Robert CLEMAR

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Robert CLEMAR
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TRINITRINE
Comprim€s
Robert CLEMAR
Edit€ chez WWW.MANUSCRIT.COM
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Note de l'auteur : toutes
ressemblances
avec des
personnages ayant r€ellement
exist€s ne seraient que pure
co•ncidence.
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PARTIE I : Les faits...
CHAPITRE PREMIER
Pr€sentations...
Q
uelle magnifique journ€e ! S'exclama le Colonel Lafitte sortant sur la
terrasse inond€e de soleil. Cette vue, surplombant l'oc€an, lui €tait
famili‚re depuis d€jƒ quelques ann€es. Il l'avait d€couverte pour la premi‚re fois
lors de son dernier voyage avec sa d€funte €pouse, voilƒ bient„t huit ans. Il
avait ainsi conserv€ comme un p‚lerinage, ces voyages annuels durant les mois
d’ao†t.
- Il est vrai, fit une voix derri‚re lui, qu'ƒ cette €poque de l'ann€e, les couleurs
de la nature sont splendides.
- Tiens, dit-il en se retournant, comment allez-vous ce matin Miss Batory ? Le
r€veil ne fut pas trop difficile ?
- Vous savez mon cher Colonel, pour une vieille dame comme moi, les r€veils
sont toujours tr‚s matinaux. Et avec ce soleil, comment pourrait-on rester dans
sa chambre ?
- Vous avez bien raison ! Mais je vais vous laisser, j'aper‡ois ma ni‚ce au bar de
la plage. A bient„t Miss Batory.
-
Le bar de la plage €tait en contrebas, et il lui fallait descendre un grand escalier
longeant la falaise, abrupte ƒ cet endroit. La pierre blanche refl€tait le soleil et la
chaleur d'un matin d'€t€.
A l'heure oˆ la plupart des estivants se pr€lassent sur le sable chaud ou profitent
des joies de la plage, le barman n'avait que tr‚s peu de client.
Le spectacle offert par un jeune enfant et sa m‚re sur le sable amusa le Colonel.
L’enfant taquinait la femme en jouant de ses charmes pu€rils.
Arriv€ pr‚s de sa ni‚ce, il commanda un caf€ bien fort ainsi que deux croissants.
Puis se tournant vers la jeune fille, il demanda :
- Comment vas-tu Eliza ?
- Tr‚s bien mon Oncle, la journ€e s'annonce formidable. Une fois mon d€jeuner
aval€, j'irais me baigner. La mer ƒ l'air excellente. Viendras-tu avec moi ?
- Avec plaisir. Tiens, mais ne serait-ce pas le jeune homme qui t'a invit€ ƒ
danser hier au soir ? Interrogea le colonel en relevant la t‰te.
- Oˆ donc ? La jeune fille scrutait la plage ƒ la recherche du jeune homme
qu'elle appr€ciait tant.
Au bout d'un instant, son regard s'immobilisa sur une silhouette svelte et
€lanc€e. Abandonnant sa tasse, elle s'€lan‡a vers le jeune homme en criant son
nom. Le Colonel ainsi d€laiss€ par sa ni‚ce engagea la conversation avec le
barman.
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***
- Bonjour Eliza.
- Bonjour Michel, r€pondit-elle en lui prenant la main pour l'entraŠner vers le
bar. Viens, je voudrais te pr€senter ƒ mon oncle.
Embarrass€ et timide, le jeune homme h€sita :
- Mais,... Je ne sais pas si...
- Mais si voyons, dit-elle en souriant. Tu verras, il est adorable.
Arriv€e pr‚s du Colonel, Eliza fit les pr€sentations. Visiblement €mu, le jeune
homme bredouilla :
- Enchant€ Monsieur.
- Mais ne soit pas si timide, mon oncle n'a jamais d€vor€ personne... Enfin, pas
encore, ajouta-t-elle le sourire au coin des l‚vres.
- Oh ! Elizabeth.
