Un Petit Monde Nordestin
Transcription
Un Petit Monde Nordestin
Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Numéro 12- Chaude saison des pluies Un Petit Monde Nordestin Mai 2002 - Numéro 12 – Une chaude saison des pluies JAUNE-VERT L’automne brésilien est là. Les pluies tropicales au Nord et les baisses de températures au Sud font que les Brésiliens se confinent chez eux. La température à l’intérieur des chaumières a par contre fortement augmenté. Si les candidats aux élections présidentielles s’étalent méchamment sur le Petit écran (horaire électoral gratuit), la Globo a quant à elle envoyé grand nombre de ses journalistes en Asie, plus spécifiquement en Corée et au Japon. C’est sans dire que bonne part de la population a les yeux rivés…sur ses footballeurs. On dit même en riant que la « torcida » (supporters) constitue un des mouvements populaires les plus actifs au Brésil. Et quand la sélection joue, le Brésil semble ne plus connaître de disparités sociales. Grâce à la Globo, on sait tout sur tout…et cela va loin. Le mollet droit de R. s’est échauffé, le repas de R. était trop épicé ou encore les plus belles inventions des fans de la Seleção, …il y en a pour tous les goûts. Des 2 côtés de l’océan, on se charge de décorer chaque recoin avec 1000 gadgets aux couleurs du Brésil. Les -1- candidats aux élections en profitent pour laver leur linge sale en plus grande discrétion. Le gouvernement bien sûr n’a pas manqué cette opportunité…il en profite pour renforcer le patriotisme. Difficile de ne pas subir cette contagion. Malgré les apparences, nous avons réussi à vous parler d’autres choses que du foot dans ce numéro. Voyez plutôt ce qu’on vous a réservé : une formation « ao vivo » de la CMP, une présentation de l’ALCA, tout ou presque sur les cocotiers, un portrait de Claudio de l’Alagoas, 2-3 photos de photographes brésiliens mondialement connus, … De quoi colorer votre printemps en jaune-vert et multicolore, et vous mettre autre chose sous la dent que le petit écran !! Amitiés brésiliennes Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Numéro 12- Chaude saison des pluies Nouvelles de la CMP des Etats du Nordeste Pour cette fois, nous allons vous donner des impressions concrètes du cours organisé par la CMP des Etats du Nordeste à Maceió-AL sur le thème des politiques publiques. Les préparatifs : L’organisation d’un tel se fait avec antécédence. Les participants viennent des quatre coins du Nordeste et font jusqu’à 20h de bus. Ils doivent donc être avisés suffisamment tôt. Il faut aussi prévoir un budget pour pouvoir payer le transport, l’alimentation et acheter le matériel didactique (papier, stylos, feutres affichettes, …). Pour ce qui est du logement, chacun prend sa « colchonete » (petit matelas enroulable) et dort dans les lieux mêmes du cours. Chaque participant reçoit une « pasta » (dossier avec le matériel didactique), un « cracha » (pour l’identification personnelle). La sélection des participants est un processus délicat. La CMP de chaque Etat du Nordeste reçoit un nombre de place prédéfini dans le projet de formation (en fonction de son degré d’organisation). Les Etats bien organisés avec coordination sont favorisés. Les autres participent comme observateurs. Ensuite, dans chaque Etat les places sont réparties entre les mouvements qui participent de la CMP (en principe un participant par mouvement). Enfin, chaque mouvement choisi son participant en fonction de critères qu’il établit (niveau de formation, expérience, capacité de repasser les informations…). Le cours en soi : Le début est toujours assez lent. Les participants arrivent les uns après les autres, ils sont fatigués du voyage, racontent les inévitables péripéties pour arriver sur les lieux du cours. Bref, le cours commence avec environ une (ou plusieurs) heure(s) en retard, c’est la norme. Les participants aiment bien réaliser à l’ouverture du cours une « mística », sorte de mise en scène symbolique du thème de travail sur fond musical. En introduction, on a toujours droit à une analyse de conjoncture (analyse de l’actualité) faite par un invité, suivi d’un débat public. Par la suite on constitue rapidement des équipes qui veilleront à la bonne marche du cours (rapport, animation, horaire, nettoyages, alimentation). Puis interviennent les conférenciers, qui font de