The Inland Waterway Transport in the Pearl River Basin
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The Inland Waterway Transport in the Pearl River Basin
The Inland Waterway Transport in the Pearl River Basin (Guangxi and Guangdong): Opportunities and Challenges, Dr. James Jixian WANG Department of Geography, The University of Hong Kong Le système de transport intérieur par voie navigable dans le bassin de la rivière des perles (Chine, provinces de Guangxi et Guangdong) : opportunités et défis EMAR seminar, INRETS, Marne-La-Vallée, April 15, 2010) Discussion organized by Antoine Frémont (INRETS/SPLOTT) Report on seminar in French by Nicolas Raimbault and Kevin Pereira (INRETS/SPLOTT) AGENDA 1) Why studying the inland waterway transport (IWT) and why the Pearl River Basin (PRB)? 2) A brief review of the existing literature on the advantages of IWT. 3) An international comparison of IWT under the threat of highway transport 4) The case of the PRB –Demand –Supply 5) Infrastructure 6) Operation –Management and Governance –A summary of supply-side problems and major policy recommendations Dr. James Jixian WANG, Presented at the INRETS, EMAR seminar, Paris, April 15, 2010 Le Dr. James Wang s’est intéressé à la question fluviale dans le cadre de la construction d’un plan stratégique pour les transports terrestres entreprise par le gouvernement de Hong-Kong. L’enjeu officiel pointé était le risque de déclin du port maritime, face auquel le Dr. James Wang a proposé de mener une enquête sur le transport fluvial comme moyen de l’enrayer. 1) Pourquoi étudier le système de transport intérieur par voie navigable et pourquoi s’intéresser au Bassin de la Rivière des Perles (PRB) ? Il s’agit du second réseau fluvial de Chine, avec une longueur navigable totale de plus de 12 000 km dont 5 823 km accessibles pour la circulation des barges. En effet, l’ensemble du réseau n’est pas navigable. Il faut aussi préciser qu’une part du bassin est utilisée pour l’approvisionnement en eau potable ; une autre part est utilisée pour le transport. Il existe 3 hubs maritimes principaux au sein du Delta des Perles et un réseau de petits ports de soutien. Au sein du document « Plan de développement des systèmes de transport urbain du Delta de la Rivière des Perles » (septembre 2006), définissant les projets d’infrastructures de transport pour le développement de la région, on peut constater que la voie d’eau n’est pas représentée parmi les différents modes. On peut donc s’interroger sur cette absence et le manque de considération dont elle fait l’objet. 2) Revue de la littérature existante sur les avantages de l’IWT: Selon le graphique représentant la monétarisation des coûts externes du transport élaboré par l’Union Européenne en 2000, il apparait que le transport aérien présente les chiffres les plus importants en la matière, avec une large part influant sur le changement climatique. A l’inverse, la voie d’eau présente les coûts les plus faibles avec le rail, bien en deçà des coûts routiers. Ce résultat s’explique en partie par les capacités de chargement bien supérieures des véhicules fluviaux en comparaison des camions. Un canal, même de gabarit limité, offre plusieurs fois la capacité d’une autoroute. 3) Une comparaison internationale du transport fluvial face à la domination du transport routier Selon ce graphique construit par le Dr Wang, ayant les parts de marché du routier en abscisse et les parts de marché du fluvial en ordonnée, ces dernières diminuent dans pratiquement tous les pays du monde. On assiste généralement et sur le temps long à un transfert modal du fleuve vers la route. Seule la Roumanie fait montre d’une trajectoire différente. Cependant, cinq des neufs pays concernés par l’étude, c'est-à-dire la Chine, la Belgique, les Pays-Bas, la France et l'Allemagne, ont malgré tout observé une augmentation de la part du fluvial ces dernières années. Parmi ces tendances diversifiées, on peut se demander si le problème du fluvial relève d’un problème d’offre, c’est-à-dire un problème tant de management que d’investissement public. Et réciproquement, ce questionnement permettrait aussi de déterminer si l’augmentation de la part de marché du fluvial est le résultat de politiques gouvernementales d’investissement en faveur de ce mode. Ce graphique ayant pour abscisse le taux d’investissement public dans la voie d’eau et pour ordonnée les parts de marché du transport routier montre que dans tous les cas, que les investissements publics aient augmenté ou non, le routier gagne irrémédiablement des parts de marché. Cela signifie-t-il que, quelque soit l’investissement public, la compétitivité du mode routier le rend imbattable ou bien que le système fluvial souffre de dysfonctionnements internes conjecturels ou structurels ? 