Michel Divary €tait un grand jeune homme d'allure sportive aux €paules larges,
les cheveux tir€s en arri‚re, le menton volontaire et les yeux couleur noisette.
Apr‚s quelques propos €chang€s sur leur s€jour, le beau temps et les
promenades, le Colonel se leva, salua les jeunes gens puis remonta vers l'h„tel
par le grand escalier de pierres blanches.
- Alors, comment le trouves-tu ? Interrogea Eliza.
- Il a l'air s€v‚re...
- Mais non, c'est son c„t€ militaire qui veut cela. Il €tait Colonel dans
l'Infanterie. Je te le r€p‚te, il est adorable et tr‚s gentil. Tu verras quand tu le
connaŠtras mieux.
L'homme, visiblement sceptique observait le joyeux visage de son amie.
Subitement, il proposa :
- On va se baigner ?
- Bonne id€e. Le dernier ƒ l'eau a un gage, r€pondit Eliza.
Sous le soleil br†lant, les deux jeunes gens s'€loign‚rent en courant vers la
M€diterran€e.
***
- N'est-ce pas le jeune Divary qui nage avec votre charmante ni‚ce ? Demanda
la vieille dame allong€e sur son transat, un plaid de couleur claire lui recouvrant
les jambes, et un €norme oreiller derri‚re les €paules.
- En effet, c'est bien lui, Miss Batory. Un jeune homme tr‚s sympathique et
sportif dirait-on.
- Sportif ! Qui a parl€ de sportif ?
- Tiens, bonjour Monsieur Carletas.
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- Mes respects Colonel, r€pondit celui-ci. Puis se tournant vers Miss Batory, il
ajouta :
- Permettez-moi d€ m€ pr€senter, y€ soui Jos€ Carletas, l€ roi dou tissou.
- Enchant€ Se‹ior Carletas, je me nomme Arlette Batory. Je vois que vous
connaissez d€jƒ le Colonel Daniel Lafitte.
- Si, Se‹iora. Nous nous sommes rencontr€ hier soir durant l€ concours d€
bridge.
S'adressant au Colonel, il ajouta :
- Vous ‰tes d'ailleurs oun adversaire r€doutable.
- Merci Se‹ior Carletas, vous-m‰me jouez plut„t bien.
- Gracias. Mais, j€ vous prie d€ m'excouser mes amis, j€ dois vous quitter, l€
devoir et la mer m'appellent.
Tournant les talons, le Se‹ior Carletas laissa ses deux compagnons sur la grande
terrasse.
Apr‚s quelques instants durant lesquels le Colonel s'€tait assoupi, berc€ par le
chant des cigales, la vieille dame s'agita sur sa chaise longue.
- Mais qui vois-je ? Colonel, regardez donc, c'est le Commissaire Dubois !
Surpris par cette apostrophe, Lafitte faillit perdre l'€quilibre :
- Hein ! ... Quoi ? ... Qui dites-vous ?
- Mais enfin, r€veillez-vous mon cher Colonel, c'est Robert Dubois, le
Commissaire.
- Qui est-ce ?
Miss Batory €carquilla les yeux, l'air €tonn€e.
- Voyons, Colonel, vous ne connaissez pas le Commissaire Dubois, il €tait d€jƒ
lƒ l'an dernier.
Portant la main droite ƒ son menton, elle dit, apr‚s quelques instants de
r€flexion :
- Il avait la chambre 48... Πmoins que ce soit la chambre 49. Voyez-vous
depuis quelque temps ma m€moire me fait d€faut. Mais ce n'est pas bien grave.
Le commissaire, vous disais-je, est un homme tout ƒ fait charmant.
- Il me semble, Miss Batory, que vous oubliez que l'an pass€ je n'€tais ici qu’au
mois de septembre.
- Oh ! Mais oui voyons. Oˆ donc avais-je la t‰te ?
Le Colonel se redressa dans le transat oˆ il s'€tait assoupit et observa d'un œil
exerc€ l'homme install€ au bar de la plage. Puis il soupira :
- Petit, chauve et bedonnant. Encore un homme sans grande envergure, et qui
devient par la m‰me la coqueluche de ces vieilles folles.
