Les DOSSIERS de l`Observatoire - L`Agence régionale
Transcription
Les DOSSIERS de l`Observatoire - L`Agence régionale
Les dossiers de l’Observatoire janvier 2009 n°39 Le tourisme dans l’économie résidentielle : des clients et des salariés en partie partagés L e secteur des hôtels restaurants, dans la nomenclature de l’INSEE, se compose d’un spectre très large d’activités telles que l’hébergement touristique, la restauration, les cafés tabacs, les cantines et restaurants d’entreprises… Ce secteur peut être regroupé en trois catégories d’activités : les activités purement touristiques (hébergements touristiques…), partiellement touristiques (restaurations, café bars…) et non touristiques (restauration collective, cantines d’entreprises…). L’ensemble appartient à ce que l’on appelle l’économie résidentielle L’analyse de l’activité touristique se concentre habituellement sur les hébergements touristiques et leurs clients. Nous proposons d’élargir dans deux directions : - Intégrer les établissements dits partiellement touristiques (restaurants cafés…) et non touristiques (restaurants d’entreprises, cantines…) - Analyser les flux de main d’œuvre entre ces trois catégories d’activités Les activités partiellement touristiques regroupent le plus d’établissements, de salariés et répondent à tous les types de clientèles : touristes, excursionnistes, clientèles locales. Elles apparaissent donc comme centrales. 1- Trois grandes catégories : les activités touristiques, partiellement touristiques et non touristiques 2- Les activités partiellement touristiques accueillent tous les types de clientèles 3- Plus de personnel et plus d’autonomie 4- Difficultés de recrutement pour les métiers exerçant dans les activités touristiques C’est dans les activités touristiques que les difficultés de recrutement sont les plus fortes. La saisonnalité de la clientèle touristique entraîne un besoin saisonnier de main d’œuvre. Les données présentées dans ce document sont issues de différentes sources : lNSEE (DADS, SIRENE, FICUS), URSSAF, ANPE. En s’appuyant sur ces éléments, le CARIF-OREF produit des tableaux de synthèses et des analyses sectorielles disponibles en ligne à l’adresse suivante : http://www.cariforef-pdl. org/emploi/relations formation emploi/analyse par secteurs. Ce sont principalement ces éléments qui ont été exploités pour produire ce document. Trois grandes catégories, les activités touristiques, partiellement touristiques et non touristiques Le secteur des « Hôtels Restaurants » regroupe un ensemble de services assez diversifié puisqu’il se compose de services d’hébergement, de restauration ou des prestations de types débits de boissons, café tabacs ou restauration collective… Pour analyser la question de l’emploi dans le tourisme, nous regroupons les 13 activités du secteur en 3 grandes catégories selon les types de clientèles qui fréquentent ces établissements : touristes, excursionnistes, clientèle locale ou résidente. Les « hébergements touristiques » sont des activités qui réalisent un chiffre d’affaires essentiellement auprès d’une clientèle de touristes. On retrouve, dans cette catégorie, toutes les activités qui proposent de l’hébergement. dépend étroitement de la nature de l’activité et de la localisation de l’établissement. Une étude menée par l‘Observatoire Régional du Tourisme des Pays de la Loire en 2003, a montré par exemple que les « café tabacs » sur le littoral réalisent en moyenne 40% de leur chiffre d’affaires annuel auprès d’une clientèle de visiteurs. Ce chiffre varie entre 6% et 15% pour les « cafés tabacs » en zones rurales. Enfin, les « activités non touristiques » comprennent les activités du secteur hôtels restaurants qui réalisent un chiffre d’affaires exclusivement auprès d’une clientèle locale ou résidente. Il s’agit par exemple, des cantines et restaurants d’entreprises. Elles n’ont pas de clientèle touristique, mais partagent des métiers communs, donc la ressource en main d’œuvre, avec les autres activités. Les « activités partiellement touristiques » réalisent une partie seulement de leur chiffre d’affaires auprès d’une clientèle de visiteurs dont la part Hébergements touristiques Hôtels sans restaurant - Exploitation de terrains de camping - Autre hébergement touristique Hôtels avec restaurant Activités partiellement touristiques Cafés tabacs - Débits de boissons - Discothèques Traiteurs, organisation de réceptions - Restauration de type traditionnel - Restauration de type rapide Activités non touristiques Hébergement collectif non touristique - Cantines et restaurants d’entreprises Restauration collective sous contrat Source : ORT Les activités partiellement touristiques, additionnent tous les types de clientèles Les établissements de ces trois catégories d’activités offrent des prestations relativement complémentaires, qui font que les trois types de clientèles s’additionnent. A titre d’exemple, l’étude menée par l’Observatoire Régional du Tourisme des Pays de la Loire auprès des touristes britanniques, au cours de l’été 2006, montre que 40% du budget de cette clientèle est consacré à l’hébergement (activités touristiques) et 26% aux dépenses de nourritures qui incluent la restauration (activité partiellement touristique). Les résidents de la région consomment des activités partiellement touristiques et non touristiques. L’activité partiellement touristique est centrale puisqu’elle a comme clients les trois types de clientèles : touristes, excursionnistes, résidents. Excursionnistes Résidents Touristes Activités touristiques Activités partiellement touristiques Activités non touristiques Main d’œuvre Sur le marché du travail, les qualifications demandées sont à peu près les mêmes et les activités entrent en concurrence pour le recrutement des professionnels. Celle-ci est d’autant plus forte que les salariés du secteur sont mobiles. La mobilité des salariés entre ces trois activités peut être mesurée avec l’indicateur de turn-over qui rapporte la somme des flux d’entrées et de sorties de main d’œuvre à l’effectif total des salariés. Plus cet indicateur est élevé, plus les flux d’entrées et de sorties de main d’œuvre sont importants et plus la mobilité des salariés est forte. La moyenne du secteur s’élève à 113% (le nombre de nouveaux contrats est supérieur à l’effectif total annuel du secteur) alors que tous secteurs confondus, le turn-over s’établit à 60%. Ce sont surtout les jeunes salariés de moins de 35 ans qui sont concernés par le turn-over. Au-delà de 35 ans, le taux de turn-over se rapproche de la moyenne nationale. En général, au cours de la vie active, les salariés du secteur débutent dans des activités touristiques et finissent dans des activités non touristiques. Ceci est particulièrement vrai pour les cuisiniers comme le montre le graphique ci-dessous : La part des cuisiniers de moins de 25 ans atteint un peu plus de 20% dans les établissements de types hôtels restaurants ou restaurants et elle est inférieure à 5% dans les cantines (activités non touristiques). Inversement, la part des cuisiniers âgés de 45 ans et plus est de 12% dans les hôtels restaurants et atteint presque 40% dans les cantines. Les cuisiniers sont attirés vers l’activité des cantines. Dans ce dernier type d’activité, les horaires de travail sont plus fixes et permettent de combiner contraintes professionnelles et familiales. Age des cuisiniers en activité en % 100 % 55 ans et plus 90 % 45 à 54 ans 80 % 35 à 44 ans 70 % 25 à 34 ans 60 % moins de 25 ans 50 % 40 % 30 % Source enquête emploi, INSEE 1998. Nota Bene : le tableau ici présente des valeurs relatives. En volume, ce sont les hôtels restaurants et restaurants qui emploient le plus de salariés et ce ci quelque soit leur âge. 20 % 10 % 0% hôtels restaurants / restaurants restauration collective cantines Plus de personnel, et plus d’autonomie 6 ETP en moyenne, et d’un ensemble de 16 000 établissements (partiellement touristique) de taille nettement plus faible. L es établissements partiellement touristiques emploient plus de la moitié des effectifs salariés Ce sont les activités partiellement touristiques qui comptent le plus d’établissements en Pays de la Loire (67%) et qui emploient le plus de main d’œuvre (56% de l’emploi du secteur). En revanche, l’activité « hébergements touristiques » présente le ratio de l’emploi par établissement le plus élevé avec, en moyenne, 5,8 équivalents temps plein. Dans cette catégorie, ce sont les « autres hébergements touristiques » c’est à dire les villages vacances et les résidences de tourisme ainsi que les « hôtels avec restaurant » qui emploient le plus de main d’œuvre. Ces hébergements emploient respectivement 6,5 et 6,7 équivalents temps plein en moyenne. 