Qu`est-ce que l`envie - Notre Dame de Fatima

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Qu`est-ce que l`envie - Notre Dame de Fatima
CATÉCHISME DE NOTRE-DAME DE FATIMA
© fatima.be
CINQUANTIÈME LEÇON
L'ENVIE
DEMANDE : Qu'est-ce que l'envie ?
RÉPONSE : L'envie est un déplaisir que l'on
ressent du bien qui arrive au prochain, et un
chagrin de le voir prospérer, de l'entendre
louer ; chagrin qui nous conduit à désirer qu'il
soit privé de cette fortune, de cette dignité, de
cette beauté, de cet esprit qui lui attire des
louanges ; chagrin qui fait place à la joie la plus
vive, si le prochain vient à éprouver quelque
peine, quelque malheur. Les filles de l'envie,
les péchés dont elle est la source, sont : la
médisance, la calomnie, la haine, quelquefois
même l'homicide. Ce fut par envie que Caïn
tua son frère Abel ; ce fut aussi par envie que
les princes des prêtres firent crucifier JésusChrist.
Les envieux ont un déplaisir dévorant lorsqu'ils
voient les autres estimés, aimés, enrichis,
prospérant dans leurs affaires ; au contraire ils éprouvent un plaisir malin lorsqu'ils
voient l'humiliation et le mal d'autrui.
Ce péché vient de l'orgueil ou de l'intérêt ; on n'aime pas voir les autres plus estimés,
plus aimés que soi, plus grands, plus florissants, plus riches, plus distingués par
leurs talents, surtout si on est de la même profession, ce qu'on appelle jalousie de
métier, dépit rongeur et méchant, qui porte lui-même sa punition ! C'est le même
sentiment qui nous fait éprouver une joie cruelle du mal qui arrive à ceux dont nous
sommes jaloux, comme si leur abaissement élevait l'envieux ; il triomphe au milieu
de leur décadence et de leurs débris, comme si nous étions grands parce qu'un autre
est petit ou abattu à nos cotés. Passion barbare et extravagante ! Tu ne te nourris
que de fiel, d'amertume, de dépit, de honte, d'opprobres et de malheurs ! Passion
infernale et diabolique ! C’est toi qui animais le Démon qui a fait tomber nos premiers
parents, pour les rendre semblables à lui, parce qu'il était jaloux du bonheur et de la
gloire qui leur étaient destinés. Envieux ! voilà votre caractère.
D : Quels sont les effets de l'envie ?
R : Les effets de l'envie sont la médisance et la calomnie contre le prochain,
l'interprétation maligne de ses actions, et le plaisir que l'on prend à ses fautes, au
mal qui lui arrive, et à entendre mal parler de lui.
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Il n'est sorte de méchancetés, d'injustices,
d'atrocités, où ne porte la passion détestable
de l'envie ! Voyez quels en sont les déplorables
effets :
1 °) La médisance et la calomnie : Quand on
est envieux contre quelqu'un, on fait tout ce
que l'on peut pour le noircir, pour l'humilier,
pour le mettre au-dessous de soi ; on en dit
tout ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas ; on
invente, on exagère ; on tourne en ridicule, on
dégrade par tous moyens un rival qui déplaît.
Par exemple, si on envisage d'un œil jaloux,
une charge, un emploi, une dignité, un mariage
où l'on avait des prétentions, il n'est sorte de
manœuvres, de rapports, de satires, de
mensonges, de mauvais propos, de trahisons
que l'on n'emploie pour empêcher de réussir,
ou pour se venger bassement du succès du
concurrent que l'on déteste.
2°) L'interprétation maligne de ses actions : La vertu, la piété, les bonnes qualités
offusquent des yeux jaloux ; alors que fait l'envieux ? Il tourne tout en mal ou en
ridicule. On appelle cela hypocrisie, ostentation, vues d'intérêt ou d'ambition. Cœurs
pervers ! Parce que votre œil est méchant, vous voyez tout coloré de noir ; votre
noirceur ternit les plus beaux objets, vous couvrez de fange et d'écume tout l'éclat
qui vous offusque.
