BIEN COMPLIQUÉ ! LE TRUC DU CAPITAINE BELAMOUR

Almanach 1906 : P. 97
BIEN COMPLIQUÉ !
Un mariage bizarre, c’est celui du sieur Joly.
La première femme de Joly avait eu une fille avant son mariage avec Joly ; une autre
vint après le mariage.
Or, Joly vient d’épouser l’aînée de ces filles qui a trois enfants. De sorte que les
nouveaux enfants de Joly deviennent les frères et sœurs de leur tante, la seconde
femme de Joly devient la belle-sœur de sa mère et la belle-mère de sa sœur. Enfin,
Joly perd son titre de grand-père et, épousant sa belle-fille, il devient son propre
beau-père.
Almanach 1906 : P. 103
LE TRUC DU CAPITAINE BELAMOUR
Quel est le malin qui expliquera le truc du capitaine Bélamour ?
Le capitaine Bélamour naviguait avec trente-deux hommes d’équipage, seize
blancs, de Marseille comme lui, et seize nègres de la côte africaine. Un jour, cap’taine
Bélamour, se trouvant en plein large, s’aperçoit que son navire, délié par la dernière
tempête, fait eau de partout et qu’il faut l’abandonner.
- Diable !, se dit Marius Belamour, comment faire ? Je n’ai qu’une embarcation
pouvant contenir seize ou dix-sept hommes... il faudra que j’abandonne les autres ;
or, ma foi, je voudrais bien sauver tous les blancs ! Mais, voilà, les noirs ne voudront
jamais accepter çà !
Et Marius se grattait la tête...
- Çà y est, trounn de l’air ! s’écrie soudain Marius, z’ai trouvé ! ...
« Allons, mes pauvres garçons », leur dit-il, «on va tirer au sort pour savoir ceux qui
auront droit à embarquer dans la baleinière... Là, rangez-vous tous alignés en rond...
là, comme ça...»
Et Marius, comme pour aller plus vite, attrape l’un, attrape l’autre, et les pousse
dans le rang, bousculant celui-ci, dérangeant celui-là, tout naturellement.
- « Mainnetenint », s’écrie-t-il, « on va tirer au sort, à la mode de mon pays... Attintion ! Je vais commencer .à compter tout le monde: chaque fois que j’arriverai à
10, celui-là se retirera sur l’avant pour aller s’enfermer clans le poste. Je continuerai
à recompter jusqu’à 10, toujours en suivant régulièrement dans le cercle, jusqu’à ce
qu’il y ait seize hommes de désignés pour aller dans le poste et rester à bord ».
Alors, Marius Bélamour d’un air solennel, et en comptant très soigneusement sur
chaque homme, répéta 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10... 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 8, 9, 10... autant
de fois que ce fut nécessaire. A chaque fois, un homme (celui qui recevait le n° 10)
sortait des rangs.
Or, quand ce fut fini, tout le monde constata avec stupéfaction que le chiffre 10
était tombé à toutes les fois sur des nègres, et qu’ainsi tous les blancs allaient pouvoir
prendre place dans l’embarcation...
- Dites donc, amis lecteurs, tachez de trouver, en essayant avec des pions de damiers, comment s’y est pris le capitaine Marius Bélamour de Marseille, pour si bien
réussir !
Si ça vous embarrasse trop, allez dans les « Abris-du-Marin », vous y trouverez affichée l’explication...
R. G.