Il s'assoupit de nouveau...
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CHAPITRE 2
Retrouvailles...
La grande horloge du hall de l'h„tel venait de sonner huit heures. Dans sa
chambre, le Colonel regarda sa montre et soupira : "Encore en retard."
Devant le grand miroir, il enfila sa veste, puis ajusta sa cravate et sa pochette
assortie. Il sortit dans le couloir et frappa ƒ la porte de la chambre voisine.
- Eliza ! Es-tu pr‰te ?
Une voix €touff€e par l'€paisse porte se fit entendre.
- Oui mon oncle, j'arrive.
Quelques instants plus tard, le Colonel, accompagn€ de sa jeune et ravissante
ni‚ce p€n€trait, dans la grande salle de restaurant du Napol€on.
Les lumi‚res €taient faibles et la musique douce. Le maŠtre d'h„tel s'approcha
du Colonel et lui demanda :
- D€sirez-vous votre table habituelle Colonel ?
- Oui, s'il vous plaŠt.
Se faufilant entre les tables comme des fourmis, les serveurs s'affairaient ƒ leurs
tŽches avec une habilet€ incroyable. Les deux touristes suivaient leur guide, l'un
d'une allure militaire, l'autre avec une excitation et une joie de vivre d€bordante.
- As-tu vu mon oncle, Miss Batory se trouve ƒ la table de ce petit bonhomme
qui est arriv€ aujourd'hui.
Mais le Colonel n'eut pas le temps de r€pondre, d€jƒ le serveur lui pr€sentait le
menu.
- Que prendras-tu Eliza ? ... Eliza ! Enfin, Eliza cesse donc de fixer la table
voisine. C'est incorrect.
- Mon oncle, c'est €trange. L'homme qui est avec Miss Batory semble agir sur
elle comme un aimant.
- Mais que vas-tu donc inventer ! ...
Haussant les €paules il se plongea dans le menu. Apr‚s quelques instants, il se
surprit ƒ observer l'homme assit ƒ la table voisine.
- C'est pourtant vrai, se dit-il. Cet homme semble avoir hypnotiser cette ch‚re
femme.
Au milieu du dŠner, celle-ci fit dire au Colonel par son neveu, qu'elle
souhaiterait lui pr€senter le commissaire. Embarrass€ par cette proposition,
Lafitte d€clina gentiment l'invitation pr€textant une affreuse migraine. Olivier
retourna s'asseoir ƒ sa table et fit part du refus ƒ sa tante.
Miss Batory sourit aimablement au Colonel puis se tourna de nouveau vers son
voisin de table.
- Pourquoi as-tu d€clin€ l'invitation qui nous aurait permis de rencontrer cet
€trange personnage ? Demanda Eliza.
- Je ne souhaitais pas le rencontrer ce soir. D'ailleurs, je remonte dans ma
chambre. Toutes ces musiques et ce bruit de vaisselle m'agacent.
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- Puis-je rester s'il te plaŠt mon oncle ?
- Bien s†r ma ch€rie mais ne remonte pas trop tard. N'oublies pas que tu as
insist€ pour participer au tournoi de tennis qui a lieu demain.
- Oui, bonsoir mon oncle.
Apr‚s l'avoir suivi du regard un instant, Eliza se leva et alla s'asseoir ƒ la table
de Miss Batory.
- Veuillez excuser mon oncle, il est rest€ tr‚s militaire dans l'Žme. De plus il n'a
jamais vraiment aim€ les restaurants et encore moins les r€ceptions.
- Il est tout excus€, r€pondit Miss Batory. Je vous pr€sente le commissaire
Dubois.
Baissant le ton, elle ajouta : " Un homme tout ƒ fait charmant "
- Je vous en prie, vous me g‰nez dit celui-ci en rallumant sa pipe.
L'homme, petit, le visage rond marqu€ par les ann€es, avait les traits d'un
personnage heureux, jovial. Il semblait ‰tre d'un calme et d'une patience ƒ toute
€preuve.