4) Le cas du Bassin de la Rivière des Perles : a. Du côté de la demande Tout en perdant des parts de marché, le volume absolu du fluvial augmente, notamment du fait des vrac. Plus finement, le transport fluvial représente moins de 40 % du transport « mouillé » (regroupant le transport maritime de cabotage et le transport fluvial), cette proportion diminuant d’années en années depuis 1980. Alors, il représentait 65% de ces trafics. Le développement du cabotage au détriment du transport fluvial explique avant tout les évolutions territoriales à l’œuvre en Chine depuis la politique d’ouverture des années 1980. En effet, l’économie se tournant alors vers les exportations, un mouvement de déplacement des activités vers la côte, que l’on peut dénommer « littoralisation », s’observe. , Ce qui compte désormais, c’est avant tout de se rapprocher le plus possible d’un port maritime d’exportation. La côte capte et polarise ainsi une part croissante de l’économie et des échanges. b. Du côté de l’offre : i. Infrastructures : investissements et maintenance Les infrastructures fluviales actuelles doivent être différenciées entre les canaux accessibles aux navires maritimes, et ceux uniquement fluviaux de classe I à IV. Ce réseau a reçu entre 2001 et 2005 environ 230 millions d’euros d’investissement, à comparer aux 12 milliards 210 millions d’euros consacrés aux projets routiers et au milliard et 670 millions d’euros consacrés aux ports maritimes. En l’absence d’argent public, la voie d’eau peut-elle financer son développement ellemême ? Un problème semble insurmontable. Il est impossible qu’un péage sur la voie d’eau puisse lever suffisamment de recettes pour assurer l’amortissement des dépenses d’infrastructure comme cela peut être le cas pour une autoroute. Un véritable péage rendrait totalement dissuasif le recours au transport fluvial. Par conséquent, le financement des infrastructures fluviales ne peut s’effectuer que sur des fonds publics, et donc correspondre à une volonté politique de développement du fluvial. Cependant la structure territoriale du delta de la Rivière des Perles et les mécanismes des dépenses publiques jouent en défaveur d’un tel investissement politique. En effet, l’Etat ne finance une part d’un projet d’infrastructure que dans le cadre d’un financement croisé (à la manière d’un plan Etat-Région en France) et que si le gouvernement local concerné avance l’argent nécessaire. Or, les collectivités ayant intérêt à développer le fluvial sont justement les plus pauvres de la région puisque situées à l’intérieur des terres. Les collectivités qui se sont industrialisées sont celles situées sur le littoral, selon le phénomène de « littoralisation », qui donc exportent directement leurs produits par la mer et n’ont donc aucun intérêt à financer des infrastructures fluviales. En raison des inégalités territoriales, ceux qui peuvent ne veulent pas financer le transport fluvial et ceux qui veulent ne le peuvent pas. ii. L’offre de transport et structure industrielle des opérateurs : Dans le Guangdong, s’observe un déclin spectaculaire du nombre de barges en circulation, ce qui signifie aussi que très peu des conteneurs sont transportés. Pourquoi cet abandon des barges et la seule utilisation d’automoteurs, avec des capacités plus faibles et moins bien adaptés au transport de conteneurs ? Il s’agit d’abord d’un effet de la réglementation et des taxes portuaires en vigueur. Une embarcation de plus de 50m doit payer dans chaque port deux emplacements au lieu d’un. De plus, un pilote supplémentaire est obligatoire pour les bâtiments de plus de 50 m, ce qui entraîne encore un surcoût, que ne peuvent assumer les bateliers artisanaux. Il n’existe pas de compagnie de transport fluvial industrielle dans le delta de la Rivière des Perles. Par conséquent, ne circulent que des navires courts, quitte à exagérer leur largeur et la hauteur de la cargaison, ce qui s’avère finalement peu efficace du point de vue de l’organisation du transport, notamment vis-à-vis des économies d’échelles. Par ailleurs, la réglementation douanière appliquée au transport fluvial vient encore complexifier l’utilisation de ce mode de transport et détériorer sa compétitivité face à la route. Si le contrôle douanier et le règlement des taxes douanières sont simples dans le port de Hong-Kong, une opération unique offre l’accès à tous les terminaux, ces impératifs administratifs sont beaucoup plus nombreux et enchevêtrés dans la province de Guangdong. Cette dernière est sous l’autorité pleine et entière de Pékin, contrairement au territoire de Hong-Kong. En effet, dans le Guangdong, chaque terminal a son propre système de contrôle douanier. Il existe de réels problèmes de corruption. L’organisation d’une liaison fluviale en tournée, qui est sans doute le meilleur moyen d’obtenir des économies d’échelle, demande alors énormément de temps, d’argent et un réseau social performant. Convaincre un douanier nécessite davantage des connaissances interpersonnelles solides que la connaissance du droit. C’est pourquoi les transporteurs fluviaux travaillent exclusivement en navettes, indépendamment du taux de remplissage du navire. Le contraste avec le transport routier