3°) Le plaisir que l'on prend à ses fautes : Plaisir infernal et diabolique ! C’est celui
des envieux ; ils aiment à voir leurs rivaux tomber dans quelques fautes, mal réussir
dans leurs projets, couverts d'opprobres et de mépris, déshonorés par quelque chute
ignominieuse ; un cœur jaloux s'en réjouit comme d'un bien qui lui en résulte. Quelle
joie barbare ! se repaître du malheur ou du péché de ses frères !
4°) On aime à entendre mal parler de ceux dont on est jaloux : Voyez cet
envieux, il tressaille de joie, il est au comble de ses délices, parce qu'il voit déchirer à
belles dents celui dont le mérite lui fait ombrage, comme si ce mérite abattu relevait
le sien.
Plaisir féroce ! Plaisir digne des tyrans qui voient avec joie couler le sang des
victimes que leur rage immole !
Mais il est une jalousie qui a des effets encore plus funestes ; c'est celle de l'amour,
la jalousie entre les époux ; elle dévore, elle consume les cœurs qui en sont
malheureusement affectés ; elle allume le flambeau de la discorde dans les familles ;
les divorces, les querelles, les agressions et les assassinats parfois en sont les
suites ordinaires. Dans les tableaux qu'on fait de l'envie, on la représente avec une
figure pâle, décharnée, un teint livide, des torches, des serpents à la main, des
ongles déchirants. Pourquoi ? Parce que cette passion dévorante fait autant de mal à
ceux qu'elle possède qu'à ceux qui en sont l'objet. Celui qui est envieux, dit Saint
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Cyprien, imite le démon jaloux ; il est écrit : C'est par l'envie du diable que la mort est
entrée sur la terre. Les autres maux ont des bornes, mais l'envie n'en a point. De là
son front menaçant, son regard farouche, la pâleur qui couvre sa face, ses lèvres
tremblantes, ses outrages effrénés.
D : Quelle est la vertu opposée à l'envie ?
R : C'est l'amour véritable du prochain, qui nous porte à nous réjouir avec ceux qui
sont dans la joie et à pleurer avec ceux qui pleurent, et à ne leur vouloir pas plus de
mal qu'à nous.
Le remède à l'envie, ou la vertu qui lui est
opposée, c'est une charité humble et
désintéressée ; c'est cette charité dont parle
Saint Paul, qui n'est point envieuse (I Cor.
XIII, 4), qui ne s'enfle point d'orgueil en
cherchant à briller aux dépens d'autrui.
Soyez humbles et aimez vos frères, et vous ne
serez point offusqués de leur mérite ni de leurs
succès. Heureuse tranquillité d'une âme douce,
sans orgueil, sans ambition, sans prétention de
rivalité ! Elle voit avec une satisfaction aimable
le bien qui arrive à ses semblables ; elle n'est
point troublée de ce qu'ils sont plus heureux,
plus riches, plus considérés, plus florissants
qu'elle. Voyez donc comme nos passions sont
nos tourments ! De quelle paix nous jouirions,
quel calme régnerait dans notre âme, si nous
savions les dompter, et en particulier cette envie dévorante qui fera toujours le
supplice des méchants comme des démons dans les enfers. Lisons l'histoire de
Joseph victime de l'envie de ses frères (Genèse 37).
Aimons le prochain comme nous-mêmes, et nous ne lui porterons jamais envie. Que
si ce vice odieux était entré dans notre cœur, employons pour l'en chasser les
remèdes que nous fournit la religion. Est-ce aux biens terrestres, que possèdent les
autres, que nous portons envie ? Détachons-nous de l'amour des richesses de la
terre : dès que nous les mépriserons, nous ne serons plus jaloux de ceux qui les
possèdent. Si ce sont les biens spirituels du prochain qui excitent notre jalousie,
corrigeons-la en imitant nous-mêmes le bien que nous voyons dans les autres.
« Soyez juste, dit saint Augustin, et vous ne porterez plus envie à celui que vous
étiez fâchés de voir juste, parce qu'étant vous-mêmes ce que vous étiez fâchés qu'il
fût, vous l'aimerez en vous et en lui. » Un autre remède contre l'envie, c'est de dire
tout le bien possible de la personne qui est l'objet de notre jalousie, de la louer en
toute occasion, de prendre sa défense toutes les fois qu'elle est attaquée ou alors se
taire pour ne pas tomber dans le péché de médisance. En agissant ainsi, nous
guérirons en peu de temps le mal de l'envie, et nous verrons se fermer pour jamais
les plaies hideuses de l'aversion que nous avions dans le cœur.