18 000 Les activités partiellement touristiques regroupent le plus d’établissements et de salariés 16 000 7,0 6,0 14 000 5,0 12 000 10 000 4,0 8 000 3,0 6 000 2,0 4 000 1,0 2 000 0 hébergements touristiques effectifs établissements activités partiellement touristiques effectifs salariés (ETP) activités non touristiques 0,0 Cette classification montre que la demande des visiteurs c’est à dire des consommateurs effectuant une excursion à la journée ou un séjour comportant au moins une nuitée en Pays de la Loire, fait fonctionner un pan non négligeable du tissu économique du secteur « hôtels restaurants ». Le flux de visiteurs contribue à créer 23 000 équivalents temps pleins (7 000 ETP dans les hébergements touristiques et un peu moins de 16 000 ETP dans les activités partiellement touristiques). Cette demande par nature très saisonnière dépend de variables difficilement contrôlables telles que l’attractivité globale du territoire, les conditions météorologiques, les fluctuations du taux de change pour les clientèles touristiques hors zone euro… Ceci fragilise l’exploitation de ces établissements. L es établissements partiellement touristiques et touristiques sont plus autonomes Le taux de dépendance géographique correspond à la part des établissements de l’activité dont le siège social se situe hors de la région. Dans l’ensemble, les activités « touristiques » et « partiellement touristiques » c’est-à-dire celles qui sont directement au contact du visiteur ont une autonomie de gestion plus forte que les activités non touristiques. Les décisions stratégiques qui concernent les politiques de recrutement, d’investissement ou de retrait du marché sont prises en région. Les taux de dépendance les plus élevées se rencontrent dans la restauration collective sous contrat (96%), les cantines et restaurants d’entreprises (27%). Ce sont des établissements qui appartiennent à des groupes nationaux en restauration collective de type : Sodexo, Sphore, Val de France Restauration, Arpège Elior… emploi / établissements (ETP) Taux de dépendance géographique Source CARIF-OREF à partir des DADS –INSEE. Traitement ORT. Au total, le secteur « hôtels et restaurants » regroupe 12 938 établissements actifs en 2006. 51% de ces établissements emploient au moins un salarié. Le reste, correspond à des entreprises mono-établissements gérées uniquement par les propriétaires. Le système global est donc composé, schématiquement, de deux pôles (touristiques et non touristiques) de 5 à 6000 établissements employant 5 à (part des établissements dont le siège social se situe hors de la région) 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0% activités touristiques activités partiellement touristiques activités non touristiques Source CARIF-OREF à partir de SIRENE INSEE / traitement ORT. Difficultés de recrutement pour les métiers exerçant dans les activités touristiques Le tourisme est une activité de main d’œuvre. On le voit bien par le taux de valeur ajoutée qui représente la part de la valeur ajoutée dans le chiffre d’affaires. Pour les hôtels restaurants, le taux de valeur ajoutée s’élève à 47% ce qui est caractéristique des métiers de service. Tous secteurs économiques confondus, ce même indicateur s’établit à 27 % ce qui illustre l’importance de la main d’œuvre dans ce secteur. Les difficultés de recrutement n’en sont que plus sensibles. Pour mesurer les difficultés de recrutement, on utilise ici le taux de tension c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’offres d’emplois déposées à l’ANPE et le nombre de demandes d’emplois. L’analyse complète des difficultés de recrutement nécessiterait d’examiner également d’autres indicateurs tels que la durée de dépôt des offres, taux de satisfaction ou taux de variation par bassin d‘emploi. Pour l’ensemble des 10 métiers spécifiques au secteur, le taux de tension moyen est de 1. Ceci signifie qu’il y a autant d’offres que de demandes d’emplois. Tous secteurs confondus, cet indicateur s’élève à 