bonnes présentations sur les thèmes des politiques publiques de santé, d’éducation et de la justice. Le débat qui s’ensuit est, comme d’habitude très animé et bien sûr politisé (au bon sens du terme). Pour approfondir les thèmes en relation aux activités des mouvements, on réalise un travail de groupe par sousthèmes spécifiques : habitation, écologie, santé, handicapé, discrimination raciale et sexiste… Après les présentations des groupes, parfois sous forme de petites dramatisations, on termine avec une synthèse. Durant le cours on a droit à plusieurs moments d’animation, avec des dynamiques pour stimuler la concentration. L’ « après-cours » Comme il est difficile de trouver les financements nécessaires (surtout les frais de transport qui constituent les 2/3 du budget), il faut profiter au maximum de ces rencontres régionales. Les participants restent un peu plus longtemps et on ajoute au cours prévu une journée pour planifier les prochaines activités, pour l’échange d’expériences et pour réaliser un atelier spécifique sur l’élaboration de projet. Vient enfin la phase du rapport qui est remis à chaque Etat pour faciliter la multiplication du contenu du cours pour les autres militants. -3- Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Claudio, tête de proue de la CMP-Alagoas Claudio est, avec Simone, notre « partenaire brésilien ». A près de 40 ans, il a une histoire de vie très remplie. Il est fils d’une famille d’agriculteurs, tous analphabètes, né dans le Sertão de l’Alagoas. A 14 ans, il décide de s’alphabétiser pour devenir professeur. Pour payer ses études il fait de nombreux petits travaux et notamment porteur d’eau. Par la suite, entre 2 mandats, il sera camelô (vendeur de rue) Pour aller au collège il s’établit dans la ville voisine. Sensibilisé par les conditions de vie des enfants, il s’engage avec la Pastorale de la Terre pour travailler l’auto estime des jeunes. Jugeant ce travail assistancialiste, il commence à s’engager, parallèlement à ses études, dans les syndicats ruraux de la région. Il ne termine pas complètement ses études en raison de la nécessité de travailler, mais participera de nombreux projets d’alphabétisation. Il reçoit différents mandats des syndicats, et fait partie de la direction de la CUT (Centrale des syndicats). Entre temps (1983) le PT-Alagoas se met sur pied et il y adhère. Il organise une grève, lutte pour les droits des coupeurs de canne à sucre. Au début des années 90, il vient s’établir à Maceió, capitale de l’Alagoas. Sans logement il vit dans une « baraca de lona » (cabane recouverte par un plastic) et entre dans le mouvement d’habitation. Les conditions de vie font qu’il tombe malade et qu’il doive trouver un autre logement. Rapidement il sera leader du mouvement d’habitation, réalisant des dizaines d’occupation à Maceió et organisant des milliers de personnes. En 1999, il entre dans la CMP et est élu lors du Congrès pour faire partie de la Coordination nationale. Dès lors il militera essentiellement pour la CMP. En 2000, il reçoit le mandat d’articulation du Nordeste, appuyé par les 2 volontaires suisses. Homme de terrain, de courage et de parole, il sait écouter et mener les plus démunis à revendiquer leurs droits. La CMP-Alagoas La CMP-Alagoas est composée principalement par deux mouvements d’habitation, le mouvement homosexuel, le mouvement de femmes, le mouvement de jeunes et un groupe de théâtre et culture afro-brésilien. Depuis peu de temps ils se réunissent dans le nouveau -4- Numéro 12- Chaude saison des pluies siège, une salle cédée à la CMP par le mouvement homosexuel. Claudio venu appuyé les sans-toit sergipéens Projet d’alphabétisation Actuellement, la CMP-Alagoas se concentre sur l’alphabétisation dans les occupations encore non légalisées, où les gens vivent parfois depuis plus de 3 ans sous des toits de plastique, dans des conditions plus que précaires. La plupart étant sans travail, l’organisation de formation pour la qualification des gens est plus que nécessaire. Il faut préciser que les cours d’alphabétisation ne se limitent pas au b-a-ba, mais qu’on profite d’y faire de la prévention dans divers domaines, des orientations familiales, des discussions sur les problèmes de la communauté et notamment la violence. Ayant reçu des fonds du syndicat de la justice, la communauté a pu construire une baraque en bois qui abrite quotidiennement 2 classes de 20 à 30 élèves. La persévérance des élèves est difficile, surtout en ce qui concerne les femmes, dont certaines sont mères de famille déjà à 15 ans et seules pour s’occuper des enfants. Claudio donnant un cours d’alphabétisation dans la baraque communautaire d’une occupation urbaine. Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Premier mai, fête du travail, mais quel travail ? Le 1° mai, Journée International du Travail, a été comme chaque année, commémorée dans la plupart des pays. Dans la conjoncture actuelle, les revendications des travailleurs redeviennent plus forte (grève générale réalisée en Italie, la première après de longues années). Au Brésil la situation n’est pas différente. Les syndicats luttent fortement contre la flexibilisation du code de lois travaillistes (CLT), et ont réalisé une grève nationale le 21 mars. Pourtant la mobilisation a été assez faible. Une des raisons est qu’au Brésil, il n’y a que 55% des travailleurs qui ont une « carteira assinada », c’est à dire un contrat de travail officiel. Outre les 8% de fonctionnaires fédéraux, le nombre de travailleurs dans le secteur informel ne cesse d’augmenter. Il représente actuellement 37% des travailleurs, qui ne sont soumis à aucune loi et aucun contrôle de l’Etat (données du recensement 2000). Ceci est une réponse de la société, au problème du chômage, de la détérioration des conditions de travail dont souffrent des millions de brésiliens. Mais, grâce au « jeitinho » et à la créativité toute brésilienne, les travailleurs créent leur propre emploi et source de revenu et en survivent tant bien que mal, souvent entassés dans les périphéries urbaines. Parmi les professions dont on n'entend pas souvent parler chez nous (du moins pas sous la même forme), on a relevé celles-ci : • les « catadores » ou recycleurs de déchets qui collectent, aluminium, carton-papier, fer (sucateiro), plastiques, pour les revendre ensuite. Quand ils utilisent une charrette à cheval ce sont les « carroceiros ». • Les cireurs de chaussures (engraxate), de tous les âges. • Les « veilleurs de voiture » dans la rue et dans les stationnements et le « manobrista » (qui déplace les voitures des clients) • Les « ascensionnistes » ou « conducteurs d’ascenseur ». • Les «borracharia » où l’on répare les pneus et les chambres à air de véhicule • Les « moto-boys »: taxi ou livreurs à moto • Divers « vendedores ambulantes » : Les « camelôs», vendeurs de tout sorte de contrefaçon (le Brésil, avec le Paraguay sont aussi les rois de la contrefaçon), qui -5- Numéro 12- Chaude saison des pluies installent-leurs baraques dans certaines rues des centres où ils sont tolérés. Les vendeurs de boissons ambulants (eau minérale, eau de coco, bière, limonades,...) qui suivent les concentrations de population (marchés, concerts, fêtes populaires...). Les vendeurs-réparateurs de montres qui travaillent dans la rue. Les vendeurs ambulants de CD piratés. Les vendeurs d’artisanat divers. Les vendeurs ambulants de pop-corn, de maïs grillé, de fromage grillé à la broche ou « raclette brésilienne », brochette de viande (de chat paraît-il). • Les « empacotador » qui emballent les achats faits au supermarché • Les (pseudo) « guias » ou guides touristiques • Le « despachante », résout les problèmes administratifs ou autres • Les professions liées à la musique : « pagodeiro » (chanteur de pagode), « puxador » (chanteur lors du Carnaval),… • Les professions liées à l’Amazonie : « seringueiro » (extrait le caoutchouc), « garimpeiro » (chercheur de métaux précieux) « indigenista » (étudie le monde indigène),… • Et tous les autres…. Le monde du travail au Brésil devient un peu chaotique. Outre les disparités énormes de revenus, il semble qu’on retourne en arrière. Les acquis sociaux conquis durant les dernières décennies grâce aux luttes syndicales massives sont menacés, le chômage et le secteur informel augmentent pour atteindre presque 20% pour ce premier. L’esclavagisme en théorie aboli depuis plus d’un siècle, se rencontre encore, sous différentes formes, dans certains latifundios (grandes exploitations agricoles) et même en ville où d’innombrables employés de maisons ou autres sont bien souvent maltraités, et bafoués dans leurs droits élémentaires. Enfin, le travail infantile, malgré un programme d’éradication du gouvernement (insuffisant et mal conçu), reste une triste réalité. Que penser alors de cette Journée du travail ? Faut-il faire une grande fête populaire avec des concerts gratuits pour se divertir et oublier la dure réalité ou descendre dans la rue, dénoncer les problèmes et revendiquer les droits fondamentaux des travailleurs ? Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Le pays du football s’enflamme Au Brésil, l’ambiance de la Coupe du monde de foot (ou « Copa ») a commencé depuis quelques semaines déjà. On nous présente à la télévision un a un tous les joueurs sélectionnés pour le Japon (sans oublier les grands déçus non-sélectionnés), on nous parle de leurs petits bobos, on filme les entraînements de l’équipe et retransmet en direct les matchs amicaux de préparation qui sont vécus très intensément, même si les adversaires choisis sont de petit calibre. Des magnifiques spots publicitaires montrent les images des gloires passées du foot brésilien « cultivent » la passion du foot et éveillent l’instinct « patriotico-supporter » de millions de téléspectateurs. Des concours « show de goals » attirent les parieurs. Dans les rues commerçantes, l’ambiance est déjà au jaune, vert et bleu, couleurs du drapeau du Brésil et du maillot de la « Seleção » (équipe nationale de foot). Drapeau, T-shirt, chemisette, short, jupes, maillots de bain, linges… on trouve tout ce que l’on veut à l’effigie des « cracs » du foot brésilien. Tout vrai supporter doit avoir son t-shirt, drapeau ou autre symbole. Dans chaque quartier il y a un terrain, à chaque coin de rue on peut voir des enfants jouant au ballon (ou avec quelque chose qui ressemble à ça). Le foot au Brésil se décline à un grand -6- Numéro 12- Chaude saison des pluies nombre de variables (chacun avec ses règles et son championnat spécifiques) : Foot de terrain, foot de plage, foot de salle, foot-volley, foottennis, foot-foot, foot de table, foot féminin, foot junior, foot senior, … Dès le 29 mai, les Brésiliens vont vivre à l’heure japonaise (non seulement en utilisant des montres japonaises, mais en avançant leur horloge de quelques 12 heures). Les ventes de télévision sont montées en flèche. Les bars font le plein de bières, de guarana et de coca. Des écrans géants seront montés dans certaines rues, où il y aura grosse affluence… En plus l’époque de la Coupe coïncide avec les folles fêtes junines dont on vous a déjà parlé l’année dernière. L’ambiance sera donc chaude, musicale, bruyante (pétards), mouvementée et colorée.. . Vous avez choisi votre accessoire ? Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Numéro 12- Chaude saison des pluies ses propriétés curatives (en cas de déshydratation surtout). A ne pas confondre avec le lait de coco qui est produit à partir de la coco séchée. La pulpe de la coco est une couche qui se situe entre l’eau et la « coquille », elle augmente petit à petit avec la maturation du fruit. Cette pulpe est bonne fraîche et est un élément essentiel de lutte contre la dénutrition. Le lait de coco et la coco séchée et râpée sont utilisés dans de nombreuses recettes brésiliennes, tant salées que sucrées, ci-dessous les fameuses queijadinhas. Le cocotier et ses cocos Le cocotier est à l’honneur. En effet, ce serait une des plantes les plus utiles au Monde (360 manières de l’utiliser) et elle est surnommée aussi « l’arbre de la vie ». Au Nordeste et dans d’autres régions du Brésil, le cocotier est très présent. S’il borde le littoral brésilien et constitue une carte postale importante, il existe de grandes plantations plus à l’intérieur des terres (en régions amazoniennes le coco-Babaçu). Importé au Brésil par les Portugais durant le XVI ème siècle, il est cultivé aujourd’hui dans plus de 90 pays tropicaux. Le nom Coco dérive probablement d’un terme portugais signifiant "singe", peut-être à cause de la ressemblance entre la noix, avec ses trois pores germinatifs, et un museau de singe. Le nom spécifique nucifera dérive du latin, avec le sens de "porteur de noix" (de fero= je porte; et nux= noix). La noix de coco Le cocotier peut produire selon les variétés de 50250 cocos/année. Chaque variété possède une utilité spécifique. La coco géante est en générale consommée mûre, râpée, séchée, et pour la production du lait de coco. La coco