AMIENS CITADELLE : INSCRIRE L`UNIVERSITE DANS LA VILLE
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AMIENS CITADELLE : INSCRIRE L`UNIVERSITE DANS LA VILLE
AMIENS CITADELLE : INSCRIRE L'UNIVERSITE DANS LA VILLE Le 25 mars dernier, Gilles Demailly, maire d'Amiens annonçait le choix de confier à l'agence Renzo Piano Building Workshop, la responsabilité de la transformation de l'ancienne citadelle militaire édifiée par Errard au début du XVIIe. Le site de la citadelle, qui touche le centre historique, a vocation à servir de pivot pour articuler les quartiers avoisinants avec la ville et permettre le développement vers le Nord. Amiens Métropole, maître d'ouvrage de l'opération, entend faire du projet le « Fer de lance de la politique de développement de l'agglomération ».Il s'agit ainsi, en s'appuyant sur la transformation de la citadelle : − d'offrir les conditions de l'attractivité pour l'Université de Picardie − de faciliter son inscription dans la ville, en lui offrant un espace « unitaire et identifiable ». Plus largement, la ville d'Amiens porte ainsi une attention à la mise en valeur des activités de connaissance, dans une perspective de cité apprenante et innovante. Le programme de transformation du site s'appuie sur l'accueil du pôle Humanités et de l'IUFM. Il prolonge ainsi le mouvement engagé dans les années 90, de regroupement et de mise en valeur des activités d'enseignement supérieur recherche au centre de la ville (agrandissement du pôle Sciences par Gaudin, transfert de l'UFR de droit vers la cathédrale). Le projet de RPBW propose d'organiser une densité bâtie autour de la place d'arme, qui devient le lieu central de la citadelle. Une ouverture est créée à l'est, vers le boulevard de Gaulle, site élu pour l'accueil d'un futur projet de TCSP et dessine une entrée majestueuse vers les installations universitaires. Le projet permet également la liaison vers les quartiers d'habitat du nord de la ville et le site de l’hôpital. Les programmes sont implantés de manière prioritaire dans les bâtiments existants, réhabilités ou étendus pour les besoins du projet. Des « cubes » contemporains émergent de la citadelle pour accueillir des éléments de programmes emblématiques et créent des verticales en regard des points hauts de la ville. Le parti retenu limite strictement la place de la voiture et accompagne la stratégie de la ville sur les circulations douces et les transports collectifs (accès au site limité aux usages de déserte et à la sécurité incendie). Face à une population étudiante résidant pour partie dans l'aire urbaine (absence de décohabitation significative), le choix peut sembler courageux. Il est vraisemblablement une condition du succès de la valorisation patrimoniale et touristique du site, et de son attractivité vis à vis des habitants (balade...). Pour Amiens Métropole, il s'agit en effet de ne pas refermer la citadelle. L'opération doit accompagner la transition d'une activité fermée, coupée de la ville (l'armée), à une activité culturelle et de recherche (l'université). « Ouvrir le site au plus grand nombre, Et y implanter le programme universitaire ». Les deux enjeux sont présents et l'ordre des termes un enjeu du succès. Renzo Piano énonce ainsi comme condition de succès « que le système soit ouvert et accessible à la ville, à la vie de chaque jour, que l’ensemble soit tolérant et que, dans la journée, enseignement et vie quotidienne se mélangent ». Des RDC d'activités sont répartis au sein des différents édifices et doivent permettre d'accompagner l'ouverture du site à d'autres publics. Le véritable atout pour favoriser la mixité reste le dispositif urbain adopté et les qualités de la place d'arme, qui offre un potentiel pour inventer des usages événementiels sans équivalent dans la ville. « Tout tourne autour d’une place. C’était une place d’armes. Cela devient un lieu de rencontres d’échanges, de partage puisque c’est justement dans la place que l’université se réalise. La place, c’est un lieu dans lequel les différences s’estompent, les expériences se mélangent et les peurs disparaissent.” Avec ce projet, Amiens met l'université en position de prendre une position forte dans la vie culturelle de la ville, et de l'incarner sur un site emblématique de son histoire. L'alliance avec les acteurs culturels et la capacité à inventer un projet inspiré de cette situation privilégiée est une condition du succès de l'opération. Du point de vue opérationnel, le projet marque sa singularité dans une actualité fortement marquée par « l'opération campus ». Suite d'une démarche initiée il y a près de 20 ans, le projet « Citadelle » est financé sur fonds CPER et n'a été retenu dans aucun des appels à projets récents. Dans le débat sur la maîtrise d'ouvrage universitaire, l'exemple Amiénois semble là encore faire preuve de spécificités, le foncier étant propriété de la collectivité et la maîtrise d'ouvrage de l'opération conduite par l'aménageur. Au-delà de ces aspects, la qualité de l'opération citadelle et les perspectives de développement qu'elle ouvre, tant pour l'université que pour le territoire, sont sans aucun doute liés à la capacité de la question universitaire à exister dans l'agenda politique, au-delà des clivages et des alternances et dans la durée depuis le début des années 90.