Fiche bio mouches_PEP

Transcription

Fiche bio mouches_PEP
En Détail...
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P.E.P. Caprin
Gestion des mouches en élevage caprin bio
Résultats d'expérimentations
Suite aux demandes d’éleveurs caprin respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique en
Rhône Alpes, des expérimentations ont été mises en place en 2008 et 2009 sur la gestion des
mouches d’élevage avec des techniques alternatives autorisées en AB.
Ces expérimentations ont porté respectivement sur :
- L' utilisation de parasites à mouche (en 2008).
- L'utilisation de produits naturels : huiles essentielles et extrait de neem (en 2009).
Les « parasites à mouche » ou « mini-guêpes »
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L’expérimentation repose sur l’utilisation de parasites à mouche de deux types : des Muscidifurax
raptorellus et des Spalangia cameroni (produit commercial : Biopar).
Ce sont de « mini- guêpes » et « mini fourmi » qui vont pondrent dans les pupes des mouches
présentes dans les bâtiments d’élevage et ainsi se reproduire tout en limitant la multiplication de
mouches.
Ces parasites sont très discrets. Ils restent au niveau de la litière et ne sont nuisibles ni pour les
animaux, ni pour l’éleveur. De plus, on les retrouvent naturellement dans les litières mais en quantité
insuffisante pour influer sur la population de mouches.
Ces parasites sont efficaces aussi bien contre la mouche domestique (musca domestica), la mouche
piquante des étables (stomoxys) que contre une autre espèce de petite mouche domestique moins
fréquemment rencontrée (fannia sp).
Toutes ces mouches constituent 95% des mouches présentes dans les accumulations de fumier.
 Le protocole d'expérimentation
L’expérimentation mise en place s'est déroulée sur 14 exploitations ayant des
bâtiments avec litière accumulée mais aussi de grands portails ouverts toute la
journée permettant une entrée et une sortie des mouches adultes. Sur ces 14
exploitations, 2 sont menées en conventionnel et ont servi de témoin.
Sur les 12 exploitations restantes, des stratégies différentes ont été mises en place
avec des fréquences d’apport de parasites à mouches variables. Ainsi nous avions :
Apport tous les 15 jours,
Apport tous les mois,
Apport tous les 3 mois.
Le suivi de la population de mouche s'est fait grâce à un comptage de mouche (via
des panneaux gluants), un prélèvement de pupes avec mise à éclosion pour
connaître l’impact de la reproduction des mini-guêpes et une observation par les
éleveurs.
 L’expérimentation a débuté fin mai 2008 et s’est terminée en octobre 2008
soit pendant la période de développement des mouches.
Sur les bâtiments ayant un lâcher tous les 15 jours, on observe une bonne diminution des
mouches (moins 34%).
Toutefois, il faut attendre le mois d’août , soit le troisième lâcher pour atteindre le meilleur résultat : moins
de 220 mouches par panneau, zéro pupes dans les endroits stratégiques, c’est à dire vers les bordures
du bâtiment et sous les abreuvoirs.
Avec le lâcher tous les mois, la présence de mouches est correcte pour l’éleveur, à savoir moins de
500 mouches / panneau.
Toutefois, au bout de 14 jours, la population de mouches augmente progressivement. Des pupes sont
prélevées et mises à éclosion, aucune n’est parasitée par les mini – guêpes. La population de mouches
est stabilisée mais reste encore trop élevée.
Avec le lâcher tous les 3 mois, on observe une progression de mouches toute la saison, et de
façon conséquente.
Les panneaux sont « complets » au bout de 1 mois. Toutefois, le lâcher des « mini – guêpes » permet de
diminuer l’utilisation du fil à mouche : 6 fois moins que sans lâcher, surtout juste après la mise en place
des « mini-guêpes ».
A noter une grande variabilité entre les exploitations due notamment à la conception des
bâtiments (plus ou moins sombre, ouvertures plus ou moins grandes….) mais aussi à l’ambiance (fuite
d’eau avec litière humide, mauvaise gestion du fumier, stockage du fumier à côté du bâtiment…). Un
traitement classique est fait sur une exploitation du fait de l’invasion de mouches malgré les lâchers de
parasites.
Dans tous les cas, le prélèvement de pupes et leur mise à éclosion n’a pas donné de
résultat positif : pas d’éclosion de mini-guêpes, donc celles ci ne se reproduisent pas à travers les pupes
des mouches domestiques. Après renseignement, ce problème exceptionnel vient de la multiplication des
ces « mini-guêpes » chez le fabricant. Ceci explique la faible durée de l’efficacité après le lâcher des mini
guêpes, résultats considérés comme « anormaux ».
Sur les exploitations témoins, nous avons noté une forte présence de mouches et ceci, dès le
début de l’expérimentation. L’utilisation d’insecticide classique avec une action exclusivement sur les
adultes s’avère réellement insuffisante. Par contre dès que le produit utilisé était aussi larvicide, la
population de mouche a réellement diminué pour se retrouver en dessous du seuil « gênant ».
 En conclusion :
Ces « parasites à mouche » montrent une efficacité intéressante si plusieurs points sont
respectés :
Des lâchers précoces au printemps, dès le début de l’apparition des mouches, pour
permettre à ces parasites de se développer en même temps que les mouches.
Des lâchers réguliers dans le temps : il faut compter au minimum un lâcher par mois,
surtout au printemps et en début d’été afin que la population des parasites reste suffisante
pour limiter le développement des mouches.
Refaire un lâcher lors du renouvellement de la litière.
Dose à utiliser : 500 parasites par lâcher et par chèvre peut être suffisant en condition
normale, doubler la dose pour les situations plus tendues.
