Contribution de la Fédération des Centres Sociaux et Socio

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Contribution de la Fédération des Centres Sociaux et Socio
NOUVELLES RURALITES
CONTRIBUTION DE LA
FEDERATION DES CENTRES
SOCIAUX
ET SOCIO-CULTURELS DE
FRANCE
MAI 2014
FCSF
10, rue Montcalm
BP 379
75869 Paris cedex 18
 Introduction.
En découvrant le texte de synthèse du rapport Nouvelles Ruralités nous voulons tout d'abord
exprimer notre accord sur quelques fondamentaux posés.
En s'appuyant sur l'expertise de notre réseau de plus de 300 centres sociaux implantés en zones
rurales, nous repérons bien les difficultés rencontrées par les habitants du milieu rural par exemple
d’insuffisance de débouchés en matière d'emploi, des questions de mobilité parfois insolubles.
L'assignation à résidence n'est pas le seul apanage des quartiers urbains relégués.
Ceci ne nous empêche pas de partager le choix fait en introduction de ce rapport de la deuxième
option consistant à faire de la ruralité un marqueur de l'identité du territoire. Territoires attractifs car
capables de garder une dimension humaine et ainsi de déclencher de la solidarité, de la qualité de
vie que ce soit en matière d'environnement sain, de qualité des relations humaines et de possibilités
d’innovation et de création.
L'autre marqueur de ce rapport qui nous convient bien c'est le choix d'une approche qui fasse des
habitants des territoires une ressource principale pour penser l'avenir du territoire. C'est dans
l'énergie, l'inventivité de chacun, l'envie de faire vivre son village que se trouvent les ingrédients qui
permettront de construire des solutions viables et efficientes aux questions posées.
C'est la condition également nécessaire pour rendre efficaces les politiques publiques.
Notre contribution s'articule en 3 parties :
1. La question du territoire et du projet de territoire
2. Le choix de l'innovation
3. Des thématiques prioritaires
Pour finir nous exposerons rapidement la place que les centres sociaux peuvent tenir dans une telle
démarche.
1. La question du territoire et du projet de territoire.
De façon centrale aux 25 propositions faites dans le rapport Nouvelles Ruralités le territoire articule
ou représente l'élément autour duquel chacun pense l'avenir.
Cette notion de territoire est actuellement très complexe dans le cadre de l'évolution des
intercommunalités. Pour le citoyen peu averti, démêler ce qui relève de la compétence de son maire,
du président de l'intercommunalité, du syndicat est un casse-tête qui risque de décourager
d'éventuelles volontés de participation. C'est sûrement autour de la notion de projet de territoire
qu'une lisibilité des articulations entre découpages administratifs, frontières géographiques et
territoires vécus est possible.
Nous aimerions que la mesure 24 soit plus développée. Pour être vraiment « laboratoire de la
démocratie locale » il ne suffit sûrement pas de soutenir la vie associative. Il faut organiser des
coopérations plus intenses entre acteurs.
Les associations, ou certains citoyens regroupés de façon moins formelles, peuvent être coconstructeurs du projet de territoire. Les nouvelles intercommunalités, pour piloter les ambitions
décrites dans le rapport Nouvelles Ruralités, doivent mettre au point un projet de territoire. Ce
projet ne réunit pas toutes les chances de réussite si le diagnostic local qui le fonde, si le choix des
priorités, si le choix des actions à mener ne sont pas co-élaborées avec les forces vives du territoire.
Cela nécessite la mise en œuvre de méthodes éprouvées. Cela relève d'un savoir faire en matière
d'animation de dynamiques participatives. Négliger cette question de méthode a déjà conduit à la
déception des élus décidés à tenter « l'aventure participative ».
Partageant l'idée que ces territoires réunissent des conditions favorables à des expérimentations,
nous pensons que la notion de démocratie participative évoquée dans cette proposition mériterait
d'être alors plus précise sur les conditions de sa mise en œuvre.
2. Le choix de l'innovation
Nous pensons que les territoires ruraux ont en commun avec les quartiers urbains sensibles de
n'avoir comme solution d'avenir que d'inventer cet avenir. Les recettes employées dans les
programmes précédents ne se sont pas révélées suffisamment efficaces. Il n'est pas suffisant de
renforcer des programmes existants. Il faut inventer autre chose. Le rapport Nouvelles Ruralités
s'inscrit dans cette logique.
Et si les difficultés vécues dans ces territoires devenaient des opportunités pour expérimenter de
nouvelles façons de produire, de consommer, de vivre ensemble, de coopérer ?
Bon nombre de propositions tendent vers cela, nous pensons que cela va dans le bon sens.