- Qu'€tais-je donc en train de vous dire avant que cette d€licieuse enfant ne se
joigne ƒ nous ? Dit Miss Batory.
- Vous me donniez des nouvelles des Delmin...
- Ah ! Oui, les Delmin... Elle se tourna vers son neveu assis ƒ ses c„t€s. Olivier,
pourquoi ne pas inviter cette charmante demoiselle ƒ danser ? Les histoires de
vieilles connaissances ne vous int€ressent certainement pas Mademoiselle
Lafitte.
D€‡ue par cette conclusion, Eliza se leva pour accompagner Olivier sur la piste
de danse.
Les regardant €voluer sur une jolie musique, Miss Batory pensa tout haut :
- Il faudra tout de m‰me qu'il se trouve une...
- Hum ! , fit le commissaire embarrass€ par la remarque de la vieille femme,
vous me disiez donc, les Delmin...
Revenue ƒ la r€alit€, Miss Batory fixa €tonn€e son compagnon de table. Ses
yeux d'un bleu profond, avaient le don d'hypnotiser tous ceux qui les
regardaient.
Le silence de la table 21 fut vite interrompu par le serveur :
- Puis-je desservir Madame ?
- Co... Comment ? Oui bien s†r.
Pendant que le gar‡on de table s'affairait ƒ sa tŽche, Miss Batory reprit :
- Il y a deux ans, lors du grand tournoi de tennis de l'h„tel, la fille des Delmin
tomba du second gradin. Elle fut tu€e sur le coup. Certains vous diront que
l'accident €tait la cause de sa mort, mais moi, je sais ! Dit-elle en frappant le
poing sur la table...
Affol€, le maŠtre d'h„tel accouru :
- Quelque chose ne va pas, Miss Batory ?
Surprise par la g‰ne qu'elle venait de provoquer, la vieille femme se frotta la
main.
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- Non, non, tout va bien. Ce sont mes douleurs qui me reprennent.
Soulag€, le maŠtre d'h„tel claqua dans ses mains. En un instant les gar‡ons de
salle avaient d€barrass€ et servi le caf€.
- Vous me disiez donc que vous saviez.
- Oui ! Dit-elle tout haut... Baissant la voix, elle reprit pour elle-m‰me, mais je
ne dirai rien.
CHAPITRE 3
Rencontre...
Le petit d€jeuner fut servi sur la terrasse sous un soleil radieux. Le Colonel
achevait ses exercices de gymnastique, tandis que Miss Batory parcourait d'un
œil distrait une revue f€minine.
- Votre ni‚ce n'est pas encore lev€e dirait-on Colonel !
- Non. Elle a d† se coucher tard dans la nuit apr‚s le bal. Mais surtout, qu'elle ne
vienne pas se plaindre si la coupe lui passe sous le nez, grommela-t-il.
Il se leva et disparut rapidement par le grand escalier blanc qui menait ƒ la plage.
Plusieurs touristes, soucieux de la l€gendaire ponctualit€ britannique, d€jeunaient
pr‚s de Miss Batory. On pouvait entendre toutes sortes de compliments et de
critiques sur le paysage.
Le docteur Grimelay, un septuag€naire divorc€ aux cheveux d'un blanc €clatant,
trouvait l'h„tel tr‚s spacieux, mais trop grand. Il ne favorisait pas les rapports
humains, disait-il. Il d€plorait le manque de convivialit€ entre les occupants. Son
point de vue n'€tait, selon lui, que le reflet d'une tr‚s longue exp€rience.
Madame Terrasson, dont le mari avait fait fortune dans le sud de la France,
expliquait que selon les propos de son €poux, les h„tels de grande classe comme
le Napol€on €taient trop chers.
Dans ce d€bat incessant, un homme de petite taille se leva et sans mot dire quitta
la table. Il entra dans le hall et appela le r€ceptionniste :
- S'il vous plaŠt, y a t’il des messages pour moi ?