est alors saisissant. Il n’y a qu’un seul bureau de douane situé à la frontière entre le Guangdong et Hong-Kong, et seulement 1% des véhicules sont contrôlés. iii. Les structures de management et de gouvernance Le système du delta de la Rivière des Perles est géré conjointement par un département des deux administrations provinciales, le réseau s’étendant sur deux provinces, et par un département du Ministère des Transports de l’Etat Central détaché spécialement pour la gestion de la Rivière des Perles : « the Pearl River Administration of Navigation Affairs (MOT) ». Cette administration est la seule autorité ayant une vue d’ensemble sur la voie d’eau et à mener un effort prospectif. Si ce système gouvernemental est complexe, cette structure ne semble pas être la source du problème. iv. Bilan des obstacles et problèmes du transport fluvial dans le delta de la Rivière des Perles. Au-delà des questions de financement et des questions opérationnelles déjà abordées, un problème précis ayant trait à la structure de gouvernance peut être signalé : celui des relations entre les administrations et politiques centrales et déconcentrées et les administrations et politiques locales ou décentralisées. Les fonctionnaires déconcentrés de l’Etat, tels que ceux de « the Pearl River Administration of Navigation Affairs », exerçant théoriquement le pouvoir principal, sont très peu considérés et supportés par Pékin et ne sont donc pas en mesure de peser véritablement face aux volontés des collectivités locales. Parallèlement, ces dernières font massivement le choix de soutenir une urbanisation rapide, la plus rapide possible, sans aucune autre considération. Ce qui se traduit souvent par la construction de ponts trop bas, préjudiciables pour la navigation fluviale. Cette dynamique est nourrie par l’esprit de compétition régnant entre les villes de cette région. Insistons tout de même sur la structure industrielle de la batellerie du delta de la Rivière des Perles. Parce que les barrières d’entrée à ce marché sont très basses, il s’agit d’artisans, exerçant leur métier selon des techniques très éloignées de l’idée de « supply chain management », de gestion des interfaces et de maîtrise des techniques d’information. En un mot, il propose le degré le plus bas de prestation de transport. Le pari d’inclure leur activité à la global-supply-chain semble encore une chimère. Le manutentionnaire portuaire hongkongais Hutchison (qui fait partie du groupe Cheung Kong Holdings, positionné sur toutes les infrastructures urbaines et de réseaux, ainsi que sur la promotion immobilière et le bâtiment) a tenté de rentrer sur le marché de la navigation intérieure. Il s’est très rapidement confronté à la fronde des artisans criant à la concurrence déloyale, jusqu’à abandonner le projet. Il n’y a pas eu d’autres tentatives d’industrialiser l’activité, ce qui serait pourtant une nécessité pour espérer obtenir une compétitivité face au routier. c. Pour un meilleur avenir : défis et solutions possibles, comment casser le cycle vicieux ? i. Trois secteurs à améliorer : • • Faire prendre conscience du potentiel de la voie d’eau vis-à-vis d’un projet de développement durable. Développer les échelles opérationnelles dans chaque sous-secteur du transport fluvial. Le chargeur est obligatoirement responsable du transport en amont du port, ce qui empêche • toute intégration de la chaîne de transport et donc constitue un frein pour la massification et la réalisation d’économies d’échelle dans le transport fluvial. Remettre en cause cette pratique permettrait d’intégrer davantage la chaîne de transport incluant le maillon fluvial. Impulser l’émergence d’opérateurs de transport combiné d’échelle industrielle capables de mettre en œuvre cette nécessité d’intégration de la chaîne dans des réseaux logistiques. ii. Quelques recommandations politiques : • • • • • • Créer de meilleures statistiques chinoises sur la voie d’eau pour convaincre de son potentiel et de la nécessité d’une action publique et ainsi donner la priorité au fluvial dans la planification du transport régional et dans les stratégies de développement. Harmoniser le dispositif tant douanier que technique entre la Chine et Hong-Kong pour faciliter le travail des prestataires de service. Mettre en place des incitations financières vis-à-vis d'autres secteurs comme le transport terrestre / la logistique ou des sociétés de navigation côtière, afin que ces derniers investissent dans le transport fluvial et proposent une offre compétitive de transport intermodal. Créer une institution dotée de moyens conséquents et responsable de la totalité du fleuve Encourager les industries à s’implanter le long des fleuves. Encourager à l’utilisation de grandes barges fluviales pour parvenir à diminuer le coût du transport. Un évènement conjecturel pourrait favoriser le recours à la voie d’eau : la crise économique mondiale. En effet, elle a pour conséquence la volonté des autorités publiques d’augmenter la qualité de