3. Des thématiques prioritaires
Au cœur du dialogue avec nos adhérents nous avons pu repérer des thématiques prioritaires :
 L'avenir des jeunes dans ces territoires
◦ L'avenir des territoires repose en bonne partie sur la capacité à garder les jeunes. Pour
cela il leur faut pouvoir se construire une vie. C'est à dire :
▪ une activité rémunératrice,
▪ une capacité de connexion avec le monde (accessibilité numérique)
▪ une offre de logement adaptée
▪ et, pas le moins important, une place dans l'organisation du territoire pour participer
à la construction de l'avenir du territoire en même temps que son propre avenir.
 Vieillir sur son territoire d'attache
◦ L'évolution démographique annonce un vieillissement de la population française. Les
secteurs ruraux sont largement touchés par cette réalité. Cette question est déjà travaillée
par les institutions et collectivités territoriales compétentes. Restent posées plusieurs
questions :
▪ les moyens mobilisés actuellement seront-ils capables d'évoluer suffisamment pour
que les dispositifs actuels puissent perdurer ?
▪ Le vieillissement n'est pas forcément synonyme de dépendance et de perte d'activité.
Comment les territoires se préparent aussi à gérer ce potentiel que représente les
seniors sur un territoire ?
 Le prix de la mobilité :
◦ L'éloignement progressif des services publics ainsi que des offres d'emploi posent
quotidiennement la question de la mobilité. La solution jusqu'ici largement adoptée
d'une voiture par adulte peut-elle rester un modèle soutenable ? La précarisation des
familles et les arguments environnementaux plaident pour l'intensification des services
de transport mutualisés, de transport en commun réguliers ou à la demande.
 Des organisations polycentrées.
◦ L'expansion des surfaces des intercommunalités va nécessiter de penser des modes
d'organisations polycentrées. Il ne sera pas possible de reproduire le schéma d'un « cheflieu de canton » ou d'un « bourg centre » où l'on poserait les services pour toute la
population de l'intercommunalité. Pour les questions de mobilité citées ci-dessus mais
aussi pour des questions de développement harmonieux du terriotire il est nécessaire que
chaque unité du territoire puisse développer des éléments de service et garde une
capacité de faire vivre des lieux où la population peut se croiser, dialoguer. Ce modèle
d'organisation nécessite de développer des lieux très polyvalents et donc des équipes
adaptées à cette polyvalence.
4. Les centres sociaux ruraux.
Les centres sociaux sont des outils de développement social local. Ils sont donc très concernés par
ce rapport Nouvelles Ruralités.
Plusieurs atouts les placent comme interlocuteurs valables :
 Leur mission d'animation globale, à savoir mission de veille, de repérage des envies
d'agir, des questions sociales et de leur évolution, de mobilisation de la participation des
habitants,
Cette reconnaissance induit que le centre social peut ainsi être positionné comme un bon
interlocuteur lorsqu'il s'agit d'organiser la concertation avec les habitants. Sa proximité et la
présence quotidienne sur le terrain de ses équipes salariées et bénévoles en font un « passeur » de
qualité pour contribuer à un dialogue de qualité avec les habitants. Non pas pour réaliser de la
« concertation » autour d'un programme public déjà ficelé mais pour contribuer à une démarche de
co-élaboration à partir d'une analyse partagée avec les habitants.
 Acteur engagé dans la définition du projet de territoire.
Leur obligation de réécrire tous les 4 ans un projet social fait des centres sociaux des experts en la
matière. Sans en être les pilotes, les centres sociaux peuvent représenter des alliés de choix dans la
dynamique à animer pour l'élaboration d'un projet de territoire. Ils connaissent les forces vives du
territoire, développent habituellement un partenariat très riche pour mener à bien leurs missions. Ils
savent organiser l'interface entre élus et habitants.
 Acteur reconnu pour sa capacité d'interpellation s'appuyant sur sa fonction de veille
partagée avec les habitants et son objectif de développement du pouvoir d'agir des habitants.
Enrichir la démocratie de proximité, s'appuyer sur l'expertise d'usage des habitants pour augmenter
les chances des dispositifs publics d'être efficaces, nécessite sûrement de reconnaître au centre
social une capacité d'interpellation des pouvoirs publics sur certaines réalités du territoire.
 Acteur de la vie et de l’économie locale. Les centres sociaux génèrent de l’économie de
proximité, et de par leur diversité de projet ils développent des compétences
professionnelles attractives pour le territoire. Si tous les centres sociaux ne fonctionnement
pas de la même manière (richesse du réseau) à l’image de ceux de l’Allier et de la Nièvre ils
sont porteurs de l’animation et de la gestion d’activités qui favorisent le développement des
territoires comme la gestion de Multi Accueil, de Services à la Personne, de Chantier
d’Insertion etc.. Cette dimension associée à la définition d’un centre social inscrite dans la
charte « le centre social entend être un foyer d’initiatives porté par des habitants associés,
appuyés par les professionnels capables de mettre en œuvre un projet de développement
social pour l’ensemble de la population d’un territoire » s’inscrit pleinement dans la
démarche des Nouvelles Ruralités.
Notre fédération se tient à la disposition des auteurs du rapport pour poursuivre le dialogue autour
des propositions.