- Non, monsieur Dubois, toujours rien.
D€‡u, il sortit sur la terrasse, se servi un second caf€ qu'il avala d'un trait et
remonta dans sa chambre.
Baissant sa revue, Miss Batory allong€e sur son relax, s'inqui€ta pour le petit
homme.
- Hier, il respirait la joie de vivre, et ce matin il semble terrass€. Que s’est-il
pass€ ?
Tourment€e par cette situation, elle prit l'initiative de lui rendre visite.
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***
Le petit homme vint lui ouvrir doucement, le visage grave. La visiteuse
l'interrogea du regard :
- Puis-je entrer un instant ?
Tout en s'€cartant, il lui r€pondit machinalement :
- Bien s†r, entrez.
- Que se passe-t-il mon ami ? Vous ‰tes souffrant ? Un ennui de sant€ ?
- Oh ! Non, rien de tout cela. J'ai simplement appris ce matin que mes bagages
s'€taient €gar€s ƒ l'a€roport.
- Avez-vous contact€ les autorit€s ?
- Oui, ce matin m‰me. J'ai t€l€phon€ ƒ l'inspecteur Belmas de la police des
douanes et des fronti‚res. Il est bient„t 11 heures et je suis toujours sans
nouvelles de lui.
Miss Batory s'effor‡a de remonter le moral du commissaire. Puis elle
redescendit sur la terrasse pour se rallonger dans son transat, sous le soleil
radieux de la c„te.
- Il est quand m‰me bien €trange, pensa-t-elle.
***
- Alors, ma ch€rie, cette soir€e ?
Malgr€ le ton ironique de la question, le Colonel Lafitte s'inqui€tait pour sa
ni‚ce.
- Rien d'int€ressant... A part peut ‰tre le fait que Miss Batory m'ait pr€sent€ au
Commissaire Dubois. C'est un homme charmant, malheureusement je n'ai pas
pu converser avec lui. La Duchesse a insist€ pour que j'accompagne Olivier ƒ
danser.
- Qui donc appelles-tu la Duchesse ?
- N'as-tu pas reconnu Miss Batory ? Elle est toujours dans son transat ƒ prendre
le soleil, accompagn€e de son petit roquet de neveu.
- Voyons, Eliza, tu deviens insolente et impolie. Il est vrai qu'elle peut de temps
en temps paraŠtre, disons, excentrique, mais de lƒ ƒ ‰tre incorrecte envers elle,
vraiment tu exag‚res.
***
L'apr‚s-midi s'€tait d€roul€e sans incident majeur. D'un c„t€ les fervents
admirateurs du sport avaient pu assister au grand tournoi annuel de tennis, de
l'autre les inconditionnels du soleil et de la plage s'€taient vu offrir par Dame
Nature un bel apr‚s-midi d'€t€.
Le souper avait d€but€ dans une ambiance tr‚s conviviale...
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- Tu as tr‚s bien jou€, ma ch€rie. Ton revers est ƒ travailler, mais il faut
admettre que tu es une bonne joueuse.
Lui tapotant le bras, il ajouta avec un large sourire :
- Je suis tr‚s fier de toi.
- Merci mon oncle, tu es bien gentil.
- Maintenant, parles-moi un peu de ton fameux Commissaire Dubois.
- Eh bien, fit-elle embarrass€e, c'est que... elle h€sita, puis apercevant le petit
homme, elle reprit... Justement, le voilƒ qui vient ƒ nous.
L'homme s'approcha de la table du Colonel.
- Permettez-moi de me joindre ƒ vous.
- Mon oncle, je te pr€sente le Commissaire Dubois.
- Pardon, mademoiselle, ex commissaire. Je suis ƒ la retraite depuis quelques
mois...
Le Colonel tendit la main vers son interlocuteur :
- Colonel Lafitte. Dans ma profession, nous ne connaissons pas la retraite.
Les rapports entre les deux hommes semblaient froids et distants. Apr‚s un
lourd silence, Eliza se leva pour rejoindre Michel qui p€n€trait dans la salle.
