre recherche de Vérité est une alchimie dans le sens où
nous recherchons les transformations qu'il nous est possible de faire subir à nous
même tout comme les alchimistes tentaient de transformer des corps et d'en
tirer quelque produit utile aux humains. Rappellons que l’alchimie est une
conception de l’Univers. L’Univers a pour origine l’Unité qui se fractionne de plus
en plus jusqu’à notre monde tel qu’il est autour de nous.
Pourquoi travailler sur une plus profonde connaissance métaphysique ? Et de
quoi s’agit-il ? La métaphysique est la science et la théorie de ce qui est au-delà
des choses physiques, des objets empiriques, de la Nature. En grec " Meta ta
phusica " signifie ce qui est au-delà où au-dessus des éléments de la nature.
La métaphysique est cet ensemble de questions que l'esprit humain ne peut ni
abandonner ni résoudre en essayant de comprendre sa raison d’être sur terre sa
mission, qu’est-ce que l’âme, qu’est-ce que l’esprit ? Comme nous l’indique le
rituel, l’esprit humain essaie de s’approcher de la vérité absolue, mais ne l’atteint
jamais. Dans nos quatre voyages effectués lors de notre initiation à ce degré,
nous cherchions la Vérité et la Parole perdue. Il nous est indiqué que la route du
Devoir mène sûrement à la Vérité. Encore faut-il connaître ce Devoir. Il s’agir de
la quête de la Vérité, la vraie Lumière, la Parole perdue. En tout cela nous
sommes éloignés des conceptions profanes, humaines de la Vérité. Pour nous
aider dans cette tâche, dans cette quête, des symboles nous ont été remis
depuis nos initiations en Loge bleue. Parmi ceux-là, l’équerre nous a été
présentée à nouveau sur le front au quatrième degré, afin de nous rappeler les
principe de rectitudes, pour que nous ne nous perdions pas dans les labyrinthes
de l’erreur.
Pour conclure,
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Notre recherche de la Vérité est personnelle et indépendante car nous sommes
des hommes libres.
La recherche de la Vérité fait comprendre qu'il y a un ordre dans le monde et que
l'esprit qui est ordre lui-même retrouve cet ordre présent dans le monde.
C’est la foi en cette Vérité, sa recherche patiente, inlassable, méthodique qui
constitue le fondement de la F.M. Elle est une partie essentielle du socle de notre
fraternité universelle.
J’ai dit
Patrick C.
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