0,7 (0,7 offre pour une demande). Le marché du travail du secteur hôtellerie restauration est donc en moyenne plus tendu du point de vue de l’offre d’emploi. Métiers Plus de demande Moyenne Activités touristiques Activités partiellement touristiques taux de tension par métiers (offre/ demande) Barman r 0,40 Employé de café, bar-brasserie r 0,50 Réceptionniste en établissement hôtelier r Aide de cuisine r 0,60 r Nettoyeur de locaux et de surfaces Plus d’offre Activités non touristiques Employé d’étage r r 0,70 r 0,80 0,90 Cuisinier r r r 1,10 Employé polyvalent de restauration r r r 1,10 Serveur en restauration r r Animateur généraliste de loisirs r Taux de tension par catégorie 1,1 1,20 1,40 1,0 0,9 1 Source : CARIF OREF à partir de l’ANPE - DRTEFP 2006. Traitement ORT sur les 10 métiers du secteur ayant le plus d’offres d’emplois enregistrées à l’ANPE Nous avons affecté chaque métier aux catégories d’activité. Certains métiers peuvent être affectés sur plusieurs catégories. Par exemple, le cuisinier peut être recruté simultanément dans les trois catégories. Les métiers les plus tendus sont principalement ceux qui concernent les activités touristiques et partiellement touristiques. Au global, le taux de tension des métiers affectés aux activités purement touristiques est le plus élevé. Il s’élève à 1,1. Dans cette activité, le besoin de main d’œuvre est fortement saisonnier et les salariés sont recrutés sur des contrats de courte période peu attractifs. L’enquête 2008 sur les besoins de main d’œuvre réalisée par l’ASSEDIC des Pays de la Loire montre que parmi les 12 professions les plus recherchées par les entreprises ligériennes pour l’année 2008, quatre d’entre elles concernent le secteur hôtels restaurants. Il s’agit des cuisiniers, agents d’entretiens, animateurs socio culturels de sport et de loisirs, employés et agents de maitrise de l’hôtellerie. Pour ces trois derniers métiers, les intentions d’embauches sont les plus fortes et dépassent 3500 contrats (la saisonnalité représente une part significative dans les projets). La question des parcours professionnels Différentes initiatives ont été prises pour pallier à ces difficultés et transformer les contrats saisonniers en contrats de plus longue durée, comme les groupements d’employeurs multi activités (à Noirmoutier par exemple), ou les complémentarités d’emploi entre la côte et la montagne. Dans la même optique, le groupement d’employeurs RESO regroupe des entreprises de l’hôtellerie et la restauration en région et a pour objectif de mettre en relation les employeurs et les salariés afin d’optimiser les flux de main d’œuvre : cumuler les temps partiels pour en faire des temps pleins, juxtaposer les périodes d’activité à temps plein… La « charte de confiance » est aussi un axe de développement important. Les professionnels, hôteliers ou restaurateurs, signataires de la charte s’engagent à garantir une qualité de l’accueil des salariés et à fidéliser le personnel. Les actions mises en œuvre portent sur la recherche de complémentarité entre les entreprises d’une part, de la qualité de l’accueil d’autre part. L’analyse présentée ici peut suggérer de travailler sur la gestion des parcours professionnels sur l’ensemble des trois activités, en relation avec l’additionnalité des clientèles. Le tourisme est bien une composante essentielle de l’économie résidentielle, par sa diversité et les échanges entre les différents types de clientèles et les lieux d’exercice des différents métiers. OBSERVATOIRE RÉGIONAL DU TOURISME sem RÉGIONALE DES PAYS DE LA LOIRE : 1, place de la Galarne - B.P. 80221 - 44202 NANTES - CEDEX 2 téléphone : 02 40 89 89 84 - télécopie : 02 40 89 89 85 E-mail : [email protected] Les Dossiers de l’Observatoire sont édités par la Sem Régionale des Pays de la Loire : 1, place de la Galarne - B.P. 80221 - 44202 NANTES CEDEX 2 • Directeurs de la publication : Jean Berthier, Daniel Dupuis • Directeur de la rédaction : Arnaud du Crest • Rédaction : Armel Rucet Crédits photos : Photo couverture / Delmas - Thalasso de Pornic ; Photos intérieures / P. Aubert, A.S Flament, G. Arnaud, B. Rivière, M.F Dupas / SEM Régionale des Pays de la Loire ; Fort de l’Océan ; P.B Fourny / Région des Pays de la Loire.