Mémoire portant sur Télé-Québec, octobre 2004

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Mémoire portant sur Télé-Québec, octobre 2004
TÉLÉ-QUÉBEC
MÉMOIRE PRÉSENTÉ PAR LA
CONFÉRENCE RÉGIONALE DES ÉLUS
DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
8 OCTOBRE 2004
INTRODUCTION
Le besoin d’apprendre, de connaître, de réfléchir et de se réseauter des gens
d’Abitibi-Témiscamingue est si vital que la région soutiendra toujours
l’importance d’une télévision culturelle, éducative et publique.
Quand une population s’installe en périphérie des grands centres urbains pour
occuper le territoire, l’interland, et y exploiter les ressources, ses leaders
d’opinion et plusieurs personnes, dont les parents, ont beaucoup besoin
d’éléments d’ancrage à l’ensemble de la société.
En présentant des émissions de connaissance et de réflexion sur notre société,
en diffusant des documentaires et en supportant la création et la diffusion
d’émissions aussi divertissantes qu’éducatives pour les enfants, Télé-Québec
répond à un besoin essentiel chez des individus motivés d’avoir un regard
ouvert, différent et nuancé sur les personnes, les événements et les stimuli qui
animent la planète, et ce, en bon français.
LA MISSION DE BASE
Tel qu’énoncé en introduction, il est essentiel au Québec de pouvoir compter
sur une télévision qui reflète la culture spécifique, les désirs, les
particularismes des québécois francophones, dans un élan d’instruire, de
documenter, de plaire et de divertir. La télévision de Radio-Canada a joué ce
rôle, exclusivement, pendant des années puis a mis l’accent sur le
divertissement. L’arrivée et le développement de Télé-Québec ont permis à
d’autres créateurs et d’autres leaders d’opinion d’animer l’esprit des
téléspectateurs qui ont fait le choix d’utiliser la télévision à des fins
spécifiques, qui ont fait le choix de grandir et de s’alimenter différemment de
la masse.
En ce sens, ce n’est pas un luxe pour une société d’investir 75 à 100 millions de
dollars afin d’aider des créateurs, des sociologues, des analystes, des artistes
et de talentueuses personnes à nous proposer d’autres façons de se voir, de se
comprendre et de se divertir comme société. Ainsi, il est impératif que TéléQuébec ne tombe pas dans le piège de la facilité en investissant dans des
champs, des créneaux plus populaires certes, mais coûteux et déjà très bien
desservis par les grands réseaux.
De plus, quelques générations d’enfants, les yeux rivés maintenant à l’écran et
l’esprit totalement ouvert, se sont abandonnés aux sons, aux idées, aux gestes
développés par leurs jeunes héros ; nous, les parents, avons tellement apprécié
le travail des gens, à la création et à la programmation, qui prolongeaient et
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comblaient nos attentes d’éducateurs, car il est rare de pouvoir se fier à un
médium de masse pour offrir des propos aussi intelligents que divertissants à
nos enfants.
Vous comprendrez à quel point nous appuyons la mission éducative et
culturelle de Télé-Québec. Une partie de la population de notre région et du
Québec se fie à ce médium pour satisfaire leurs moments libres, et ainsi se
laisser influencer et divertir. La façon dont Télé-Québec s’acquitte de cette
responsabilité depuis sa création, répond et satisfait, en général, l’auditoire
qui choisit ce réseau.
LA PLACE DES RÉGIONS
En général, Télé-Québec aura déçu, choqué même, ses auditoires et ses
leaders d’opinion dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue pendant toutes ces
années.
En effet, Télé-Québec a souvent affiché ses intentions et ses couleurs en
installant des bureaux dans quelques régions, en tournant des segments
d’émissions ou des capsules. Cependant, les gens des régions comme la nôtre,
notamment les créateurs s’attendaient à plus, à une présence plus significative
dans la grille horaire. Nous sommes restés sur notre appétit, trop poliment, la
plupart du temps.
Nous avouons qu’il est difficile de s’entendre sur la formule idéale. D’abord,
nous admettons que les éléments qui animent l’actualité d’une région, qu’ils
soient à caractère informatif ou d’intérêt artistique intéressent peu les urbains
et même la majorité des téléspectateurs d’autres régions, à moins que la façon
de nommer les choses ou de les traiter soit particulièrement stimulante.
Nous savons aussi que les nouvelles télévisions spécialisées comme ARTV ou
Canal D de même que les grandes chaînes nationales ne produiront pas
d’émissions qui reflètent la vie et les préoccupations des gens des régions.
Télé-Québec a fait le choix de promettre des émissions d’intérêt régional au
public des régions notamment à leurs artistes. À chaque fois, les espoirs et les
attentes ont été attisés et souvent déçus. Mais nous comptons sur Télé-Québec
qui cherche à développer ce créneau. Voilà l’une de nos attentes comme
contribuable.
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Plusieurs personnes espèrent une émission consacrée à la région, une émission
en détachement régional même, pour être sûr de ne pas désintéresser les
autres téléspectateurs. En clair, il s’agirait d’une émission mettant en lumière
les traits de société, le caractère spécifique de notre milieu, afin de se
connaître, mais surtout de se comprendre. Nous avons accès à des émissions
qui nous permettent de saisir ce qui se vit au Darfour, de comprendre la
pensée et la culture des Palestiniens et c’est extrêmement important et
intéressant.