naine (coco verte) est recommandée pour son eau de coco. L’eau de coco correspond approximativement à 25 % du poids total du fruit. Sa composition est faite de 93% d’eau, 5% de sucres ainsi que des protéines, vitamines et sels minéraux. C’est la boisson « miracle » quant à -7- QUEIJADINHA 1 grande tasse de noix de coco râpée 1 boite de lait condensé 1 cuillère à soupe de parmesan râpé 2 jaunes d’œuf Mélanger le tout et verser le contenu dans des petits moules à madeleine. Faire cuire 30 min au bain-marie et à four chaud L’amande de la coco (et plus précisément celle du babaçu) produit aussi une huile comestible qui permet de faire des savons que les Brésiliens utilisent énormément (avec effet blanchisseur), de la glycérine, sans oublier la margarine faite à partir de cette huile. La fibre de la coco est utilisée pour faire des cordes, des tapis, des balais, des brosses, … La coque elle peut être transformée en charbon, être utilisée pour l’artisanat (bijoux), la confection d’ustensiles ménagers (tasses, cuillères), … Les racines servent à la production de dentifrice, de paniers et soignent la diarrhée. Le tronc permet de faire des pirogues, des meubles ou du charbon de bois. Et son extrémité est comestible (cœur de palmier). Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Les feuilles permettent la réalisation de paniers, de couvertures de toits, de décorations, … Broyées, elles servent de fourrage pour les animaux et constituent un excellent fertilisant. Les inflorescences produisent une boisson alcoolisée, connue sous le nom de toddy ou vin de palme. Tout cela n’est qu’un résumé des utilités du cocotier, et il est important de dire que toutes les parties du cocotier ont des propriétés phytothérapeutiques reconnues. Au Brésil des dizaines de milliers de personnes vivent directement ou indirectement des cocos et de tous ses sous-produits : le producteur, le transporteur, le vendeur, l’industriel, l’artisan, … De nombreux projets de développement durable favorisent la production in sitio, utilisant la main d’œuvre locale, respectant la nature, et permettant un développement économique. Au Maranhão, Nordeste du Brésil, les femmes travaillent activement dans les plantations de coco-babaçu. De la cueillette, au transport jusqu’à la transformation du produit (farine, huiles, savons, …), elles se réunissent en coopérative pour pouvoir vivre de leur travail. Leur maison aussi est construite en cocotier. Au vu de toutes ces vertus et utilités, tout un chacun portera probablement un œil admiratif sur cet « arbre de vie ». -8- Numéro 12- Chaude saison des pluies Description botanique Le cocotier, de la famille des palmiers, est une plante à la longévité importante, pouvant vivre jusqu’à 100 ans. Il en existe 3 types (géant, hybride et nain). Il a un tronc unique, haut de 20 à 30 m, à écorce lisse et grise, marqué par les cicatrices en anneaux des vieilles feuilles. Ses racines sont fasciculées. Les feuilles, longues de 4 à 6 m, sont pennées, composées de folioles linéaires-lancéolées, plus ou moins recourbées, rigides, de couleur vertbrillant. Les inflorescences, qui naissent à l’aisselle des feuilles, quelquefois d’une spathe carénée, sont des spadices ramifiés dont les fleurs femelles sont disposées à la base et les fleurs mâles en hauteur. La pollinisation est croisée, anémophile ou entomophile. Les fleurs ont des pétales lancéolés, 6 étamines et l’ovaire formé de 3 carpelles soudés. Le fruit, aussi gros que la tête d’un homme et pesant de 1 à 2 kg, est une drupe avec un épicarpe mince et lisse, de couleur jaune-vertrouge ou marron, un mésocarpe fibreux et épais de 4-8 cm et un endocarpe ligneux. Etant léger, celui-ci peut être transporté par la mer sur de longues distances, tout en maintenant longtemps sa germinabilité. L’intérieur contient une graine unique, riche en substance de réserve localisée dans l’endosperme qui est en partie liquide (eau de coco) et en partie solide (pulpe). Il atteint la maturité en près de 12 mois. Au moment de la germination de l’embryon, la radicule sort d’un des trois pôles germinatifs visibles de l’extérieur. Ecologie - Le cocotier pousse bien sur les terrains sableux et salins; il requiert une lumière abondante et des pluies régulières tout au long de l’année. Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Flash Infos Nord ⇔ Sud Numéro 12- Chaude saison des pluies des critères de l’ONU). Son rapport n’est pas du goût de tout le monde, notamment de son ex-collègue et sociologue Fernando Henrique… Montée de la droite en Europe Après l’Autriche et l’Italie, la France et la Hollande connaissent une ascension des partis populistes d’extrême droite, aux discours racistes et xénophobes. Cela montre la crise de la social-démocratie et la difficulté des gouvernements en place à répondre aux nécessités d’une société multiculturelle et d’un modèle économique gérant toujours davantage d’inégalités. Coup d’Etat éphémère au Venezuela Avec l’appui caché des Etats-Unis le président Chavez, démocrate-populaire, a été renversé. Mais, la réaction populaire a été forte et le président a repris le pouvoir 48h après ! Journée en défense des droits sociaux La CMP a mis sur pieds le 28 mai, une journée de mobilisation pour sensibiliser la population sur la problématique des droits sociaux (éducation, santé, habitation,…) qui ne sont plus garantis. Avec les importantes coupures faite dans les budgets sociaux (en moyenne 20%), le paiement du service de la dette publique, le gouvernement n’a pas les moyen de mettre en place des politiques publiques dignes de ce nom. De plus, une bonne partie de ce qui reste comme argent public passe dans la poche de politiciens corrompus. Argentine, les exclus s’organisent Dépouillés de leur pouvoir d’achat, de leurs avoirs en banque et beaucoup de leurs emplois, des milliers d’Argentins continuent à manifester contre les autorités en place et se mettent à créer de nouvelles formes d’organisation sociale de base (par quartier). Elections au Brésil, Lula domine dans les sondages Divers scandales de corruption et détournement de fonds publics qui ont touché plus ou moins directement deux autres candidats à la présidence, ont conforté Lula (du PT) à la tête des sondages (40%). La perspective d’un gouvernement de gauche opposé au modèle actuel n’est pas du goût de tout le monde, même si le discours de Lula est devenu bien plus modéré. Les rapports des grandes banques internationales tentent de freiner les investissements étrangers au Brésil pour cause de « risque électoral ». A suivre… La faim touche des dizaines de Millions de brésiliens Jean Ziegler, a fait une visite au Brésil comme délégué de l’ONU pour faire un rapport sur la faim. Selon les données qu’il a récoltées, 9,3 millions de familles brésiliennes vivent avec US$ 1.- par jour. La faim est particulièrement grave pour les enfants, qui sont privés d’un développement normal. Ziegler affirme également qu’avec 40’000 assassinats par an, le Brésil vit une véritable guerre sociale (au sens -9- Les jeunes, invités a exprimer leur vision des droits sociaux … EXPO 02 L’expo.02 a ouvert ses portes dans la région des trois lacs, après de multiples péripéties dignes d’une novela brésilienne. Mais heureusement, les premières évaluations sont positives, tant au niveau de la qualité et l’originalité des sujets exposés que de la fréquentation. La diffusion de cette vitrine futuriste de la Suisse semble bonne en Europe. Au Brésil par contre, les médias ne font pas cas. Loi sur l’avortement Le peuple Suisse a rejeté l’initiative contre l’avortement et a accepté la loi instaurant le régime des délais, s’harmonisant ainsi avec la majorité des pays européens. Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Numéro 12- Chaude saison des pluies PETIT COIN ENFANTIN Coucou, vous savez comment on dit jouer au Brésil ? C’est Brincar …les petits brésiliens comme tous les enfants du Monde aiment beaucoup cela, La plupart n’ont, il est vrai que très peu de jouets (brinquedos), mais sont toujours pourvus de quelques « jouets maison » le cerf-volant, la fronde, un ballon, une toupie, quelques billes, un vieux pneu, une poupée en tissu, … L’industrie brésilienne s’est chargée ces dernières années de reproduire les fameux jouets en plastique importés. On trouve donc des tas de jouets de mauvaise qualité qui plutôt que venir de l’Asie, sont produits ici à bas coût. Quelques rares artisans essaient de faire front à ce déluge de plastique, mais ne sont que trop peu valorisés. Pourtant ne vous leurrez pas, certains petits brésiliens ont tous les jouets de la dernière technologie. Plus récemment on s’est mis à (re)valoriser les