Attention aux conditions de stockage : les conditions optimum sont de 10 à 15°C, à
l’obscurité et pendant 1 à 2 jours avant l’épandage dans le bâtiment. Une température
inférieure à 10°C (dans le bas du frigo) peut tuer une partie des parasites.
bien gérer son bâtiment (voir fiche générale sur la gestion des mouches).
Le lâcher tous les mois semble pertinent, celui tous les 3 mois à réserver pour les
bâtiments peu sensibles aux mouches et celui tous les 15 jours pour les zones à risque.
Les produits naturels  Un autre essai a été mis en place avec une comparaison de 2 produits : un mélange d’huiles
essentielles et de l’extrait de neem. Ces produits sont choisis parce qu’ils sont autorisés en bio
et auraient des actions contre les insectes.
Le neem est un arbre originaire du sud de l’Himalaya ; il est cultivé notamment en Amérique centrale et en
Amérique du sud. L’huile de neem est fabriquée à partir des fruits de cet arbre. Le neem a une réputation
d’insecticide naturel riche en azadirechtine. On la dilue dans l’eau avec un peu de savon noir liquide pour
l’émulsionner. Il faut compter 30 ml d’huile de neem pour 4 litres d’eau et 1 cuillère à café de savon
liquide.
Le mélange d’huiles essentielles utilisé est composé d’eucalyptus citronné, de lavande, de palmarosa, de
géranium et de clou de girofle.
L’expérimentation s’est déroulée en milieu confiné sur des asticots, des larves et des mouches adultes
selon deux modalités : en direct ou avec présence de fumier.
 Les résultats :
18 échantillons ont été faits avec un témoin pour chaque modalité.
Asticots
Pupes
Mouches
En direct
Avec
fumier
En direct
Avec
fumier
En direct
Avec
fumier
Huiles
essentielles
80% de
mortalité
en 1H
50% de
mortalité
en 1H
40% de
mortalité
en 7 j
10% de
mortalité
en 7 j
60% de
mortalité
en 4H
50% de
mortalité
en 4H
Extrait de
neem
100% de
mortalité
en 1H
80% de
mortalité
en 1H
70% de
mortalité
en 7 j
40% de
mortalité
en 7 j
80% de
mortalité
en 4H
50% de
mortalité
en 4H
 Il en ressort :
L’efficacité de l’huile essentielle reste relativement faible (effet
plutôt de répulsif que d’élimination) et n’est pas durable :
Il y a le problème de la volatilisation des molécules d’huiles
essentielles mais aussi sa faible efficacité sur les pupes, donc le
cycle des mouches n’est pas interrompu.
Pour une bonne efficacité de ce produit, il faudrait le renouveler
toutes les semaines en cas de température élevée. Par contre son
utilisation reste facile puisque ces huiles essentielles étaient
diluées dans de l’eau avec un dispersant.
Concernant le neem, son efficacité est nettement supérieure
et ceci contre tous les insectes observés . Agissant par contact, il
est impératif de pulvériser le neem seulement sur les zones de
présence de pupes et asticots. On note donc une rupture du cycle
des mouches et donc une efficacité prolongée mais ce produit
reste délicat et est facilement dégradé. Il n’a pas de rémanence sur
les mouches. Pour une gestion sur l’année, il serait donc important
de diffuser ce produit régulièrement.
Attention, le neem est un insecticide non sélectif qui détruit donc la
faune des fumiers, point non satisfaisant, notamment en bio. Pour
éviter ce problème, il ne faudrait pulvériser ce produit que sur les
murs, mais il n’y aurait pas d’efficacité sur les pupes et asticots
En outre ces produits restent relativement onéreux.
En résumé
Les « parasites à mouche » montrent une efficacité intéressante si plusieurs points sont respectés :
Des lâchers précoces au printemps, dès le début de l’apparition des mouches, pour permettre à ces
parasites de se développer en même temps que les mouches.
Des lâchers réguliers dans le temps : il faut compter au minimum un lâcher par mois, surtout au
printemps et début d’été afin que la population des parasites reste suffisante pour limiter le
développement des mouches.
Bien gérer son bâtiment (voir fiche générale sur la gestion des mouches).
Le lâcher tous les trois mois est plutôt à réserver pour les bâtiments peu sensibles aux mouches et celui
tous les 15 jours pour les zones avec une forte pression.
Les huiles essentielles :
Elles ont surtout un rôle répulsif et donc une action très limitée. Leur utilisation serait plutôt à réserver en
traitement externe sur les animaux. De plus, attention au passage de molécule d’huiles essentielles dans
le lait ! A éviter donc dans les bâtiments proches de la fromagerie et ne pas diffuser pendant la traite.
L’extrait de neem :
Il a une efficacité intéressante lorsqu’il est en contact avec les parasites (mouches, pupes ou larves) mais
devient plus difficile avec la présence de fumier. De plus, il n’a pas encore d’AMM pour cet usage.
La gestion des mouches en élevage caprin demande une approche globale.
L’utilisation de produits (parasites à mouches, huiles essentielles, extraits de plantes
ou autre) ne doit venir que si nécessaire et seulement en complément d’une bonne
gestion des conditions d’ambiance du bâtiment.
POUR EN SAVOIR PLUS…
Contacter la Station Expérimentale Régionale
du Pradel ou votre relais départemental
POLE EXPERIMENTATION ET DE PROGRES CAPRIN
SIEGE : CHAMBRE D’AGRICULTURE, 4 AVENUE DE L’EUROPE UNIE, BP 114, 07001 PRIVAS CEDEX
TEL : 04 75 20 28 00 / FAX : 04 75 20 28 01
SITE EXPERIMENTAL : DOMAINE DU PRADEL, 07170 MIRABEL, TEL :04 75 36 74 37 / FAX :04 75 36 76 80
www.rhone-alpes.chambagri.fr/pep/
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