Nous ne sommes que 150 000 personnes francophones qui évoluent en AbitibiTémiscamingue et au Nord-du-Québec, un territoire plus grand que la France.
Et aucune télévision ne propose une simple demi-heure hebdomadaire aux gens
d’ici pour se connaître, pour se comprendre et pour saisir leurs raisons de
vouloir continuer de vivre dans ce milieu.
D’après nous, les technologies actuelles permettent de tourner et de monter
une émission de 30 minutes avec une équipe légère, imaginative, intelligente,
sur place pendant une saison de 39 semaines pour moins d’un demi-million par
année, bureau de Télé-Québec compris.
En bref, nous cherchons et espérons une formule qui permette aux gens de
chez-nous de saisir leur culture, leur identité régionale, leurs raisons à eux
d’occuper avec conviction leur territoire.
Et, comme mentionné
précédemment, il est fort possible que ça n’intéresse qu’eux ; alors détachons
nous, une fois semaine, chaque région, pour s’intéresser à nous-mêmes, en
caucus, quitte à présenter la plus intrigante des régions à l’ensemble du
réseau, une fois semaine.
Une autre formule émerge de la boîte à idées des gens d’ici, soit celle d’un
format compétitif et captivant comme le fut la série « La course autour du
monde » il y a quelques années. Des équipes de création pourraient illustrer la
culture de leur milieu respectif et la présenter à l’intérieur d’une émission ou
on y verrait des segments de vie de chaque milieu et fréquemment.
LES ARTISTES, LES CRÉATEURS DES RÉGIONS
La télévision privée ou publique ne propose plus d’émissions à caractère
culturel où l’on met en lumière les artistes en danse, en théâtre, en
littérature, en arts visuels, en art lyrique. Seuls les artistes à succès en
chanson et les humoristes y ont accès, et particulièrement, les vedettes.
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Télé-Québec, en inventant des émissions originales dans son mandat culturel,
peut mettre en lumière les produits, événements et œuvres d’artistes de tous
les coins du Québec et les confronter à se présenter. Nous sommes conscients
de proposer une formule peu populaire, une formule qui n’accroche pas des
centaines de milliers de téléspectateurs, mais Télé-Québec a prouvé à
plusieurs occasions sa capacité de découvrir des formules qui plaisent et qui
satisfont les ambitions des producteurs, des téléspectateurs et surtout de leur
clientèle, à des coûts de production raisonnables.
La formule des capsules, où des artistes ont la chance de se présenter
sommairement, a aidé plusieurs personnes des régions à se mettre en valeur
sur le réseau, donc d’intéresser des diffuseurs culturels à l’extérieur de la
région à les produire ou à les accueillir ou à les lire.
Encore ici, seule la télévision publique peut ouvrir un marché ou susciter un
espoir de carrière à des créateurs et créatrices notamment les plus jeunes. Ce
mot, l’espoir, est revenu sur plusieurs lèvres de jeunes artistes que nous avons
consultés en préparant ce mémoire. Et l’espoir, Télé-Québec est l’un des rares
médium à l’offrir à plusieurs jeunes.
Nombreux vidéastes, musiciens,
narrateurs, scripteurs espèrent une vitrine, une tribune de diffusion.
AUTRES CONSIDÉRATIONS
a) La place du documentaire
Il se tourne de nombreux documentaires et peu de gens ont accès à ces
ouvrages. Plusieurs documentaires sont conçus et réalisés par des jeunes
équipes qui en sont à leurs premières œuvres. Il est intéressant qu’un
diffuseur public accorde de l’importance et diffuse des documentaires, à
plusieurs occasions.
b) Les équipes régionales
Il est superflu de le répéter, mais nous insistons sur l’importance que la
télévision publique fasse tous les efforts pour confier aux entreprises régionales
des mandats de recherche, de scénarisation, de tournage, de montage pour
produire des émissions de très courte durée comme d’autres émissions de type
série. Cela assure la pérennité des boîtes de production régionales et la
présence de créateurs sur les territoires du Québec lesquels peuvent rendre
d’autres services à leur communauté.
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De plus, faire produire ailleurs un contenu d’intérêt ou d’inspiration régional
risque de « décolorer » la facture culturelle ou le caractère identitaire.
c) TV Ontario
Il serait intéressant d’examiner les partenariats avec la télévision française de
l’Ontario. Bon nombre de franco-ontariens, résident au nord-est de l’Ontario,
donc avoisinant l’Abitibi-Témiscamingue. Ainsi, plusieurs sujets peuvent les
toucher et les rejoindre dans leurs propres préoccupations.
CONCLUSION
Télé-Québec ne s’est sans doute pas acquise le cotes d’écoute rêvées, mais des
séries ont émerveillé de nombreux téléspectateurs, tant par leur contenu
éducatif, récréatif, qu’informatif. Nous sommes persuadés qu’il y a moyen
d’inventer une formule originale, attrayante (en détachement même) pour
satisfaire aux besoins et aux attentes des régions tout en tenant compte des
réalités budgétaires propres à Télé-Québec.
Nous souhaitons partager et discuter ce point de vue avec les membres du
groupe de travail à l’occasion des audiences à la fin du mois d’octobre
(préférablement les 26 ou 27, à Montréal). Nous vous prions de nous recevoir.