XPAD, un détecteur à pixels hybride
Transcription
XPAD, un détecteur à pixels hybride
XPAD, un détecteur à pixels hybride Les spectaculaires progrès réalisés sur les sources dites de 3ème génération permettent de produire un rayonnement synchrotron d’une très grande brillance. De nouvelles expériences sont donc possibles notamment celles nécessitant des prises de mesures résolues à la fois finement dans l’espace et dans le temps, tout en conservant une grande dynamique d’information. Afin de disposer de détecteurs à la hauteur des performances de sa machine, SOLEIL a collaboré au développement d’une nouvelle génération de détecteurs dits à pixels hybrides, adaptés aux caractéristiques de ses lignes “X durs”. ’instrumentation actuelle, particulièrement celle des détecteurs, ne permet pas de profiter pleinement de l’avancée technologique accomplie dans le domaine du rayonnement synchrotron. En effet, de nombreuses expériences sont encore réalisées, par exemple, à l’aide de scintillateurs associés à un photomultiplicateur ou de caméras CCD couplées à un écran phosphore auquel est accolée une optique de démagnification. Les ensembles photomultiplicateurs et CCD possèdent les désavantages, pour l’un, de ne per- L mettre qu’une détection ponctuelle et, pour l’autre, d’être limité en dynamique et en rapidité. Les détecteurs à pixels hybrides Les détecteurs sont donc le domaine instrumental où des sauts technologiques sont fortement nécessaires et aujourd’hui possibles. En effet, les expériences de physique auprès des grands accélérateurs tels que le LHC au CERN ont permis de développer pour le comptage des particules une nouvelle génération de détecteurs dits à pixels hybrides (figure 1). Ces derniers sont constitués d’un capteur (diode en silicium) dont la face arrière est pixélisée. Chaque pixel est couplé par “bump-bonding” (liaison par une boule de métal tendre) à une électronique de comptage réalisée dans un circuit dédié. Afin d’atteindre de grandes surfaces de détection, les circuits sont mis côte à côte et couplés à un capteur dont la dimension peut atteindre 7x1,5 cm2. Ces ensembles ou barrettes sont ensuite assemblés en tuiles. Rayon de SOLEIL n°15 - Juillet 2007 Figure 1 : Principe des détecteurs à pixels Fort de son expérience dans le développement de ce type de détecteur pour la physique des hautes énergies (Delphi, Atlas, …), le Laboratoire CPPM/IN2P31 a mené, en collaboration avec la ligne D2AM2 des CRG3 français au synchrotron européen ESRF (CNRS – CEA), des travaux montrant la faisabilité de ce type de détecteur pour l’expérimentation au sein d’un synchrotron de 3ème génération. Trois générations de XPAD sur la ligne D2AM/ CRG à l’ESRF ainsi que sur les lignes DIFFABS et PROXIMA1 à SOLEIL. Le détecteur est parfaitement linéaire jusqu’à 2.105 photons/ seconde/pixel, ce qui correspond à 107 photons/seconde/mm2. L’image d’une fente de 10 µm d’ouverture (figure 3) permet d’apprécier une résolution spatiale de 1 pixel. La figure 4 présente une image de diffraction produite par un quasi-cristal. L’intensité diffractée ainsi que la diffusion au pied du pic sont mesurées avec une grande qualité. Des tests ont également montré le bon fonctionnement de la lecture pendant l’acquisition, permettant de réduire à zéro le temps entre deux images. Les résultats obtenus sont de très bon augure pour l’imageur 8 cm x 12 cm en cours de réalisation et qui sera disponible en fin de cette année 2007. Figure 3 : Image d’une fente de 10 µm d’ouverture Les résultats obtenus, dans le cadre d’expériences de cristallographie, avec les prototypes de 6.000 pixels basés sur des circuits XPAD14 puis de 34.000 pixels basés sur des circuits XPAD25 (figure 2 ; caractéristiques : cf tableau) sont très prometteurs. En effet, par rapport à des systèmes conventionnels, les données acquises sont d’aussi bonne qualité, le rapport signal sur bruit est fortement amélioré et les performances temporelles sont accrues. Afin de disposer de détecteurs à la hauteur des performances de sa machine, SOLEIL a collaboré au développement d’un circuit de troisième génération, le XPAD3, adapté aux caractéristiques de ses lignes “X durs” (tableau ci-dessous). Avec le XPAD, un saut technologique nécessaire et tant attendu pour l’instrumentation dans le domaine du rayonnement synchrotron vient d’être accompli. Figure 2 : XPAD2 - Barrette montée sur son circuit de routage (en haut), et imageur de 6,4 x 6,4 cm2 Un premier circuit XPAD3 hybridé sur un convertisseur de silicium (500 µm d'épaisseur) a été testé Caractéristiques des détecteurs XPAD2 et XPAD3 XPAD2 XPAD3 Convertisseur Si (500 µm) Si (500 µm) ou CdTe Technologie de gravure du circuit AMS 0,8 µm IBM 0,25 µm µm2 130 × 130 Taille pixel 330 x 330 Seuil 15 à 25 keV 5 à 35 keV Nombre de pixels / circuit 24 x 25 80 × 120 Taux de comptage max en zone linéaire 2 106 ph/s/pixel 2 105 ph/s/pixel Temps entre deux images 2 ms Surface totale de l’imageur 8 x 8 circuits soit 6,4 x 6,4 cm2 Rayon de SOLEIL n°15- Juillet 2007 Figure 4 : Diffraction d’un quasi-cristal µm2 2 ms Lecture possible pendant l’acquisition 8 x 8 circuits soit 8 x 12 cm2 (en cours de réalisation) Contacts : Kadda Medjoubi [email protected] Stéphanie Hustache [email protected] Jean-François Bérar : [email protected] Pierre Delpierre : [email protected] 1 Centre de Physique des Particules de Marseille/Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules. 2 Diffraction Diffusion Anomale Multi-longueurs d'onde. 3 Collaborating Research Groups. 4 Berar et al., J. Appl. Cryst. 35 (2002) p471-476. 5 Berar et al., NSS-MIC/IEEE, Rome (2004) (Oct. 16-22).