Conscients de la situation tendue, les deux hommes semblaient absents l'un pour
l'autre.
Sur la piste de danse, les jeunes gens s'amusaient :
- Pas tr‚s distrayante ta table ce soir !
- Oh ! S'il te plaŠt, ne m'en parle pas.
Visiblement g‰n€e, la jeune fille s'abandonna au rythme de la musique.
Apr‚s un long moment, Michel s'interrompit brusquement sur la piste. Etonn€,
le regard fix€ sur la table 21, il interrogea Eliza :
- As-tu vu ton oncle et le petit bonhomme ?
La jeune fille €carquilla les yeux. Elle ne le croyait pas. Les deux hommes
riaient et s'animaient :
Que s'€tait-il pass€ depuis tout ƒ l'heure ?
Elle tira Michel par le bras vers la table 21.
- Venez donc vous asseoir. Le commissaire et moi parlions de ton revers, ma
ch€rie, dit le Colonel.
Eliza s'installa au c„t€ de son oncle. Michel prit place sur la quatri‚me chaise ƒ
c„t€ du commissaire.
- Mon revers, mais quel revers ?
- Ton jeu de tennis, voyons. Le commissaire m'expliquait que tu devrais avoir
le poignet plus souple afin d'accompagner la balle.
La jeune fille surprise, d€visagea le petit homme.
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- C'est que, reprit Dubois, j'ai moi-m‰me pratiqu€ ce sport dans ma jeunesse. Il
y a bien longtemps, je vous le conc‚de. Et vous ayant vu sur le cours, je me suis
permis de faire-part de mes remarques ƒ votre oncle.
La soir€e se termina tard dans la nuit pour les deux hommes. Michel et Eliza
avaient pris le parti de se coucher de bonne heure. Le lendemain, une grande et
belle journ€e les attendaient...
***
- Vous ‰tes-vous couch€ tard, mon oncle ? demanda Eliza, allong€ sur un
transat aux c„t€s de Miss Batory.
- DŠtes donc Duchesse, cela ne vous regarde pas, r€pondit le Colonel d'un air
faussement mauvais.
Le sourire au coin des l‚vres, la belle jeune fille ne pu s'emp‰cher d'€clater de
rire. Dans cette bonne humeur, Dubois passa la grande baie vitr€e de la terrasse.
- Tiens ! Bonjour, mon ami.
- Bonjour Colonel.
Se tournant vers les deux femmes, il leur fit un grand sourire en s'exclamant :
- Miss Batory, j'ai une excellente nouvelle ƒ vous apprendre.
Se redressant sur son transat, elle s'appr‰ta ƒ entendre la grande nouvelle.
- Je viens d'avoir un coup de fil de l'inspecteur Belmas. Ils ont retrouv€ mes
bagages, fit-il joyeux.
- Mais, c'est formidable.
- On vous avait d€rob€ vos bagages ? S'€tonna le Colonel
- Non, ils s'€taient simplement €gar€s. Bien s†r, ce ne sont pas les v‰tements
qu'ils contenaient, mais les manuscrits qui y sont enferm€s que j'avais peur de
perdre.
- Des manuscrits, dŠtes-vous ? S'€tonna Miss Batory.
- Oui, ce sont... Mais vous allez trouver cela ridicule de la part d'un vieil homme
comme moi, dit-il embarrass€.
- Point du tout, lui affirma la vieille dame.
- Racontez, fŠt le Colonel.
- Eh bien voilƒ. Permettez que je m'installe ƒ vos c„t€s mademoiselle Eliza.
- Bien s†r, fit la jeune fille impatiente de connaŠtre la raison de cette excitation
dans les yeux bleus du commissaire.
Prenant place sur un fauteuil de jardin, il reprit :
- Il y a de cela quelques ann€es, dont je tairais le nombre exact, j'ai d€cid€ de
collecter mes souvenirs professionnels afin d'€crire mes m€moires. Vous allez
sans doute trouver cela peu original.