la production des unités industrielles de la région, situées sur la côte. En réaction, l’industrie « bas de gamme » pourrait chercher à se relocaliser à l’intérieur des terres et donc potentiellement auprès du réseau fluvial. Ainsi, le transport fluvial pourrait être à nouveau sollicité, afin notamment pour les industriels de compenser les coûts de transport supplémentaires par l’utilisation de grandes barges. Conclusions: Le transport fluvial apparait comme étant le mode le plus “vert”, et il serait intéressant de favoriser son développement lorsqu’on peut l’envisager. Au sein du GRPD, il existe des possibilités pour le faire, la voie d’eau est trop souvent laissée de côté et sa pertinence reste sous-estimée. Le temps est venu pour le faire, en raison du développement économique et des nouveaux enjeux liés à l’environnement et à la qualité de la vie. Cet objectif doit relever d’une politique de modernisation du transport fluvial, par ailleurs en œuvre dans toute la Chine, ce qui nécessite la coopération des gouvernements à tous les niveaux. Questions: • Quelles évolutions communes entre le PRB et le Yangtze ? Dans les deux cas, des ponts limitant le tirant d’air posent problème vis-à-vis de la massification du transport. C’est la raison pour laquelle Nankin est devenu un point de rupture de charge, à son avantage puisque cette situation est facteur d’industrialisation et donc de valeur ajoutée. A la différence du PRB, naviguent aujourd’hui sur le Yangtze des bâtiments fluvio-maritimes, de 5000 tonnes. On retrouve la même compétition entre les ports que sur le PRB, mais ceux du Yangtze sont plus gros. Cette pression concurrentielle entraînait cependant une certaine intégration portuaire fleuve – mer. Le port de Shanghai et le port de Wuhan ont ainsi le même propriétaire au sein d’une alliance cotée en bourse. Surtout il n’y a pas toute la problématique douanière sur le Yangzte. Le fluvial y semble donc plus développé. Existe ainsi des ports secs qui consolident les flux d’hinterland et les suivent. • Quelle compétition portuaire est-elle à l’œuvre en Chine ? L’esprit de compétition est complet. Chaque port tente d’atteindre une échelle critique pour faire du profit. Chaque ville et son port sont en compétition, l’Etat lui-même est un acteur de cette compétition. La compétition est à l’œuvre par exemple pour ce qui est des zones logistiques. Chaque ville tente d’obtenir de tels équipements, ce qui conduit à en construire d’une immensité déraisonnable, sans que leur utilité ne soit pour le moins avérée. A travers la volonté de construire ces zones, il faut lire des tentatives de contourner les lois de contrôle de l’urbanisation. En effet, il y est possible de construire 20% de logement mais aussi d’accueillir des activités industrielles et des show-rooms jusqu’à ne laisser qu’une proportion congrue à l’activité logistique, prétexte au sein de ces zones. Certes, il s’agit aussi d’une manière de rendre l’accueil des activités logistiques rentables. C’est ainsi qu’existe un marché immobilier au sein d’un pays où l’Etat est propriétaire du sol mais où sont monnayés des baux emphytéotiques. • Quel est le coût comparé d’une solution fluviale et d’une solution routière ? Sur le coût total avec les pré- et post-acheminements, il représente une économie de 40% par rapport à la route. Et ce serait excellent pour l’environnement. • Pouvez-vous apporter des précisions sur l’histoire de Hutchison : comment se fait-il qu’une si grande entreprise n’ait pu faire face aux bateliers artisans ? Les bateliers ont manifesté avec force contre l’arrivée d’Hutchison afin que celle-ci ne remette pas en cause leur monopole. Cela a mis Hutchison dans une position très inconfortable et elle a décidé de se retirer. • Mais ne serait-il pas possible de concilier les deux parties en liant petites et grandes entreprises par contrat, les petites prenant en charge le transport et les grandes se chargeant d’intégrer tous les maillons de la chaîne ? Le problème vis-à-vis de cette solution serait que les barrières d’entrée seraient trop basses. En raison des taxes trop faibles, une solution intégrée serait toujours soumise à une concurrence déloyale. Le fluvial, pour être compétitif, est tout de même soumis à un problème structurel : les flux d’exportation sont bien plus importants que les flux d’importation, ce qui empêcherait d’équilibrer les flux aller et retour. • Quelle compétitivité du port d’Hong-Kong par rapport à ces concurrents chinois ? Les services proposés à Hong-Kong sont plus chers que chez ses concurrents à cause des charges des terminaux et du salaire des routiers de Hong Kong. Mais il est difficile pour les autorités de remettre en cause cette situation. • Y-a-t-il des transbordements directement de navires maritimes à embarcations fluviales dans le port de Hong-Kong ? Cela est pratiqué notamment pour éviter de payer les services de manutention de Hutchinson, ce qui n’améliore pas les relations entre ces derniers et les bateliers.