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D : Y a-t-il péché d'envie, lorsqu'on s'attriste du bien d'autrui pour un autre motif que
le déplaisir de voir notre prochain posséder ce que nous n'avons pas ?
R : Non, il n'y a péché d'envie que lorsque ce sentiment provient d'un défaut de
charité.
L'envie est de son genre un péché grave, parce qu'elle est opposée à la charité
fraternelle, qui nous fait un devoir de nous réjouir du bonheur des autres et de nous
affliger de leur malheur. Saint Paul compte ce vice parmi les péchés qui excluent du
royaume de Dieu (Gal., V, 21).
Ainsi :
1°) Il n'y a pas envie, mais haine, lorsqu'on s'attriste du bien du prochain parce qu'il
est notre ennemi.
2°) Il n'y a pas envie, mais juste indignation, lorsqu'on s'attriste du bien du prochain
parce qu'il en fait un mauvais usage.
3°) Il n'y a pas envie, mais zèle déréglé, lorsqu'on s'attriste du bien temporel du
prochain parce qu'il en est indigne. Nous devons, dans ce cas, adorer les décrets de
la divine Providence.
4°) Il n'y a pas envie, mais juste crainte, lorsqu'on s'attriste du bien du prochain parce
que ce bien tournera à notre détriment ou à celui des autres ; par exemple, si c'est
un emploi dont le titulaire abusera pour commettre des injustices.
5°) Il n'y a pas envie, mais émulation, lorsqu'on s'attriste du bien du prochain, non
pas parce qu'il le possède, mais parce qu'on ne l'a pas soi-même, de telle sorte
qu'on ne désire point l'en voir privé.
6°) Il n'y a pas envie, mais jalousie, lorsqu'on a une crainte exagérée de voir son bien
devenir le bien d'un autre.
TRAITS HISTORIQUES
L'envieux est un fléau pour la société et porte aussi en lui-même la source de son
malheur. Ce triste péché agit non-seulement sur le moral, mais encore sur le
physique. Si on est sous l'emprise maladive de ce maux, les digestions s'altèrent, la
peau prend un teint livide, la maigreur augmente de jour en jour par l'influence d'une
fièvre lente. A une période plus avancée l'irritation intestinale se transmet au
cerveau, comme pour lui faire partager ses souffrances ; de là ces pensées sombres
et tumultueuses, cet amour de la solitude et de l'obscurité, enfin ces insomnies
cruelles qui achèvent de miner le reste des forces, et qui conduisent à la mélancolie,
à l'hypocondrie, à la dépression, parfois même au suicide.
Outre qu'elle ronge celui qui s'y livre, l'envie le rend capable de toutes sortes de
crimes ; témoins les enfants de Jacob à l'égard de leur frère Joseph, et tous les jours
une foule de personnes à qui l'envie inspire des pensées épouvantables. Il n'est pas
étonnant, après cela, de la voir au nombre des péchés qui, d'après l'Apôtre, excluent
du royaume des cieux ».
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RÉCAPITULATIF PRATIQUE
1°) Considérez la méchanceté, la folie, l'horreur et les tourments de l'envie.
2°) Voyez si elle ne prend pas racine dans votre cœur ; les enfants y sont sujets :
souvent ils sont jaloux contre leurs frères et sœurs. Parents, ne laissez pas vos
enfants être envieux les uns des autres car cet état n'ira qu'en s'empirant, souvent
d'une manière irréversible si elle n'est pas corrigée tôt.
3°) Voyez les suites affreuses de cette passion infernale.
4°) Tâchez de vous en corriger, arrachez-en les premiers germes.
5°) Demandez-en la grâce à Dieu de ne point tomber dans ce péché ou de vous
aider à en sortir.
PRIÈRES
« Mon Dieu, qu'il est affreux ce péché d'envie sur lesquels je viens de m'instruire. Il
est dans bien des cœurs ! Serait-il aussi dans le mien ? Aussi, Seigneur mon Dieu,
déracinez s'il Vous plaît ce péché de mon cœur ! Éveillez en moi cette chanté
humble et douce qui n'est point jalouse. Soyez mon secours et mon appui ! il me
donnera les forces, la grâce, et je triompherai pour votre plus grande gloire. Ainsi
soit-il.
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