jouets recyclés. Le papier, les bouteilles en pet, les boites de métal se transforment en voitures, micados, jeux de quilles,… Par contre les petits Brésiliens connaissent de nombreuses « brincadeiras » (jeux) qui ne sont pas très différentes de celles des Européens, comme cache-cache, la marelle, …aux dépends des jeux de société, qui ne sont que peu utilisés. Ils ont très peu accès aux livres car il n’y a pratiquement pas de bibliothèques publiques dans les quartiers défavorisés et la majorité des écoles en sont démunies. Par contre la télévision est dans tous les foyers et on la regarde dès le plus jeune âge. Quand ils sortent, certains peuvent aller au cirque, au parc d’attraction ou aux manèges, qui souvent paraissent sortir d’un livre d’histoires de nos grands-parents. Chanter et danser, mes compatriotes adorent ça, et dès leur plus jeune âge ils savent les mouvements qui accompagnent une musique à la mode, font des rondes et ici au Nordeste, ils se mettent rapidement à la capoeira. Le plus souvent la nature est leur seul terrain de jeux. Ils se lugent sur les dunes de sable et y font des sauts périlleux, sont d’une habilité déconcertante pour grimper aux arbres et même sur les cocotiers, font du surf sur les vagues avec de vieilles planches, …alors quand ils vivent en ville, où il n’y a pratiquement rien de prévu pour les enfants, où la violence règne et où les automobilistes sont rois, les parents les gardent à la maison, et les plantent devant la télévision quand les moyens financiers ne leur permettent pas de payer un club de divertissement privé. Voilà pour cette fois, la prochaine fois je vous parlerai de l’école au Brésil. Até logo ! - 10 - Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Numéro 12- Chaude saison des pluies A la recherche de dépaysement EN IMAGES : Sebastião Salgado et Douglas Mansur sont 2 photographes brésiliens de renommée. Ils se sont attachés à photographier un autre Brésil que celui des cartes postales, celui des mouvements populaires et notamment de leurs enfants. En voici un petit échantillon. Pour d’autres images de S. Salgado : http://www.terra.com.br/sebastiaosalg ado/ et de D. Mansur http://unitecoar.hypermart.net/fotos.htm ENFANTS COUPANT LA CANNE A SUCRE ENFANTS ABANDONNES A SÃO PAULO - 11 - Un Petit Monde Nordestin, Virginie Moret et Bruno Clément Numéro 12- Chaude saison des pluies Le groupe de soutien Nordestin NOUVEAU Chers amis du groupe de soutien, Ci-dessous le résumé du premier projet présenté au groupe de soutien nordestin. Les personnes intéressées peuvent recevoir par e-mail ou courrier postal le projet intégral. Il suffit de nous en faire part. Nous sommes ouverts à tout commentaire. Projet de formation et auto financement de la CMP-Sergipe La CMP-Sergipe a toujours eu le souci d’assurer des espaces-temps de formation pour ses militants. Elle a donc réuni et organisé sommairement un grand nombre de livres et documents de formation (1000 env.) dans une pièce de son siège et souhaite donner un accès facilité à ses militants et à la communauté en général. Parallèlement, la CMP cherche aussi des moyens d’autofinancement pour couvrir ses coûts de fonctionnement. Un des coûts importants sont les photocopies. En effet, les formations, la reproduction des bulletins d’information, les démarches administratives font que la CMP-SE dépense des sommes importantes pour ses photocopies. Il se trouve également que dans le quartier où est installé le siège de la CMP, existe une demande réelle en matière de photocopies. Considérant ces 2 éléments, elle souhaite organiser une petite bibliothèque avec une photocopieuse. Cela permettrait de laisser libre accès à la bibliothèque, avec la possibilité de photocopier les documents. Cela donnerait du travail d’appoint à 2 jeunes (du mouvement des adolescents) tout comme cela diminuerait les frais de photocopies de la CMP-SE . Merci d’avance pour votre participation et pour votre soutien. Vous pouvez nous faire parvenir vos suggestions et autres messages • • • • Par e-mail : [email protected] Par la poste Bruno Clément et Virginie Moret/Platy 49/1752 Villars-sur-Glâne Par la poste Bruno Clément et Virginie Moret /CP 414/ 49001-970 ARACAJU/BRASIL Par fax : 0055/79-255 2622 Vous pouvez continuer à soutenir financièrement notre projet: Nordestin/1752 VSG/CCP 17-12980-6 - 12 -