Bombant le torse, il reprit avec une voix lente et noble :
- Bien des grands hommes ont €crits les leurs avant moi...
- C'est que... Commen‡a Eliza.
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- Un instant ma ch€rie. Reprenez je vous prie Commissaire, dit Lafitte.
Apr‚s s'‰tre essuy€ le front avec un mouchoir de lin blanc, l'homme reprit :
- Je vous disais donc que j'ai commenc€ ƒ €crire mes m€moires, avec toutefois
une petite particularit€. En effet, j'y ai inclus des interrogations, de telle sorte
qu'il existe un dialogue entre l'€crivain et le lecteur. Ce dernier devra donc
s'investir dans l'histoire pour connaŠtre l'assassin, et ne plus avoir un simple r„le
passif... Comprenez-vous ?
- Cela semble tr‚s int€ressant, conclut Miss Batory.
CHAPITRE 4
Le rideau s'ouvre...
Dans l'apr‚s midi, les occupants de l'h„tel furent surpris par un violent orage.
Miss Batory sur qui les coups de tonnerre faisaient l'effet d'une fusillade,
remonta imm€diatement dans sa chambre apr‚s le d€jeuner.
- As-tu vu mon oncle ? Olivier Batory semble ‰tre aussi effray€ que sa tante.
- Ce n'est pas un gar‡on, une serpilli‚re tout au plus. De mon temps, les
hommes €taient braves et forts. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun homme digne de
ce nom...
Durant toute la journ€e, la pluie et le vent ne cess‚rent de faire rage. R€unis
dans la grande salle du restaurant, chacun attendait plus ou moins patiemment.
Le Directeur du Napol€on, d€sarm€ devant les caprices du temps, consultait
sans arr‰t sa montre-bracelet. Il d€sesp€rait. Les excursions s'annulaient les unes
apr‚s les autres.
Le salon de th€, oˆ s'€taient install€s le Docteur Grimelay et Madame
Terrasson, €tait meubl€ avec go†t et raffinement. Cette derni‚re se lamentait :
- Vous rendez vous compte, mon cher Docteur. Cet h„tel m'avait €t€ vivement
recommand€ par mes amis de Bordeaux. Trois jours de beaux temps et voici
qu'aujourd'hui : il pleut ! Et ce n'est pas fini. Avez-vous lu les journaux du
matin ?
Le Docteur, constern€, approuva du chef.
Un peu plus loin, debout devant la fen‰tre, Eliza regardait ses chances de sortir
avec Michel s'envoler.
Au fond de la pi‚ce, le Commissaire Dubois s'€tait confortablement install€ sur
un fauteuil en cuir. Lui faisant face, le Colonel Lafitte r‰vassait devant une toile
repr€sentant une chasse ƒ cour.
Allumant sa pipe, Dubois ouvrit le journal du matin. Bien que sa carri‚re
polici‚re fut termin€e, il avait gard€ l'habitude de suivre par l'interm€diaire des
m€dias, les €nigmes judiciaires.
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Apr‚s avoir survol€ les principaux titres de la premi‚re page, il consulta les faits
divers. Ceux-ci faisaient €tat d'une sombre affaire de meurtre dans la banlieue
Nantaise.
Inconsciemment, il €loigna le journal de ses yeux, les ferma et revit les titres
€dit€s par la presse durant sa longue carri‚re.
Au bout d'un instant, il se replongea dans son quotidien. Le titre d'un article le
fit sourire. Surpris par cette attitude, Lafitte l'interrogeŽt :
- Que vous arrive-t-il, mon cher ?
- Oh rien, ce n'est qu'une co•ncidence amusante, rien de bien int€ressant !
- Racontez donc, cela brisera la monotonie de cette journ€e peu ensoleill€e.
Apr‚s une minute d'h€sitation, le Commissaire trouva l'id€e plut„t attrayante. Il
replia son journal et le d€posa sur la petite table basse qui le s€parait de son
interlocuteur.
- Soit, vous avez raison. Profitons de cette merveilleuse journ€e au coin du feu.
A SUIVRE…………

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